Le social-patriotisme en Russie

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Leur « victoire »

Du long monologue social-patriote communiqué par Boretsky (Ouritsky), nos lecteurs ont pu se rendre compte à quel point est majestueux le triomphe des sociaux-patriotes après les élections aux Comités de l’industrie de guerre. Pétrograd est pour eux, Moscou est pour eux, la province est pour eux – les villes, les villages, les femmes, les hommes, les vieux, les enfants, les Marxistes et les Populistes – tous sont pour eux et avec eux ! Rien d’étonnant à ce que tous les Avksentiev et Alexinsky de Prisiv essayent modestement leurs tricornes de feldmarshall dans chaque numéro du journal et que Plékhanov, qui s’était éloigné de Prisiv comme de la peste, méditant, sans doute, de gagner des positions préparées à l’avance, s’est manifesté dans un journal des sociaux-patriotes. K.D. et S.R. Sans doute, ils ont des raisons de se réjouir ! Leurs représentants sont passés partout contre la volonté des Internationalistes, dans ces élections aux Comités de l’industrie de guerre dont les raisons d’être sont d’adapter l’industrie russe et son personnel aux exigences de la « Défense nationale ». Ces représentants passent aux yeux des classes dirigeantes et dans le miroir de la presse bourgeoise, pour les défenseurs authentiques des masses laborieuses. Il serait maladroit de nier ces faits. Mais il ne serait pas fondé de les surestimer.

La conjoncture politique générale, dans l’atmosphère de laquelle se sont déroulées les élections (la capitulation des plus puissants Partis socialistes européens, la défaite militaire russe, la démoralisation de l’Intelligentsia socialiste russe) a déjà été soumise à notre examen. Maintenant nous voulons étudier les circonstances dans lesquelles ont eu lieu les élections ? Quelles sont les dimensions réelles de la victoire des sociaux-patriotes et quel est son poids politique ?

Pour écarter tout subjectivisme de notre part, nous utiliserons les jugements de la presse bourgeoise et social-patriote et, avant tout, ceux du journal moscovite, Narodnaia Gazetta. Cette publication, déjà défunte, considérait uniquement la participation de la classe ouvrière à la défense nationale et décrivait avec de merveilleuses couleurs comment les Alliés, grâce à leur sage politique démocratique, préservaient leur unité nationale. Nous en avons assez dit pour caractériser ce journal. Ajoutons toutefois qu’il a toujours gardé un ton convenable et essayé de préserver son patriotisme des Nozdrev et des Khlestakov.

Écoutons maintenant comment cet organe social-patriote s’exprime au sujet des élections placées sous le signe de Gvosdiév, dans un article au titre expressif : « En dépit du bon sens… ». Le journal souligne qu’en opposition aux élections moscovites qui furent « un jeu étrange dans le noir », celles de Pétrograd eurent droit à une large campagne d’information : « Les ouvriers eurent toute la possibilité de se familiariser avec ce que sont les Comités de guerre… De nombreux mandatés reçurent de leurs électeurs des recommandations par écrit. A l’assemblée des mandatés triompha le courant qui se prononçait catégoriquement contre la participation aux Comités. » Telle était, poursuit le journal, la volonté des travailleurs pétersbourgeois. On peut démontrer la faillibilité d’une telle décision, on peut critiquer sa portée pratique, mais on ne peut dénier aux travailleurs le droit à « leur propre jugement »; et qui estime et respecte la solidarité de classe, doit se soumettre aux « commandements de la majorité ». Mais ce fut tout autre chose qui arriva. La minorité obtint de l’administration, non un nouveau référendum – ce qui serait légal – , mais une nouvelle réunion des mandatés. « Des 218 élus, il n’en vint que 153. 5 avaient été arrêtés, 6 ne furent pas recherchés et 1 renonça à son mandat. » Il n’en resta que 99 après le départ des Internationalistes, donc 45 %, qui, bien que n’étant pas d’accord sur tout, prirent la résolution de participer aux Comités. « Ainsi, une fraction insignifiante des mandatés a résolu, avec une audace stupéfiante, la question qui agitait et agite encore la classe ouvrière pétersbourgeoise. Ils ont passé outre à la volonté de la majorité de leurs camarades, ils ont bafoué les droits de leurs électeurs et ont détruit les droits élémentaires d’élections démocratiques. »

C’est en ces termes que la victoire des gvosdiévistes est qualifiée par un journal qui appelait le peuple à « lutter de toutes ses forces pour la défense nationale ». Rien d’étonnant à ce que Prisiv ait trouvé l’orientation de Narodnaia Gazetta indéterminée ! En vérité, il défend la défense nationale et se fâche pour une falsification de la volonté des travailleurs ! Le patriotisme… ou on l’avale tout entier ou on le recrache intégralement ! Il est bien naïf ce journal qui demande aux ouvriers de soutenir le tsar et s’indigne de la malhonnêteté politique des ennemis de la révolution ! Quand on décapite, prend-on garde aux cheveux ? Mais quelles que soient les incohérences du journal, son jugement sur la victoire des sociaux-patriotes conserve toute sa vigueur.

