Les sociaux-patriotes français et allemand

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1. Quelle est la réalité de l’opposition Longuettiste ?[modifier le wikicode]

La Fédération socialiste de l’Oise a exigé le retrait des ministres socialistes. L’affaire a soulevé un grand intérêt en animant la vie terne du Socialisme français. Les leaders officiels ont rappelé une fois de plus, – en deux ans, on oublie si aisément ! – qu’il n’y a pas de ministérialisme en France, qu’il n’y a qu’une participation à la Défense nationale, et qu’après la guerre toute tentative de refaire l’expérience en temps de paix sera rejetée par l’immense majorité du Parti. Un des leaders de l’opposition Longuettiste, Pressemane, a écrit que si eux, les opposants, tolèrent la participation de Guesde, de Sembat et de Thomas, ils ne le souffriront plus une fois la paix conclue. Paul Louis a menacé, à la dernière session de Sens, de provoquer la scission. L’intérêt de l’affaire ne réside pas dans le fait que les Longuettistes montrent de la fermeté là où elle n’est nullement nécessaire, mais dans celui où ils sont obligés maintenant de se plaindre de l’inconfort où les place la présence de ministres socialistes. La Fédération de l’Oise n’est pas isolée. Nombre de Longuettistes voudraient en finir avec le ministérialisme avant même la fin de la guerre. Le Populaire publie un article intéressant exclusivement par le titre : « Les ministres socialistes doivent-ils s’en aller ? » où il est démontré que le principal malheur du Parti français est la participation des socialistes au gouvernement.

Du point de vue de la simple logique, le fait de disposer de trois ou plutôt de deux portefeuilles et demi ne supporte pas l’examen. Les Longuettistes, on le sait, sont pour la Défense nationale et « l’Unité nationale ». Ils votent pour des motifs patriotiques de principe, les crédits militaires.[1] « Quels arguments pourrions-nous avancer, demande Longuet, pour justifier un refus de voter les crédits de guerre, c’est-à-dire la participation totale à la Défense nationale ? ». Mais si les Longuettistes regardent comme le devoir du Parti socialiste de prendre la responsabilité de voter les crédits, leurs objections à toute participation au ministère prennent un caractère politique de double jeu. Le parti qui met volontairement au service du Pouvoir des hommes et de l’argent n’a pas le droit de refuser à ce même Pouvoir une collaboration à l’œuvre de répartition des crédits. Si le gouvernement, suivant Longuet, n’est pas assez parfait pour mériter la coopération d’un Guesde, pour quel motif Longuet accorde-t-il à ce même gouvernement les moyens de diriger le destin du pays ? Dans cette affaire, la logique est entièrement du côté des « ministérialistes ». Mais une incohérence ouverte et visible n’a jamais gêné les Longuettistes. Sans aucune hésitation, ils isolent Brizon, Raffin-Dugens et Blanc, quand il s’agit de voter les crédits et, en même temps, les uns directement, les autres de façon détournée, donnent à entendre qu’il serait salutaire de faire sortir Guesde, Sembat et Thomas des rangs de ceux qui disposent des crédits.

Expliquer le tout par une simple « incohérence » serait trop facile et n’entre pas en ligne de compte. Les Longuettistes ont prôné, dès le premier jour de la guerre, la Défense nationale et ne se sont révélés des ennemis de toute participation au gouvernement que quand cette question a été soulevée. « Sembat a rappelé que Viviani n’a pas voulu assumer la responsabilité de sauver le pays sans la participation des socialistes. » Tous étaient terrifiés. Longuet rappela l’exemple de Rochefort et s’éleva contre toute participation. « J’ai déclaré moi-même, déclare l’auteur de l’article qui se cache sous un pseudonyme, avec amertume, mais avec des expressions assez maladroites (je ne recherchais pas les nuances) que la proposition me semble être une manœuvre… ». Mais Paris était menacé, et l’on sait depuis longtemps que Paris vaut bien une messe, même pour les Socialistes. Les Longuettistes ont manifesté leur mécontentement à tout lien de leur Parti avec le ministère en toute occasion. Ils sont forcés, maintenant, de montrer leur « anti-ministérialisme ». Mais ils soulignent que cette circonstance ne change en rien leur politique qui reste nationale et gouvernementale : l’opposition à Renaudel ne signifie nullement opposition au gouvernement de classes. Ainsi, en dépit de son manque de sincérité, le Longuettisme se révèle assez ferme dans ses traits fondamentaux. Il faut se comporter vis-à-vis du Longuettisme, non comme vis-à-vis d’un phénomène passager, mais comme vis-à-vis d’un groupement politique et idéologique bien déterminé, qui poursuit ses buts propres avec ses propres moyens.

