Les Universités

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La question des Universités va se poser décidément. Le rapport de M. Bardoux est distribué et la discussion s’ouvrira prochainement devant le Sénat. La commission du Sénat a modifié en quelques points importants le projet du gouvernement. Nous discuterons ces modifications, nous examinerons quel doit être à peu près le nombre des Universités, — car c’est là la question brûlante, et, sous l’apparence d’une discussion théorique, ce sera là la vraie question, le point vital du débat ; mais je tiens à rappeler aujourd’hui que la question des Universités n’est pas une question factice, qu’elle procède des plus nobles aspirations de la Révolution française et de la pensée libérale, et qu’en même temps elle répond à un besoin profond de l’heure présente.

Dès le début de la Révolution française, il y a deux conceptions opposées qui dominent tous les projets, toutes les créations d’enseignement : les uns veulent créer des écoles spéciales préparant chacune à une profession déterminée, à la médecine, à la théologie, à l’art de l’ingénieur, etc. Les autres, au contraire, veulent fonder de vastes écoles encyclopédiques dans lesquelles sera enseignée toute l’étendue du savoir humain et qui formeront des esprits universels et par là même libres. Ceux-ci sont pénétrés de l’esprit encyclopédique et humain du dix-huitième siècle qui a fait la Révolution française. Et c’est une chose saisissante de voir que dans notre pays, depuis un siècle, toutes les fois que l’esprit de liberté et de progrès se ranime, on revient à l’idée de fonder des Universités ; toutes les fois, au contraire, qu’il y a défaillance de la pensée française et des libertés publiques, on voit un despotisme sournois morceler l’enseignement supérieur en Facultés isolées et en écoles spéciales, pour le rabaisser à sa besogne professionnelle, et briser, en les dispersant, les forces de la pensée libre.

Dès 1789, Mirabeau veut instituer un Lycée national, une sorte d’institut de l’enseignement supérieur, comprenant les lettres, les sciences et les arts, et donnant à tous les groupes enseignants répartis sur le territoire un haut exemple d’unité et d’universalité. Le comité de la Constituante, dont Talleyrand est le rapporteur, s’inspire des grandes vues de Mirabeau, et il veut superposer à nos Facultés actuelles, considérées comme écoles professionnelles, un Institut encyclopédique, une Université. Le comité de l’Instruction publique de la Législative, avec Condorcet comme rapporteur, propose, sous le nom de Lycées, la création de neuf Universités. « Toutes les sciences y seront enseignées dans toute leur étendue. » Puis, les comités de la Convention, avec Romme comme rapporteur, renouvellent la proposition de Condorcet, qui est appuyée par Robespierre. Enfin, le 15 septembre 1793, la Convention, surmontant toutes les hésitations qu’entretenait en elle le souvenir des Universités de l’ancien régime, institue, sous le nom de Lycées, des Universités.

Mais, après Thermidor, après la chute de Robespierre, la direction change. La Convention affaiblie, glissant déjà sur la pente de la réaction, n’a plus les hautes ambitions du début. Elle renonce à créer dans notre pays des foyers d’universelle science : elle va au plus pressé et crée des écoles spéciales, École centrale des travaux publics (École polytechnique), écoles de santé, écoles normales, etc. C’est là, à vrai dire, une des plus cruelles faillites de la Révolution française. La réaction peut venir, le despotisme peut venir : l’esprit du dix-huitième siècle, l’esprit de science libre n’a plus d’organe dans notre pays.