Passons maintenant aux élections moscovites. Ici la victoire des « défenseurs » fut écrasante; un quart seulement des mandatés se refusa à prendre part à l’élection des représentants au Comité de guerre. Il est clair que tout le prolétariat de Moscou se tient derrière Plékhanov, Potriessov et Gvosdiév. Adressons-nous à un journal social-patriotique local. « Les travailleurs, ainsi raconte le journal, ont choisi leurs représentants dans une institution dont ils ne savaient strictement rien. Aucune campagne préélectorale n’a eu lieu… En fin de compte, un nombre extrêmement bas de travailleurs prit part à l’élection des mandatés. Certains de ces derniers reçurent un nombre de voix si misérable qu’on ne peut parler de représentation. » Le journal fournit des exemples : chez Schrader avec 1.105 ouvriers, les mandatés obtinrent 59 voix, chez Giraud et ses 3.268 travailleurs, 198 suffrages, etc., etc. Avec une parfaite justesse, le journal conclut : « Les masses laborieuses moscovites ne peuvent dire qu’une chose : on m’a marié, mais sans que j’y sois ! » Ainsi nous apparaît la victoire des « défenseurs ».

En comparant les élections de Moscou et de Pétrograd, la conclusion vient d’elle-même : plus le milieu ouvrier est arriéré, moins il sait ce que signifie un Comité de guerre, plus il se comporte passivement envers la vie politiqueet plus les sociaux-patriotes ont de chances ! L’exemple donné par Moscou prouve bien que les gvosdiéviens n’ont entraîné que la partie la plus arriérée des travailleurs, exploitant les influences exercées sur celle-ci par la presse bourgeoise et la pression de l’administration.

Il n’est pas difficile de se représenter comment les élections ont marché en province. A Kiev, où les « défenseurs » remportèrent une de leurs plus brillantes « victoires », aux dires de Kiévskaia Mysl, « l’assemblée des élus ne donne pas une représentation exacte du vœu des travailleurs : il n’y eut aucune réunion d’information, et la pression administrative se fit sentir activement ». De leur côté, les vainqueurs, tout en reconnaissant que « les conditions méritaient des protestations », ne refusèrent pas le succès que leur donnaient ces conditions. Dans ce sens, l’expérience gvosdiévienne a joué pleinement son rôle : la coopération avec l’appareil administratif devait produire, en province, l’effet le plus démoralisateur. En certains endroits, cependant, il n’y avait pas de quoi se démoraliser : ainsi, à Saratov, l’administration « invita » tout simplement deux travailleurs pleins de promesses à présenter les idées de Plékhanov, sans déranger le moins du monde les ouvriers !… La victoire est montrée ici sous son aspect administratif le plus pur.

Nous avons assemblé assez de données pour oser prétendre ramener le triomphe des sociaux-patriotes à ses justes proportions. Les Internationalistes n’ont aucun motif de se laisser aller au pessimisme, devant les efforts des sociaux-patriotes sous l’œil vigilant de l’appareil gouvernemental.

Dieu ne t’abandonnera pas, le Social-patriotisme ne te dévorera pas.

« Les multitudes des plates vérités nous sont plus chères qu’une tromperie qui nous élève »

« La destruction et la perte du pays menacent avant tout les intérêts des travailleurs, et à son salut ceux-ci sont plus intéressés que les autres classes de la société », telle est la déclaration faite dans son appel aux travailleurs, « Aux ouvriers russes », par le groupe ouvrier du Comité central de l’Industrie de Guerre, guidé par Gvosdiév. Le groupe ouvrier moscovite, luttant pour son indépendance au sein du Comité, se réfère à l’entrée des travailleurs dans le Comité « pour sauver la patrie de la destruction ». La position politique des groupes ouvriers dans les Comités de guerre possède un caractère social-patriotique nettement déterminé. Dans ces nouvelles manifestations social-patriotiques, il n’y a rien d’inattendu pour celui qui a suivi la lutte se déroulant au sein des masses ouvrières autour de la question de participation aux Comités de guerre.

