Lettre à Lilia Estrine, 14 novembre 1938

De Marxists-fr
Aller à la navigation Aller à la recherche


Réponses à des questions

Chère Amie,

J’ai reçu votre lettre n° 34 ainsi que les informations concernant Ciliga. L’accusation portée contre Ciliga d’être le responsable de la section balkanique du centre trotskyste de Paris est des plus absurdes. Comme vous le savez, Ciliga n’est aucunement trotskyste. Ni mon fils, Léon Sedov, ni moi, ne l’avons jamais considéré comme tel. Je possède S ce sujet une abondante correspondance. J’ai même refusé de publier ses articles dans le Biulleten en raison de son désaccord total avec notre ligne. Par ailleurs, le livre consacré à l’Union soviétique qu’il a publié en France comporte notamment dans sa deuxième partie une série de remarques extrêmement hostiles à l’adresse de l’organisation à laquelle j’appartiens. Les auteurs de l’article paru dans Inprekorr sont non seulement malhonnêtes mais ignares. Il faut bien sûr aider Ciliga à démonter cette accusation. Les lettres que Liova a écrites à cette époque seraient très utiles car elles démontreraient sans difficulté qu’il n’était pas en Yougoslavie. Je crains cependant que nous n’ayons (pas le temps de les réunir. Serait-il possible de demander le report du procès pour cette raison?

Les citations que vous m’avez envoyées sur Cronstadt (relevées par Souvarine) nécessitent une recherche complémentaire. L’ordre de réprimer le soulèvement a été évidemment signé par moi et publié à Leningrad.

Il est même possible que de tels bruits aient été lancés délibérément, afin d’effrayer les mutins. Je ne me souviens absolument pas d’être allé à Leningrad le 5 mars. Mais cela n’a pas la moindre importance. C’est le 16 mars que la répression du soulèvement a commencé effectivement. J’étais alors à Moscou, ce qui peut être prouvé par le procès-verbal du congrès et les journaux moscovites. Par conséquent, l’affirmation selon laquelle j’aurais participé personnellement à la répression est mensongère, indépendamment du fait que je me sois ou non trouvé à Pétersbourg le 5 mars. Même lorsque l’assaut des troupes de l’Armée rouge a commencé le 8 mars — incontestablement en mon absence — il ne s’est rien produit, ni répression, ni « brutalité ». La répression, qui a commencé le 16 mars, a été menée sans ma participation. La seule question reste donc de savoir si je suis ou non passé à Leningrad lors de mon voyage de l’Oural à Moscou et si j’ai signé l’ordre de reddition de Cronstadt à Moscou ou à Pétersbourg. Cette question n’a aucune importance politique. Mais elle est à vérifier. Il est tout à fait possible que la remarque citée repose sur un malentendu (vous pouvez, en cas de besoin, publier cela dans le Biulleten).

Peut-être la première partie de cette lettre sera-t-elle utile à Gérard.