Le procès des SR

De Marxists-fr
Aller à la navigation Aller à la recherche



Candeur de malins

Déjà à Berlin, les défenseurs étrangers des S.R. avaient émis la prétention que la Pravda cessât la campagne, «la chasse à courre» engagée contre eux. C'est que, voyez-vous, ils viennent à Moscou seulement comme avocats, et l'examen en toute justice de l'affaire demande une atmosphère de calme. Or, une telle atmosphère ne saurait exister du moment que la Pravda est chaque jour moins favorable aux défenseurs. Il faut dire que lorsque nous connûmes cette prétention, elle nous fit l'impression d'une plaisanterie déplacée. Le fait que la II° Internationale et son écuyère l'Internationale II 1/2, s'étaient levées pour la défense des S.R., ne nous parut pas du tout inattendu : l'unité d'intérêts politiques détermine naturellement la solidarité dans l'action. Le fait que Vandervelde s'était personnellement offert pour défendre les S.R., n'avait non plus, du point de vue politique, rien d'énigmatique : Vandervelde avait trop étroitement lié son sort à la lutte contre le communisme, la Révolution prolétarienne, la Russie soviétique; sa défense des S.R. n'est qu'une partie intégrante de tout son travail. Mais sur quelle base, de quel droit, avec quelle apparence, extérieure tout au moins de bon sens Vandervelde et Cie se sont-ils décidés à demander au gouvernement soviétique, au Parti Communiste et, en particulier, à la rédaction de la Pravda que nos publications s'abstiennent de caractériser défavorablement M. Vandervelde et les autres ? Cette exigence étonna surtout, et avant tout, par son caractère par trop... inintelligent. Or, M. Vandervelde n'est rien moins qu'un novice en politique. Mais alors, qu'y a-t-il au fond de tout cela ? La question vaut qu'on s'y arrête. Peut-être nous apprendra-t-elle quelque chose à nous-mêmes et éclairera-t-elle, en outre, d'autres questions pour les ouvriers de l'Europe occidentale et plus particulièrement les ouvriers belges.

Défense purement juridique, non politique[modifier le wikicode]

Comme nous l'avons déjà entendu, et comme nous l'entendons encore maintenant, Vandervelde prétend qu'il est avocat, que c'est comme tel qu'il se propose de défendre des accusés et non comme politicien de défendre un Parti.

Un sentiment aussi humanitaire est certes très louable et même rassurant à notre époque si peu humanitaire. Cependant, certaines circonstances restent peu claires. Pourquoi, en vérité, Vandervelde s'intéresse-t-il au procès criminel de MM. Gotz, Douskoï, etc., s'il n'y poursuit aucun but politique ? Quels motifs l'ont déterminé à entreprendre son assez long voyage ? Enfin, puisque M. Vandervelde est déjà à Moscou, le commissaire à la Justice pourrait, probablement, proposer à son attention une série d'autres affaires criminelles, par exemple, une affaire de pots-de-vin, ou de pilleurs du Trésor, ou de bandits, ou d'espions étrangers (sans nuance S.R. ou menchevique), etc., etc. Pourquoi donc Vandervelde a-t-il arrêté son attention, non politique, sur le procès des S.R.

Nous ne pouvons pas oublier non plus que ce choix de Vandervelde est en rapport avec la Conférence des trois Internationales à Berlin et basé sur la convention formelle de ces trois Internationales (convention déjà violée, il est vrai, par les Internationales de Vandervelde et de Rosenfeld).

Comme conditions à la convocation du Congrès ouvrier international, Vandervelde et ses partisans exigèrent la cessation des répressions du gouvernement soviétique à l'égard des Partis «socialistes» et la restitution de la Géorgie aux mencheviks. On ne saurait nier que ces exigences portent un caractère purement politique. Le procès des S.R., déjà annoncé, à ce moment-là, était proclamé par M. Vandervelde et ses partisans un acte de vengeance d'un parti politique sur un autre.

«Si cette Conférence (internationale) se réunit, y admettrez-vous ceux qui sont actuellement en prison, ceux que menace la peine de mort, ceux qui après avoir connu les bagnes tsaristes souffrent encore maintenant dans les prisons de forçats sous le régime de la III° Internationale ?»