Si nous jugeons indispensable de reposer la question, ce n’est pas parce qu’elle peut semer le doute chez les personnes qui veulent voir ce qui est, mais parce que les doutes et les malentendus sont créés artificiellement par un groupe littéraire qui édite « Les Nouvelles du Secrétariat pour l’Étranger du Comité organisationnel ». Dans le n’ 3 de cette publication (menchévik), Naché Slovo se fait sévèrement étriller pour son ignorance des profondes différences qui existèrent et existent encore dans le camp des participants aux Comités de guerre. « Nos camarades unis dans leur décision (de participer aux Comités) ont été guidés par des motifs divers, parfois opposés. » Plus loin, est exposée la classification suivante : « Il n’y a presque pas de nationalistes authentiques du type Plékhanov chez les partisans de la participation. » Lévitsky et Tchérévanine (aile droite) ont défendu la participation « non pas tant par nationalisme que par opportunisme », c’est-à-dire non pas tant par amour de la patrie que pour le bloc politique formé avec l’opposition bourgeoise; le troisième groupe « la majorité » est composé de ceux qui s’efforcent « d’opposer la force organisée des prolétaires à celle de la bourgeoisie »; puis, il reste une aile gauche où se tiennent des « Internationalistes bien définis » (type Dan), qui appellent les travailleurs à se grouper sous le slogan « de la lutte internationale pour la paix ».

Le deuxième article, consacré également à cette question (« Les Comités de l’industrie de guerre et la tactique social-démocrate »), reproduit un grand nombre de citations et de références pour démontrer que les Internationalistes appellent les ouvriers à la participation pour des raisons qui n’ont rien de commun avec celles des « défenseurs ». Nous n’entendons pas un mot sur la position adoptée par le Comité organisationnel; mais comme, contrairement au groupe parisien des Menchéviks qui déclarait « mauvaise » la politique de l’O.K., les Izvestia la déclarent salutaire, il nous faut conclure que l’O.K., en synthétisant harmonieusement les quatre tendances du « Bloc d’Août » (nationaliste, opportuniste, organisationnelle et internationaliste) n’adhère pas à la position prise par la défense nationale.

Qu’on ne s’étonne pas alors de l’indignation des Izvestia devant nos efforts haineux pour renverser le bloc d’ « Août ». Toutes ces accusations, citations et classifications, ont la carence de représenter une interprétation littéraire de faits politiques. Si la majorité des « Aoûtiens », ou même la moitié, avait participé aux élections sous le drapeau soit « anti-défense nationale », soit sous celui de l’Internationalisme, la répercussion n’aurait pas manqué de se faire sentir dans la composition des groupes ouvriers et de leurs élus ? Les ouvriers des Comités centraux, pétersbourgeois, moscovite, de Kiev, etc. tiennent une position de défense nationale. Dans toutes leurs déclarations et actions, apparaît la « défense nationale ». S’ils veulent utiliser les possibilités organisationnelles, c’est sur la base de la défense nationale. S’ils reconnaissent la nécessité de rétablir les liens internationaux, ce n’est pas autrement que sur la base du principe de l’auto-défense nationale. C’est la position qu’ont prise, dès le début de la campagne électorale, les éléments qui se sont mis à la tête des participants.

« Quand la patrie est en danger – c’est la première déclaration du groupe moscovite au sein du Comité – , c’est le devoir pour les citoyens de la classe ouvrière de la défendre contre l’agression ennemie qui apporte la destruction et, particulièrement, aux travailleurs. » Gvosdiév s’est, au début de la campagne électorale, posé en défenseur actif. Il télégraphia à Moscou, après les élections, pour rappeler le « double problème » du prolétariat : libérer le pays de l’ennemi extérieur et de l’ennemi intérieur. Les élus moscovites de Tchérigorodtsév envoyèrent à Riabouchinsky des propositions de télégrammes pour Lloyd-George et Albert Thomas, contenant des souhaits pour la victoire commune. Gvosdiév envoya un télégramme de condoléances à Guesde (à la mort de Vaillant), télégramme rédigé en termes violemment patriotiques. Toutes ces belles actions se firent au nom des groupes ouvriers des Comités; on n’entendit pas un mot de protestation. La rédaction des Izvestia ne pouvait ignorer tout cela, car tous les faits cités et tous les documents ont été reproduits par Naché Goloss, dont Gvosdiév est le collaborateur.

La différence entre les points de vue de Dan et de Bibik ne nous a pas échappé; nous en parlerons demain. Quant à la tactique de Dan : entrer dans les Comités pour y faire de la propagande contre la guerre, nous le savons par le numéro 3 des Izvestia, et nous le confessons, nous n’avions jamais entendu parler d’un tel « courant » dans le bloc « Aoûtien ». Nous ne connaissons pas son ampleur. Mais nous savons, par contre, que ce « courant » est inexistant, car pas un mot n’a été prononcé à son sujet ni par les élus, ni par leurs représentants. De fait, les élections ont été organisées par Gvosdiév. Celui-ci est partout et le bloc d’ « Août » est représenté politiquement, aux yeux des ouvriers, par Gvosdiév ! Nous n’avons ni le droit, ni le désir, ni la possibilité de cacher ce fait. Mais les inspirateurs réels du bloc ne sont ni le Secrétariat pour l’Étranger, ni le « courant tactique de Dan », mais bien les membres de la rédaction de la revue Samozachita comprenant Potriessov, Masslov, Dmitriev, Maiévsky, Lévitsky, Batoursky, Tchérévanine, Anna Sédova, Gvosdiév, Koubikov, Bibik, etc. Ils déclarent collectivement que « l’idée de l’Internationalisme et l’idée d’autodéfense du pays… présentent cette unité qui définit la ligne de leur politique pratique ». (Avant-propos.) Potriessov, le théoricien du groupe, définit la philosophie politique par le slogan « par le patriotisme – il n’y a pas d’autre voie pour le royaume international de la fraternité et de l’égalité ». Justement Gvosdiév appartient à ce groupe, cet homme qui concilie l’Internationalisme et le Patriotisme en collaborant avec Goutchkov ! Le Comité organisationnel n’est, en fait, que la courroie de transmission entre l’idéologie potriessovienne et la réalité gvosdiévienne.

