La situation internationale (Boukharine)

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(Extrait du discours de N. BOUKHARINE à la XXIVe Conférence de la région de Léninegrad du PC de l’URSS)

En quoi consiste la particularité, l’originalité de la situation internationale actuelle ? Personne n’ignore que, dans le P. C. de l’U. R. S. S., de grandes discussions viennent d’avoir lieu sur la stabilisation capitaliste. Tout le monde sait également que jusqu’à la dernière session du Comité Exécutif Elargi de l’I. C., les questions de la stabilisation ont été posées et tranchées d’une façon tout à fait primitive. On parla d’une stabilisation du capitalisme, en général. Cependant; l’originalité de la situation internationale actuelle — ceci s’est manifesté d’une façon particulièrement nette au cours de ces derniers temps — consiste précisément en ce que le monde entier, l’ensemble de l’économie mondiale, est divisé en trois grands secteurs. Les processus qui se déroulent dans chacun de ces trois grands secteurs de l’économie mondiale, c’est-à-dire les tendances de leur développement, sont si particulières, diffèrent tellement les unes des autres et sont tellement contradictoires qu’il serait tout à fait faux de poser la question d’une façon uniforme. Ces trois grands secteurs sont : le monde impérialiste, l’Orient en réveil et l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques.

Dans l’Union Soviétique, nous avons des succès incontestables dans l’œuvre d’édification socialiste et de consolidation de la dictature du prolétariat.

En Orient, en première ligne en Chine, nous voyons le processus de la guerre civile, qui, tel un bélier puissant, réduit en poudre la chaîne de la stabilisation capitaliste. La révolution chinoise est, sans conteste, une partie du processus révolutionnaire international qui se développe dans ce secteur oriental du globe, dans cette concentration formidable de l’humanité qu’est le peuple chinois.

Le troisième et le plus grand « secteur » comprend le reste du monde, les puissances impérialistes. Il serait faux de nier les symptômes indubitables de la stabilisation dans ce secteur impérialiste. Il faudra différencier notre caractérisation des différents capitalismes nationaux, distinguer de la façon la plus nette entre la situation, les tendances d’évolution et les possibilités de stabilisation des différents Etats capitalistes. Le trait caractéristique et original du développement international dans l’étape actuelle est la polarisation des rapports et ceci même à l’intérieur du secteur impérialiste. Si, par exemple, nous voyons d’un côté, comme forteresse principale du capitalisme actuel, les Etats-Unis d’Amérique, nous remarquons à l’autre pôle du monde impérialiste la Grande-Bretagne, qui présente des symptômes de décomposition, de déclin du capitalisme.

Deux blocs[modifier le wikicode]

Il existe entre les trois « grands » secteurs de l’économie mondiale certaines relations. Il y a là, avant tout, une tendance à fait manifeste inhérente à la nature des choses, la tendance vers un bloc anti-impérialiste formé par l’Union Soviétique et la révolution chinoise. Comme contrepoids à ce bloc anti-impérialiste, nous pouvons constater une autre tendance, également inhérente à la nature des choses, qui vise à la création d’un bloc des Etats capitalistes dirigé contre nous, une tendance qui, de-ci de-là, s’entrechoque avec la nécessité des Etats capitalistes dé commercer avec nous. Si nous opposons ces deux tendances, c’est-à-dire le rapprochement de plus en plus grand de l’Orient avec l’Union Soviétique et la tendance vers le bloc entre Etats capitalistes dont la pointe se dirige avant tout contre l’Union Soviétique, l’avant-garde de la révolution internationale, il semble que, dans le stade actuel de développement, dans la période historique actuelle, la première tendance soit la plus forte, c’est-à-dire qu’il y a entre nous et la révolution chinoise — du moins dans l’état actuel de son évolution — moins de frottements qu’il n’en existe dans les rapports entre nos ennemis capitalistes.

Les perspectives de la révolution chinoise[modifier le wikicode]

Le mouvement révolutionnaire se développe depuis longtemps en Chine, mais ce qui est essentiellement nouveau et original, c’est que, en ce moment, la révolution chinoise possède déjà un centre organisé en pouvoir d’Etat. Ce fait a une portée immense. La révolution chinoise a déjà dépassé cette étape de l’évolution où les masses populaires luttent contre le régime dominant. L’étape actuelle de la révolution chinoise est caractérisée par le fait que les forces de la révolution sont déjà organisées en pouvoir d’Etat ayant une armée régulière, disciplinée et inspirant du respect aux ennemis impérialistes. L’avance des armées, leurs victoires brillantes, le refoulement systématique de l’impérialisme par les troupes cantonaises sont une forme spéciale du processus révolutionnaire.

