Le capital financier drapé dans le manteau papal

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Voilà la treizième année que les larges masses laborieuses du pays des soviets, l'avant-garde ouvrière en première ligne de bataille, luttent pour la protection des frontières rouges et pour la construction de la nouvelle vie. Dans la dure période de transition que traverse actuellement l'armée héroïque du prolétariat tendant à l'extrême ses efforts, les masses des villes et des campagnes font des sacrifices immenses : les derniers kopecks sont sacrifiés pour la cause d'un travail fiévreux, vertigineux de construction, des efforts incroyables sont déployés pour bâtir, en béton armé, sur les siècles passés, le fondement le plus sûr pour l’édifice géant, inébranlable, du communisme ; les hommes qui ont secoué le pouvoir de la grande propriété foncière et celui du capital, préfèrent souffrir durement, donner aujourd'hui toute la sève précieuse de leur vie, pour refondre toute l'économie jusque dans ses plus basses profondeurs, pour substituer à la technique caduque, en bois, en cuir, rouillée, un magnifique système métallique de machines, grâce auquel il sera possible, demain, de travailler plus facilement, de produire immensément plus, de vivre mieux, plus proprement, mieux éclairé et plus rationnellement.

Et, précisément maintenant où les masses laborieuses maîtrisent, par de grands efforts, par la tension spasmodique de tous leurs muscles, les difficultés du présent pour construire l'avenir, où les masses — en dépit d'échecs et de revers partiels — ont déjà fait de grands progrès dans le travail qui absorbe tout, c'est précisément maintenant que, de nouveau, commence une bacchanale effrénée des ennemis de l'étranger. Cardinaux romains et faux-monnayeurs géorgiens, généraux des différents états-majors et curés des différents dieux et églises, lords britanniques et usuriers français, grasses bedaines américaines et évêques de l'Eglise anglicane, sénateurs de Washington et ducs suédois, professeurs et cocottes, sicaires de la police et jusqu'au Saint-Père de Rome en personne, le représentant des apôtres et de Dieu, le prince infaillible de l'Eglise, tous prêchent « la vraie croisade spirituelle de la civilisation contre la barbarie », comme s'exprime hypocritement, gloussant d'une joie bestiale, le journal des égorgeurs fascistes, le Popolo di Roma. Il sied vraiment bien aux fascistes de se donner une telle noble pose !

Toute cette danse effrénée de la contre-révolution, ce hurlement cannibale de toutes les hyènes occidentales et cléricales accompagné du cliquetis des sabres, des éperons et des encensoirs, est une préparation « morale » de l'offensive contre l'Union soviétique.

Allez-y, princes, rois et lords, envahissez la terre bolcheviste ! Faites rouler le métal sonore, banquiers et industriels débrouillards ! Préparez la dynamite, vous les maîtres des usines de guerre !

Les faux-monnayeurs en danger ! Le naphte en danger ! Les marchés en danger ! La propriété capitaliste en danger ! Dieu en danger !!!

Très honorables dames et messieurs, sirs et gentlemen, vos hurlements ne nous font pas peur. Mais, ne nous en voulez pas, si, devant les masses populaires, nous démasquons votre véritable figure et si nous leur faisons entendre le grincement sinistre de vos canines. Vous ne voulez pas ôter les masques agréables de vos figures bien moins agréables ? Ne vous mettez donc pas en colère, si nous vous les arrachons et si, par endroits (là où le masque est collé), votre peau soignée en est quelque peu endommagée.

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Dans son n° 33, du 10 février 1930, la feuille de chou qui s'intitule Revue de Riga, qualifie le message de saint Pie, ce document sot et bavard, mais bien belliqueux, de « grande offensive attendue depuis longtemps de l'Eglise catholique contre le bolchevisme païen et contre la Russie bolcheviste ». L'attaque fut déclenché comme offensive générale sur tout le front, précisément par cette déclaration de guerre, bien que la main tremblante du belliqueux souverain pontife soit dirigée par des forces bien plus puissantes que celles de la rareté archéologique qui vit encore à Rome. Le Père très chrétien est, remarquez-le bien, terriblement affligé des « persécutions religieuses » en Union soviétique. Il rappelle que, déjà en 1922, avant la conférence de Gênes, il avait proposé à toutes les puissances représentées, de s'adresser par une déclaration commune, par un ultimatum, au gouvernement soviétique : reconnaissance, oui, mais seulement à condition « de respecter la conscience, la liberté religieuse et les biens de l'Eglise ». Ah ! gémit-il, les puissances n'ont pas voulu m'écouter ! Elles ont préféré le terrestre au céleste !

Et voilà que l’heure de la vengeance a sonné. Le pape puise avec zèle dans les colonnes de la pire presse boulevardière, les horreurs sanglantes inventées par la journaille et dont le troupeau des bourgeois se gave à en vomir ; il calcule les bilans des pertes, donne la bénédiction à ses guerriers, condamne « les oppresseurs de la religion » et s'élève vraiment à des hauteurs vertigineuses de l'emphase historique. Ah, comme il s'en donne à cœur joie !

« Les organisateurs de la campagne athée et du front antireligieux veulent avant tout faire dégénérer la jeunesse en profitant de sa naïveté et de son manque d'expérience. »

Au lieu d'éduquer la jeunesse dans l'esprit de la science et de la civilisation, dans l'esprit de l'honnêteté et de la justice qui, « sans religion, ne peuvent éclore ni prospérer », ces malfaiteurs, les organisent dans des associations d'athées, sèment « la décadence morale, culturelle, voire économique », font une propagande antihumanitaire, les contaminent de toutes sortes de vices, du matérialisme néfaste, contraignent les enfants à dénoncer leur père, organisent des carnavals blasphémateurs, forcent les gens à renier la religion en les privant, en cas d'opposition, de carte de pain, de logements, etc., etc.

