Le chemin qui ne mène à rien

De Marxists-fr
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Le goût le plus fade de la longue série  de plats et de spectacles post-révolutionnaires reste  encore – la vieille tradition du parti doit également être honorée sur ce point – la sauce indépendante. Préparée selon les anciennes recettes avec des substituts alimentaires modernes, elle a plus le goût de caoutchouc et d'eau croupie que le gâteau berlinois le plus spongieux. Et cela en dit long.  

Nous n'avons jamais eu une très haute opinion de MM. Haase, Dittmann et Kautsky et avons souvent constaté pendant la guerre qu'ils avaient toujours la bouche pleine, mais aussi, de temps en temps, surtout quand il le fallait, le pantalon plein. Eh bien, un lièvre ne devient pas un lion du jour au lendemain, un frein politique, comme l'était devenu le cercle autour de Kautsky et Ströbel alors que le char impérialiste fonçait depuis longtemps déjà vers la fosse aux loups révolutionnaires, une machine à vapeur qui fait avancer les choses.  

Haase et Kautsky-Strobel aspirent à un retour à l'ordre, l'un afin de pouvoir à nouveau digérer tranquillement et paisiblement les délicates feuilles des résolutions fraîchement adoptées lors des congrès et des réunions du parti, les autres afin de ne pas perdre leur souffle à un rythme qui leur ferait ignorer tous les panneaux d'avertissement imprimés placés le long du chemin.  

La situation – nous l'admettons – est très désagréable pour  les personnes qui gouvernent avec Ebert et Scheidemann  et doivent pourtant raconter au prolétariat que seul  le socialisme est le fil conducteur de leurs actions. Mais nous ne pouvons pas nous en empêcher. Ceux qui s'installent si confortablement et si tranquillement dans la boue, comme nos amis indépendants, méritent bien d'avoir un peu froid aux fesses.  Les indépendants peuvent bien sûr continuer à essayer de convaincre  leur entourage des avantages de leur situation ou de leur position – déjà  la définition de la situation géopolitique  devient difficile. Mais personne ne prendra au sérieux  les balbutiements qu'ils font entendre dans le journal au titre charmant  « Die Freiheit » (La liberté).  


Constituante ou Conseil central des délégués des ouvriers et des soldats, l'histoire a opposé de manière ferme et implacable ces deux fondements d'organisations de classes différentes. Un seul des deux peut être le bon. Il faut prendre une décision et tout mettre en œuvre pour la faire accepter. Les Indépendants n'en ont pas le courage. Ils ont trop souvent participé à des congrès de partis et réuni les esprits les plus divers sous une même casquette, qui ne convenait toutefois à personne, pour ne pas tenter maintenant aussi le compromis. Mais ce qui ne servait pas à grand-chose autrefois devient aujourd'hui une trahison de la révolution. Pire et plus dangereux  que l'adversaire honnête, l'ami qui freine. Et  l'appel lancé par la direction du parti dans l'édition de mercredi du journal Freiheit montre bien que les indépendants ont un effet freinant. Le contenu réel de cet appel peut être résumé brièvement. Il dit tout d'abord : « L'organisation  des conseils d'ouvriers et de soldats s'étend et se consolide. <<  Mais la seule conclusion possible n'est pas tirée : tout le pouvoir aux conseils d'ouvriers et de soldats, mais un  bond audacieux dans le royaume de la bourgeoisie, vers la Constituante.  « Ne vous bousculez pas, tout le monde aura son tour », tel est le  slogan ici. La Constituante aussi. Il faut seulement d'abord effectuer les travaux préparatoires.


Après cet audacieux salto mortale, on attend avec impatience la suite. Et maintenant, pour que le banal ne manque pas à l'appel, voici la vieille chanson sincère du comité directeur du parti avec son refrain : renforcer les organisations.  

Il n'est pas nécessaire de reprocher aux indépendants, comme le fait le Vorwärts, de mener une politique de compromis peu claire.  Ce qu'ils ont fait ces derniers jours et ce qu'ils refont avec cet appel n'a rien à voir avec la politique. C'est le comportement d'un vieil homme qui a perdu le sens de l'orientation, qui tourne en rond et récite les vieilles prières d'enfants dans une monotonie sans fin. Encore quelques actions ou appels de ce genre, et le fier parti indépendant au pouvoir se sera rendu politiquement impossible avant même d'être balayé par la prochaine vague révolutionnaire.