Nous pouvons dire que le processus de la révolution internationale est un fait, en dépit de tous les bavardages idiots des perroquets social-réformistes, que ce processus possède déjà deux grands centres organisés en pouvoir d’Etat. Le premier centre est la dictature prolétarienne dans l’Union Soviétique; le deuxième est le fait que la révolution progresse en Chine et qu’elle s’appuie sur un appareil d’Etat. Il s’opère donc ici une

-cristallisation et une radicalisation ultérieure du pouvoir et son extension sur des territoires de plus en plus grands.

Bien que je ne veuille pas m’arrêter longtemps aux perspectives de la révolution chinoise, je voudrais cependant souligner que la révolution chinoise ne s’est pas encore épuisée. Ce processus ne se limite point et ne peut, d’ailleurs, pas se limiter au « niveau » de développement actuel, à ce rassemblement de classes tel qu’il existe actuellement en Chine. Le pouvoir actuel de la lutte révolutionnaire relève d’un large bloc composé de différentes classes. Au sein de ce bloc, la bourgeoisie commerciale et industrielle joue, pour le moment, un rôle encore assez considérable. Cette bourgeoisie s’éloignera inévitablement de la révolution au fur et à mesure que, dans la grande arène de la révolution, le peuple chinois — la paysannerie, la petite-bourgeoisie et le prolétariat — se relèvera avec une force et une puissance de plus en plus grandes.

Le prolétariat chinois, dont le rôle est déjà formidable en ce moment, dans le mouvement national-révolutionnaire actuel, s’efforce et s’efforcera encore davantage de prendre la direction, l’hégémonie dans la révolution chinoise.

De même qu’un regroupement des forces de classe est inévitable au cours du développement ultérieur de la révolution chinoise, qu’un déplacement des forces au sein du gouvernement, de l’armée est inévitable, de même des antagonismes vont mûrir au sein du Kuomintang, dans ce parti à structure si particulière où, politiquement, sont rassemblées différences classes. Il va de soi que tout ce processus ne s’opérera pas sans friction, sans certaines collisions; cependant, nous considérons l’avenir de la révolution chinoise avec optimisme, pleins d’espoir et de confiance. Nous sommes en présence d’un tel réservoir d’énergies révolutionnaires que la victoire finale du drapeau rouge nous apparaît déjà plus ou moins évidente sur ce secteur du front de bataille. D’autre part, il est non moins évident que le regroupement des forces de classe de la révolution chinoise qui se déroule déjà maintenant et qui continuera à se développer — si la courbe de la révolution monte — rapprochera cette partie immense du globe terrestre, ce massif de 400 millions de l’humanité actuelle, de nous autres et constituera un. bloc avec le pays de la dictature du prolétariat.

La révolution internationale — une époque de l’histoire de l’humanité[modifier le wikicode]

II. résulte déjà des considérations que je viens d’esquisser brièvement que la position de la question — ou bien stabilisation ou bien révolution internationale — est tout à fait primitive et erronée. Notre appréciation de la situation internationale doit être bien plus compliquée. Elle n’y fera que gagner parce qu’elle correspondra à la réalité que nous devons précisément analyser. Peut-on tirer du fait de la révolution chinoise la conclusion que la stabilisation du capitalisme n’existe pas en Allemagne ? Et inversement, peut-on dire, en considérant le fait de la stabilisation capitaliste, par exemple en Allemagne ou en France, que la révolution chinoise n’est pas un anneau de cette chaîne qu’est la révolution internationale ? Il est évident qu’une telle position de la question serait ridicule. Une révolution internationale intégrale, « chimiquement pure », instantanée n’existe que dans les brochures diffamatoires que la social-démocratie lance contre le communisme. La révolution internationale est un processus extraordinairement compliqué, varié, de longue durée. Au cours des temps passés, la question, de la révolution internationale ne fut posée que d’une façon approximative. On pouvait et il fallait donner alors une certaine formule générale « algébrique » de la révolution internationale : révolution internationale en tant que processus de la transformation révolutionnaire de l’ensemble de la société capitaliste, de tous les pays capitalistes, en une société socialiste; Cette formule reste vraie de nos jours, mais il va de soi qu’elle est tout à fait insuffisante, trop générale, qu’elle exige une concrétisation.

