Le Droit d’asile totalitaire

De Marxists-fr
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La fonction de la revue Futuro est de démontrer à ses lecteurs que Lombardo Toledano n’a ni programme ni idées. Elle assume pleinement sa tâche. Dans son numéro de septembre, Futuro assure qu’en « principe », Lombardo Toledano est partisan du « droit d’asile », mais qu’il ne considère pas que ce droit puisse être accordé à ceux pour lesquels Lombardo Toledano n’a aucun sentiment de tendresse personnelle ou politique. Telles sont les idées sur la démocratie de ces gens-là. Par « liberté de la presse », ils entendent le droit de la presse, ou plutôt son devoir de chanter les louanges de Toledano et de son patron Staline. Par le droit d’asile, ils entendent le droit pour les agents du G.P.U. d’entrer au Mexique. Une fois de plus, Lombardo révèle sa solidarité fondamentale avec Hitler, lequel, non seulement reconnaît, mais même applique très largement le droit d’asile pour les fascistes qui se sont enfuis hier d’Autriche et qui fuient aujourd’hui de Tchécoslovaquie ou des États-Unis Toledano s’est rapproché des idéaux de Hitler à travers son patron Staline. La révolution d’Octobre a proclamé le droit d’asile pour tous les combattants révolutionnaires. Staline, aujourd’hui, les extermine par dizaines de milliers — Allemands, Hongrois, Bulgares, Polonais, Finnois, etc. —, seulement parce que leurs idées ne coïncident pas avec les intérêts de la clique bonapartiste régnante. Toledano n’est pas encore le patron au Mexique. Il ne peut pas, comme son professeur et maître, fusiller ou empoisonner des émigrés sans défense. Il lui reste à sa disposition la calomnie et la persécution, et il les utilise tant qu’il le peut.

Toledano va, bien entendu, répéter une fois de plus que nous sommes en train d’« attaquer » la C.T.M. Aucun ouvrier raisonnable ne croira ce ragot. La C.T.M., en tant qu’organisation de masse, a tous les droits à notre respect et à notre soutien. Mais, de même qu’un État démocratique ne peut pas à tout instant être identifié à celui qui est son ministre à un moment donné, de même on ne peut identifier une organisation syndicale à son secrétaire. Toledano a sur ces questions le point de vue totalitaire. « L’État, c’est moi ! », disait Louis XIV. « L’Allemagne, c’est moi! » dit Hitler. « L’U.R.S.S., c’est moi! » affirme Staline. «La. C.T.M., c’est moi!» proclame l’incomparable Toledano. Si ce cynique individu venait au pouvoir, il pourrait devenir le pire des tyrans totalitaires pour les ouvriers et les paysans mexicains. Heureusement son insignifiance personnelle constitue une sérieuse garantie contre ce danger.