Lettre à Alois Neurath, 23 avril 1930

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Cher Camarade Neurath,

Je m'empresse de vous présenter mes excuses pour avoir omis de vous informer à temps du changement de mes plans. Comme je vous en informais dans ma dernière lettre, j'avais l'intention d'adresser dans les plus brefs délais au gouvernement tchécoslovaque une demande de visa d'entrée. Une aggravation passagère de mon état de santé m'en a empêché durant quelques jours. Là-dessus survint la crise gouvernementale française, et mes amis de Paris me firent part de leur espoir que le ministère radical puisse m'accorder un visa d'entrée. J'ai donc attendu le développement de la crise. C'est ce qui explique ce retard. J'ai dans le même temps reçu une lettre du camarade Michalec, qui envisage la situation avec un peu plus de pessimisme que vous. En tout cas, après la seconde victoire de Tardieu, la situation ne s'est pas non plus améliorée pour moi en ce qui concerne la Tchécoslovaquie. Entre temps, le Docteur Mannoury a entrepris de sa propre initiative des sondages auprès du gouvernement hollandais, et s'est vu répondre par la négative. Etant donné que les gouvernements, et particulièrement les polices politiques, sont en contact permanent, j'ai du même coup abandonné presque tout espoir concernant la Tchécoslovaquie. Je dois ajouter que je ne suis nullement prêt à m'exposer dans cette affaire à un nouveau refus, car cela aggrave ma situation "internationale".

A plusieurs reprises déjà j'avais l'intention de vous en faire part, mais les événements se sont succédés, entraînant des complications diverses, de sorte que ma lettre dut être retardée de jour en jour. Si le Docteur Czech a l'impression qu'après le retour de Benes je puisse réellement escompter une réponse favorable, je serais disposé à tenter ma chance, mais dans le cas contraire je préférerais attendre qu'un tournant favorable en Europe puisse également avoir une influence bénéfique sur mon propre destin.