Le Consulat, le premier Empire maintiennent la dispersion des écoles spéciales : le despotisme de Napoléon ne pouvait s’accommoder des grandes Universités qui, par la pleine liberté intellectuelle, auraient réveillé la liberté politique. Dans les premières années du règne de Louis-Philippe, quand l’ébranlement démocratique des journées révolutionnaires se faisait encore sentir au pouvoir, et quand la fougue des rénovations intellectuelles n’avait pas été amortie chez les plus grands esprits par la médiocrité de la politique censitaire, l’idée de créer des Universités reparut. Guizot, Dubois, Cousin, l’ancien duc de Broglie proposaient des Universités ; mais cela n’aboutit pas, car la mesquinerie des luttes personnelles dans le Parlement et la résistance croissante à la démocratie absorbèrent toutes les forces de la monarchie de Juillet. Le second Empire maintint, il est à peine besoin de le dire, la dispersion des Facultés et des écoles, et l’enseignement supérieur s’étiola peu à peu. Lorsqu’on s’aperçut, enfin, qu’il fallait réparer le mal, une grande commission fut instituée en 1870, avant la guerre, sous la présidence de Guizot, et elle conclut à la création d’un petit nombre d’Universités.

C’est la troisième République qui a préparé peu à peu la réalisation du programme primitif de la Révolution française en matière d’enseignement supérieur. Tous les ministres de l’Instruction publique, depuis vingt ans (je ne parle pas des ministres du 24 Mai et du 16 Mai, ils avaient autre chose à faire), ont eu en vue le même idéal.

En 1872, M. Jules Simon disait, dans une circulaire : « Il est sage d’avoir un certain nombre de capitales intellectuelles où se trouvent réunies, sous la main des jeunes gens, toutes les ressources nécessaires au complet développement de leur esprit. » Il disait aux Sociétés savantes : « Nous voulons préparer, autant que possible, la formation de ces Universités qui nous manquent. » En 1876, M. Waddington disait : « Il faut grouper les Facultés ; il faut organiser, sur certains points du territoire, des Universités complètes qui soient de grands foyers de lumière dans nos départements », et il préparait un projet de loi créant et organisant sept Universités régionales. M. Paul Bert, avant son rapide passage au ministère, avait déposé, en 1873, une proposition de loi créant cinq Universités. M. Bardoux, en 1878, avait tracé tout un plan d’organisation universitaire. M. Jules Ferry a travaillé dans le même sens, et M. Goblet a fait faire à la question un pas décisif par la création et l’organisation du conseil général des Facultés.

On peut donc dire qu’aujourd’hui la question est mûre. L’heure est venue de prendre un parti définitif ; mais, pour que les pouvoirs publics puissent vraiment résoudre le problème, en s’élevant au-dessus des intérêts de clocher, il faut que la démocratie ne se désintéresse pas de la question. Il semble qu’il s’agit simplement de l’enseignement supérieur ; il s’agit, en réalité, de la démocratie elle-même, du peuple lui-même.

D’abord, il ne saurait être indifférent de reprendre et de réaliser sur un point le programme de la Révolution française. La Révolution française, dans toutes les directions, n’a abouti qu’à moitié ou pas même à moitié ; le programme fiscal de la Constituante a été abandonné ; le programme social de la Convention l’a été aussi ; et ce sera rétablir la marche de la Révolution en tous sens que de reprendre son programme dans la question vitale de l’enseignement.

De plus, l’existence en province de grands centres intellectuels, qui seront en même temps, par la force des choses, de grands centres politiques, sera une garantie très forte pour la liberté. Quand il y aura, en province, plusieurs capitales intellectuelles et politiques secondaires, on n’aura plus à craindre qu’une erreur de Paris puisse livrer la liberté. Et, alors, on ne pourra plus s’autoriser des entraînements possibles de la démocratie pour comprimer son essor par la politique restrictive et négative que quelques-uns voudraient faire prévaloir.

