Lettre à Alfred Rosmer, 10 mai 1929

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La Situation matérielle

Mon cher Ami,

1. Le camarade Paz m’a demandé si je n’avais pas besoin d’argent. Il a entendu dire que je suis forcé de faire des emprunts, etc. Je trouve nécessaire de vous mettre au courant de la situation pour éviter des malentendus possibles.

Pour le moment, je n’ai aucun besoin d’argent. Il nous reste à peu près 1500 dollars après avoir payé le loyer pour une année entière. Puis, si j’en avais besoin, je pourrais toujours avoir quelque somme de mon éditeur allemand, qui est très prévenant.

Le malentendu, comme je le comprends, s’est produit par un certain excès de dévouement de la part de jeunes amis et surtout de Molinier. J’ai appris sur l’heure, avec quelques détails, le plan développé par Molinier d’assurer mon secrétariat par des ressources extérieures. Autant que je le comprenne, il a déjà écrit dans ce sens à Paris ; ce n’est guère mon avis. Je crois que les amis français ont beaucoup d’autres choses à faire et feraient mieux d’employer leurs ressources pour assurer un hebdomadaire et préparer un quotidien. Pour cela, on aura besoin de toutes les bonnes volontés, de tous les dévouements, sous toutes les formes, et surtout sous la forme pécuniaire. D’ailleurs, j’espère aussi y contribuer et en premier lieu pour la revue internationale. Comme vous le comprendrez sans que j’aie besoin d’insister, c’est le motif qui me guide dans mes marchandages avec les mercantis du livre.

Pour le moment, je pourrais, en tout cas, assurer l’existence de la dactylo et celle d’un camarade de Vienne que j’ai invité et qui était plus ou moins sans travail. L’idée de Molinier de faire payer pour moi ces deux camarades, bien que dictée par des motifs sincères et louables, n’est guère raisonnable. Quant aux autres camarades, nous en causerons avec vous, si vous venez tout de même une fois. Mais la substance même de la question consiste en cela : il s’agit de camarades trop qualifiés pour d’autres tâches importantes pour qu’on les oblige à mener une vie de Robinson dans notre île. Malheureusement, pendant ces derniers temps, une condition physique tout à fait défavorable m’a empêché d’utiliser suffisamment leur présence. Molinier, qui s’occupe ici de quelques affaires, a une situation moins anormale. Mais, même dans ce cas, il faut attendre encore l’expérience.

Maintenant, vous êtes plus ou moins au courant de la situation. Or la première chose est d’arrêter les mesures prises pour financer le secrétariat ou plutôt pour diriger l’effort vers l’organisation du travail à Paris et l’hebdomadaire en expliquant aux camarades respectifs qu’il est inutile d’envoyer de l’argent à Paris pour les éditions afin d’en recevoir ensuite pour son secrétariat...

2. a) pour les articles autobiographiques, Wabirdaw doit payer à la même caisse que pour les premiers articles. C’est-à- dire déposer l’argent en votre nom et pour la même destination.

b) Il fut convenu avec Paz de garantir un secours à Bordiga et éventuellement à sa famille. Est-ce que c’est fait ? Et suffisamment? Vous couvrirez ma part dans ces dépenses avec les sommes qui sont à votre disposition. Je vous prie d’agir dans le même sens, s’il était nécessaire, pour les deux camarades de Marzet, dont celui qui avait causé avec vous et Marzet au Café des Arts et Métiers, le soir du départ de ce dernier, au cas où ils auraient des difficultés.

Il est hors de doute que j’aimerais mieux causer de toutes ces choses de vive voix avec vous.

3. Inclus : une lettre à Joseph.