Lettre à Léon Trotski, Octobre 1929

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Il y a selon moi dans la déclaration de Rakovsky et des autres camarades des concessions superflues aux conciliateurs. Superflues parce que, de toute façon, ce quelque façon qu’on s'y prenne, on ne retiendra pas les conciliateurs du genre d'I.N.Smirnov, qui entreprennent des actions de façon indépendante et ne se préoccupent plus ­du tout de notre unité. Rakovsky avait demandé à Smirnov de ne rien faire avant d'avoir reçu le projet de déclaration. Mais il paraît qu'il avait déjà à ce moment‑là envoyé la sienne au C.C. et venait d'apprendre qu'Iaroslavsky l'avait refusée.

Un autre conciliateur, Boguslavsky, mène des pourparlers pour la convocation d'une conférence. Si une telle conférence se tient à Moscou on peut supposer qu'elle ne manquera pas de sortir une fois de plus la "révolution per­manente" et le reste. Le désaccord essentiel entre la position de Smirnov et la nôtre réside dans l’appréciation de la ligne politique générale et celle de la direction elle-même, de la confiance qu'on lui témoigne, et dans son engagement à renoncer sans condition à tout travail fractionnel.

Sur tous ces points, il est possible que le texte définitif de notre déclaration ne paraisse pas suffisamment clair. Mais ce ne sont là que des critiques se­condaires, et nous devons nous solidariser sans réserve de la déclaration, car elle est juste sur toutes les questions essentielles.

L'année qui vient sera l'année critique pour la direction centriste. Les staliniens sont actuellement sous le fouet de la dure nécessité et d'un certain revirement dans l'état d'esprit des masses. Nous verrons qui fustigera l'autre, si l'appareil aura raison de l'activité des masses ou si au contraire ces dernières seront assez fortes pour dominer l'appareil.

Smirnov vient au secours de l'appareil contre les ouvriers et c'est pourquoi son action conciliatrice est particulièrement néfaste en ce moment. Mais l'autocritique a déjà dépassé et de beaucoup les limites qui lui avaient été assignées par Iaroslavsky et autres, et nous attendons avec une entière confiance le développement ultérieur de la crise du parti.

N.B.[1]

  1. Il semble qu’il s’agisse de l’Oppositionnel Boris. N. Viaznikovtsev.