La fantaisie du pape atteint ici un allant vraiment divin : il invente des cruautés qui vous font « dresser les cheveux », et la conclusion logique de tout ce galimatias, de cet assaut sur le papier, est l'appel suprême qui, pareil aux trompettes de l'archange apocalyptique, du chef des armées célestes, de la guerre, du juge, extermine jusqu'à la dernière trace le foyer épidémique de la peste matérialiste, le pays du monstre rouge où il n'existe plus de couronnes de princes et où même les koulaks se trouvent sur des charbons ardents.

Suivons les préceptes de la civilisation européenne et demandons, pour commencer, au citoyen le pape ses papiers d'identité.

Vos papiers, vos papiers historiques, monseigneur ?

A l'origine de la magnificence papale qui a traversé des phases multiples, se trouve une série de falsifications crapuleuses et dégoûtantes. Sous le règne du pape Etienne II, le roi Pépin le Bref fit cadeau au souverain pontife, pour le récompenser de son aide pendant la guerre contre les Lombards, de « L'Etat de l'Eglise ». Mais, à cette occasion, fut fabriqué un faux document qui changea ce marchandage commercial et sanglant en un « cadeau de Constantin le Grand ». Voilà pour la question de l'origine de la propriété territoriale du pape. Vers le milieu du IXe siècle, surgit une foule de documents faux, parmi lesquels ce que l'on appelle les « décrétales pseudo-isidoriennes » qui furent propagées avec le plus grand zèle. Ces collections de décrétales falsifiées attestèrent que le pape était, ni plus ni moins, le « souverain du monde entier ». Cette falsification crapuleuse fut démasquée comme telle. Mais, dans l'histoire de la papauté, elle est « document sacré ». Voilà pour le passeport historique du citoyen le pape. Ainsi, déjà au point de départ de l'existence papale, il y a du sang et de l'ordure, la guerre et la falsification, qui souillent de leurs éclaboussures tout le développement ultérieur de cette triste institution.

La papauté et le très honorable dirigeant du Saint-Siège qui intervient aujourd'hui comme son héraut, ne possèdent pas seulement des documents de conjoncture où l'on sent les pulsations de la vie journalière. Les saints-pères se sont créé une vaste théorie scolastique qui, pareille à un étau, serre dans ses bras de fer rouillé les cerveaux malheureux de tous les serviteurs de l'Eglise catholique. Cette théorie fut déjà formulée dès la fin du XIIIe siècle par le fameux Thomas d'Aquin, l'auteur de « l'encyclopédie de la théologie ». Et l'encyclique du pape Léon XIII, du 4 août 1879, décrétait encore obligatoire l'étude des œuvres de Thomas pour les fonctionnaires du culte. C'est le programme théorique le plus parfait de la papauté.

Or, que trouvons-nous dans cette docte encyclopédie quant à la tolérance, la liberté de conscience et autres bonnes choses dont s'arme maintenant Pie-le-courageux. « L'hérésie est un péché pour lequel le coupable doit non seulement être excommunié, mais éloigné de ce monde par la mort. » Tel est le commandement suprême de la papauté. Évidemment, les tentacules de la pieuvre papale ne sont aujourd'hui plus aussi longs qu'autrefois ; leur longueur d'antan s'est fortement raccourcie, sa queue de paon a été fortement abîmée par la vieille justicière, l'Histoire. Mais si, maintenant, ce vampire desséché essaye de se refaire les griffes, s'il s'appuie sur les forces encore bien plus puissantes des assassins d'âmes impérialistes, s'il se métamorphose en tolérance, il nous faut lui rappeler son commandement de bourreau : l'hérétique (donc celui qui n'est pas un esclave du pape) doit « être éloigné de ce monde par la mort. »

D'ailleurs, également ici, « l'acte » a précédé le « verbe ». Le pape Pie XI a perdu apparemment toute sa mémoire, puisqu'il commence, à bavarder sur « la théorie et la pratique » du saint-siège. Il faut vraiment être un voyou de toutes trempes, bourré d'hypocrisie des pieds à la tête pour intervenir avec des messages mielleux, mais en même temps calomniateurs, de l'espèce de la dernière élucubration du pape, quand on sent peser sur soi le fardeau de crimes inouïs : car, le craquement des os, le rôle de la mort, l'odeur de la chair grillée, la puanteur et l'épaisse fumée des bûchers, le gémissement des torturés, ne clameront-ils pas leurs plaintes au ciel jusqu'en toute éternité ! Les papes avec leur inquisition, leurs jésuites, leurs « croisades », leur sauvage extermination « d'hérétiques », avec leur avidité, leur débauche, leur vénalité, et leurs intrigues ne sauront esquiver le tribunal impartial de l’Histoire !

Votre auguste et très-sainte Révérence ! Vous ne vous rappelez donc pas la décision de votre Concile de Reims (1157) Qui prescrit, de la façon la plus « humaine », la « plus tolérante », la « plus chrétienne » et pleinement « respectueuse de la liberté de conscience », de marquer au fer rouge le visage des hérétiques ? Ne vous rappelez-vous pas une décision identique de votre saint-concile d'Oxford de 1166 ? Ne vous rappelez-vous pas les résolutions du concile du Latran de 1178, lorsque (en 1181) une « croisade » fut proclamée contre tous les « ennemis de l'Eglise », et que, pour l'extermination en grand nombre des hérétiques, la brute papale accorda d'avance pour tous les péchés une indulgence de pas moins de deux années ?

Ne vous souvenez-vous plus des « établissements » de Saint-Louis (1270) dont l'un des articles condamne les « hérétiques » à être brûlés vifs? Vous souvenez-vous de la législation de l'empereur Frédéric II (ordonnances des années 1220 à 1239), fondée sur les décisions du concile du Latran, une législation qui met les hérétiques hors la loi, qui condamne à la damnation éternelle les « aides », « défenseurs » et « avocats » des hérétiques et expose leurs propriétés à la confiscation et livre leurs maisons à la destruction barbare ? Ne vous souvenez-vous pas de la décision du concile de Narbonne (1229)[1] et du concile d'Albi, d'après laquelle tous les garçons de plus de 14 ans et toutes les jeunes filles de plus de 12 ans devaient dénoncer tout le monde ? (D'où, saint-père, vos dénigrements calomniateurs du pays soviétique et de notre jeunesse !)