Voilà réellement l’état des choses.

Le Secrétariat pour l’Étranger a pris comme devise les vers de Pouchkine : « Les multitudes des plates vérités nous sont plus chères qu’une tromperie qui nous élève. » Mais dans cette affaire, nous ne sommes pas pour Pouchkine, mais pour Lassalle qui disait : aussprechen was ist (dire ce qui est). C’est le début de toute politique révolutionnaire. Les littérateurs des Izvestia polémiquent avec les sociaux-patriotes avec de l’encre contenant de la pommade, alors qu’ils nous écrivent avec un mélange de bile et de vinaigre. Mais les fourberies les plus hautes périront alors que les faits politiques demeureront.

« Les Industries de Guerre » de la social-démocratie et de ses groupements

Si l’on veut préciser officieusement et avec optimisme les traits du bloc d’ « Août », voici ce qu’il en résulte : la participation de ce bloc aux Comités de guerre est un fait regrettable, car il place le prolétariat sous la dépendance des organisations bourgeoises; mais objectivement, cette participation ne signifie pas pour la majorité des participants un soutien à la guerre; simplement, le bloc « d’Août » est entré dans une chambre et s’est retrouvé dans une autre. Évidemment, on peut affirmer, avec juste raison, qu’en politique ne comptent pas les efforts subjectifs – l’enfer en est pavé – , mais les conséquences politiques. Mais cette affirmation est trop générale pour les conclusions qui nous intéressent. Pour justifier sa politique attentiste et passive, le Secrétariat pour l’Étranger est obligé d’idéaliser sa conscience subjective : nous observons ce travail de retouches depuis le début de la guerre. Dans le précédent article, nous avons essayé d’enlever la retouche officieuse du tableau politique du bloc « Aoûtien » et nous espérons que nos lecteurs se sont aperçus de ce qui est : aux élections, le bloc Kadet a mobilisé les ouvriers avec l’aide de l’appareil gouvernemental et sous l’hégémonie des sociaux-patriotes. Gvosdiév et, derrière lui, Potriessov, Lévitsky, etc. sont entrés dans une chambre. Mais leurs conversations « entre nous » ne sont pas suffisantes pour qu’ils en sortent. Tout leur comportement montre qu’il faudra les en expulser. A cet effet nous devons rassembler des forces, c’est-à-dire mobiliser la force contre eux. Et nous ne pouvons le faire qu’en rompant totalement avec eux.

Mais comment agir avec les participants non « défenseurs » ? Nous avons démontré que leur existence ne signifie strictement rien : tous les groupes ouvriers ont une position social-patriote. Mais il y a des groupes, littérairement parlant, qui appellent les travailleurs, non pour des questions de « défense nationale », mais pour des problèmes soit politiques, soit organisationnels. En dépit des affirmations des Izvestia, nous n’ignorons pas toutes ces nuances littéraires et idéologiques; nous le ferions sans peine avec des dizaines de citations tirées des numéros précédents de Naché Slovo. Mais en étudiant ces nuances, nous avons différencié celles qui appartiennent aux Potriessov et autres Gvosdiév, celles qui donnent le ton politique et les autres, celles qui conservent un caractère purement littéraire, mais servent politiquement les premières citées. Et nous estimons que le rapport entre ces nuances est digne d’être remarqué.

A côté du nationalisme déclaré de Plékhanov, qui ne subsiste pratiquement pas dans le bloc « Aoûtien », les Izvestia distinguent encore trois groupements de partisans de la participation.