Nous savons que les Longuettistes placent la Défense nationale comme base de leur action. « Une des erreurs les plus répandues, écrit Longuet dans le Populaire consiste dans le changement des membres de la minorité en partisans de la paix immédiate à tout prix… ». Montrant ensuite les mérites de l’opposition dans les services rendus à la Défense, Longuet poursuit : « Il n’y a pas un membre de la minorité qui ne soit prêt à refaire ce qu’il a fait, en le centuplant, pour la conservation de l’indépendance de notre pays et l’intégrité de notre territoire. » Mais il y a mieux encore : « Que l’insuccès le plus retentissant possible de la tentative d’hégémonie allemande, que sa défaite soient la condition indispensable à l’établissement de la paix, est pour moi irréfutable. » Après vingt-cinq mois de guerre, après les coups de tonnerres et les éclairs du dernier Comité national du Parti, Longuet formule son programme dans le même journal que Renaudel : Défense nationale et défaite du militarisme allemand. Ceci ne laisse aucune place aux illusions.

Mais le programme commun avec Renaudel ne suffit pas à Longuet. « Avec les résultats militaires, il faut obtenir des résultats diplomatiques : une paix qui ne contienne aucun germe de conflits sanglants pour l’avenir. » Pour garantir ces résultats diplomatiques il faut, à côté de la défaite du militarisme allemand, l’élaboration d’un programme commun de paix, le rétablissement des liens internationaux entre les prolétaires et la pression de l’opinion collective du socialisme et de la démocratie sur la diplomatie européenne. Nous avons ici le Longuet tout entier et le contenu de sa pensée politique – la sienne et celle de ses amis.

Le programme d’action unilatérale de défense nationale et de victoire sur le militarisme germanique exige un parti purement gouvernemental. Une politique de ce genre enlève au Parti socialiste le droit de se refuser à une participation directe au pouvoir.

Les Longuettistes, depuis quelque temps, insistent sur le retrait des ministres socialistes. En même temps, ils exigent la convocation du Bureau international socialiste. C’est à quoi se borne leur programme de sauvetage de l’Internationale.

Les Longuettistes, nous le répétons, ne peuvent pas ne pas comprendre tout l’illogisme d’un refus de la part d’un socialisme patriotique et gouvernemental à une participation au pouvoir; mais au prix de cet « illogisme », ils veulent acquérir une plus grande liberté de manœuvre dans la sphère des relations internationales. Le but officiel de ces manœuvres est de placer, au service de la France et de « l’Humanité », la « force morale » de l’Internationale social-patriotique (Longuet et Huysmans ont compté par avance les voix en faveur des Alliés), et de compléter avec l’appui de l’Internationale l’œuvre « libératrice » du militarisme national.

Mais à côté de ce but officiel, il y a un motif beaucoup plus direct : l’état d’esprit des masses et en particulier celui des électeurs socialistes. La politique de Renaudel-Sembat suit celle du Bloc national, et l’électeur peut douter des motifs qui l’avaient poussé à voter socialiste. Or il faut penser au lendemain. Les Longuettistes proposent donc au gouvernement une politique de soutien, mais ils lui demandent de les libérer de toute responsabilité dans toute mesure prise par le pouvoir. Quel que soit la minceur de la distance qui sépare le socialisme gouvernemental et le ministère, elle peut être, suivant Longuet, « salvatrice » : en effet, elle libère les mains du Parti, d’un côté pour les Internationalistes, de l’autre, pour les manœuvres intérieures qui permettent de garder une apparence « oppositionnelle » et de conserver les électeurs.

