Lettre à Edward K. Mills Jr, 8 mai 1939

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La Longueur du manuscrit

Cher Monsieur Mills^,

J’ai reçu une lettre de M. Mendel datée du 3 mai dans laquelle il propose de réduire l’introduction au Capital de 15 000 à 10000 mots. M. Mendel affirme que j’ai dépassé les limites fixées. Je regrette beaucoup d’être obligé d’établir qu’une fois de plus M. Mendel fait des affirmations inexactes.

Pendant le cours de mon travail, le volume du livre a été augmenté de 10000 mots. Nous nous sommes entendus, avec M. Rühle, pour que j’utilise 4000 de ces 10000 pour mon introduction. J’ai tout de suite informé M. Mendel de cette décision dans ma lettre du 8 février. Il a accepté cette nouvelle disposition dans sa lettre du 14 février. J’ai remis une introduction d’environ 10000 mots. Puis M. Mendel a commencé à insister pour un supplément sans aucune mention de l’abréviation du texte déjà écrit. Après quelque hésitation et en dépit du manque de temps, j’ai été d’accord pour écrire la partie supplémentaire.

Maintenant M. Mendel propose de réduire l’introduction de 50 %. Je lui ai écrit que je considérerais toute modification comme une rupture du contrat et je dois le répéter ici sous la forme la plus catégorique.

S’il existe réellement des obstacles techniques insurmontables dans la voie de l’augmentation (faite à l’initiative et même sur l’insistance de l’éditeur) de la longueur de l’introduction, je ne vois plus qu’une possibilité : s’adresser à M. Rühle et lui proposer d’éliminer quelques parties secondaires du texte du Capital. Si ma mémoire est bonne, il a proposé de le faire de lui-même en cas d’extrême nécessité. Malheureusement il n’est pas en ville actuellement.