Lettre à Léon Sedov, 19 juillet 1931

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Mon cher Ljova,

  1. Faire un procès en Pologne avec les dépenses pour un avocat peut ne pas en valoir la peine. Ce qu'a fait Pfemfert est suffisant. Que le document soit mis en circulation par les Iaroslavsky est hautement probable. Il a pu être sorti avec l'objectif d'obtenir en peu de temps (jusqu'à ce qu'il soit réfuté) quelques capitulations ou autres, ou comme justification pour de nouvelles répressions.
    Finalement le document fabriqué est également nécessaire pour distraire l'attention du parti de la justesse de nos idées sur les questions fondamentales, confirmée par le discours de Staline.
  2. Dans mon article, j'ai donné un exposé insuffisant du sens du "manteau d'Arlequin". Dans la mesure où l'essence du plan consiste dans la définition des parties, dans cette mesure le caractère bigarré d'Arlequin du manteau indique la destruction de ces proportions et celle du plan. Dans nos premiers articles sur le Plan quinquennal nous avons écrit que les disproportions s'accumuleraient et se manifesteraient la troisième ou la quatrième année, sinon la cinquième. Il faut retrouver la citation.
  3. Je note avec satisfaction que ton appréciation du discours de Staline coïncide totalement avec la mienne. J'ai également noté même la place à laquelle tu as fait une note spéciale : ??? (manuscrit incomplet - NdE). Il n'y a pas de doute qu'une tendance à la néo-Nep est contenue dans le tournant, bien qu'une tendance ultra-administrative puisse prévaloir aussi. Indubitablement ils ne savent pas eux-mêmes de quel côté tourner. Il faut suivre de près les journaux russes. Ce doit être fait à Berlin.
  4. Je ne t'envoie pas la projet en russe du discours de S(eipold), parce que je ne l'ai pas : je l'ai dicté en allemand.
  5. Je m'abstiens de m'exprimer sur la situation allemande parce qu'au cours des derniers mois je n'ai pas lu un seul journal allemand. Le Berliner Tageblatt a commencé à arriver.
  6. Je le répète encore : que les camarades allemands cessent tout à fait de compter sur moi dans les deux prochains mois. J'ai pris beaucoup de retard pour le livre et bien que j'y aie passé des journées à un moment je ne peux pas me forcer à m'empêcher de le finir avec plus de soin, bien que cela soit perdu aux 9/10 dans la traduction.
  7. Maintenant, le plus important sur le voyage de R(oman) et de S(enine). J'ai reçu de Paris une lettre de R(oman). Il écrit qu'il espère être avec nous à la fin de juillet ou au début d'août et me demande le moment qui me convient le mieux. Bien entendu, j'aurais été heureux de pouvoir passer avec lui plus de temps qu'il ne le peut dans les conditions actuelles. Mais, puisque le livre doit encore me prendre beaucoup de temps, il est impossible de retarder leur voyage jusqu'à ce qu'il soit terminé. Aussi, de ce point de vue, n'y a-t-il aucune objection contre la date. Il y a une autre circonstance plus pratique. Zina ne parviendra sans doute pas à partir d'ici avant la mi-août. Cela veut dire que nous n'avons pas à la maison de chambre libre. Il y a quelque chose qui y ressemble, dans l'aile, à vrai dire, là où vivent les policiers - mais c'est seulement quelque chose comme une chambre. Aussi la question d'un hôtel peut-elle se poser. Pour manger, naturellement, ils viendraient chez nous. Cela vaut-il la peine de renoncer au voyage pour cet inconvénient pratique ? A mon avis non, puisqu'avec tout report nouveau quelque chose de nouveau pourrait l'empêcher. Explique tout ça à Sénine, s'il te plaît, car je n'ai pas l'adresse de Roman et j'ignore combien de temps il va être retenu à Paris. Je vais lui écrire par Mill, mais tu lui dis de ta part aussi tout ce que j'ai écrit plus haut. Il va sans dire que nous serions tout à fait enchantés de leur venue ici, indépendamment de la durée de leur séjour. Ce serait bien de savoir d'avance (même approximativement) combien de temps ils comptent passer en voyage : ce pourrait être important au cas où Jan aurait un voyage à faire.
  8. Tu demandes ce qu'il en est du fusil. Il est intact puisqu'il était pendu dans le corridor où la plupart des objets sont restés intacts. Malheureusement, il n'y avait presque rien là, si on ne compte pas les archives.
  9. Sur le chien. Ce serait très souhaitable d'en avoir un. C'est intéressant de savoir comment ça se passerait en Allemagne. L'opération financière consisterait à payer l'argent ici à des gens qui arrivent, ce qui les libérerait de la nécessité de changer. Tout cela à condition que les chiens ne soient pas chers en Allemagne (comme en Angleterre).


P.S : Je viens de recevoir la lettre par avion et t'assure une fois de plus qu'en dehors de l'article éditorial je ne vais rien donner de plus au Biulleten : je n'ai absolument pas le temps. Reçu une lettre de Senine. Je vais lui répondre sur cette ligne.