Lettre-circulaire, 29 septembre 1928. L’Organisation du Travail pour le Congrès

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Cher Camarade,

Il a circulé ou commencé à circuler ces derniers temps toute une série de documents qui, dans l’ensemble, peuvent, me semble-t-il, servir de base à un travail plus systématique, plus méthodique sur les questions fondamentales, avec une répartition des tâches. Outre les documents que j’ai adressés au VIe congrès et dont des copies ont été expédiées à nombre de camarades pour être transmises encore plus loin, je pense à la lettre du camarade Rakovsky au camarade Valentinov sur les processus qui se sont produits après Octobre au sein de la classe ouvrière et du parti, et au travail du camarade Lapine sur la critique du Projet de programme. De nombreux camarades connaissent déjà la lettre du camarade Rakovsky et l’ont étudiée à juste titre avec une attention et un intérêt particuliers. J’ai prié mon fils d’expédier encore cette lettre à de nouvelles adresses. Nous en faisons autant actuellement avec l’article du camarade Lapine sur le programme de l’Internationale communiste. C’est un travail très sérieux et de grande valeur, qui étudie le programme avant tout sous les aspects que je n’ai presque pas abordés dans ma « Critique ».

Je pense que nous pourrions concentrer tout notre travail théorique et d’étude, ou tout au moins l’essentiel, dans la critique, l’éclaircissement, l’amendement ou la modification du texte du Programme adopté. A mon avis, l’ « objectif final » de ce travail collectif devrait être l’élaboration d’un nouveau projet de programme véritablement marxiste afin de le présenter en temps utile au VIIe congrès de l’I.C. Le développement concret, illustré par des faits, des divers énoncés du programme, devra prendre le caractère de commentaires scientifiques sérieux à joindre à ce programme. Les textes mentionnés plus haut (documents adressés au congrès, lettre de Rakovsky, article de Lapine) peuvent, me semble-t-il, servir de point de départ pour l’ensemble de ce travail.

La disposition du Programme adoptée par le congrès est très imparfaite. Mais on pourrait se mettre d’accord pour l’accepter avec réserves afin qu’elle serve d’échafaudage à notre construction. On pourra s’occuper en dernier lieu des questions d’architecture quand le contenu matériel du texte du programme aura été parfaitement défini. Chaque question, même celles qui ont un caractère très particulier, qui est formulée dans le programme lui-même en quelques mots doit trouver dans notre travail une base sérieusement documentée.

Il va de soi que je n’ai nullement l’intention de limiter tout notre travail au cadre du programme, bien que ce dernier, au fond, soit universel. On peut examiner en elles-mêmes certaines questions particulièrement militantes et actuelles ; il ne sera pas inutile pourtant de les contrôler chaque fois en les confrontant au texte du programme, ou plus exactement de vérifier ce dernier en se servant de ces questions. Je pense que cette façon d’aborder notre travail donnera à notre œuvre le maximum de fécondité.

Je signalerai également ici qu’il y a dans le travail du camarade Lapine un certain nombre de points qui me paraissent inexacts, douteux ou qui, au moins, exigeraient une discussion complémentaire sérieuse. Ainsi, le mot d’ordre qu’il propose pour l’Angleterre de « Labour Party » de gauche me paraît erroné. La question des trusts et du contrôle ouvrier demande à être précisée et encore très sérieusement discutée. Le problème des « tendances » de l’économie impérialiste « au capitalisme d’État » exige un travail attentif du point de vue des statistiques économiques.

Je vous prie de réfléchir à cette question et de parler aux autres camarades de la possibilité de répartir les thèmes sans trop redouter un parallélisme qui est inévitable et même, dans certaines limites, utile.