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Special pages :
Lettre à Eugen Bauer, 4 septembre 1931
Cher camarade,
Nous avons discuté ici de façon relativement détaillée avec les camarades W. et S., sur la question que vous avez soulevée : le double pouvoir. A l’issue de la discussion, je me suis efforcé d’en transcrire le résultat sous forme d’un bref dialogue. J’espère que vous en recevrez la traduction allemande d’ici à quelques jours, si ce n’est déjà le cas. Il serait bon que, sur la base de ce document , vous puissiez exprimer votre réponse, vos hésitations, vos remarques. Auparavant, j’avais pensé que nous pourrions en discuter publiquement dans la « Permanente », mais le journal est trop petit et paraît trop rarement. Il faut donc vraiment tenter de parvenir à une décision par correspondance, ou en utilisant le Bulletin International.
J’avais à éclaircir une question scientifique sur la psychanalyse et je voulais m’adresser à vous car cela touche votre métier, mais je craignais de vous gêner dans vos travaux universitaires par une disgression. C’est pourquoi je me suis adressé au camarade Schürer. Il s’agit avant tout de quelques extraits d'œuvres de Freud, qui sont introuvables ici.
En ce qui concerne notre compte-rendu de mon« Histoire », il m’est venu l’idée suivante : les brandlériens, de même d’ailleurs que les staliniens, ont adressé comme reproche principal à l’autobiographie le fait que l’ouvrage – une autobiographie ! – parle d’une personne et non des « masses ». Et voilà maintenant l’« Histoire », qui traite justement des masses. Peut-être faudrait-il tenter de mettre ces messieurs au pied du mur en leur demandant ce qu’ils ont à dire ou répondre à propos de ces « masses » qu’ils prennent si bien sous leur aile. Cela aurait peut-être un certain intérêt car les brandlériens américains ont, eux aussi, publié les articles des allemands.
Je serai très heureux de recevoir quelques lignes de vous.
P.S. : J’ai reçu de Mr. Ernst Künstler (Brühl 71 AIV, Leipzig C1) une lettre et le texte imprimé de sa conférence radiophonique sur le dumping russe. Qui est ce monsieur ? Il m’adresse ses « salutations socialistes ». Mais la conférence est empreinte d’un esprit impérialiste des plus détestables. Ce monsieur est en tout cas social-démocrate. Appartient-il officiellement au SPD ? A quelle tendance ? Qu’est-il par ailleurs ? Pourquoi a-t-il tenu bon de s’adresser à moi ? Si la personne en vaut la peine, je serai prêt à lui répondre publiquement en maniant le fouet.