Lettre à Gérard Rosenthal, 30 juin 1930. La presse de l'Opposition

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Cher Camarade Gérard,

Merci bien pour votre communication du 20 juin concernant le procès. Il ne m'est pas tout à fait clair quelle est notre proposition concernant le premier volume de l'autobiographie. Est-ce que nous exigeons seulement sa saisie, mais les livres doivent être déjà vendus - ou est-ce que nous exigeons des dommages intérêts ?

Quant à la situation de l'opposition française, je me réjouis beaucoup de ses progrès, mais je dois avouer que je serais plus heureux d'avoir des chiffres exacts sur le nombre des membres de la Ligue, sur la vente de La Vérité, etc. On se trompe facilement sur son influence en se basant sur les échos superficiels de la couche supérieure des organisations ouvrières.

Autant que je sache, le nombre d'adhérents à Paris est très restreint. Je comprends les difficultés objectives, mais il y aussi des fautes subjectives que je ne me fatiguerai jamais d'indiquer. La direction est trop composée de littérateurs, la rédaction envisage trop les éditions comme des entreprises littéraires et l'organisation comme un simple appendice. Une certaine routine s'est élaborée, on ne fait pas de tentatives concentrées pour pénétrer dans un certain milieu, y adapter le journal, etc. J'ai consacré d'ailleurs à cette question pas mal de lettres, sans résultat, c'est-à-dire sans assentiment ni réfutation. Je crois qu'il faut créer une autre relation entre la presse et l'exécutif en élargissant ce dernier par des camarades directement liés à la base. C'est le point décisif dont dépend le sort de l'Opposition.