Ainsi déclamait à Berlin M. Vandervelde, avocat non politique des S.R. Les dépositions de Sémionov et de Konopléva étaient proclamées par les mêmes personnes, partis et organisation — trahison et reniement.

C'est de là que vient l'exigence de fournir aux représentants des Internationales hostiles au communisme, la possibilité de prendre part, en qualité de défenseurs, au procès du Parti S.R. ; les accusés devaient de plus être assurés à l'avance de ne pas être fusillés. Il n'est plus permis dès lors de dire que l'exigence qui nous fut présentée préalablement de ne pas laisser fusiller les S.R. et le consentement conditionnel du gouvernement soviétique eurent un caractère «purement juridique». Au contraire, il ne fut même pas fait allusion à la justice.

L'accord avait un caractère purement politique. La tentative de réduire maintenant toute l'affaire aux fonctions juridiques des avocats, au lieu de lui laisser le caractère d'une manifestation politique des chefs des Internationales II et II 1/2 , révèle toute son inconsistance : il suffit de juxtaposer cette tentative à la courte et toute fraîche histoire de la question de la participation de Vandervelde et Cie au procès des S.R.

Non, messieurs, la question est plus vaste et plus profonde[modifier le wikicode]

L'affaire, voyez-vous, n'est pas limitée aux cadres du procès actuel. Nous savons ce qui l'a précédé, ce qui l'accompagne, et il est facile de prévoir ce qui le suivra. Vandervelde a combattu la Révolution russe avant même qu'elle éclatât; il avait invité les socialistes russes à soutenir le gouvernement de la guerre. Vandervelde soutint ensuite le gouvernement Kérensky contre les bolcheviks. Vandervelde mena contre nous une lutte irréductible, comme ministre de la paix de Versailles et agent du blocus autour de la République russe des ouvriers et des paysans.

Vandervelde soutint tous nos ennemis. Vandervelde ne laissa échapper aucune occasion de nuire à la première République du Travail du monde, de la dénigrer, de diminuer son autorité, de susciter contre elle des sentiments hostiles. Le journal de Vandervelde, Le Peuple, que nous ne saurions appeler ni le mieux informé ni le plus talentueux est cependant l'un des journaux qui nous sont le plus hostile. Son hostilité jointe à son étroitesse provinciale stupide, lui permettent de reproduire sans scrupule dans tous ses numéros les innombrables et sottes calomnies contre la Russie soviétique. Aux réunions, conférences et congrès de son Parti, Vandervelde et ses partisans ont agi et agissent exactement de même. Nous avons pu nous en convaincre une fois de plus, en fait, à la Conférence de Berlin. Est-ce que, par hasard, en partant pour Moscou, M. Vandervelde a prescrit à son journal Le Peuple de cesser la lutte contre les bolcheviks ? Ou peut-être, a-t-il proposé à son Parti d'adopter une attitude «neutre», «impartiale» à l'égard du procès des S.R., pour ne pas entraver l'exercice de ses fonctions sacro-saintes de messager «non politique» de justice ?

Ou peut-être encore ce mot d'ordre fut-il donné à toute la presse des Internationales II et II 1/2 ? On ne voit guère. Au contraire, une nouvelle vague de mensonges malveillants roule à travers la presse bourgeoise et coalitionniste. En particulier, des télégrammes et des radios arrivent de tous les côtés annonçant que la Géorgie est en proie à un soulèvement menchevik. En réalité, une tranquillité complète règne en Géorgie. Il n'y a pas trace de soulèvement dans le moindre coin du pays. Mais nous savons par d'innombrables exemples fournis au cours de ces cinq années que la propagande de ces sortes de bruits précède invariablement la préparation à l'étranger d'actions contre-révolutionnaires.

