La vente des archives. Lettre à Leon Despres, 13 juin 1938

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Cher Camarade Despres[1] ,

Il y a deux mois, j'ai reçu un manuscrit du professeur Louis Gottschalk[2] , de Chicago, contenant une analyse de mon Histoire de la Révolution russe . L a critique est écrite dans un esprit d'animosité et avec un tel manque d'objectivité que j'ai supposé que l'auteur était ou un fasciste allemand ou un ami du G.P.U. Il serait très facile de démontrer que l'homme connaît différents textes concernant la révolution française, mais qu'il est tout à fait aveugle devant les processus internes de la révolution. Mais je n'ai pas de temps pour un tel travail et ne suis pas certain que l'homme est digne d'attention. En même temps, j'ai entendu dire qu'il est intéressé à l'achat d'une partie de mes archives pour l'Université et qu'il viendra bientôt au Mexique et entrera peut-être en rapports avec moi dans ce but.

Je vous serais infiniment reconnaissant si vous pouviez me donner toute l'information sur M. Gottschalk qui m'a été présenté comme un ami à vous. Est‑ce vrai ? Je me souviens que vous avez cité un ami professeur de l'Université de Chicago qui vous avait donné une impression tout à fait contraire de mon histoire. J'espère que ce n'est pas le même homme[3] .

Gottschalk est‑il en relations avec les staliniens ? Son intérêt pour mes archives n'aurait‑il un caractère particulier ? Donnez‑moi, je vous prie, toutes les informations que vous avez.

  1. Leon Mathis Despres (né en 1907) était un avocat de Chicago, ami d'Albert Glotzer, qui avait rendu visite à Trotsky à Coyoacán.
  2. Louis R. Gottschalk (1899‑1975), un fils d'émigrés russes, avait fait de brillantes études d'histoire et était devenu le spécialiste nord‑américain de la Révolution française. Il enseignait à Chicago depuis 1928.
  3. C'était bien de Gottschalk qu'il s'agissait, mais Trotsky prenait pour des signes d'une hostilité d' « agent » l'agressivité « normale » d'un universitaire chargé d'une critique.