Lettre à Magdeleine Paz, 31 octobre 1929

De Marxists-fr
Aller à la navigation Aller à la recherche


Chère Camarade[1],

Votre lettre du 23 octobre lève le voile sur l'énigme de mon livre sur l'Internationale. Car Rieder ne répond jamais – au moins d'une manière compréhensible et précise – à des questions que je lui ai maintes fois posées. Dans une de ses lettres, il se plaignait qu'on lui avait imposé – "comme vous le savez" – pour La Révolution défigurée une traduction "à peine acceptable". Je n'ai rien compris et je n'ai pas relevé l'allusion pour ne pas compliquer mes relations avec Rieder, déjà suffisamment embrouillées. Quand, fatigué d'une correspondance sans résultats avec lui, j'essaie d'obtenir de lui quelque renseignement par l'intermédiaire de quelque ami, il répond qu'il l'a transmis "à Magdeleine Marx". Or j'ai compris qu'il use d'un subterfuge pour ne jamais préciser la situation. C'est pourquoi je me suis décidé à lui proposer de transformer le traité en un traité direct entre lui et moi pour l'obliger à me répondre directement à ces questions. Voici ce que je lui ai textuellement écrit :

"Pour ne pas abuser plus longtemps des obligeants services de Mme Magdeleine Marx et en même temps pour préciser nos obligations réciproques – de l'éditeur et de l'auteur – je vous propose de remanier le contrat dans ce sens qu'il serait conclu directement entre vous et moi et qu'il engloberait les trois livres et non les quatre, comme c'est convenu dans des lettres précédentes".

Votre lettre m'apprend maintenant que, malgré sa plainte d'une traduction imposée et à peine acceptable, Rieder s'est à nouveau adressé à vous pour la traduction de mon livre sur le Comintern[2]. Cela complique la situation, d'autant plus que, pendant ce temps et vu l'attitude si incompréhensible de Rieder, surtout à propos de mon Autobiographie, je me suis décidé à m'adresser au camarade Gérard en le priant d'essayer de me tirer de cette impasse, d'une manière ou d'une autre.

Je vous ai exposé, chère camarade, toutes ces circonstances ennuyeuses afin que vous puissiez juger vous-même de la façon dont se présente toute la situation aujourd'hui. Quant à moi, je ne pourrai éprouver qu'une reconnaissance chaleureuse pour vos soins envers mon ouvrage sur l'Internationale, car j'y attribue une importance plus grande qu'aux autres. Si vous ne voyez dans les faits ci-devant exposés aucun obstacle pour diriger jusqu'à la fin le sort de mon livre sur le Comintern ! Je ne pourrai que m'incliner devant votre dévouement. Si, au contraire, Rieder vous dégoûte comme il m'a dégoûté depuis quelques mois déjà, vous n'aurez qu'à me communiquer votre décision, qui sera la mienne.

P.S. En tout cas, je voudrais, avant que le livre soit donné à l'imprimeur, avoir en mains trois chapitres de la traduction.

  1. Magdeleine Marx, épouse Paz (1889-1973). écrivain et journaliste, était la compagne de Maurice Paz. Elle avait continué à s'occuper de questions littéraires d'édition après la rupture politique.
  2. Il s'agit de l'I.C. après Lénine.