Primo, le « courant » de Lévitsky et Tchérévanine. « Il n’est issu pas plus du nationalisme que de l’opportunisme. » Mais qu’est-ce que le Social-nationalisme, en général, sinon de l’opportunisme adapté aux conditions de la guerre impérialiste ? Pour autant que l’opportunisme limite les mouvements ouvriers à la lutte pour des réformes, il doit inévitablement chercher le rapprochement avec la bourgeoisie, car, pour obtenir des succès contre elle, on ne peut user que de méthodes révolutionnaires, non opportunistes. C’est pourquoi, l’opportunisme fidèle à sa vraie nature ne peut que suivre la bourgeoisie et se mettre sur les rails du Nationalisme et de l’Impérialisme. Sous ce rapport, Lévitsky-Tchérévanine-Maiévsky ne se distinguent pas de Ebert et de Scheidemann, à part sa taille plus modeste. Il ne faut pas oublier qu’en Allemagne, existent des extrémistes de droite, Südekum et Heilmann, comparables à notre Plékhanov.

Secundo, les Izvestia constatent qu’une « majorité importante de participants » a adopté une « position plus à gauche » : que ces éléments ne conçoivent pas encore bien l’idéologie des « défenseurs », mais qu’ils se rendent aux Comités pour l’union des classes. Il s’agit des partisans de « l’utilisation organisationnelle » qui tiennent à la forme, en ignorant ou tentant de neutraliser le réel contenu politique. Il est incontestable que le fétichisme organisationnel sans idéologie, représenté par Ejov et Oransky, a joué un grand rôle dans l’orientation politique des sphères dirigeantes du bloc d’ « Août ». Ce fait – mais dans de plus majestueuses proportions – n’a-t-il pas été déjà observé chez la Social-démocratie allemande ? Là-bas, il est vrai, il ne s’agissait pas de la « création » – avec la collaboration de Goutchkov – d’une organisation de classe, mais de sa conservation – avec la condescendance de Hindenburg Mais cette différence, provenant des dimensions inégales des organisations, ne change en rien l’affaire. Là-bas, ayant uniquement en tête le souci de garantir la caisse, les maisons, les journaux, les institutions, les bureaucrates fétichistes, type Molkenbuhr, ont suivi passivement les sociaux-patriotes. Ici, chez nous, les Ejov et autres « malins » de Naché Goloss appellent les ouvriers à entrer dans les Comités de guerre, en priant en vain les Gvosdiév et les Tchérigorodtsév de ne pas trop mettre leurs faces patriotiques en évidence.[1] Mais la politique a horreur du vide. Les ouvriers entrent dans le Parti et dans les Conseils non pour « l’organisation », mais pour la lutte qui doit résoudre le problème des classes. Les travailleurs entrent dans les Comités de guerre, non pour « l’utilisation », mais pour la défense de la patrie ou pour obtenir des concessions de la part de la bourgeoisie en échange d’un appui. Ceci signifie que les sociaux-patriotes conscients, Scheidemann et Gvosdiév prennent forcément le dessus sur les organisations fétichistes et les doctrinaires de « l’utilisation », tels que Molkenbuhr, Ejov, et les obligent à les servir.

Tertio, le troisième courant est représenté par des « Internationalistes bien définis ». C’est dans cet esprit que s’est exprimé dans Naché Goloss, un personnage très connu et influent dans les cercles menchéviks, le dénommé Dan Nous savons que dans les milieux Kadets il n’y a aucun partisan de cette position. Mais un Comité de l’industrie de guerre n’est pas un parlement où l’on juge et (en principe) l’on résout des problèmes de guerre et de paix. « Il faut avoir présent à l’esprit, explique Goutchkov, que les questions politiques sont en dehors de la compétence de l’organisation de guerre. » En quoi peut donc consister la tactique de Dan ? S’il s’agissait uniquement d’entrer dans les Comités pour y lancer des slogans contre la guerre, les fauteurs de guerre et les organisateurs, on n’y trouverait rien à redire, en principe. Mais, après avoir déclaré sa non-participation aux efforts de guerre, il serait absurde de continuer à faire partie du Comité. On ne peut, en même temps, se réclamer du slogan « de la lutte internationale pour la paix » et rester dans une institution qui est occupée uniquement à produire le maximum d’obus : cette politique serait d’un Don-Quichottisme caricatural et s’épuiserait d’elle-même le lendemain. Mais Dan ne veut participer que pour défendre les intérêts de classe du prolétariat. Donc les représentants des travailleurs rejettent toute responsabilité quant à l’aide apportée aux efforts de guerre et se déclarent pour le slogan « de la lutte internationale pour la paix », mais ils se tiennent sur le terrain de la participation collective et organisée des travailleurs à la défense nationale et, sur ce terrain, défendent les intérêts des ouvriers. Ceci ramène pratiquement le Parti dans les cadres définis par Gvosdiév. Il est clair qu’une telle tactique suppose un refus total de la mobilisation révolutionnaire des masses contre la guerre. C’est un Internationalisme formel, verbal, passif et possibiliste. Son activité commence au point où elle cesse d’être… internationaliste. La tactique qui, à première vue, appartenait à Don Quichotte, ne l’est, en réalité, que de Sancho Pança. Mais le pragmatisme de ce dernier est d’autant plus mortel que la conjoncture politique est dramatique. Nombreux sont les ouvriers qui ne peuvent assimiler à la fois cette hostilité irréductible à la guerre et la tactique du « parasitisme ». Celui qui chérit le slogan de la lutte internationale pour la paix n’entre pas dans la communauté des fauteurs de guerre. Celui qui juge indispensable d’entrer dans les Comités de guerre, acquiert l’idéologie du Social-patriotisme. Voilà pourquoi la tactique suprêmement astucieuse de Dan n’a jamais dépassé le cadre d’un journal.