Avez-vous oublié, vieillard hypocrite, les décisions du concile de Narbonne (1244), aux termes desquelles chaque juge temporel, s'il hésitait à exécuter un hérétique, devait subir lui-même la peine capitale ?

Ne vous rappelez-vous pas les décisions du concile de Constance (1418) qui fit brûler Jean Hus et qui décréta que tous les hussites devaient être « condamnés au feu », c'est-à-dire brûlés vifs sur les bûchers.

L'Eglise catholique a sévi dans presque toute l'Europe par le fer et le feu. Elle a, de plus, pareille à une sauterelle vorace, étendu ses griffes sur le monde entier, elle a été l'instigatrice des bestialités dans les colonies, elle a sévi comme véritable assassin des peuples, et cela d'une manière d'autant plus dégoûtante qu'elle a couvert les orgies sanglantes du capital commercial du manteau de « l’amour et de la miséricorde ».

Mais d'où vient cet esprit belliqueux emporté ? C'est très facile à expliquer. Les saints-pères ont combattu les hérétiques par le fer et le feu parce que — comme le dit l'historien très modéré de l'Inquisition, qui n'est nullement un bolchevik mais un pieux libraire américain, G. Ch. Lee – « à de rares exceptions près, les classes dirigeantes n'étaient pour rien dans la naissance des hérésies ». Les hérétiques, c'étaient les couches les plus pauvres de la société: les paysans, les artisans, les compagnons, les déshérités. Leurs meilleurs, leurs plus courageux et plus nobles représentants qui s'approchèrent même très souvent des idées communistes, montèrent courageusement sur les bûchers. Leur mort héroïque éclairera la vraie humanité tel un phare brillant.

Mais les chacals papaux, à commencer par les petits goujats de l'Inquisition, les mouchards, les messagers, les dénonciateurs, les « bravi », jusqu'aux « grands inquisiteurs » et « généraux » de l'Ordre des jésuites, jusqu'aux évêques et papes eux-mêmes, continueront à vivre dans le cœur de l'humanité comme souvenir nauséabond des cruautés de la barbarie historique. Ce n'est pas sans raison qu'on appelait l'une des plus grandes sectes des hérétiques, « les purs », les « bonnes gens », et, par contre, les sicaires papaux de tous les grades, les « chasseurs des purs ».

La « Sainte-Inquisition », dont le nom est devenu une insulte odieuse, cet instrument puissant aux mains des papes, qui a élaboré un système raffiné de tortures morales et physiques, « l'épreuve de l'eau, la roue, l'écartèlement, les bûchers, la suspension au cou de la victime d'un sac rempli de poudre (perfectionnement technique appliqué après la découverte de la poudre!) c'est-à-dire la combinaison du bûcher avec le faire-sauter-en-l 'air ; les instruments de tortures en fer, en acier et en bois, qu'il fallait pour ces ignominies, — quelle émanation lugubre et sanglante n'exhalent-ils pas tous ces actes honorables des chers pères de l'Eglise !

Et voilà que le pape se pose en champion de la « liberté de conscience ». Il verse des larmes de crocodile sur des cruautés inexistantes en « Russie », alors que chaque pavé de Rome, alors que les campagnes et les villes de France, d'Espagne, d'Italie, d'Allemagne et de plusieurs autres pays sont arrosés du sang qu'ont fait verser les papes, sont noircis de la fumée épaisse des bûchers, salis des exsudations vénéneuses sécrétées par l'Eglise catholique, à ses moments de malaise moral ! Et sans rougir le moins du monde, il ose intervenir en faveur de la « culture et de la civilisation », en faveur de la science, lui, le pape, le souverain pontife, idolâtre de cette organisation qui a fait brûler Giordano Bruno, qui a torturé Campanella, qui a maintenu sous verrous le grand Galilée et qui a égorgé tout ce qui s'opposait à la domination de Rome !

L'Ordre des jésuites, cette cohorte d'hommes élus de « l'Eglise militante » est, après l'Inquisition, l'instrument le plus important de la politique papale. Cet ordre s'est glissé partout, aux gouvernements et jusqu'aux écoles. Pendant un certain temps, son pouvoir se faisait sentir derrière les coulisses de tous les pays. Et aujourd'hui, le nom de « jésuite » n'est-il pas devenu une insulte, un outrage, un terme de mépris ? L'historien J. Boehmer, très favorable au jésuitisme, met à nu l'essence sociale de cet Ordre en écrivant :

« Ses rangs commencent à se compléter presque exclusivement des couches de l'aristocratie du pouvoir, de la richesse et du monde cultivé, il va de soi que, vu ces éléments élus ( ! ! N.B.) de la société, l'Ordre est largement subventionné... Le peuple ne le désire nulle part, bien que partout où l'Ordre a déjà pris racine, le peuple admette qu'il le secourt. »

Ce « secours » consista fréquemment en ce que les fils du peuple furent passés à la roue, eurent bras et jambes arrachés. Ces « éléments élus » de la société, cette « aristocratie du pouvoir, de la richesse et du monde cultivé » avaient à régler le compte de la « populace » !

Mais si, « en dehors », la « compagnie de Jésus » a tenu le pas à la « Sainte-Inquisition », en ce sens qu'en brûlant les « hérétiques » sur les bûchers, elle a tenu à marquer les limites de sa tolérance religieuse, à l'intérieur de l'Ordre, ses théoriciens, et avant tout son fondateur Ignace de Loyola, ont « approfondi » cette question à l'extrême. Ils ont érigé la pire prostitution idéologique, la plus vile adulation sans principe, en principe idéologique. Ils ont bâti une organisation dont les membres estimaient le reniement de leur propre conviction comme vertu suprême et, permettez l'expression, comme leur devoir moral suprême.

Il a été dit avec juste raison qu'il n'existe au monde aucune scélératesse qui n'ait cherché à se justifier idéologiquement.

