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Special pages :
Lettre à Alfred Rosmer, 20 octobre 1929
Auteur·e(s) | Léon Trotski |
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Écriture | 20 octobre 1929 |
Cher Ami,
1 . Je n'ai pas encore reçu ma brochure. Cela m'inquiète un peu du point de vue de vos moyens techniques, parce que ça démontre que vous n'avez pas la possibilité de faire paraître quelque chose dans un bref délai. Naturellement, pour ma brochure, ce n'est pas grand chose, mais, en tant que groupement politique, vous pouvez être appelés à faire paraître quelque chose d'urgent. Tandis qu'en allemand, j'ai ma brochure depuis 15 jours.
2 . J'ai demandé à Eastman s'il est raisonnable que nous, la pauvre Europe, nous aidions la riche Amérique pour son hebdomadaire The Militant. Il m'a répondu que, si l'on pouvait donner quelques centaines de dollars – ce qui leur permettrait d'acheter un linotype – ils deviendraient indépendants des imprimeurs bourgeois et pourraient faire non seulement leur hebdomadaire, mais aussi des brochures. A mon avis, je crois qu'on pourrait leur envoyer quelque somme importante, 250 dollars par exemple. Si vous êtes d'accord, arrangez l'affaire.
3 . Même question pour les Belges. Il me semble vous avoir déjà écrit à ce sujet. Il faut que nous aidions coûte que coûte van Overstraeten afin qu'il puisse revenir à l'hebdomadaire. Dans ce cas, grâce au voisinage, l'aide pourrait être périodique, c'est-à-dire s'ajouter aux souscriptions, pour ne pas affaiblir l'énergique effort des camarades. Discutez de cela avec van Orverstraeten et arrangez avec lui la question d'un appui pour les trois prochains mois afin de les stimuler à regagner leur indépendance pendant ce délai.
4 . Il me semble que je n'ai pas répondu à la lettre de Marguerite sur nos amis chinois. Il est absolument nécessaire de leur envoyer la petite somme dont ils ont besoin pour publier les documents de l'Opposition.
5 C'est avec la plus grande impatience que j'attends votre réponse sur le bureau international. La question me paraît tout à fait brûlante. Si nous perdons du temps, notre situation sera bien compliquée dans quelques semaines où l'initiative sera prise par des éléments qui ne sont capables que de semer la confusion.
6 . J'ai donné aujourd'hui une interview sur la "capitulation" de l'Opposition dont je vous envoie la copie.
7 . On a été un peu étonnés ici du fait que le leader de La Vérité ait été consacré à Istrati[1]. Cela reflète trop le milieu journalistique intellectuel. Une note de 50 lignes en page 5 eut été beaucoup mieux à sa place. Du point de vue journalistique, l'article est bien écrit mais l'appréciation de l'attitude d'Istrati, comme de l'Humanité, de l'autre côté, n'est pas claire, précise, vigoureuse comme elle aurait dû être. Je m'imagine facilement qu'Istrati aurait répondu que "Trotsky s'était adressé à la presse bourgeoise pour dénoncer le gouvernement soviétique". Mais il y a une "petite" différence.
Ce n'est pas moi qui suis allé à la presse bourgeoise pour lui communiquer que je suis expulsé par le mauvais gouvernement de Moscou et que ce gouvernement invente des accusations tout à fait fausses, etc. Au contraire, la presse était pleine de racontars, de rumeurs, de sous-entendus diffamants pour l'Opposition et compromettants pour les soviets.
Par mes articles, je mettais un peu d'ordre dans ce gâchis. Istrati va à la presse bourgeoise pour l'informer sur les crimes de ce mauvais gouvernement de Moscou et il en tire des conclusions qui sont entièrement contraires aux nôtres. Il aurait fallu le dire d'une manière brutale, farouche. De l'autre côté, on aurait dû poser la question formellement à l'Humanité : "Si vous avez des preuves de votre affirmation qu'Istrati est un policier, vous êtes dans l'obligation de les communiquer à une commission nommée ad hoc. Si vous vous bornez à des informations journalistiques sans conséquences, vous êtes des canailles". Pendant la lutte entre social-démocrates russes, socialistes révolutionnaires, anarchistes, etc., il y avait beaucoup de cas où la question d'un provocateur était mêlée ; malgré ces luttes acharnées de fractions on réussissait toujours à créer une commission mixte de révolutionnaires irréprochables pour vérifier les soupçons ou les accusations. C'est une mesure nécessaire d'hygiène révolutionnaire. C'est pourquoi je crois qu'on ne pouvait se borner à une riposte purement littéraire. Je pense qu'on pourrait revenir sur cette question, mais à la condition d'y mettre Istrati vraiment à sa place.
8 . Avez-vous envoyé ma lettre aux Italiens ?
9 . Avez-vous envoyé à Van Overstraeten ma réponse sur la question sino-russe ?
10 . Qu'avez-vous fait avec mon article sur les Etats-Unis d'Europe ?
11 . Je réfléchis si je dois pas écrire une lettre ouverte aux communistes et peut-être aux ouvriers français (à publier dans La Vérité et à répandre sous forme de tract) sur les mensonges de l'Humanité contre moi personnellement, contre l'Opposition russe, contre l'Opposition internationale, en leur démontrant que l'Humanité ne trompe pas par ses mensonges, ni la bourgeoisie qui s'y connaît bien, ni les social-démocrates, mais seulement les communistes du rang et les ouvriers en général. Je pourrais faire une lettre pareille dans un ton tout à fait tranquille et explicatif. Qu'en pensez-vous ?
12 . Le camarade Neumann de Berlin doit vous visiter à Paris. C'est un camarade intelligent, et instruit, mais il me parait très capricieux. Il s'est fâché avec Landau qu'il caractérise comme pathologique. J'attendrai avec intérêt votre impression de ce camarade.
- ↑ L'article de Pierre Naville "Panaït Istrati et l'affaire Roussakov" occupait toute la largeur de la première page de La Vérité.