De ce qui précède, nous espérons qu’il est clair que nous n’ignorons rien des nuances que se partagent les politiques du bloc d’ « Août ». Mais nous ne nous contentons pas de constater leur existence, nous les analysons. Si cette analyse est vraie – et nous pensons qu’elle l’est – , alors en découlent des conclusions irréfutables. Seuls les sociaux-patriotes conscients, les « gvosdiéviens » ont une signification politique. Le reste des nuances joue un rôle subalterne et de second plan. Le sort de ces nuances dépendra du cours de la lutte entre les Sociaux-patriotes et les Internationalistes. La lutte politique contre Gvosdiév ne ressemble en rien à celle contre Ejov et Dan Il faut des méthodes et des arguments convaincants – non pour ces derniers, mais pour les masses. Si les masses sont convaincues, elles convaincront Ejov – ou bien elles l’enjamberont. Le langage pour les masses doit être révolutionnaire, non diplomatique et conditionnel. Pour cela il faut arriver à une rupture éclatante avec les sociaux-patriotes devant les masses qu’ils ont démoralisées et trompées.

Les classes et le parti, les masses et les chefs

Il est incontestable que la diffusion des idées social-patriotiques parmi les masses ouvrières est due à l’offensive victorieuse de l’ennemi, l’année dernière. Les défaites ont jeté le trouble non seulement chez les bureaucrates, mais aussi chez les travailleurs. Elles ont découvert leur influence démoralisatrice et paralysante. Le slogan « la défaite de la Russie, c’est le moindre mal », valable dans le sens de la prévision théorique ne l’est pas du tout quand il s’agit du sens propagandiste et, pour ce motif, fut rejeté par tous les groupements internationalistes en Russie. Il est totalement liquidé maintenant : si les défaites brisent la volonté du prolétariat, lui conférant une mentalité, pour ainsi dire « biologique », le Parti révolutionnaire ne doit pas regarder la défaite comme une alliée.

Il serait, néanmoins, absolument faux de croire que les défaites convertissent automatiquement les masses en partisans des Sociaux-patriotes. La défaite – de façon plus frappante que la guerre elle-même – pose aux masses des questions inhabituelles et inéluctables et cause en elles un trouble quant au territoire « national », à la vie culturelle et économique et, enfin, au destin des populations des provinces-frontières. Le Socialisme révolutionnaire n’ignore pas ces questions, mais il rejette les réponses réactionnaires et illusoires; il dit aux masses : « Vous n’avez pas d’autre moyen de défendre la culture humaine, l’indépendance de votre nation, que la solidarité internationale et que votre combat révolutionnaire contre le militarisme et ses bases capitalistes. »

Pour que le trouble provoqué par les défaites pousse les masses vers le Social-patriotisme, il faut qu’à la réponse fournie par le Socialisme révolutionnaire soit opposée une autre réponse s’appuyant sur la mentalité primitive des couches les plus arriérées et l’étroitesse de leurs vues politiques. La presse bourgeoise s’empresse de donner cette réponse. Elle accomplit une besogne démagogique considérable en liant les sentiments humanitaires des masses aux idéaux sociaux du militarisme national. Mais le prolétariat européen, le russe inclus, n’est pas désarmé devant la société bourgeoise : entre les masses prolétariennes et les classes bourgeoises, il y a toute l’organisation socialiste, et grâce à celle-ci, le prolétariat apprend à modifier son attitude par rapport à l’idéologie bourgeoise. Quel rôle immense et aussi quelle écrasante responsabilité que celle du Socialisme à une époque comme la nôtre ! C’est de lui que dépend la future orientation des prolétaires : le mouvement ouvrier suivra-t-il le chemin de l’Internationalisme ou se laissera-t-il entraîner sous le drapeau du Social-patriotisme ?…

Il serait faux de penser que les organisations et les syndicats socialistes ont été amenés à la collaboration avec le pouvoir sous la pression directe des masses. Elles ne l’ont fait que sous la pression énorme de la nation bourgeoise, dont les rouages les plus importants étaient en relations avec la bureaucratie des Partis socialistes. Il est incontestable que les masses qui avaient passé par l’école de la discipline n’ont pu trouver une force de résistance suffisante à l’idéologie bourgeoise qui leur était diffusée par les organisations socialistes elles-mêmes. Il reste le fait indiscutable que la crise socialiste a été provoquée par la capitulation des organisations de classes dirigeantes, non devant la passivité des masses, mais devant la pression méthodique de la bourgeoisie et du pouvoir. Les slogans social-patriotes sont apparus non dans le domaine où l’organisation du Parti s’appuie sur les masses, mais dans celui où les bureaucrates du Parti, les parlementaires socialistes et les diplomates professionnels (industrial diplomacy)8 sont en contact avec les représentants responsables de la bourgeoisie.