Ignace de Loyola, le roi des jésuites, a développé toute une théorie de la subordination, de la « discipline du travail » ; chaque membre de l'Ordre doit se subordonner à ses supérieurs, « comme un cadavre, que l'on peut tourner de tous côtés, comme une canne qui obéit au moindre mouvement, comme une boule de cire que l'on peut modifier dans sa forme et étirer dans tous les sens...» Ce cadavre se distingue par trois degrés de la perfection : subordination de l'action, subordination de la volonté et subordination de la raison. Si le dernier degré est atteint, si l'homme a remplacé sa raison par l'obéissance absolue en renonçant à ses convictions, alors nous avons devant nous un jésuite à cent pour cent. Cette métamorphose générale en cadavre, principe idéologique et organique de l'Ordre des jésuites, a créé une telle situation de fait que même des jésuites ont été poussés à l'émeute. A la fin du XVIe siècle, l'un des théoriciens de cette révolte, Mariana, écrivait dans son livre Sur les souffrances de la compagnie de Jésus :

« La monarchie (c'est-à-dire, la monarchie dans l'Ordre N.B.) ne nous corrompt pas du fait qu'elle est une monarchie, mais pour la raison qu'elle est insuffisamment limitée. Elle est un sanglier enragé qui ravage tout sur son passage. »

Cependant, le sanglier enragé a continué son œuvre dévastatrice, car, au Saint-Siège, il y avait, à quelques rares exceptions près, un autre « sanglier », le chef suprême-de l'Ordre des jésuites ! Il n'y a donc rien d'étonnant qu'avec de tels « principes sans principes », l'imposture, la ruse, l'intrigue, le poignard, le poison, la félonie, un système raffiné de mensonges qualifié de casuistique, les tortures sadiques lors des interrogatoires, la perfidie, tous les vices sans exception, fleurissaient abondamment dans les vignes du seigneur.

Et cette prostitution intellectuelle, cette idéologie d'eunuques et de pédérastes félons, cette ordure, vous, très saint Pie, vous qualifiez ça de « culture » et de « civilisation » !

Ainsi, les bolcheviks corrompent la jeunesse en combattant la conception que le vin se change en sang de dieu, si on le boit dans des calices d'or en avalant la chair de dieu, obtenue, de la même façon, du pain ordinaire.

Ces bolcheviks combattent la science, quand ils préfèrent au mystère de la transformation du pain et du vin en chair et en sang, le système périodique de Mendéléev ou la théorie des électrons.

Les papes et les inquisiteurs de Rome se sont-ils beaucoup souciés de la science en brûlant vif l'homme de science qu'était Bruno !

Les bolcheviks empoisonnent la jeunesse quand ils la mènent dans la lutte contre la superstition moyenâgeuse. Mais les papes et jésuites romains « éduquent » la jeunesse, en en faisant des cadavres et en lui enseignant la doctrine sur l'infaillibilité du Dalaï-Lama de Rome ! N'en est-il pas ainsi, vieillard béni ? N'en est-il pas ainsi, ô momie assise sur le trône, ô pourriture de notre époque qui infecte encore le monde de son haleine vénéneuse, nauséabonde.

Les bolcheviks enseignent le péché à la jeunesse ! Et le « péché mortel » est le matérialisme, l'honnêteté et la justice ne pouvant pas prospérer sans religion, ainsi que l'affirme le message du pape. Nous avons déjà vu ce que vaut « l'honnêteté » et la « justice » de la curie papale. Et, c'est en vain que Pie XI nous parle de péchés.

Car, il n'y a dans l'histoire pas « d'histoire » plus pécheresse que « l'histoire » des honorables pâtres de Rome. A ce sujet, vous ne demandez pas justice : mais à vous, accusateur public, on rendra cent fois justice.

Commençons par quelques dogmes généraux de la théorie papale. Du point de vue de l'honnêteté, il y en a une qui est vraiment charmante : la doctrine du « trésor des bonnes œuvres » de Jésus-Christ et de ses saints. Le Christ et les saints ont accumulé une foule de bonnes œuvres, un trésor dont la clé est aux mains du pape. Le pape possède donc un compte-courant : il estime la somme totale des « bonnes œuvres » en or, et lui oppose les péchés du troupeau, estimés également en or mais munis du signe moins. Si le pécheur veut annuler ses péchés, il paye au pape une indemnité de tant ou tant de pièces d'or. A ce prix, le pape lui livre une quantité correspondante de « bonnes œuvres du trésor » capable d'annuler les péchés du criminel.

Cette transaction commerciale, où les bonnes œuvres de Jésus-Christ sont pesées sur la balance de l'usurier avide et où le pape joue le rôle d'un commerçant entreprenant en bonnes œuvres, est la méthode largement pratiquée des indulgences, des documents accordant la rémission des péchés. Les vendeurs et les agents du pape ont fait le commerce de ces documents. Des comptoirs centraux et locaux, des commis-voyageurs, un commerce odieux, des indulgences de deuxième qualité, des indulgences fausses, l'agiotage, n'est-ce pas là le plus repoussant des spectacle, et n'est-ce pas là une œuvre des mains sales du pape ? Les bonnes œuvres du Christ furent vendues. Les riches se rachetèrent de leurs péchés. Les archevêchés furent vendus, et on alla jusqu'à vendre les « secrets », jusqu'au plus mystique, jusqu'au « plus saint », du culte chrétien.

Ignorez-vous, ô très saint, l'institution de « l'oblatio », cette indemnité sans laquelle le croyant ne pouvait pas recevoir pendant un certain temps la sainte-communion ? Ne connaissez-vous pas l'expression de Pierre Cantor, que les curés sont pires que Judas Iscariote qui a vendu le corps de Jésus-Christ pour 30 deniers, alors que les curés « le vendent 30 fois par jour pour un seul denier » ? Auriez-vous oublié la simonie (trafic des choses saintes), auriez-vous oublié le népotisme en vertu duquel les papes nommaient évêques leurs parents et leurs pages, cette crème des rues, pour la seule raison que ces gens étaient l'objet de leurs viles envies ?