Avant que les états-majors impérialistes aient lancé leurs agents, armés de tous les moyens techniques nécessaires, sur les côtes de la mer Noire, ou dans nos gouvernements de l'Ouest, ou en Carélie, ils chargèrent la presse impérialiste d'annoncer à cors et à cris pendant quelques semaines des commencements de soulèvement. Ce vacarme constituait immuablement la couverture politique de l'attentat impérialiste qui se préparait. La presse «socialiste» ne manquait jamais de s'emparer de tous ces bruits, et n'était ainsi que le résonateur de la presse bourgeoise tourné vers les masses ouvrières. Il va sans dire que la presse soi-disant «socialiste» ne reproduisait presque jamais de démentis persistants et strictement basés sur des faits. Havas, Reuter méritaient et méritent toujours à ses yeux bien plus de confiance que l'agence télégraphique de la Russie soviétique. Nous y sommes habitués. Nous savons que cette répartition de confiance et de méfiance n'est pas le fait du hasard, mais est dictée par des intérêts sociaux.

Les chefs de la II° Internationale sont incomparablement plus près des classes desservies par Havas et Reuter que des ouvriers et des paysans russes. Macdonald, Crispien et autres continuent maintenant encore à manifester leurs inquiétudes au sujet de soulèvements inexistants en Géorgie , créant ainsi, pour la cent unième fois, des difficultés artificielles, basées sur des fictions et des mensonges, sur la voie de la République soviétique, et préparant des difficultés encore plus grandes, sous forme de soulèvements véritables fomentés à nos confins par les navires de guerre de l'Entente [1]

Est-ce que toute cette activité a cessé ou, du moins, a été suspendue pendant la durée du procès des S.R. ? Où Vandervelde considère-t-il que seuls les articles de la Pravda entravent l'activité de la justice belge importée chez nous, avec ses manières irréprochables et avec sa réputation presque aussi irréprochable que celle de Cléo de Mérode qui, comme on le sait, fut aussi à la disposition de son roi ? Nous ne saurions être d'accord là-dessus. Nous pensons à la conduite de centaines et de milliers de publications européennes qui, chaque matin, inondent la population sous des flots de mensonges et calomnies contre nous pour, au soir, en réunir de nouvelles réserves et de nouveau les traduire dans la langue de leurs éditoriaux, télégrammes, radios, correspondances, prose et vers...

Demain, à tout cela, s'ajouteront encore les comptes rendus judiciaires de Moscou du procès des S.R. Dès à présent, dans chaque numéro du Goloss Rossii , l'organe berlinois de Tchernov, on peut trouver plus de mensonges que dans tous les journaux écrits de son directeur. Ainsi, particulièrement, la renonciation volontaire au voyage en Russie des trois socialistes-révolutionnaires russes, renonciation déterminée par la décision inattendue de Vandervelde de donner à sa mission un caractère juridique et non politique, est exposée dans le Goloss Rossii et accompagnée de mensonges et de calomnies que nous n'énumérerons pas ici, mais qui sont parfaitement accessibles à M. Vandervelde à la disposition duquel se trouvent des traducteurs. A cela il faut ajouter qu'il ne viendra même pas à l'idée de Tchernov d'imaginer le rôle de Vandervelde à la neutre lueur juridique, comme s'il s'agissait d'un procès de spéculateurs pris en flagrant délit de vol. Tchernov, l'instigateur d'assassinats et de soulèvements pendant tout le cours des cinq années d'existence du pourvoir soviétique parle chaque jour de sa solidarité avec Vandervelde, Rosenfeld, Th. Liebknecht, et de la solidarité de Th. Liebknecht, Rosenfeld, Vandervelde avec lui, Tchernov, comme d'un fait allant de soi. Le journal de Tchernov, allié de Vandervelde, est une des sources troubles d'informations pour toute la presse anticommuniste. A son tour, revenu de Belgique — et plus probablement encore avant d'y être arrivé — Vandervelde reprendra, avec une énergie redoublée basée sur l'autorité du «témoin oculaire» tout frais, sa campagne contre la République ouvrière sans cesse sous la pression mondiale capitaliste. De la sorte. «l'armistice» que demandent Vandervelde et Cie a un caractère très limité et unilatéral : il s'agit que la Pravda n'attaque pas Vandervelde pendant que la presse bourgeoise et coalitionniste du monde entier soutenant Vandervelde, attaquera la Russie soviétique. Le Times , le Temps , le Goloss Rossii , le Vorwaerts , la Freiheit , le Peuple et autres grandes et petites pompes à mensonge fonctionneront à toute vapeur, cherchant à rendre impuissante et à désarmer la Révolution ouvrière en armant jusqu'aux dents ses ennemis. Mais, quant à la presse soviétique et surtout à la Pravda ... chut ! silence !... ne troublez pas les pures visions juridiques de Vandervelde !

