Lettre à Albert Goldman, 11 janvier 1940

De Marxists-fr
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Pour une Indemnité

Cher Camarade Goldman,

J’ai reçu communication de la proposition de l’université de Harvard. Les conditions sont vraiment mauvaises. Grâce à mes articles dans Life et Liberty, je suis maintenant assuré pour quelques mois. Nous pouvons de nouveau agir en ce qui concerne les archives sans précipitation.

Maintenant, une autre question. Comme vous le savez, Life a commandé et annoncé un second article de moi sur Staline. Pendant ce temps, les staliniens ont développé une campagne enragée, avec l’assistance de quelques membres de l’équipe de Life. Le comité de rédaction s’est divisé. Finalement, ils ont décidé de me payer pour l’article et de ne pas le publier. Mais ils demandent, dans le cas où l’article serait publié ailleurs, que je leur donne 50 % de la somme qu’on me paierait, à moins que ce 50 % ne soit supérieur à ce qu’ils m’ont donné. Je ne crois pas qu’ils aient le moindre droit d’avoir pareille exigence. Ce n’est pas moi, mais eux qui ont rompu le contrat. Us étaient obligés non seulement de payer, mais de publier l’article qu’ils avaient déjà annoncé. Le retard de plus de trois mois sous le prétexte le plus incroyable et la non-publication de l’article annoncé signifient un important dommage politique et moral pour moi en tant qu’auteur. Théoriquement, je devrais avoir le droit de leur demander une indemnité élevée pour ce dommage (je ne souhaite pas du tout entreprendre un procès contre eux), mais je doute beaucoup que j’aie l’obligation de partager avec eux le nouveau paiement si l’article est publié. Je vous serais très reconnaissant d’un avis compétent de votre part.

Je joins une copie de la dernière lettre de Noël Busch au nom de l’équipe rédactionnelle de Life.

Sur des Nouvelles de Russie

Cher Camarade Goldman,

Je joins une copie d’une lettre de Max Eastman. Cette lettre se suffit à elle-même. Vous comprendrez l’impression qu’elle a produite sur nous.

Max Goldfarb est un ancien rédacteur de journal juif de New York, Forward. Il a travaillé dans l’Armée rouge et plus tard au Comintern. Il n’a jamais été « trotskyste ». Mais, si je ne me trompe pas, son nom a été prononcé parmi les listes de victimes des purges.

« Mulia » est son fils ou, pour mieux dire, son beau-fils. Enfant, Mulia était en relations amicales avec nos garçons.

Il faut établir tout ce qui touche M. van Zant et le rencontrer pour vérifier la crédibilité de la personne et recevoir de lui quelques détails surtout sur la proposition d’envoyer un message à « Mulia ». Doit-il être écrit ou oral ? La moindre indiscrétion en l’affaire serait fatale pour « Mulia » comme pour Sergéi, s’il est en vie. C’est pourquoi nous nous abstenons maintenant de tout message. Sur la base de votre discussion avec van Zant, vous verrez peut-être la voie à choisir et quelles mesures prendre.

Il faut une discrétion absolue. S’il vous plaît, ne mentionnez cette question à personne. Nous attendrons les résultats de votre enquête avec la plus grande impatience.