Le problème commun de Renaudel et de Longuet est de maintenir le Parti socialiste, pendant la guerre comme instrument de discipline des masses, pour les intérêts et sous le contrôle du gouvernement capitaliste, et d’utiliser ce travail pour élargir ou, pour le moins, pour maintenir les positions politico-parlementaires du Parti. Les deux diffèrent simplement dans la technique de l’exécution. Us diffèrent, mais se complètent. Le Janus social-patriote regarde avec les yeux de Renaudel, avec foi et espoir, la République; avec ceux de Longuet, il contemple les masses avec inquiétude.

2. Le Longuettisme et la « majorité » allemande[modifier le wikicode]

La politique des Longuettistes, se manifestant sous le drapeau de l’opposition, crée incontestablement de sérieuses difficultés à l’opposition en Allemagne. Celle-ci, même sous la forme de son aile modérée (Haase-Ledebour), a invoqué, en votant contre les crédits militaires, l’antagonisme de principe entre le prolétariat et le pouvoir capitaliste. La résolution Longuettiste ne souffle mot de cet antagonisme. La guerre est caractérisée exclusivement par des traits humanitaires et sentimentaux, et les Longuettistes envoient « l’expression de leur chagrin » aux prolétaires de tous les pays afin d’y déclarer leur aptitude à prolonger leur action en faveur de la défense nationale, ce qui revient à dire qu’ils approuvent les crédits de guerre. Désavouant l’action de l’opposition allemande, les Longuettistes, pour leur auto-justification, falsifient le sens de leur politique. « En dépit de la vigilance de la censure, l’habileté de leurs dirigeants, en dépit du désordre créé par la guerre, les socialistes allemands, comme l’écrivait un des chefs de l’opposition Longuettiste, Pierre Mistral, ou du moins une bonne partie d’entre eux, ont pu découvrir la vérité et se convaincre de la volonté de guerre de leur gouvernement. C’est pourquoi Liebknecht, Meyer, Rosa Luxembourg, Clara Zétkine et des centaines d’autres sont emprisonnés tandis qu’une forte minorité avec Haase, Kautsky, Bernstein et Ledebour à sa tête, refuse les crédits militaires. » (Le Populaire du Centre 31 août.) De cette façon, la position de Kautsky, de Haase et aussi de Liebknecht est déterminée par la question : « qui a voulu la guerre ? ». Là, même l’expérimenté Homo ne s’est pas risqué à trancher la question indispensable au salut de « l’opposition » Longuettiste. En dessinant la position de Liebknecht dans cette affaire « peu claire », il se voit obligé – en ce qui concerne Rosa Luxembourg et Meyer – de reconnaître dans les colonnes de l’Humanité que leur position « simpliste » découle du caractère impérialiste de la guerre et non de la nature pécheresse du Kaiser. Il ne faudrait pas, cependant, en conclure que Rosa Luxembourg le tienne pour un Juste !

Nous n’avons aucune raison bien fondée d’inscrire cette mauvaise volonté au compte de Mistral. Il est plus vraisemblable qu’il n’a, tout simplement, aucune compréhension de ce qu’il écrit. Mais sa caractéristique déplacée et antisocialiste de l’opposition allemande lui est nécessaire pour justifier sa place qu’il doit à l’Union sacrée. De plus, il découvre le caractère purement formel, presque phraséologique de « l’opposition » Longuettiste, qui se tient dans l’opposition par rapport à Sembat et à Renaudel, mais non par rapport au gouvernement de classes.

En compliquant à l’extrême la position de l’opposition allemande, ce que Vorwärts avait déjà montré sous une forme modérée et prudente, les Longuettistes éveillent d’autant les espérances des cœurs nullement sensibles de la majorité allemande. Le plus sûr témoignage en est apporté par les échos de la presse social-patriote quant à la dernière résolution des Longuettistes.