Ignorez-vous que précisément la Rome papale fut l'un des foyers principaux de la prostitution, et que, par exemple, la statistique de l'année 1400 indique que sur 100.000 habitants il y avait environ 7.000 « filles publiques » ! N'est-ce pas à Avignon, à la cour des Papes, qu'est née la courtisane, ce type de prostituée élue des cours ? Ne disait-on pas de la cour papale d'Avignon, qu'il y existait « des académies de dames généreuses » des « dames » dont les noms de famille sont connus des historiens ? Ne connaissez- vous pas les cocottes vénales qui satisfaisaient les besoins raffinés des papes Sixte IV, Alexandre VI et Léon X ? N'est-ce pas le saint-père Paul II (1464 à 1471) qui a introduit les bacchanales dans les us et coutumes de la cour papale ? N'avez-vous pas encore entendu quelque chose du fameux carnaval du Latran organisé par le pape Léon X, le 11 avril 1513, dont une seule journée revenait 100.000 ducats, et où toutes les jouissances, tous les artifices, tous les vices, toute la sensualité, tout le luxe furent mis à la disposition du saint (Ha ! Ha ! Ha !) prince de l'Eglise (Voir Sombart : Luxe et capitalisme).

A-t-on réfuté les vers enflammés du contemporain, de l'humaniste bien connu, Ulbrich de Hutten, son livre Vadiscus ou la Trinité romaine :

« Vadiscus ajouta : ce sont trois choses qu'on rencontre souvent à Rome, les jouissances sensuelles, les habits pompeux et l'orgueil.

Ernhold : Oui, tout cela y est en vogue, mais à Rome, on ne s'adonne pas seulement aux plaisirs charnels, on s'attache aussi à les rendre variés et l'on invente même des façons étranges, voire monstrueuses de la jouissance, de sorte que les orgies de l'antiquité ne sont rien en comparaison. En tout cas, on méprise, vraiment par principe, les simples joies sensuelles qui s'accordent avec la nature, en les qualifiant de grossières, à la mode paysanne. C'est pourquoi, à Rome, les jouissances sont d'une nature telle que nous avons honte d’en parler.

«...Vadiscus parle : C'est pourquoi aussi, trois choses existent en surabondance à Rome : antiquités, poison et ruine. A quoi j'ai ajouté (c'est-à-dire Hutten. N.B.) : Trois choses ont été bannies de là : la simplicité, la modération et l'innocence. Enfin, il y a les triades : A Rome, on fait le commerce avec trois choses : avec le Christ, avec les lieux sacrés et avec les femmes... A Rome, trois choses sont particulièrement appréciées : la beauté des femmes, les chevaux magnifiques et les documents du pape. »

Et plus loin :

« Hutten : Trois choses préoccupent les oisifs de Rome : flâner, faire des cochonneries et se saouler.

Ernhold : Oui, là on ne fait pas autre chose, car ceux qui semblent ne pas être oisifs, trompent, mentent, parjurent, trahissent, pillent, volent, séduisent et commettent l'adultère, en réfléchissant, en écrivant, en flattant, en briguant, en implorant. »

Voici encore ce qu'il dit sur les papes eux-mêmes :

S'ils (les papes N.B.) tuent les âmes, de quel droit s'appellent-ils encore les successeurs de Jésus-Christ ? En quoi consiste la similitude de leurs institutions ? Jésus a dit jadis, tourné vers Pierre : « Garde mes brebis ». Mais que font les papes ? Ne conduisent-ils pas les chrétiens, dépouillés par la spoliation papale, à la famine, n'écorchent-ils pas en permanence et ne coupent-ils pas continuellement, lors de la tonte dans la chair de leur troupeau ? »

Enfin, une caractéristique générale de l'Eglise papale :

« Nul doute que l'Eglise se compose de voleurs, d'hypocrites, de mystificateurs, de notaires, d'évêques qui se sont rendus coupables de la simonie, de vils adulateurs du souverain pontife à Rome, et, au surplus, exclusivement de gens pareils... C'est pourquoi, ils (les papes. N.B.) ne renoncent pas, tel Pierre, au pouvoir temporel, mais font les guerres par mer et par terre pour des empires et le pouvoir, excitent les sujets contre leurs maîtres, versent du sang et instillent le poison. »

Telle est la figure véritable, réelle, du saint-siège. Mais ce tableau n'épuise nullement toute la physionomie morale et politique du pape.

Les papes furent avant tout des conquérants avides et sanglants, qui ne répugnaient devant aucun moyen pour étrangler leurs ennemis et ceux qui n'étaient qu'à moitié leurs amis. L'Histoire de la papauté est l'histoire de guerres interminables, de conspirations, de faux diplomatiques, de trahisons et de félonies, d'assassinats secrets et de brigandages innombrables. Ce baron, prince, empereur féodal aspirait à arrondir de plus en plus ses terres et les « mots d'ordre sacrés » de la lutte pour le christianisme, de la lutte contre les hérétiques, de la lutte pour la vérité, etc…., ne furent qu'un paravent ignoble de buts très terre à terre. Les prétentions grandissantes des papes, le processus de croissance de leurs tentacules fut accompagné de la création simultanée de nouvelles théories qui, « de la manière la plus chrétienne » confirmèrent l'expansionnisme de plus en plus rapace du pouvoir du souverain pontife de Rome.

La lutte contre l'hérésie fut accompagnée de confiscations au profit du pape. La lutte contre les « ennemis de l'Eglise » arrondissait d'une manière continue les possessions du pape. La lutte contre les princes en révolte contre l'avidité insatiable du saint-siège agrandissait, en cas de victoires, les possessions territoriales du pape. La lutte pour la « terre sainte », la lutte pour la conquête des colonies (sous le mot d'ordre de la lutte pour le christianisme) élargissaient le domaine fiscal du pape et tout cela était basé sur la doctrine de la position particulièrement privilégiée du saint-père à Rome. Pillages, guerres, spoliations devinrent pour eux le monde lucratif béni de Dieu, ce qui était d'autant plus facile que les clés du trésor où est enfermé cette bénédiction, se trouvent précisément aux mains du saint-père.