Enfin, pour parler net, il n’y a plus dans notre pays qu’une force qui puisse arrêter la marche de la République et de la démocratie sociale : c’est la force cléricale. Or, une des choses qui font la force du parti clérical, c’est qu’il offre aux esprits une synthèse, un corps de doctrine : c’est qu’il peut proposer aux masses populaires un Credo. Certes, il ne s’agit de rien de tel pour les futures Universités : la science ne peut être emprisonnée dans une formule, et les conclusions de la libre recherche, toujours revisables, ne se peuvent convertir en dogme. Cependant, les sciences, depuis la mécanique jusqu’à la science de l’esprit et des sociétés, constituent un puissant ensemble, et elles donnent une première idée grandiose de la vie en travail et de l’univers en progrès. Encore une fois, il n’y a pas là une formule et un dogme, et les philosophies les plus diverses peuvent diverger de ce point commun ; mais la science, comprise dans son unité, donne à tous les esprits une même élévation qui est déjà un accord : il y a une amitié naturelle entre les cimes.

Dès lors, le haut enseignement pourra vraiment entrer en relation avec le peuple. Le peuple n’a que faire de la Faculté des lettres toute seule : il ne veut pas devenir professeur ; il n’a que faire de la Faculté de droit toute seule : il ne veut pas devenir avocat ou juge ; il n’a que faire de la Faculté de médecine toute seule : il ne veut pas devenir médecin ; mais le jour où, par le groupement des Facultés en Universités, par la familiarité intellectuelle des maîtres entre eux et des étudiants entre eux, chaque science ne sera plus qu’un organe particulier d’une même pensée humaine, l’enseignement supérieur pourra communiquer au peuple les méthodes les plus profondes et les résultats les plus vastes de la science.

Sans rien abandonner des recherches minutieuses qui sont la condition même du progrès, chaque science saura dégager en elle-même ce qui est technique et ce qui est humain ; elle réservera aux spécialistes ce qui est technique ; elle communiquera à tous les hommes ce qui est humain, et dans la masse même du peuple circulera une âme ardente de vérité.

La démocratie sera affranchie décidément des superstitions oppressives par la puissance intérieure d’un idéal nouveau. Par là, le principal obstacle qui s’oppose au développement de la démocratie dans la justice, — je veux dire la force cléricale, — sera abaissé ; et comme, à l’heure actuelle, le cléricalisme essaie sournoisement de ressaisir le pouvoir et les esprits, il faut que tous les républicains clairvoyants créent avec des Universités puissantes des centres efficaces de science libre.

« La Dépêche » du mercredi 2 mars 1892

Il s’agit de savoir si le projet même sur les Universités sera voté par le Sénat dans de bonnes conditions. Entre le projet déposé par le gouvernement et le projet adopté par la commission du Sénat, il y a trois différences importantes :

D’abord, le projet gouvernemental décide qu’il ne pourra y avoir d’Université que dans les centres ayant au moins les quatre Facultés des lettres, des sciences, de droit et de médecine. Le projet sénatorial, au contraire, décide qu’une école de médecine de plein exercice, au défaut d’une Faculté de médecine, suffirait avec les trois Facultés. Ce dissentiment entre le gouvernement et le Sénat est très fâcheux. Il est très dangereux pour l’ensemble du projet ; car le projet lui-même, sous la forme sénatoriale aussi bien que sous la forme gouvernementale, rencontrera la résistance très vive des intérêts locaux, et tout désaccord entre les partisans du projet peut être funeste. Serait-il impossible d’atténuer ce désaccord dès le début de la discussion ?

Pourquoi le Sénat a-t-il modifié le projet gouvernemental ? Évidemment, ce n’est pas pour des raisons de principe. L’éminent rapporteur du Sénat, M. Bardoux, reconnaît ou plutôt proclame très haut que, pour être prospères, pour restituer à la province la vie et l’autonomie intellectuelle, les Universités doivent être en petit nombre. Il est évident pourtant qu’une Université qui n’aura pas les quatre Facultés sera une Université inférieure et manquée. Elle n’aura jamais un nombre très élevé d’étudiants, et, de plus, l’enseignement de la médecine y gardera nécessairement un caractère préparatoire et subalterne : le système scientifique n’y sera pas complet ; les étudiants en médecine d’une Université seront obligés d’aller chercher leur diplôme de doctorat dans une autre Université ; il y aura ainsi des Universités dépendantes, des Universités satellites : et cela est contraire à l’idée fondamentale du projet.

