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Special pages :
Lettre à Ivar Smilga, 7 novembre 1925
Auteur·e(s) | Lénine |
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Écriture | 27 septembre 1917 |
Paru pour la première fois le 7 novembre 1925, dans la «Pravda » n° 255
Conforme au manuscrit
Œuvres t. 26, pp. 63 - 67 Paris-Moscou,
Lettre à I. SMILGA, président du comité régional de l'armée, de la flotte et des ouvriers de Finlande
Au Camarade Smilga
Je saisis l'occasion de m'entretenir un peu plus longuement avec vous.
1
La situation politique générale m'inspire de grandes inquiétudes. Le Soviet de Pétrograd et les bolchéviks ont déclaré la guerre au gouvernement. Mais le gouvernement a des troupes et se prépare méthodiquement (il est évident que Kérenski, au G.Q.G., s'entend - et s'entend de façon pratique avec les korniloviens sur la question des troupes qui doivent écraser les bolchéviks).
Et nous, que faisons-nous ? Nous nous contentons d'adopter des résolutions ! Nous perdons du temps, nous fixons des «délais» (le 20 octobre le congrès des Soviets - n 'est-il pas ridicule de temporiser ainsi ? N'est-il pas ridicule de compter là-dessus ?). Les bolchéviks ne travaillent pas méthodiquement à réparer leurs forces armées pour renverser Kérenski.
Les événements ont pleinement confirmé la justesse de ma thèse, avancée au moment de la Conférence démocratique, à savoir que le parti doit mettre à l'ordre du jour l'insurrection armée[1]. Les événements nous forcent à le faire. L'histoire a fait aujourd'hui de la question militaire la question politique essentielle. Je crains que les bolchéviks ne l'oublient, emportés comme ils le sont par « l'activité au jour le jour », par les menues questions courantes et par l'« espoir » qu'une «vague balaiera Kérenski ». Cette espérance est naïve ; c'est comme si on se laissait vivre au «petit bonheur». De la part du parti du prolétariat révolutionnaire, cela peut être un crime.
A mon avis, il faut faire de la propagande dans le parti pour qu'il adopte une attitude sérieuse envers l'insurrection armée. A cette fin, faire dactylographier cette lettre et l'envoyer aux camarades de Pétrograd et de Moscou.
2
Maintenant, en ce qui concerne votre rôle. Il semble que la seule chose que nous puissions pleinement avoir en mains et qui joue un rôle militaire sérieux, ce sont les troupes finlandaises et la flotte de la Baltique. Je pense que vous devez mettre à profit votre haute situation pour vous décharger sur vos aides et sur vos secrétaires de tout le menu travail routinier, sans perdre de temps sur les «résolutions» et consacrer toute votre attention à la préparation militaire des troupes finlandaises + la flotte en vue du renversement prochain de Kérenski. Créer un comité secret avec les militaires les plus sûrs, discuter avec eux tous les aspects de la situation, réunir (et vérifier par vous-même) les informations les plus précises sur la composition et la disposition des troupes devant Pétrograd et à Pétrograd, sur le transfert des troupes de Finlande à Pétrograd, sur le mouvement de la flotte, etc.
Nous risquons d'être ridiculement joués comme des imbéciles, si nous n'agissons pas ainsi : nous aurons de superbes résolutions et des Soviets, mais pas le pouvoir !! Je pense que vous avez la possibilité de rassembler des militaires vraiment sûrs et compétents, de vous rendre à Ino[2] et en d'autres points importants, de peser et d'étudier sérieusement les choses, sans vous fier aux phrases générales et vantardes trop coutumières chez nous.
Nous ne pouvons en aucun cas permettre le retrait des troupes de Finlande, voilà qui est clair. Mieux vaut consentir à tout, à l'insurrection, à la prise du pouvoir, pour le transmettre au congrès des Soviets. Je lis aujourd'hui dans les journaux que dans deux semaines le danger d'une descente sera déjà nul. Cela signifie que vous avez très peu de temps pour vous préparer.
3
Continuons. En Finlande, le «pouvoir» doit être utilisé en vue d'une propagande systématique parmi les cosaques qui se trouvent en Finlande. Kérenski et Cie ont à dessein fait sortir une partie d'entre eux de Vyborg. par exemple, par crainte de leur «bolchévisation» et ils les ont cantonnés à Uusikirkko et à Perkjärvi, entre Vyborg et Terijoki, dans un isolement qui les mettait à l'abri (des bolchéviks). Il faut étudier toutes les informations concernant les cantonnements des cosaques et organiser l'envoi auprès d'eux de détachements de propagande choisis parmi les meilleurs marins et soldats de Finlande. C'est indispensable. De même pour la littérature.