Déjà Grégoire VII (1073 à 1085) établit la thèse selon laquelle le pape est le maître du monde entier et il mit cette thèse en pratique en obligeant Henri IV, par une excommunication préalable, de venir faire amende honorable à Canossa. Innocent III (1198 à 1216) concrétisait la thèse de Grégoire VII, en exprimant l’expansionnisme du pape dans la formule : les maîtres temporels ne sont que les seigneurs féodaux du pape, alors que le Pape, s'il n'est pas au-dessus de notre seigneur Jésus-Christ, est en tout cas au-dessus du genre humain. Boniface VIII déclara que le pape devait tenir dans ses mains, non seulement le glaive spirituel, mais aussi le glaive temporel, c'est-à-dire qu'il érigea en « principe » la méthode de la guerre comme méthode de l'intervention chrétienne.

Si le pape Innocent III avait affirmé que l'élection de l'empereur devait dépendre « en principe et définitivement » de la curie romaine, le pape fut placé au-dessus de tous les conciles généraux par le concile de Trente (1563) et, le 19 juillet 1870, à la: veille de la Commune de Paris, au seuil du xxe siècle, au moment de la marche triomphante des sciences naturelles, fut établi le dogme de infaillibilité du pape !!! Ce « dogme » fut accepté à un moment où les tentacules du pape avaient déjà été raccourcies des trois quarts, néanmoins, les velléités rapaces de ces vieillards sont caractéristiques !

Il faut qu'on le rappelle: Eux, les oints du seigneur et de la paix, se métamorphosent en bêtes fauves, aussitôt que la situation historique leur permet d'allonger leurs griffes. L'archevêque Pierre de Blois (XIIIe siècle dépeignait les juges épiscopaux comme des « vipères qui dépassent par leur férocité les serpents et les basilics ». Hildebert du Mans (Voir Lee) déclarait à propos des souverains pontifes :

« Ils ont la compréhension d'une pierre, le jugement d'une poutre, ils sont inflammables comme le feu, rusés comme un renard, fiers comme un taureau et voraces comme un minotaure ».

Les papes avides, extrêmement épris du pouvoir et de la gloire, menaient des guerres incessantes non pas seulement centre les ennemis extérieurs et non pas seulement contre les hérétiques, mais aussi contre leurs propres vassaux, les archevêques. Bien plus, il y eut dans l'histoire des périodes où il exista simultanément plusieurs papes qui se combattaient réciproquement par le fer et le feu et avec le plus grand acharnement C'est ainsi, par exemple, qu'à la fin du XIVe siècle, un saint-père fut élu à Rome (Urbain IV), alors qu'un autre résidait à Avignon (Clément VI). Par la suite, l'institution du seul représentant de Saint-Pierre vécut pendant un bon moment à l'état de scission. En 1409, le concile de Pise révoqua les deux papes (Grégoire XIII et Benedice XIII et élut un troisième (Alexandre V) dont le successeur devint Jean XXIII. Le concile de Constance révoqua les trois papes et élut Martin V. Ces querelles odieuses et marchandages monstrueux derrière les coulisses, aboutirent même à ce qu'un beau jour une femme rusée devint pape.

Parmi les papes, il n'y avait pas seulement de simples criminels. Il y avait parmi eux de véritables maîtres dans l'art des trafics sanglants les plus répugnants, des virtuoses de l'assassinat insidieux, des virtuoses de la félonie et du crime. Sixte IV (1471 à 1484) trompa ses alliés, participa aux assassinats, fomenta des guerres, excommunia ses ennemis et les fit exécuter après les avoir poursuivis d'une fureur sauvage. Sous le règne de son successeur, Alexandre IV et, plus tard, César Borgia, fils d'Alexandre, terrorisa tout le monde. Il fut, comme l'écrit l'historien de la papauté, Ranke :

« sensuel et absolument éclaboussé de sang. Rome tremblait en entendant son nom. César Borgia avait toujours besoin d'argent et avait beaucoup d'ennemis. Presque chaque nuit, on trouvait à Rome des assassinés. On avait peur de sortir; pas un homme qui n'ait tremblé de crainte d'y passer à son tour. Quiconque ne pouvait être liquidé de force était empoisonné. Lors de chaque cas de mort franchement violente, on supposait immédiatement que le pape avait la main dans l'empoisonnement. »

César Borgia tua son frère et jeta son cadavre dans le Tibre. Il assassina son beau-frère. Il tua le chéri de son père qui, s'étant caché dans le manteau de celui-ci, fut déchiqueté par lui devant les yeux d'Alexandre. Pas un crime où César Borgia n'ait battu tous les records.

Et une telle brute, un tel monstre, qui aurait mérité d'être enfermé dans une cage de fer et promené comme une bête fauve devant les yeux du monde entier, fait partie des glorieux prédécesseurs de Pie XI[2] !

Des débauchés, des dégénérés et des sensuels, des assassins sadiques à la César Borgia, des intrigants épris de pouvoir du type de Sixte VI, des noceurs raffinés pour lesquels l'assassinat et le pillage n'étaient qu'un tremplin pour arriver à un luxe inouï monté d'après les caprices les plus fantaisistes d'un Léon X, tels sont ceux qui ont déterminé la physionomie morale (« morale ! ») de la papauté ! et voilà que l'honorable Pie XI vient nous enseigner la morale, qu'il intervient comme défenseur de la moralité piétinée par les bolcheviks !

Oui, nous piétinons la « moralité » des papes. Notre Jeunesse, et avant tout ses détachements prolétariens, fera tout son possible pour que la terre ne produise plus jamais et nulle part, des monstres aussi vénéneux que les Sixte, Léon, César et Alexandre. La « moralité » des sadiques, la « moralité » de ces sauvages étrangleurs, la « moralité » des inquisiteurs, la « moralité » des jésuites, la « moralité » des érotomanes qui ont déifié la « vierge Marie », la « moralité » des casuistes huileux, des usuriers avides, oh ! qu'elle soit trois fois maudite, « cette moralité ».

