Lettre à Charles R. Walker, 26 février 1938

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Les Contrats

Cher Camarade Walker,

Le retard de ma réponse à votre lettre du 16 a été déterminé par le tragique événement dont vous êtes informé. Nous apprécions profondément le câble de sympathie envoyé par vous et votre femme.

A cet égard, permettez-moi d’indiquer que notre fils n’avait pas du tout négligé la question de l’édition française de votre livre. Il connaissait très bien votre amitié active pour moi et Natalia et, comme ses lettres le montrent, vous considérait comme un ami, personnellement inconnu, mais bon et sûr. Il avait pris contact avec plusieurs éditeurs. En dépit du fait que le livre fut toujours reçu avec intérêt par tous les éditeurs intelligents, ils répondaient que la situation du marché du livre est si désespérée à présent qu’un livre qui n’est pas directement « sensationnel » ne peut pas être publié. Mais Léon n’avait pas perdu l’espoir de réussir, jusqu’à sa dernière lettre.

La proposition de Harpers, les résultats de vos longs efforts, est tout à fait acceptable. J’inclus une lettre pour M. Canfield à ce sujet.

Il ne reste qu’une seule question inquiétante, à savoir celle de la traduction. La sérialisation est impossible sans une traduction à temps. Celle de La Révolution trahie a été totalement perdue comme résultat du retard de la traduction. D’un autre côté, je dois avoir la possibilité de lire la traduction afin d’éviter de déplorables erreurs qui sont inévitables, même avec un traducteur aussi exceptionnel que Max Eastman. Cette question doit être réglée dans le contrat ou dans un accord particulier. C’est une nécessité absolue née d’une longue et très fâcheuse expérience.

En ce qui concerne l’attitude de Doubleday Doran, ce n’est pas un phénomène nouveau pour moi. Tous mes éditeurs dans tous les pays ont été « gagnés » ou, au moins, Moscou a essayé : en Allemagne, en France, en Tchécoslovaquie et ailleurs. Sur cette base j’ai mené un grand procès contre mon premier éditeur allemand. Je l’ai gagné, après deux ans de lutte. Au cours des derniers mois, Léon a arrangé le transfert de mes livres de Rieder chez Grasset, parce que Rieder a été « gagné » par Moscou J’avais quelque soupçon du fait que M. Maule, de Doubleday Doran, après toute une série de lettres très optimistes et très amicales, avait tout d’un coup arrêté toute correspondance. En tout cas, il serait bon d’obtenir de lui un rapport sur la situation de La Révolution trahie.

Salutations les plus chaleureuses et les plus sincères de Natalia et moi à la camarade Adélaïde et à vous.