Lettre à Alfonso Leonetti, 12 juin 1930. Pour une déclaration nette

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Cher Camarade Torino,

Je ne vous écris que quelques lignes en toute hâte. Je comprends très bien les difficultés de votre situation après un tournant assez brusque, qui fut déterminé par des questions surtout italiennes, mais qui englobe maintenant tout le complexe des questions mondiales. Je me représente assez bien l'usage qu'en font et qu'en feront les adversaires du "trotskysme" contre vous, à cause de votre "tournant".

Oui, la situation est difficile. Mais plus la situation est difficile, plus décisive et courageuse doit être l'attitude pour en sortir. L'attitude expectative, traînante et surtout équivoque ne pourrait que vous compromettre et vous affaiblir. Il me semble que vous ne devriez pas attendre qu'on vous pose des questions gênantes et qu'on vous fasse des propositions inacceptables de la part d'Ercoli, qui est grand maître en ce domaine.

La meilleure défense, c'est l'offensive et parfois même l'attaque brusquée. Pour cette dernière, on a laissé déjà trop de temps s'écouler. Mais l'offensive reste possible et même nécessaire. Je me l'imagine dans la forme d'une déclaration adressée au comité central et au parti tout entier. Dans cette déclaration, il faut expliquer ce qui est, sans le moindre camouflage. Il faut donner toutes les précisions, sur les questions italiennes comme internationales et, en devançant les adversaires, il faut se prononcer sur l'Opposition de gauche internationale et sur le prétendu "trotskysme". En même temps, vous devriez, selon moi, proclamer dans le même document, votre fidélité inébranlable au parti communiste et à l'Internationale et votre volonté de travailler dans le parti et pour le parti, d'observer la discipline et de défendre en même temps vos idées par la méthode de la démocratie prolétarienne.

Je ne dis pas qu'une pareille déclaration éliminera toutes les difficultés, non ! Mais elle en diminuera le poids et préparera l'avenir. Et c'est la seule chose qui importe.