Lettre à Alois Neurath, 24 octobre 1932

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Buyukada, le 24 octobre 1932

Cher camarade Neurath,

Je lirai évidemment avec intérêt la lettre détaillée que vous mentionnez dans votre courrier du 13 octobre. Mais je dois vous faire remarquer qu'il ne serait guère indiqué de mener la moindre polémique avec la clique du "Mahnruf" et du "Kommunist". Le groupe Landau ne parvient pas à maintenir son existence parasitaire qu'à grand peine, en ramassant les miettes tombées de la table de l'opposition de Gauche, et en faisant derrière notre dos les plus écoeurantes grimaces. Ces gens feraient leurs choux gras de toute réponse, directe ou indirecte. Cela leur redonnerait le sentiment d'exister politiquement. Le mieux est de les ignorer tout à fait.

Ce que vous dites de Margarete Neumann est tout à fait exact. La lettre que je lui ai adressée avait dans mon esprit la fonction d'un réacteur chimique: si elle prend ses distances par.rapport à son livre ou si elle le modifie, alors elle est récupérable; mais si, après ma lettre, elle publie son livre sans modifications, ce sera terminé. Qu'en plus elle utilise ma lettre pour se faire de la publicité, voilà qui va vraiment trop loin. une semaine auparavant, elle m'avait fait par écrit un serment solennel de fidélité à l'opposition de Gauche. Bah, il y aura bien d'autres épisodes semblables !

Mais par ailleurs, nous nouons sans cesse de nouvelles relations intéressantes, y compris avec des groupes de sympathisants qui publient les écrits de l'opposition de Gauche, etc. (c'est le cas récemment au Japon, en Colombie, au Cap...)

Et maintenant, je voudrais vous adresser une question: comment voyez-vous la poursuite de votre collaboration et celle de votre groupe en général, et plus particulièrement vos relations avec l'Opposition de Gauche allemande, tchécoslovaque et internationale?