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Special pages :
Lettre à Ludwig Kugelmann, 12 décembre 1868
Auteur·e(s) | Karl Marx |
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Écriture | 12 décembre 1868 |
Londres, le 12 déc[embre] 1868
Cher ami,
Je voulais vous écrire plus longuement, mais des « affaires » extérieures et imprévues m'en empêchent. Que cela ne vous dissuade pas de reprendre bientôt la plume.
La lettre de Freund[1] (que je vous retourne ci‑jointe, avec mes remerciements) m'a beaucoup intéressé. Il est temps que surgissent en Allemagne d'autres hommes que les « tenants » actuels de la science.
Je vous retourne également le portrait de Dietzgen. Sa biographie n'est pas tout à fait celle que je m'imaginais. Et pourtant, je me disais toujours que ce n'était pas un « ouvrier comme Eccarius[2]». A la vérité, le type de conception philosophique qu'il s'est élaboré requiert une certaine tranquillité et certains loisirs dont ne jouit pas le every day workman [ouvrier travaillant tous les jours]. J'ai deux très bons ouvriers à New York : le cordonnier A. Vogt[3] et l'ingénieur des mines, Siegfrid Meyer[4], tous deux autrefois à Berlin. Un troisième qui pourrait faire des conférences sur mon livre est le menuisier (common working man [simple ouvrier]) Lochner[5], qui réside ici à Londres depuis about [environ] quinze ans.
Dites à votre chère femme que je ne l'ai jamais « soupçonnée » d'être sous les ordres de la générale Geck. Ma demande n'était qu'une simple plaisanterie. Au reste, les dames ne peuvent se plaindre de l'« Internationale » qui a élu une dame, Madame Law[6] au Conseil Général. Plaisanterie à part, le dernier congrès de l'American Labor Union[7] marque un très grand progrès, en ce sens notamment que les travailleuses y ont été traitées sur un pied d'égalité absolue, tandis qu'à ce point de vue on peut reprocher aux Anglais et plus encore aux galants Français une grande étroitesse d'esprit. Quiconque sait un peu d'histoire n'ignore pas que de grands bouleversements sociaux sont impossibles sans le ferment féminin. Le progrès social se mesure exactement à la position sociale du beau sexe (les laides comprises).
Pour ce qui est du « settlement » [arrangement) il ne pouvait a priori jamais être question pour moi d'entreprendre un travail lucratif avant que mon livre fût terminé. Autrement, j'aurais pu, depuis longtemps, mettre un terme aux difficultés de ma situation. Voici tout simplement ce qui en est (mais ceci entre nous) : d'une part, je me suis arrangé avec ma famille, d'autre part, Engels, à mon insu, s'est entendu avec son partner [associé] au sujet de ses revenus personnels (il se retire de l'affaire au mois de juin) et a prévu pour moi un settlement[8], grâce auquel, dès l'année prochaine, je pourrai travailler en toute tranquillité.
Avec mes meilleures salutations.
Votre
K. M.
- ↑ W. A. Freund (1833‑1918) : gynécologue, donna des cours à l'Université.
- ↑ J. G. Eccarius : Voir ci‑dessus p. 92 note 4.
- ↑ A. Vogt, compagnon de longue date de Marx, émigra en 1867 aux États‑Unis, où il organisa la section locale de l'Internationale.
- ↑ Co‑fondateur de la section berlinoise de l'Internationale, S. Meyer fit éditer en 1866 à ses frais le Manifeste communiste. Émigra en 1866 aux États‑Unis.
- ↑ Georg Lochner participe à la révolution de 1848. Émigré de Londres, il fut membre du Conseil Général de l'Internationale en 1864‑1867 et 1871‑1872.
- ↑ Harriet Law, de Manchester, fut membre du Conseil Général de 1867 à 1872.
- ↑ La National Labor Union fut fondée en 1866 à Baltimore sur des bases voisines de celles de l'Internationale.
- ↑ Voir M.E.W., t. 32, p. 215. Dans sa lettre du 29 novembre 1868, Engels, à qui son associé Ermen proposait de racheter sa part dans leur affaire commune, offrait à Marx de lui verser annuellement une rente suffisante pour lui permettre de vivre.