Lettre à James P. Cannon, 12 mai 1938

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En Europe ou à San Francisco

Cher Jim,

1. II ne m’est pas facile de donner un conseil au sujet de l’alternative Europe ou San Francisco. Mais je crois que, malgré tout, vous pourriez être remplacé avec plus de succès en Californie qu’en Europe. Je ne doute pas que la situation sur la Côte soit critique et importante ; mais ce n’est néanmoins qu’une situation locale qui va se répéter, demain, dans d’autres parties des États-Unis. La question en Europe a un caractère universel : il s’agit peut-être de la dernière réunion avant la guerre. Cette conférence va aussi donner à la section américaine une autorité renforcée pour son action en Californie et ailleurs. C’est pourquoi mon opinion, à titre d’hypothèse, est que vous devriez envoyer à Frisco des gens comme Widick ou Dobbs ou tous les deux et que vous, vous alliez en Europe aussi rapidement que possible. Vous voyez que je conclus plus catégoriquement que j’ai commencé, mais il me semble que c’est la seule conclusion juste.

2. Nous n’avons pas encore reçu un seul mot concernant la conférence pan-américaine et particulièrement sa décision sur la question mexicaine. Quel est le résultat? Nous sommes tous très inquiets de votre silence sur cette question. Avez-vous oublié vos obligations? La clique Galicia a commencé une campagne systématique et a publié un bulletin dirigé contre Diego Rivera et nous tous. L’absence de décision formelle et d’un représentant du secrétariat pan-américain paralyse ici nos amis à tous égards et peut produire les pires résultats. Répondez immédiatement, s’il vous plaît, sur cette question.

3. Nous n’avons pas encore reçu les résolutions du dernier plénum. Mais, autant que nous ayons compris, il a accepté le tournant sur la question du Labor Party. Si c’est ça, il faut, selon moi, utiliser immédiatement ce tournant vis-à-vis des lovestonistes. Certains de nos camarades semblent être particulièrement embarrassés par le fait que nous puissions avoir l’apparence de la capitulation devant les lovestonistes6. On pourrait utiliser cette apparence pour saper leur base fondamentale dans cette question. Nous ne le nions pas. C’est une question purement tactique. La situation a changé; notre attitude aussi. « Mais quelle est maintenant la raison de votre opposition à la IVe Internationale ? » et ainsi de suite. Une telle attitude pourrait, d’une façon ou d’une autre, écarter cet obstacle sous nos pas.

4. Suzanne LaFollette m’écrit personnellement qu’elle cherche de l’argent pour fonder un hebdomadaire pour combattre Nation et New Republic. Elle ajoute aussi qu’elle lit avec grand intérêt et « profit » les publications de notre parti. C’est un symptôme intéressant.