Une raison de fait, une seule, a déterminé la commission du Sénat : c’est M. Jules Simon qui l’a fait valoir et triompher. Il a fait observer qu’avec le projet gouvernemental il n’y aurait aucune Université dans l’Ouest, et en particulier dans l’Ouest breton : car ni en Normandie ni en Bretagne, ni à Caen ni à Rennes, il n’y a les quatre Facultés réunies. Hé bien ! nous convenons parfaitement avec M. Jules Simon qu’il doit y avoir une Université en Bretagne. L’unité politique intellectuelle et morale de la France l’exige absolument. Il faut, en Bretagne surtout, que l’idée de la science soit manifestée et comme réalisée en un grand corps enseignant. Et il me semble que, dans l’Ouest, le gouvernement devrait se départir, pour la création des Universités, du système très sage qu’il a adopté pour le reste de la France. Il veut que la création des Universités ne soit en rien une œuvre factice et que, seuls, les centres qui, par leur développement naturel et spontané, ont réalisé toutes les conditions nécessaires, soient dotés d’Universités.

Le principe est excellent, mais dans l’Ouest breton les conditions historiques sont autres ; les résistances rétrogrades y ont toujours été extrêmes, et, s’il faut que le gouvernement intervienne plus énergiquement qu’ailleurs pour constituer là un système complet d’enseignement, le gouvernement a le devoir d’intervenir.

Nous dirons donc avec M. Jules Simon qu’il faut à la Bretagne, plus peut-être qu’à aucune autre région de la France, une Université, mais une Université complète, une Université ayant les quatre Facultés.

Admettant le point de départ de la commission sénatoriale, j’avoue que je ne comprends plus du tout ses conclusions. Elle bouleverse tout le projet gouvernemental pour donner à Rennes une Université, et elle se contente pour Rennes d’une Université inférieure et estropiée. Il n’y a à mon sens — et je soumets très modestement cet avis à ceux qui ont qualité pour décider — qu’une solution sage. Il y a, à Rennes, les trois Facultés des lettres, des sciences, de droit, et une école préparatoire de médecine. Il faut, peu à peu, transformer cette école préparatoire en une école de plein exercice et celle-ci en une Faculté de médecine qui attirera peu à peu toute la clientèle de l’Ouest. Quand cette décision aura été prise, quand cette direction aura été indiquée, la commission sénatoriale n’aura plus aucune raison sérieuse pour repousser le système gouvernemental, car son système à elle, si on le considère en lui-même et indépendamment de la question bretonne, est vraiment insoutenable.

En multipliant outre mesure les Universités, il les affaiblira jusqu’au ridicule ; et un projet qui a été conçu pour accroître, en les concentrant, les forces de notre enseignement supérieur, aboutira, au contraire, à les disperser. En effet, tous les centres (sans compter Rennes) qui ont les trois Facultés et une école préparatoire de médecine, Poitiers, Caen, Dijon, Grenoble, s’efforceront évidemment, pour bénéficier du projet sénatorial, de transformer les écoles préparatoires en écoles de plein exercice ; et il y aura, non une concentration, mais une dispersion et un émiettement nouveau de nos ressources d’enseignement.

De plus, le projet sénatorial a cette singularité qu’il ne s’applique pas à des réalités actuelles. Il n’y a pas un seul centre d’enseignement en France qui réponde aux conditions minimum indiquées par la commission du Sénat. Nulle part il n’y a juxtaposition des trois Facultés et d’une école de médecine de plein exercice. Cela existait à Toulouse avant la transformation de l’école en Faculté. Cela n’existe pas ailleurs, même à Rennes. Il y a là évidemment une combinaison tout à fait artificielle et qui ne résiste pas à l’examen.

