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Special pages :
Lettre à Léon Sedov, 26 mai 1932
Auteur·e(s) | Léon Trotski |
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Écriture | 26 mai 1932 |
J'ai fait une erreur évidente en proposant au groupe de Prague de déléguer Jan au secrétariat. Je partis du fait que Kopp avait écrit que ce groupe accepterait cette proposition. C'était une erreur évidente de s'appuyer là-dessus. Et maintenant le résultat est qu'on a créé une situation ultra-confuse. Le groupe de Prague a décidé de déléguer Friedman. Ce n'est que maintenant que l'on peut comprendre pourquoi ils ont fait des objections à la délégation par les organisations les plus fortes, au profit de l'élection des "plus capables". Ils estimaient, non sans raisons, que leur groupe de façon générale ne pouvait prétendre à aucune représentation et que leurs "plus capables" ne pourraient entrer au secrétariat que sur la base de la sélection personnelle. Je le répète, la confusion qui en résulte est intolérable. Nous devons en sortir d'une façon ou d'une autre.
Je vais leur répondre aujourd'hui qu'ils doivent porter leur proposition à la connaissance du secrétariat afin qu'il puisse mener l'enquête nécessaire dans toutes les sections nationales. La délégation par une seule section et la responsabilité du délégué devant sa propre section présuppose, cela va de soi, le droit des autres sections d'accepter ou encore de refuser le candidat proposé. Il faut bien insister là-dessus, autrement ce qu'on créera ne sera pas un secrétariat mais une ancienne Diète de Pologne avec son liberum veto.
Ainsi la première mesure devrait être la présentation de la candidature de Friedmann, en tant que posée par le groupe de Prague, pour approbation par les sections. Il faut prendre des mesures pour que cette candidature soit refusée. Il n'en manque pas :
a) Le groupe tchécoslovaque est trop faible,
b) il n'a rejoint que trop récemment la Gauche internationale,
c) jusqu'à présent il ne s'est guère montré sur le terrain des questions internationales,
d) d'un autre côté il a manifesté d'importantes hésitations sur la question des brandlériens,
e) il s'est permis un ton grossier et insolent dans les relations internationales,
f) F(riedmann) personnellement est un ancien zinoviéviste qui a capitulé il n'y a pas si longtemps, puis est revenu à l'Opposition.
Le principal argument est évidemment le petit nombre et le manque de solidité de l'organisation. Cet argument ne vaut pas pour la section russe, selon ma proposition erronée. Mais les autres sections ne sont liées par rien, surtout les Allemands et les Français. J'espère que les Belges, les Bulgares et les Américains vont parler contre la candidature de F(riedmann) ou au moins s'abstenir. Ce qui sera donc décisif en conséquence, seront les votes des sections russe, allemande et française avant tout. J'espére que tu fera tout le nécessaire.
La question financière est également liée à ça. Le groupe de Prague a pensé évidemment que le secrétariat appuierait leur délégué. Ils ne savaient pas, bien entendu, que le séjour de J(an) à Berlin était lié avec son travail littéraire (traduction), qui couvrirait ses dépenses. Il faut trouver une forme pour leur expliquer ce malentendu. Le mieux serait que le secrétariat le fasse en écrivant à Prague entre autres ceci : "Nous partons du fait que votre groupe garantit le séjour à Berlin de votre délégué au cas où sa candidature est soutenue par les autres section". Au cas où ils posent la question: "Mais alors qu'est-ce qui était initialement prévu pour J(an) ?", il faudra leur expliquer que J(an) s'occupait des traductions du russe en allemand.
J'écris à ce sujet avec autant de détails pour liquider ce malheureux épisode avec le moins de frictions et d'inconvénients. Il est essentiel de veiller à ce que les Parisiens au moins ne jouent aucun tour sur cette question. Raymond et Frank doivent préparer un règlement correct de cette question. De même à Berlin naturellement.