Lettre à Alois Neurath, 28 juin 1939

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Toujours la Question des Visas

Cher Ami,

Une fatalité pèse sur notre correspondance. La lettre que vous m’avez écrite après votre libération ne m’est jamais parvenue. Votre lettre d’Oslo du 17 mai a été envoyée, par une erreur de la poste, à notre ancienne adresse où elle est restée vingt jours. Vous pouvez vous imaginer notre indignation. Il y a quelque temps, j’étais intervenu de la façon la plus pressante auprès du ministère de l’Intérieur à propos de la liste Kienzl. J’ai reçu une réponse très aimable, mais rien de positif. Entre temps, des centaines de réfugiés espagnols sont arrivés dans le pays. L’opinion publique n’est pas enchantée et toutes les autorisations d’immigration qui ne sont pas décidées officiellement en haut lieu sont restées en suspens.

Aujourd’hui le camarade Van s’est rendu chez le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur pour intervenir exclusivement sur votre cas personnel (naturellement pour votre femme aussi). Pour Kienzl, nous n’avons pas pu entreprendre quoi que ce soit, pour ne pas compromettre votre affaire. Le secrétaire d’État s’est montré fort aimable, mais n’a pas pris la responsabilité de la décision. Il veut en parler avec son ministre. Cela prendra encore plusieurs jours. Si nous recevons une réponse favorable, nous vous enverrons immédiatement un télégramme.

Seulement, je me demande maintenant comment vous allez pouvoir régler l’aspect financier de cette affaire sans Kienzl. Quoi qu’il en soit, j’écris immédiatement à New York. Peut-être pourra-t-on vous aider de là-bas.

S’il vous plaît, cher ami, croyez bien qu’ici nous avons fait et allons faire tout ce qui est en notre pouvoir. Mais la situation est sacrément défavorable.