4
Continuons. Naturellement, on accorde des permissions aux marins et aux soldats. Il faut former avec ces permissionnaires qui séjournent à la campagne des détachements de propagandistes qui parcourront régulièrement toutes les provinces et qui feront dans les campagnes de la propagande, notamment en faveur de l'Assemblée constituante. Votre position est exceptionnellement bonne, car vous pouvez commencer tout de suite à former un bloc avec les socialistes-révolutionnaires de gauche, bloc qui peut seul nous donner un pouvoir solide en Russie et la majorité à l'Assemblée constituante. Entre-temps, formez sans tarder un tel bloc chez vous, organisez la publication de tracts (tâchez de savoir ce que vous pouvez faire de ce côté, du point de vue technique, et pour en assurer le transport en Russie) ; il faut alors que dans chaque groupe de propagandistes envoyé à la campagne il y ait au moins deux hommes : un bolchévik et un socialiste-révolutionnaire de gauche. A la campagne, c'est la «raison sociale» socialiste-révolutionnaire qui règne pour le moment, et il faut profiter de l'occasion (les socialistes-révolutionnaires de gauche sont pour vous) pour réaliser dans les campagnes, au nom de cette raison sociale, le bloc des bolchéviks et des socialistes-révolutionnaires de gauche, des paysans et des ouvriers, et non pas le bloc des paysans et des capitalistes.
5
A mon avis, pour bien préparer les esprits, il faut lancer tout de suite le mot d'ordre : le pouvoir doit passer immédiatement au Soviet de Pétrograd qui le remettra au congrès des Soviets. Pourquoi, en effet, supporter encore trois semaines de guerre et de «préparatifs à une affaire Kornilov» de la part de Kérenski ? De la diffusion de ce mot d'ordre par les bolchéviks et les socialistes-révolutionnaires de gauche de Finlande, rien ne peut sortir que de bon.
6
Du moment que vous êtes à la tête du «pouvoir» en Finlande, il vous incombe encore une tâche très importante, bien que modeste : mettre au point le transport illégal de la littérature venue de Suède. Sans cela, tous les propos sur l'« Internationale » ne sont que des mots. On peut fort bien mettre la chose au point. : d'abord en créant à la frontière une organisation à nous, formée de soldats ; ensuite, si cela n'est pas possible, en organisant les voyages réguliers, ne fût-ce que d'un homme sûr, dans une localité où j'ai commencé à Organiser le transport avec l'aide de la personne chez qui j'ai passé une journée avant mon arrivée à Helsingfors (Rovio la connaît[3]). Peut-être y faut-il une aide en argent. Arrangez cela à tout prix.
7
Je pense que nous aurions besoin de nous voir pour parler un peu de ces questions. Vous pourriez venir en perdant moins d'une journée, mais si vous venez uniquement pour me voir, faites demander par Rovio à Huttunen par téléphone si la «sœur de la femme» de Rovio (la sœur de la femme - vous) peut voir la sœur de Huttunen (la sœur de Huttunen - moi). Car je peux partir subitement. Accusez-moi sans faute réception de cette lettre (brûlez-la) par le camarade qui la remettra à Rovio et qui reviendra bientôt. Dans le cas où je resterais longtemps ici, il faudrait que nous organisions la poste. Vous pourriez nous y aider en remettant aux cheminots des enveloppes à l'adresse du Soviet de Vyborg (à l'intérieur : à Huttunen).
8
Envoyez-moi par le même camarade une attestation (aussi officielle que possible : sur un formulaire du comité régional, signée du président, avec un cachet, soit dactylographiée, soit écrite très lisiblement) au nom de Constantin Pétrovitch Ivanov, disant que le président du comité régional se porte garant de ce camarade et demande que tous les Soviets, le Soviet des députés soldats de VYBORG, comme tous les autres, lui accordent leur entière confiance, leur concours et leur appui. Cela m'est indispensable à tout hasard, car un «conflit» et une «rencontre» sont possibles.
9
N'auriez-vous pas le petit recueil publié à Moscou, La révision du programme[4] ? Tâchez de vous le procurer chez n'importe qui à Helsingfors et de me l'envoyer par le même camarade.
10
Sachez que Rovio est un excellent homme, mais un paresseux. Il faut le surveiller et lui rappeler les choses deux fois par jour. Sinon, il ne les fera pas.
Salut K. Ivanov
- ↑ Voir Les bolchéviks doivent prendre en mains le pouvoir (N.R.)
- ↑ Le fort Ino, ouvrage fortifié situé à la frontière de la Finlande, qui défendait en même temps que Cronstadt les abords de Pétrograd. [N.E.]
- ↑ Il s'agit de Karl Wiik, député de la Diète finlandaise ; dans sa villa, à la station de Malmi Lénine passa une journée, en route pour Helsingfors. [N.E.]
- ↑ Le recueil matériaux pour une révision du programme du Parti, publié eu 1917 par le Bureau régional de la région industrielle de Moscou du P.O.S.D.R., contenait des articles de V. Milioutine, V. Sokolnikov, A. Lomov et V. Smirnov. La préface indiquait que ces matériaux furent publiés à l'occasion de la prochaine convocation du Congrès du Parti qui devait examiner la question de la révision du programme. Lénine dans son article « Pour une révision du programme du Parti» (voir tome 26, pp. 149-181) examina en détail et critiqua les articles de V. Sokolnikov et de V. Smirnov. [N.E.]