Les cercles dirigeants de la Social-démocratie se sont depuis longtemps prononcés sur la nécessité de convoquer le Bureau socialiste international pour juger les questions posées par une cessation rapide de la guerre. Le terrain a déjà été tellement creusé sous les pieds de Scheidemann et d’Ebert que ces derniers sentent le besoin de raffermir leur autorité. Les sociaux-patriotes neutres, en insistant particulièrement sur la Conférence de La Haye, ont déjà proposé leurs bons offices pour le rétablissement des relations internationales sur le terrain d’un pardon mutuel des péchés commis. Mais la « résistance » du Parti social-patriote français constitua un obstacle non encore surmonté. Il ne s’agit pas de l’impossibilité pour Renaudel, ce descendant pas tout à fait en ligne droite de Robespierre, de tendre la main à Scheidemann tant que celle-ci ne s’est pas couverte du sang des Hohenzollern, père et fils. En fin de compte, Renaudel aurait tiré un bel effet scénique de cette poignée de main. D’autant plus que Renaudel a besoin de la pureté socialiste démontrée internationalement pour son propre usage interne. Mais – horreur ! – Renaudel est une victime du parlementarisme républicain. Scheidemann et Ebert font tout ce qu’ils peuvent pour soutenir la monarchie impérialiste; mais il ne viendra jamais à l’idée au Kaiser de les prendre comme ministres. Dans les pays de régime semi-absolu, le social-patriote le plus complaisant conserve une… apparence semi-indépendante. Scheidemann ne se serait jamais déplacé à La Haye sans la bénédiction de Bethmann-Hollweg. Mais ce faisant, il n’engagerait pas la responsabilité du chancelier. La misère du régime politique allemand crée ainsi des privilèges tant pour le social-patriote que pour le patron.

En France, il en va tout autrement. Le régime parlementaire a une logique presque automatique. Un parti, qui soutient le gouvernement, ne doit pas renoncer à des portefeuilles. De sorte que Renaudel ne peut se rendre à La Haye sans engager le gouvernement français. Quand Longuet, rompant avec la logique du régime parlementaire, se prononce contre la participation des socialistes au Pouvoir, il s’efforce simplement de donner au social-patriotisme les « privilèges » dont jouit… son confrère allemand.

Rien d’étonnant dans ces conditions que la majorité patriotique de la Social-démocratie allemande se soit hâtée de découvrir une âme sœur dans le Longuettisme. Homo a publié toute une série d’extraits de la presse allemande qui établissent, en chœur, l’identité de leurs bases tactiques avec celles des Longuettistes.

Pour se convaincre de la véracité de ces affirmations, il suffit d’opposer la résolution de la minorité française à la pétition lancée par la Direction du mouvement allemand en vue de rassembler des signatures parmi les travailleurs. La pétition déclare que la guerre est purement défensive du côté allemand. Elle se déclare catégoriquement opposée à toute annexion. Elle se limite à l’intégrité du territoire allemand et à la liberté de son développement économique. Elle exige du Pouvoir l’ouverture de pourparlers de paix et, en cas de refus de l’ennemi, promet au gouvernement la continuation de son aide. Si l’on compare ce programme à celui élaboré en août 1915 (liberté des mers, intégrité de l’Autriche et de la Turquie, libre accès aux colonies, etc.), on constate, suivant le commentaire parfaitement juste de Berner Tagwacht, une retraite à partir des positions du social-impérialisme sur celles du social-patriotisme. Cette retraite est mise en lumière par les attaques déplacées de sociaux-impérialistes avérés tels que Lensch et des éléments les plus veules de l’opposition. Les brimades de l’administration empêchant la quête des signatures donnent à l’entreprise l’indispensable vernis oppositionnel. Il serait donc inconséquent de juger ce qui différencie la position des Longuettistes de celle de la majorité officielle du Socialisme allemand.

