Lettre à Gérard Rosenthal, 2 février 1939

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L’Attitude de Jeanne

Cher Camarade Gérard,

Je vous remercie de votre dernière lettre. Quand Mme Jeanne Molinier vous dit qu’elle n’a rien à répondre à mes lettres adressées à vous, elle se trompe. J’ai interrompu toute correspondance personnelle avec elle, étant donné qu’elle ne répond jamais loyalement aux questions et qu’elle cherche toujours à tromper, sans parler de son attitude indigne envers la mémoire et la volonté de Léon. Je ne corresponds maintenant avec elle que par votre intermédiaire, en tant que vous êtes mon avocat. Je lui envoie simultanément la copie de cette lettre pour qu’elle se rende bien compte de la situation créée par elle-même.

Dans le passé, elle a souvent refusé de répondre au camarade Rosmer ou à vous-même en prétextant d’attendre une réponse de ma part. Elle peut bien tenter de répéter la même manœuvre dans la question de Siéva. D’ailleurs, dans sa dernière lettre à Natalia, restée sans réponse, elle invoque la nécessité d’une très longue convalescence. La meilleure convalescence pour le petit serait le voyage en bateau, le changement de climat et le séjour ici. De toute façon, en cas de nécessité, vous pourrez choisir vous-même un médecin pour qu’il donne son opinion.

Les autres arguments de Mme Jeanne Molinier n’ont pas plus de valeur : la nécessité de continuer les études, la situation instable au Mexique, etc. Il y a ici un lycée français. Van pourrait aider Siéva dans le français, etc. En tout cas, je suis sûr qu’il ferait ici des progrès beaucoup plus rapides qu’à Paris où, comme le démontre sa dernière lettre, son éducation, même en français, reste tout à fait négligée. Quant à la stabilité ou à l’instabilité politique des divers pays, je n’ai pas besoin des conseils de Mme Jeanne Molinier. Je lui avais proposé de venir ici avec le garçonnet, comme je ne puis pas aller en France, pour discuter toutes les questions qui concernent Siéva. Elle a refusé. Cela démontre le degré de son attachement au garçon, car elle ne pouvait se méprendre sur le fait que son refus signifierait la séparation définitive. Par cette attitude, elle a perdu ses droits moraux ; quant aux droits formels, elle n’en a jamais eu.

Je vous prie d’agir avec la plus grande fermeté et avec toute l’urgence nécessaire.