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Special pages :
Lettre à Anton Grylewicz, 12 octobre 1929
Auteur·e(s) | Léon Trotski |
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Écriture | 12 octobre 1929 |
Lettre à A. Grylewicz, traduite de l'allemand.
Cher Camarade Grylewicz,
Un grand merci pour votre lettre détaillée et intéressante. L'expérience que constitueront les prochaines élections municipales sera certainement d'une grande importance pour le développement du Leninbund. Ce qui manque aux éléments de gauche, c'est un organe théorique et politique sérieux, si possible hebdomadaire. C'est dans cette direction, me semble-t-il, qu'il faut concentrer l'attention et toute l'énergie des éléments d'avant-garde.
La position qu'adoptera la direction officielle du Leninbund à propos des derniers événements au sein de l'Opposition russe (la déclaration de Rakovsky et de ses camarades) influera sérieusement sur le développement du Leninbund. Au cours des dernières semaines, nous avons reçu des dizaines de lettres de Russie qui témoignent que, parmi les oppositionnels déportés, la crise liée à la capitulation de Radek et autres est déjà surmontée. Le second groupe de capitulards rassemblés autour de Smirnov, s'est déjà séparé de l'Opposition dans toutes les colonies de déportés. La publication prochaine de leur déclaration[1] sera pendant quelque temps un nouvel événement fracassant. Mais pour l'Opposition, cela fait déjà partie du passé. La frontière est tracée. En déportation, il s'est opéré une profonde sélection révolutionnaire. Les lettres des camarades de Russie sont pleines, non seulement de fermeté personnelle mais également d'optimisme à l'égard du parti. Ils affirment tous qu'au sein du noyau prolétarien du parti, il s'est produit une secousse sérieuse et que tout le cours stalinien constitue une tentative de l'appareil pour contenir cette secousse dans le cadre officiel, ce qu'il parvient de moins en moins à faire. Quant aux capitulards, ils sont l'objet du mépris, non seulement de 1'0pposition, mais encore de larges cercles du parti.
Je travaille en ce moment sur la question de ce qu'on appelle la "troisième période" dont la philosophie est à la base de toute la politique actuelle du Comintern.
Nous ne pouvons pas nous contenter d'une critique empirique, au jour le jour, de la direction des partis officiels, il ne suffit pas de lui opposer nos mots d'ordre élaborés à la hâte comme le fait malheureusement la direction du Leninbund. Il nous faut apporter aux travailleurs d'avant-garde une véritable compréhension de la période actuelle et des tendances de son développement. Pour cela, il est nécessaire de disposer d'un journal sérieux. Aussi longtemps qu'il fera défaut, il faudra nous acquitter de cette tâche sous forme de brochures.
Je vous souhaite le succès. Salut cordial aux camarades. Je vous prie de maintenir le contact.
- ↑ Trotsky était parfaitement informé et possédait même les versions successives de la capitulation d'I. N. Smirnov. La déclaration de ce dernier allait paraître dans la Pravda du 27 octobre.