Comment donc expliquer cela ?[modifier le wikicode]

Nous avons commencé par constater que l'exigence émise par les défenseurs étrangers à l'égard de la presse soviétique, a un caractère étonnamment inintelligent pour ne pas dire sot. Nous ne pouvons nous empêcher d'ajouter ici que dans cette sottise il n'y pas l'ombre de candeur atténuante. Cette sottise est impudente, il est même difficile de dire ce qui domine : sottise ou impudence.

Or, nous avons déjà parlé des manières irréprochables de M.Vandervelde. On ne saurait non plus refuser de lui reconnaître un certain don d'analyse formelle, et de l'expérience politique. Comment expliquer alors qu'il se soit décidé à nous présenter une exigence — il est vrai, «non sous forme d'ultimatum» — aussi inepte, aussi monstrueusement non fondée ? C'est qu'au fond, cette exigence n'est pas du tout une simple manifestation de la stratégie personnelle de M. Vandervelde, ni le fruit de ses syllogismes juridiques. Non, cette exigence est inspirée par l'impudente assurance de l'opinion publique bourgeoise, par son infatigable effort, sa triomphante effronterie. Combien de fois, dans les moments critiques de leur histoire, les classes régnantes n'ont-elles pas réussi à hypnotiser, à paralyser et à se soumettre les soi-disant chefs ouvriers par l'énergie enragée de leur pression, par l'arrogance sans appel de leurs exigences, par la terreur de leurs mensonges et de leurs calomnies ! Nous l'avons vu avec une particulière clarté lors des deux questions les plus graves de l'histoire humaine, la guerre et la révolution. Les «chefs» coalitionnistes abasourdis, après quelques instants d'hésitations, finissaient invariablement par s'asseoir sur les pattes de derrière et se mettaient à remuer leurs queues de parlementaires, d'avocats ou de ministres. L'opinion publique bourgeoise, ce levier très puissant du capital, ne connaît qu'une loi : réduire, briser la résistance, se soumettre tout. Elle s'empare de chaque position, non ou mal défendue — uniquement pour, après s'y être renforcée, continuer immédiatement à avancer. Les Vandervelde, les Rosenfeld, les Théodore Liebknecht ne sont que des instruments plus ou moins efficaces de cette force très puissante. C'est elle, l'opinion publique bourgeoise qui les a envoyés ici; et c'est elle qui leur a soufflé en les rattrapant cette nouvelle et impudente exigence.

Mais pourquoi avons-nous, en général, admis Vandervelde et Cie ? Nous savons fort bien, qu'en sa qualité d'ex et futur ministre de la Justice, Vandervelde ne penserait même pas à admettre des communistes russes à défendre des ouvriers belges. Donc, il est évident qu'il n'est pas même question ici de réciprocité et d'égalité. Encore moins avons-nous admis Vandervelde par sympathie pour lui. Il a eu l'occasion de s'en convaincre s'il avait encore des doutes à ce sujet. Nous avons été guidés par des motifs politiques. Les Internationales anticommunistes représentent encore un fait puissant. Une partie considérable des ouvriers est encore derrière elles. Ces ouvriers sont chaque jour empoisonnés par le mensonge bourgeois, réfracté à travers le milieu de l'agitation «socialiste». En admettant chez nous Vandervelde, nous faisons une concession à l'esprit arriéré de ces masses trompées. Nous espérons de cette manière attirer leur attention sur certaines questions importantes de la Révolution prolétarienne. Nous espérons profiter de la participation de Vandervelde pour, dans la lutte contre Vandervelde, ouvrir les yeux, au moins à une partie des masses qui ont encore confiance en Vandervelde. Mais en même temps, indépendamment de nos buts tactiques et du degré de leur futur succès, l'opinion publique bourgeoise est en droit d'inscrire à son actif le fait même de l'admission de Vandervelde à participer au procès, car c'est là indubitablement le résultat de toute l'agitation forcenée qui avait précédé contre la Russie. Mais, comme je l'ai déjà dit, l'opinion publique bourgeoise ne se contente jamais des résultats acquis. Son instinct affiné de classe dit à la bourgeoisie que son seul salut — surtout à l'époque actuelle — c'est la pression qui ne connaît pas d'arrêt.

