Lettre à Léon Sedov, 17 janvier 1932

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Mon cher Ljova,

1 . La résolution de la conférence de Berlin du S.A.P. reproduite dans Volkswille est très importante et elle complète la lettre de Francfort avec une exceptionnelle clarté. Mais il y a évidemment une différence : tandis qu’à Francfort la direction est aux mains de trotskystes de "génération spontanée", à Berlin, j'ai peur que les nôtres ne prennent aucune part ou une part minime. Il est surprenant qu’aucun des nôtres n'ait jusqu'à présent attiré mon attention sur l'évolution du S.A.P. Laisser échapper cette occasion en ce moment serait laisser échapper une grosse affaire. Il va sans dire que notre orientation doit demeurer comme avant en direction du P.C. Mais la gauche du S.A.P doit être tournée face au partie La position d’Urbahns : il dit qu'il reconnaît la s(ocial)-d(émocratie) ainsi que le P.C. comme un fait mais reste lui-même entre les deux au nom de l'unification - est un mensonge absolu. L'objectif politique consiste à liquider la s(ocial)-d(émocratie) au moyen d'une ligne juste de la part du P.C. C’est à cet "objectif final" qu’il faut subordonner la politique du front uni contre les fascistes, en tant que tâche de l'époque présente. Mais cela n'exclut nullement que nous créions pour nous même un bastion solide dans le S.A.P. d'avance pour utiliser un pont afin de faire notre chemin dans le P.C. Du point de vue du futur développement de notre fraction, la question du S.A.P. est décisive. Il n'y a pourtant ni idées, ni propositions, ni même rapports factuels sur tout cela de la part des nôtres. Qu'est-ce que ça veut dire ?

Quelle est la force du S.A.P. ? Combien de membres a-t-il à Berlin ? Y avons-nous des gens tout à fait dignes de confiance ? Sénine ne devrait-il pas aller dans le S.A.P. avec une déclaration ouverte : je viens pour lutter pour un rapprochement entre le S.A.P. et le P.C. sur la base des idées de l’Opposition de gauche ? Sénine cherche une arène plus vaste. Le rêve d'une entrée immédiate dans le parti est irréalisable. Ne devrait-il pas essayer par l'autre bout. Il faut y réfléchir.

J’attends impatiemment des nouvelles des gens de Francfort.

2 . Je t'ai envoyé une lettre pour le groupe juif. Elle doit être communiquée à toutes les sections puisque le groupe doit leur envoyer ses propres matériaux. Le deuxième document que je t'envoie n’est destiné qu'aux membres du secrétariat et à la direction de la Ligue.

Cela ne va pas du tout avec la confiance béate en Treint. J’ai parlé de ça avec R(aymond). Mais ce qu'il faut, c'est un système de politique générale et personnelle. Personne n'a proposé de confiance béate en […]ville dans le temps. Mais il était nécessaire de prendre le départ en collaborant loyalement, en créant des conditions dans lesquelles il était possible d'exploiter les côtés forts de Naville sans le quitter des yeux. Mais avec Frank il n'y a que des manifestations de nervosité contre Treint. Dans la direction, la majorité a une attitude critique à l'égard de Treint ce qui fait qu'il est hors de question qu'il puisse prendre la direction par une initiative soudaine. Mais Frank, avec ses frasques et son absence totale d'esprit d’équipe peut pousser petit à petit la majorité dans les griffes de Treint. Je ne parle même pas du fait qu'un nouveau conflit détruirait les deux groupes.

3 . L'auteur de la lettre anglaise m'a envoyé ses articles allemands un certain nombre de fois. Je me rappelle que, pendant le IVe congrès, la question de Roy a été réellement discutée dans l’I.C. dans un secret strict. Qui lança l'accusation, je ne sais pas, mais il est très probable que c'était la même personne. Ces accusations étaient-elles aussi contre ??? [ illisible - NDE], là non plus je n'en sais rien. En tout cas il faudrait expliquer ce à quoi ressemble l'auteur de la lettre. Il est étrange qu'il ne mentionne pas l'arrestation et l'exil de Roy. Ses accusations contre Borodine me paraissent tout à fait fantastiques.

4 . J’en reviens au S.A.P. encore une fois. Il est absolument vital pour la direction de la section allemande de formuler sa propre attitude à l'égard du S.A.P, S’il y a des ombres de discorde, fais-le moi savoir s'il te plait, même sous la forme d'une brève note. Il est tout à fait essentiel pour moi de me faire une idée. Dans la situation donnée, je considère que c’est la question centrale.