Il me semble donc que, sous la réserve de la constitution d’une Université bretonne, le Sénat doit se rallier au projet ministériel. Cette constitution est-elle pratiquement possible ? Nous n’avons point à le décider ; mais, quand le gouvernement a concentré à Lille toutes les Facultés, il a fait une œuvre au moins aussi malaisée sans doute que d’appeler à Rennes, par l’institution progressive d’une Faculté de médecine et d’une Université, tous les étudiants en médecine de l’Ouest. Pour nous, dans l’intérêt du projet, nous désirons bien vivement qu’un accord puisse intervenir entre le gouvernement et la commission du Sénat.

Le second point de dissidence est moins grave, car l’existence même des Universités n’en est pas radicalement compromise ; il est important cependant. Le gouvernement proposait que les droits d’inscription et d’examen, sans les droits scolaires, fussent acquis aux Universités : elles en feraient recette. Bien entendu la subvention de l’État devait être diminuée d’autant. Cette combinaison avait l’avantage de constituer à chaque Université un commencement d’autonomie financière ; et, de plus, les Universités qui auraient attiré le plus grand nombre d’étudiants auraient eu besoin d’une moindre subvention gouvernementale. Au contraire, les centres d’enseignement sans action et sans clientèle auraient été manifestement onéreux pour l’État, et cette simple constatation de fait aurait peu à peu concentré tout l’intérêt des pouvoirs publics sur les Universités bien vivantes et bien organisées.

La commission du Sénat n’allègue, pour repousser cette combinaison si prévoyante, qu’une raison. Il ne faut pas, dit-elle, qu’entre les professeurs, il y ait des questions d’argent. — Certes, elle a bien raison ; mais il ne s’agit point de cela, car, dans le projet du gouvernement, les traitements restent fixés par décrets et arrêtés. Vraiment, tout cela est un peu à côté de la question, et, dans le remarquable rapport de M. Bardoux, on sent à tout instant le conflit sourd qui s’est produit dans la commission sénatoriale entre la haute inspiration première d’où est sortie, depuis vingt ans surtout, l’idée des Universités, et les combinaisons secondaires, les restrictions de détail, les appréhensions instinctives, les oppositions d’intérêts qui paralysent trop souvent dans les assemblées l’essor des conceptions supérieures. Espérons que ce qu’il y a de généreux dans le projet primitif, et qui a évidemment séduit l’esprit élevé du rapporteur, aura raison de toutes les résistances avouées ou inavouées contre lesquelles il se débat.

Enfin, il est un dernier point sur lequel je ne m’explique guère la décision de la commission sénatoriale. Elle ne veut pas, contrairement au projet du gouvernement, que les Facultés de théologie protestante soient incorporées aux futures Universités. Et cela, parce qu’il n’y aura point de Facultés de théologie catholique. Mais le scrupule d’égalité, qui tourmente ainsi la commission, est tout à fait hors de propos. Il ne s’agit pas de savoir s’il y aura des Facultés de théologie protestante, alors que la théologie catholique n’a plus de chaire dans les Facultés de l’État. En fait, les Facultés de théologie protestante existent : peut-on n’en tenir aucun compte ? Et l’Université, qui doit signifier concentration, signifiera-t-elle au contraire exclusion ? J’ajoute que, si la commission du Sénat avait pu entendre avec quel accent de haut libéralisme les Facultés de théologie protestante, dans nos conseils universitaires, demandent à rester unies à l’Université, elle aurait écarté cette disposition singulière. Est-il sage, d’ailleurs, d’ajouter encore aux résistances inévitables que la création des Universités rencontrera ?

Le Sénat a été saisi, avant la Chambre des députés, du projet sur les Universités. S’il n’en assure pas le succès sans atténuation et sans arrière-pensée, il portera, devant l’opinion libérale, une lourde responsabilité.