Et voilà que, parce que guidés par nos motifs politiques, nous consentîmes à admettre à participer au procès, les avocats étrangers qui nous sont hostiles, les alliés et les partisans de Tchernov, Goltz et autres, la presse bourgeoise, enregistrant ce succès avec satisfaction mais aussi avec inquiétude, se mit à fouetter avec une force triplée la rosse de la II° Internationale. Ils ont hésité, ils cèdent — serrez-les, exigez, ne vous arrêtez pas, en avant !..

Gênes et Berlin — ce sont que les deux ailes d'un seul et même front. En voyant que nous consentions à négocier et à faire des concessions, on essaya à Gênes de nous prendre de force. C'est M. Barthou qui fut l'expression extrême de cette tactique. Mais la pression échoua. Nous avons tenu bon — et même sans grands efforts.

Ce que Barthou représentait sur la ligne d'artillerie lourde de l'impérialisme capitaliste, M. Vandervelde le représente en première ligne des reconnaissances social-patriotes. L'avocat Vandervelde est un politicien cherchant à dissimuler son rôle politique. Le politicien Vandervelde n'est que l'ombre chinoise de Barthou. Mais si le véritable dragon de l'impérialisme ne nous a pas effrayés, serons-nous effrayés par le dragon sur l'écran ?

Là est le fond de la question : la stratégie de Gênes, comme celle de Berlin, était basée sur la psychologie des «socialistes» qui frémissent, mortellement épouvantés, devant l'opinion publique bourgeoise. La bourgeoisie inspira à Vandervelde contre nous les méthodes à l'aide desquelles elle s'était soumise Vandervelde lui-même. Seulement, elle n'a pas compté que les communistes russes étaient faits d'une autre pâte. C'est là, en général, l'erreur de la bourgeoisie dans toutes ses combinaisons à l'égard de la Russie soviétique, et c'est là aussi l'erreur de M. Vandervelde. Nous sommes faits d'une autre pâte. On a essayé de nous terroriser avec les canons de 150 millimètres des monitors anglais, ensuite par la campagne de l'opinion publique «indignée» de l'humanité civilisée, puis par le chantage financier : maintenant on en est venu au petit chantage juridique. Ce ne sont là que les maillons de la même chaîne. Sa direction générale va de la tragédie sanglante à la farce. Nous savons que la farce peut être que la préparation de nouvelles tragédies sanglantes. Ceci est pour demain. Mais la tentative d'aujourd'hui de fermer la bouche aux communistes russes avec le petit poing ganté de la justice belge est non seulement déplacée, mais encore ridicule à l'extrême. Et nous en sourions.

Continuez votre affaire Monsieur Vandervelde — celle pour laquelle on vous a envoyé.

Et nous continuerons la nôtre — celle pour laquelle lutte et meurt maintenant en Europe et dans le monde entier la fleur de la classe ouvrière.

  1. Vous verrez - nous menaçait Vandervelde, à Berlin - comment se soulèveront les représentants socialistes de tous les confins de la Russie, les représentants de l'Ukraine, de l'Arménie, où le peuple, martyrisé depuis vingt ans, est serré dans les tenailles des armées kémalistes et rouges et enfin de la Georgie, constituant pour ainsi dire une section de l'Internationale, de notre Internationale, et se plaignant de ce qu'elle appelle - justement à mon avis - l'impérialisme bolchevique. De la sorte, M. Vandervelde est l'avocat non politique, non seulement des S.R., mais aussi des menchéviks géorgiens, des dachniaks et des hommes de Petlura. Il soutient tous les ennemis du prolétariat russe où et comme il peut. (Note de l'auteur)