C’est un fait que partout où les organisations dirigeantes ont conservé les positions de l’Internationalisme, elles ont, malgré les hésitations des masses, gardé et même élargi ces positions. Nulle part l’idéologie nationaliste n’a réussi à conquérir les masses contre la volonté des organisations dirigeantes. Pour que le prolétariat tombe prisonnier de l’idéologie militariste, il a fallu sinon l’intervention, du moins la passivité des sphères socialistes dirigeantes.

Non seulement de la part des Sociaux-patriotes, mais aussi de celle des Internationalistes passifs résolus à l’attentisme, la référence à l’état d’esprit des masses comme à l’instance suprême qui détermine le comportement du Parti socialiste, prend un caractère défensif (d’avocat) franchement avoué ou alors en partie dissimulé. Expliquer la crise de l’Internationale par les conditions du mouvement ouvrier et les activités de ses dirigeants, est une chose, mais créer une crise au sein des masses en est une autre. Dans le second cas, nous ignorons purement et simplement le rôle de l’organisation dans le mouvement ouvrier, il ne reste plus qu’à demander : où sont donc tous nos efforts ? Dans le premier cas, en revanche, nous expliquons pourquoi et comment les dirigeants ont reçu une autorité telle que leur orientation, au moment de la crise, entraîna celle des masses.

Tout ce que nous disons ici se rapporte entièrement à la Russie. A première vue, l’on pourrait penser que le rôle de l’organisation russe – parti ou fraction parlementaire – dans le mouvement ouvrier ne peut absolument pas se comparer à celui de l’organisation allemande. Mais, en réalité, il n’en est pas ainsi. Si, aux yeux du prolétaire allemand, son Parti représente une longue et difficile ascension, acquise par la ténacité et la discipline, pour le prolétaire russe, son Parti incarne une tentative révolutionnaire et son premier éveil spirituel dans une époque révolutionnaire. Moins le Parti possède un caractère organisationnel de masses, plus son autorité idéologique et politique est concentrée, et plus le sort des État-majors, des chefs et des moyens littéraires se montre élevé dans les moments critiques.

Si, en Allemagne, la politique des « instances » (des Centrales du Parti) a pris une énorme signification pour l’orientation social-impérialiste du Parti, si, en Angleterre, les « cliques des leaders » ont acquis une importance décisive dans la direction de la politique officielle du prolétariat (voir à ce sujet les articles de Tchitchérine dans notre journal), en Russie, ce qui fut décisif fut le fait (dans la campagne pour les élections aux Comités de guerre) que la littérature influente d’un des deux groupes dominant nos partis historiques adopta – évidemment, non fortuitement – une position social-patriotique.

Ce groupe c’est Nacha Zaria, Naché Diélo, Samozachita. Il

Il est indispensable d’isoler l’état-major social-patriote

Les Internationalistes passifs qui, pour des motifs divers, ne se décident pas à déclarer la guerre aux Sociaux-patriotes, se réfèrent constamment, pour défendre leur attitude, à la mentalité « défenseur » des masses. « L’opposition bourgeoise…, lisons-nous dans le n” 3 des Izvestia, s’est acquis, de façon inattendue, un nouveau partenaire sous la forme de la majorité des ouvriers évolués qui, sous l’influence de la défaite, se sont décidés à faire cause commune avec le mouvement déjà compromis, mais qui a hissé le drapeau de la « défense nationale… » « Il demeure le fait, lisons-nous dans un autre article, que dans toute la Russie, la majorité s’est prononcée pour la collaboration avec la bourgeoisie impérialiste pour ce qu’on appelle la défense du pays. » Si l’on prend en considération que la « minorité » des prolétaires avancés, se déclarant contre la participation aux Comités de guerre, s’est groupée en dehors du bloc d’ « Août », le tableau que nous dépeignent les Izvestia devient encore plus frappant : il en ressort que presque tous les ouvriers, partisans du bloc d’ « Août », ont une position « défenseur ». Mais ce tableau, très encourageant pour ces messieurs de Prisiv et de Samozachita, n’est heureusement qu’une caricature de la réalité.

Dans le premier chapitre « leur victoire », nous avons montré, sur la base des articles de la presse bourgeoise, qu’il n’est nullement fondé de parler de majorité et encore moins de travailleurs évolués, partisans des Sociaux-patriotes. Nous avons tiré les conclusions suivantes : plus le milieu des travailleurs est arriéré, plus il se comporte passivement envers la vie politique, et plus le « Socialisme » de l’industrie de guerre possède de chances.