C'est la « moralité » d'esclavagistes qui sont devenus des satans, de « mercantis enragés » qui ne répugnent devant rien s'il s'agit de défendre « leurs » biens (volés), de défendre le vieux monde qui sue sang et boue par tous les pores, de s'attaquer au nouveau de quelque nature qu'il soit, de dépouiller les subjugués, de persécuter et de s'acharner inhumainement sur les forces vives de l'humanité.

Messieurs les papes ont joué un grand jeu, un jeu à l'échelle mondiale ! Leurs agents, leurs pères jésuites, leurs missionnaires, leurs ambassadeurs ont mis le nez partout : ils ont accompagné les campagnes de brigandage des pillards espagnols et portugais en Amérique et aux Indes; ils se sont rendus en Afrique et en Chine et ont préparé l'esclavage des colonies; ils se sont servis de toutes les méthodes; ils ont pris la part la plus directe aux massacres; ils ont brûlé et massacré des villages entiers de « païens » ; ils se sont fait passer eux-mêmes comme des « mi-païens » (par exemple comme brahmanes aux Indes) pour gagner la confiance des mécréants (la querelle dite des « coutumes chinoises » et « malabares »), ils ont menti et simulé, ils ont organisé des croisades et des expéditions commerciales de brigandages en récoltant la haine des indigènes et la syphilis qui a fait pourrir, en premier lieu, quelques générations de papes.

Dans les vieux écrits de Balthasar Sprenger, l'agent de la vieille maison commerciale mondiale « Welzer » d'Augsbourg, qui participa à l'expédition du Portugais Almeida (1505), nous trouvons une description colorée du rôle et de la fonction du christianisme papal :

« Le 13 août, nous sommes arrivés au port de Monbassa... Le peuple de ce pays nous était hostile... Mais, avec l'aide du Christ, Notre-Seigneur..., nous les avons expulsés du fort et chassés dans la ville même... Grâce à l'indulgence de Dieu. beaucoup de païens tombèrent, alors que, de notre côté, il n'y eut seulement que deux tués... Après avoir établi notre ordre dans la ville et nous être préparés au pillage, nous avons posté tout d'abord une sentinelle et puis le pillage commença. Nous trouvâmes une telle quantité de richesses, qu'on ne peut tout énumérer. Gloire, honneur et adoration éternelle à Dieu ! Lors de la prise de la ville, il y avait en tout dix navires... Mais le onzième arriva plus tard, dans un état lamentable. Ce bateau s'appelait Raphaël. Les commerçants allemands avaient en tout trois navires : Saint-Jérôme, Saint-Raphaël et Saint-Léonard et tous ont participé à tous les combats et expéditions. » (Souligné par moi, N. B.)

Voici encore un autre extrait de l'écrit de Hans Mayr, rédigé en portugais, .décrivant une bataille avec les Maures :

« Les portails étaient fermés ; nous les avons ouverts de force, mais toute la cour était déserte... Toute la ville fut occupée sans aucune résistance... Les franciscains érigèrent une croix et l'amiral se logea dans la maison à côté de la croix. Tout l'équipage se mit au pillage des marchandises et stocks de cette ville. »

La mer de sang qu'ont fait verser les « archi-doux » saint-pères de Rome est immense. Le pape voudrait maintenant sertir dans sa tiare une nouvelle pierre multicolore et, à cet effet, il fait sonner le ralliement pour une nouvelle croisade. Mais c'est en vain qu'il pousse ses hurlements sur la morale, la morale-des papes étant monstrueuse. C'est en vain qu'il appelle au secours de la science, les papes étant les ennemis jurés de la science. C'est en vain qu'il pousse ses hurlements sur les « peuples », les papes étant les bourreaux des peuples.

Au seuil du XXe siècle, un des prédécesseurs les plus proches du pape actuel, Pie IX, dans sa fameuse encyclique de décembre 1864 contre les « flirts de ce siècle ». lança ses foudres et éclairs contre le fait que la raison était placée au-dessus de la révélation, condamna l'opinion que la volonté du peuple est la loi suprême, confirma que les personnes se trouvant en dehors du troupeau gardé par le pape ne peuvent espérer aucun « salut », condamna toute démocratie, se révéla comme un tel obscurantiste, comme un tel apôtre de l'ignorance, comme un tel membre des cent-noirs, comme un tel réactionnaire, comme un tel bourreau de la pensée, que même un Thiers exprima ses regrets sur cette encyclique dans son « Discours sur la question romaine ».

Et voilà qu'aujourd'hui un autre Pie ose intervenir pour la protection de la science ! Les tas de cadavres que vous avez sur votre conscience, vous, messieurs les papes, vous semblent probablement encore trop petits ! Vos déclarations « d'infaillibilité », vos encycliques, vos bulles, dans lesquelles vous vous dressez contre « l'orgueil de la raison », pour la « révélation », c'est-à-dire pour les anciennes fables et pour les mythes de l'antiquité, perfectionnés et complétés par les- faussaires de la clientèle papale, vous sont encore peut-être trop peu ! Nous serons contre vous, pour la science, pour le tableau de multiplication, contre le dogme de la trinité, pour la chimie, contre le dogme du secret de la Sainte-Cène, pour la biologie, contre le mythe de l'immaculée conception, pour le darwinisme, contre l'histoire stupide de la création d'Eve d'une côte d'Adam, pour la reconnaissance de votre culpabilité, pour la vérité, contre l'imposture papale, pour la classe ouvrière du monde entier, contre l'esclavage capitaliste ; contre les défenseurs de l'esclavage, les papes.

Vos menaces sont de vains aboiements. La ligne d'évolution de l'histoire mondiale est de notre côté.

Le fait que Pie XI a freiné jadis ses passions antibolchévistes est extraordinairement caractéristique. Le mystère de ce fait fut ébruité tout récemment par le mouchard « civilisé » de l'état-major allemand, par l'éminent journaliste et collaborateur permanent du Berliner Tageblatt, Monsieur Paul Scheffer. Voici ce qu'il écrit dans le Berliner Tageblatt, numéro 76 du 14 février 1930 :

« La forme de l'Eglise orthodoxe fut brisée par la révolution de 1917. Apres une séparation millénaire, le moment de l'unification des deux grandes communes chrétiennes semblait être venu, l'une se trouvant être apparemment sans direction !... L'espoir que l'unification deviendrait possible dans l'Etat soviétique, doit être considéré comme motif capital pour l'attitude tolérante et tenacement patiente de Pie XI vis-à-vis du régime bolchéviste. Cet espoir est maintenant définitivement enterré, du moins tant que durera l'Etat soviétique. »

D'où, l'attaque du pape.

