Lettre à Jakob Frank, 4 novembre 1929

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Cher Esquire,[1]

Nous espérons que vous avez fait bon voyage et que vous êtes remis de vos fatigues. Ici, nous pensons à vous souvent. La photo sur laquelle nous figurons ensemble est superbe. M[aria] I[lyichna][2] vous adresse sous ce pli sa production.

Venons-en à nos affaires. Deux lettres sont arrivées pour vous, l'une de Berlin, l'autre de Leipzig, que nous vous retournons toutes les deux par ce courrier.

Dans la lettre qui m'est destinée, le groupe de Leipzig exprime une opposition assez résolue à la création d'un journal indépendant, considérant que cela provoquerait la scission. Contre le journal, le groupe défend l'idée d'un travail à l'intérieur du Leninbund pour affermir sa position d'ici la conférence de décembre. Pour une part, leur plan coïncide donc avec l'orientation prise par le groupe berlinois, mais celui-ci considère que la création d'un journal est impossible et inopportune, même après la conférence de décembre. Je leur ai écrit une longue lettre sur cette question, je vous en envoie une copie.

Bien sûr, si l'on parvenait à mettre sur pied un hebdomadaire à Vienne, on pourrait attendre encore quelque temps avant de créer un journal à Berlin. Réfléchissez au problème sous cet angle, et discutez-en. Dans ce cas, le journal viennois devrait consacrer une bonne moitié de ses colonnes aux affaires allemandes. Une telle solution, nous en sommes bien d'accord, ne serait acceptable qu'à titre provisoire; on peut même y trouver un certain avantage, car elle éviterait à l'opposition de supporter en même temps le poids de deux publications.

Il me semble qu'un représentant du groupe de Leipzig[3] devrait entrer à la direction du groupe de Berlin, d'autant que d'après ce que me dit Landau, le discours de Well à la conférence a produit une forte impression.

J'écris au groupe de Leipzig pour insister sur la nécessité qu'il y a à mener une réflexion systématique sur les questions qui se posent aujourd'hui en Allemagne. Peut-être pourriez-vous leur transmettre des extraits de ma lettre.

J'écris en même temps à Raissa Timofélevna [Adler]. J'espère que vous pourrez lire ma lettre.

Je crois que c'est tout pour cette fois. J'écris aujourd'hui à Rosmer au sujet de votre projet de voyage à Berlin.

Je vous envoie mes plus cordiales pensées, et j'attends votre lettre.

  1. Esquire était le surnom familier plutôt que le pseudonyme de Frank qui avait quitté la Turquie en octobre.
  2. M I Pevaner était la collaboratice russe de Trotsky
  3. Karl Seitz (1869-1950) social-démocrate, social-patriote pendant la guerre, ancien président de la République, était bourgmestre de Vienne.