Nous avons un témoignage précieux dans le n" 18 du journal Naché Goloss de Samara, dans un article de l’ouvrier Séroblouskine, qui se baptise, littéralement parlant, un liquidateur. Il démontre que la masse ouvrière menchévik, contrairement à la position contraire des autorités du Parti, s’est prononcée pour une politique de « boycott » par rapport aux élections. Décrivant avec tristesse la conception antirévolutionnaire des socialistes des Comités de guerre, Séroblouskine écrit plus loin : « Là-bas, à Piter (Pétrograd), le slogan est : “ Pas de coalition, mais changement total ! ” » Les masses donnent à l’unification ouvrière son contenu révolutionnaire, et c’est seulement sur la base de ce slogan, qu’on peut entrer en contact avec elles.

De ce point de vue caractéristique, comme des autres données de la question, il est clair que les rapports réels entre la masse des travailleurs avancés et les dirigeants du bloc d’ « Août », sont autres que ceux dont nous parlent les lzvestia.

Il est évident que l’avance des armées allemandes devait jeter le trouble dans les rangs des prolétaires. Le slogan (sauver sa peau !) ne pouvait profiter qu’à la propagande antirévolutionnaire. Mais il est incontestable que si le nationalisme bourgeois avait rencontré chez les chefs socialistes une phalange d’internationalistes, il aurait, en lançant ses appels aux masses, essuyé une rude défaite. Pour que le bloc « impérialo-progressif » ait pu avoir la possibilité d’entraîner derrière son char des groupes importants de travailleurs, il fallut qu’il trouvât des complices parmi les dirigeants des mouvements ouvriers, dirigeants que les travailleurs considéraient comme dignes de confiance. Si la panique chez les travailleurs (mais nous n’avons aucun motif d’exagérer les effets de cet état d’esprit), si toute la propagande bourgeoise, la pression de l’appareil gouvernemental et jusqu’à l’appui caricatural de Plékhanov amenèrent une bonne partie des ouvriers à se réfugier sous le drapeau de la « défense nationale », tout ceci est dû à la propagande et au travail de l’État-major social-patriote dont l’inspirateur est le groupe Samozachita.

Cet État-major n’est pas la « victime » d’une pression venue d’en bas du Social-patriotisme : il était et reste un instrument de la pression bourgeoise et impérialiste d’en haut. En exploitant l’autorité de la Social-démocratie sur les masses et les liens traditionnels de certains cercles ouvriers avec les Menchéviks, en exploitant le désarroi et l’inculture de larges couches de travailleurs, le groupe Samozachita joue un rôle actif et même initiateur dans l’effort accompli par le Social-patriotisme pour amener les masses sous l’obédience de la « défense nationale ».

Nous disons donc : le problème des révolutionnaires-internationalistes dans le bloc d’ « Août » consiste à se fier non aux gvosdiéviens, mais aux masses qui veulent « le changement total », à des personnes comme Séroblouskine et à ceux dont il parle. Ce problème ne peut être résolu qu’en attaquant résolument les gvosdiéviens. On ne peut pas commencer cette lutte au nom de l’O.K. qui réunit les partisans de Potriessov et ceux de Martov, les Gvosdiéviens et les Zimmerwaldiens. Aux yeux des masses, soutenir cette institution, c’est soutenir ce groupe gvosdiévien qui accomplit son travail de dissolution avec l’autorité conférée par la Social-démocratie. Si Tchkhéidzé dans son discours se déclara pour Zimmerwald – ce dont il faut le féliciter – , il n’en a pas moins tenu un ton à double sens, en laissant entendre qu’il était difficile de rester politiquement en accord avec Zimmerwald tout en s’efforçant de garder un terrain commun avec les Gvosdiéviens.

Celui qui voit le foyer du Social-patriotisme dans les rangs de la « majorité des travailleurs évolués », celui qui fonde des espoirs sur la conversion de Potriessov et de Bibik, celui-là ne comprendra jamais quelle signification peut prendre la ferme résolution d’isoler l’État-major social-patriote. Mais celui qui veut libérer les masses de l’emprise des Potriessov et des Gvosdiév, ne peut commencer sa besogne correspondant aux problèmes de l’époque, sans rompre ouvertement avec les démoralisateurs sociaux-patriotes.

  1. Il y a un danger écrit Ejov, c’est celui d’embellir notre programme par une couleur « défensive ». Un tel embellissement, loin d’attirer les ouvriers ne peut que les rebuter et accroître leur passivité. » En d’autres termes, Ejov aide Gvosdiév à attirer dans le camp des « défenseurs » ceux qui, jusqu’ici, ont été effrayés par la théorie de la « défense ».