Mais il ne s'agit pas seulement de cela.

Le pouvoir papal a passé par beaucoup de phases au cours de son développement Ce pouvoir, qui fut un organisme féodal, s'est intégré au capital commercial et fut lié ensuite, par une amitié des plus étroites, avec les plus grandes firmes commerciales du monde, du type de la fameuse firme des « Fugger ». Il prit directement part aux campagnes de brigandage commerciales, coloniales. La soutane catholique accompagna, avec la croix catholique, les sabreurs et massacreurs prêts à tout dans les expéditions de piraterie et d'aventures sanglantes du capital commercial. Il intervint contre la révolution française et contre ses échos, mais Napoléon Bonaparte, qui se moquait royalement de Dieu, régla le-compte au pape Pie VII. Il le fit prisonnier et l'obligea à signer les concordats qui mirent tout sens-dessus-dessous. Le gouvernement français se moquait alors des papes et nommait lui-même les évêques.

Les vicissitudes du processus historique ont plus d'une fois influencé la destinée des papes. Plus d'une fois, mal leur en prit. C'est ainsi qu'en 1848, le pape Pie IX se sauva honteusement de ses palabres divines. Mais, après l'époque des révolutions, il rentra dans ses pénates et le saint-siège devint de nouveau un des piliers de la réaction dans toute l'Europe.

Avec la croissance du mouvement ouvrier, le pape déploya ouvertement le drapeau de la lutte contre le socialisme et contre le communisme. Déjà, en 1846, Pie IX, dans son encyclique « Qui pluribus », s'acharna sur les communistes et s'attaqua en même temps à d'autres « sociétés secrètes ». Dans l'encyclique « Quanta Cura », de 1864, le pape déclara une fois de plus la guerre au communisme, et dans ce que l’on appelle le « syllabus », il le maudit comme la peste. Dans l'encyclique du 28 décembre 1878, consacrée tout particulièrement à la « dégénérescence de notre temps », Léon XIII se dresse violemment contre le « socialisme, le communisme et le nihilisme » en intervenant par tous les moyens en faveur de la sacro-sainte propriété des capitalistes et des propriétaires fonciers. La papauté est donc l'une des principales forces que la bourgeoisie mobilise contre le prolétariat.

Ces derniers temps, l'organisation de l'Eglise catholique s'est intégrée aux organisations du capital financier. Depuis longtemps, les papes possèdent des Banques de la grande propriété foncière, des entreprises industrielles. Maintenant, même dans l'Allemagne protestante, l'industrie lourde et les banques ont établi la liaison la plus étroite avec le Vatican. En Italie même, la papauté est un très grand actionnaire des Banques et entretient, en secret, de nombreuses entreprises, parmi lesquelles des cinémas.

Le Vatican sait ce qu'il fait. Jadis, il s'était opposé par tous les moyens à l'unification nationale de l'Italie et avait fait directement la guerre aux troupes nationales révolutionnaires de Garibaldi. Maintenant, il forme un bloc avec Mussolini qui, pour le salut de la contre-révolution nationale, traite la classe ouvrière en bête de somme et veut la forcer dans une étable bien mal entretenue. L'alliance de la clique fasciste, de cette contre-révolution réactionnaire, agressive, archiantiouvrière, guerrière, avec le Vatican, est un symbole magnifique illustrant à merveille que le souverain pontife, premier stratège de l'Eglise catholique, est devenu maintenant l'un des fomenteurs principaux de la contre-révolution internationale.

Le pavillon du pape est le drapeau de la contre-révolution capitaliste, le drapeau de l'assujettissement de la classe ouvrière et des pauvres de tous les pays, le drapeau de la guerre contre les ouvriers et paysans de l'Union soviétique, le drapeau de nouvelles luttes sanglantes au nom du capital.

Les peuples de l'Union soviétique sont en train, de remanier de fond en comble la sixième partie du globe. Ils ont déployé d'une main hardie le drapeau des grands travaux, de la grande refonte du pays des soviets. Ils sont fermement décidés de rénover, avec le prolétariat et sous la direction de son parti, la technique et l'économie, les formes de vie et la science, de créer une nouvelle vie pleine de lumière. Ils ont secoué les grands propriétaires terriens et les capitalistes. Ils ont maîtrisé la peste et la famine. Ils mènent une campagne contre les anciennes formes de l'économie, créent une nouvelle industrie socialiste et transforment de fond en comble les rouages du village. Ils terrassent les préjugés séculaires et sortent des noires cellules de la superstition, de la croyance en les magiciens et sorcières, sur la large route de l'édification d'une nouvelle société socialiste où il n'y aura ni capitaliste, ni exploitation, ni pape, ni pope.

Or, c'est précisément là la raison pour laquelle les curés s'arment pour une nouvelle croisade, pourquoi tout le camp des esclavagistes et des voyous, des spéculateurs et des mercantis au pouvoir est en émoi.

Mais c'est aussi précisément pour cette raison que se dresse, face à l’armée du capital et de ses jésuites papistes, la grande armée des ouvriers de tous les pays, l'armée internationale des défenseurs de l'Union soviétique. Et c'est précisément pourquoi aussi, qu'à l'appel réactionnaire du pape et de ses archevêques pour là campagne contre l'Union soviétique, les ouvriers de tous les pays opposeront l'appel révolutionnaire : A bas le capitalisme ! A bas le pape et tous ses archevêques !

  1. Erreur de Boukharine. Le concile de Narbonne eut lieu en 1227. (note de la MIA)
  2. Boukharine semble indiquer que César Borgia fut pape, mais il ne le fut jamais. (note de la MIA)