Les Longuettistes n’approuvent pas Haase et Liebknecht, ne se distinguant pas en cela de Renaudel; mais le Populaire du Centre fut obligé récemment de confesser son identité de principe avec les sociaux-patriotes d’Allemagne et d’Autriche. « Nous ne contestons pas qu’il existe des points sur lesquels la majorité allemande s’accorde avec la minorité française – par exemple, sur la nécessité salutaire d’une réunion de l’Internationale en vue de la paix… De même, nous sommes prêts à signer le manifeste adressé à la Conférence des Neutres par le Parti socialiste autrichien. La nécessité de prolonger notre aide à la défense nationale tant que dureront les hostilités, ne nous libère pas de l’obligation de faire tout notre possible pour hâter la fin de la guerre. » Nous pouvons encore ajouter que les sociaux-patriotes autrichiens, dans le programme desquels le journal Longuettiste a mis tout le poids de son internationalisme, se trouvent dans une situation privilégiée : aucun d’entre eux n’est lié par un portefeuille, mais les vacances continuelles du Parlement autrichien les a dispensés de la nécessité de voter les crédits demandés par François-Joseph.

Ainsi, le Longuettisme, grâce à ses principaux journaux, s’est approché de la définition juste qu’il occupe. Rejeté provisoirement par la mauvaise volonté du régime républicain sur la position d’une opposition au sein du Parti socialiste, il ne sort pas des rangs du social-patriotisme international grâce à ses principes de base et, par la formulation de ses problèmes successifs, il s’approche des cercles dirigeants des Social-démocraties allemande et autrichienne.

De ce qui précède, la tactique que l'Internationalisme doit employer envers le Longuettisme devient fort claire. Sur ce point, nous ne pourrions rien ajouter de plus à ce que nous avons écrit dans le document envoyé par nos soins et ceux de la rédaction de Vie Ouvrière à la Conférence de Berne. Reproduisons les lignes se rapportant à la question qui nous intéresse actuellement : « … Les organisations social-patriotiques, tenant compte de l’accroissement de l’opposition chez les travailleurs, ont recours de plus en plus à une phraséologie purement socialiste; ils parlent de paix sans annexion, de rétablissement des relations internationales, etc., mais ne changent cependant pas leur politique. C’est dans cet esprit que sévit une soi-disant opposition, le Longuettisme en France, « l’abstentionnisme » en Allemagne, l’O.K. en Russie qui, en recourant volontiers à la phraséologie socialiste et en jouant avec la Conférence de Zimmerwald, capitule de fait à chaque manifestation du Social-patriotisme.

« Le développement plus lent que prévu de la lutte révolutionnaire contre la Guerre et l’Impérialisme peut inciter certains Internationalistes à recourir à des procédés semi-oppositionnels et même à se rapprocher de la majorité. Nous regardons chaque pas en ce sens comme mortel. Ce qui fait la force de l’opposition, c’est de poser nettement, irréfutablement les questions politiques dans une opposition irréconciliable à celle des sociaux-patriotes. Toute équivoque, toute ambiguïté ne peut que servir le Social-patriotisme.

« Une pareille position exige des conceptions à la fois de principe et pratique politique. Si la crise du mouvement ouvrier prenait, dans l’avenir, un caractère aigu, la minorité internationaliste a le devoir de faire tout son possible pour que les masses soient éclairées le plus profondément possible quant à la nature de cette crise. Si le mécontentement des masses se fait brutalement jour, il faut que ce mouvement qui peut se rejeter du côté des sociaux-patriotes, rencontre, dès les premiers instants, un groupement révolutionnaire décidé et structuré capable de coiffer ce mouvement. Confrontés à ces perspectives, les Internationalistes doivent approfondir et aviver leur lutte contre les sociaux-patriotes, en attirant à eux les hésitants non par des manifestations dépourvues de principe, mais par la netteté décisive de leur position révolutionnaire. »

  1. Reproduisons ici, pour caractériser la dialectique brillante de Longuet, un de ses arguments « Comment expliquerons-nous à nos combattants notre refus de verser des allocations à leurs femmes et à leurs enfants ? ». Nous recommandons à Plékhanov cette nouvelle philosophie du social-patriotisme, suivant laquelle la guerre est une entreprise philanthropique, servant – par des chemins un peu détournés – à l’entretien des orphelins.