Lettre à Jan Frankel, 3 novembre 1938

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Questions matérielles et visas

Cher Ami,

J’ai « perdu » du temps pour l’article « Une Leçon toute fraîche » et pour d’autres, de sorte que je consacre maintenant tout mon temps au livre sur Staline. Je n’ai même pas trouvé de temps encore pour lire le matériel que vous m’avez envoyé du comité pan-américain.

Votre situation matérielle m’a beaucoup inquiété. Si la vente des archives se fait, votre existence sera assurée, pour un certain temps au moins. Ce n’est pas seulement que vous avez un droit indiscutable à une « commission », mais j’espère aussi que vous pourrez travailler pour l’institution en question. Ce serait excellent à tous égards.

La proposition de l’université de Chicago me semble très insuffisante, surtout si on considère non seulement les documents de l’Opposition russe mais aussi la préhistoire de la IVe Internationale. Dans le dernier cas, ils devraient à mon avis payer le double. Cependant vous êtes assez familier avec cette question et je suis sûr que tout sera fait pour empêcher les « Yankees » de nous dépouiller.

La situation ici est presque inchangée. Les staliniens continuent à acquérir une influence importante dans la bureaucratie. Dans la C.T.M., une lutte cachée se déroule entre tolédanistes et staliniens et on peut affirmer qu’il y aura bientôt une explosion. Je continue à me tenir très éloigné des affaires mexicaines.

Pour « l’administration » interne, tout va toujours bien. Nous consacrons beaucoup de temps au jardin. Même Van, l’intellectuel pur, est devenu un peu jardinier.

J’ai reçu une lettre de Solze. Il demande si il peut venir au Mexique et si je suis prêt à écrire une préface à son livre sur la Tchécoslovaquie. Prière de lui transmettre le message suivant :

(1) Sauf dans le cas d’Otto Schüssler qui a été finalement réglé, nous n’avons eu aucun succès dans nos efforts pour obtenir des visas pour nos amis européens. La bureaucratie est ou bien réactionnaire ou bien pro-stalinienne Cependant, cela n’exclut pas la possibilité que nous puissions y arriver dans ce cas exceptionnel, si nous nous adressons directement à la plus haute autorité du pays. Bien sûr, je suis prêt à faire tout mon possible, mais il faut que je sache qui Solze est en réalité : un Allemand, un Juif, un citoyen tchèque, son âge, etc. Tout argument qui pourrait être avantageux pour lui devrait être communiqué. (2) Bien entendu, je suis prêt à rédiger une préface pour le livre de Solze.

Je ne lui écris pas directement parce que personne dans la maison n’écrit l’allemand et parce que j’espère que vous pourrez plus facilement l’atteindre en lui écrivant.