Actuellement, il faut, dans l’intérêt de l’action révolutionnaire pratique, déchiffrer d’une façon concrète les formes, la suite dans laquelle s’opère tout le processus de la révolution internationale. Maintenant que nous avons presque dix années de pouvoir prolétarien, que devant nos yeux se déroulent des événements d’une importance historique mondiale, une guerre impérialiste, des guerres civiles, toute une série d’événements formidables en Europe et en Extrême-Orient, dans les pays impérialistes aussi bien que dans les colonies, maintenant nous voyons très bien combien la façon de Lénine de poser la question de la révolution internationale a été justifiée.

Nous comprenons très bien combien Lénine avait raison lorsqu’il nous enseignait que la révolution internationale est un processus d’une complication extrême, que, même du point de vue de classe, ce processus est tout à fait disparate, qu’elle ne se compose nullement et exclusivement de révolutions purement prolétariennes, se déroulant dans des pays où le capitalisme a atteint son apogée — quoique les révolutions prolétariennes constituent le noyau principal du processus révolutionnaire international — mais qu’elle est le processus de la lutte qui se poursuit de tous côtés pour écraser le système impérialiste. Ce processus implique les guerres d’émancipation nationale, les insurrections coloniales, le grand mouvement révolutionnaire des pays semi-coloniaux. Aujourd’hui, il peut se manifester dans un seul pays où le capitalisme â atteint son degré de maturité; demain, il peut éclater dans un autre coin du globe, dans les colonies; après-demain, ce processus peut se révéler dans un pays relativement arriéré où le capitalisme est seulement à ses débuts, etc., etc... Le processus de la révolution internationale représente une période tout entière de l’histoire humaine.

Sur l’internationalisme et le synchronisme de la révolution[modifier le wikicode]

Révolution « internationale » ne veut pas dire qu’elle doit se faire dans les différents pays, au même moment, le même jour.

La révolution « internationale » consiste en ce que tout le monde capitaliste est empêtré dans un tel réseau de contradictions qu’il commence à craquer, qu’il est devenu fatal qu’il sera vaincu par la révolution, que les éruptions révolutionnaires se suivront les unes les autres, bien que le temps qui s’écoulera entre ces différentes éruptions puisse durer des années.

Le synchronisme de la révolution internationale, dont il fut question lorsque nous donnions la formule générale, n’est pas non plus le synchronisme d’un jour, d’une heure ou d’une année. Ce synchronisme est maintenant déchiffré comme synchronisme d’une époque, d’une grande époque historique dont le courant se cristallise d’un système de différents canaux de ce formidable processus révolutionnaire mondial qui comprend les révolutions prolétariennes victorieuses et les défaites partielles de la classe ouvrière, les révolutions en Orient aussi bien que les premières tentatives positives d’édifier le socialisme, les guerres de libération nationale et les insurrections coloniales. Ce n’est que lorsque l’humanité aura traversé tout le cycle de sa propre transformation, quand la classe ouvrière victorieuse se sera consolidée partout, que l’on pourra dire que le grand cycle historique est fermé, que la révolution internationale a couronné son œuvre.

Voilà, camarades, comment il faut caractériser la situation mondiale. Non pas : ou bien stabilisation ou bien révolution mondiale — mais : aussi bien stabilisation partielle que révolution mondiale s’opérant effectivement, minant systématiquement les forces de la stabilisation capitaliste. C’est d’une telle appréciation de la situation mondiale, d’une telle compréhension de la stabilisation et de la révolution internationale, mais aussi en même temps de notre conception sur l’édification socialiste dans un seul pays, que découle la position toute spéciale de la question de savoir quel est notre rôle dans le processus de la révolution internationale.

L’édification du socialisme dans notre pays considérée du point de vue international[modifier le wikicode]

Que résulte-t-il de la position de l’opposition sur la question de l’édification du socialisme dans notre pays et que résulte-t-il de notre position sur la question de considérer ce problème non du point de vue de notre pays, mais du point de vue de la révolution internationale ? Voyons d’un peu plus près ce qu’il en ressort, si nous nous plaçons sur le point de vue de l’opposition relatif à l’édification du socialisme dans notre pays.

L’enchaînement des conclusions de l’opposition est à peu près le suivant : nous mêmes, nous ne pouvons pas arriver seuls au socialisme, par suite de l’état technique arriéré de ; notre économie, par suite de la composition défavorable des forces intérieures. C’est pourquoi — concluent les camarades oppositionnels — nous devons en appeler aux forces de la révolution internationale. Le « véritable internationalisme » s’allie de cette façon à la proclamation de l’impossibilité, pour nos propres forces intérieures, de réaliser le socialisme.

Nous posons la question d’une toute autre façon. Nous estimons qu’à l’aide de nos propres forces, nous pouvons construire le socialisme, l’édifier jusqu’au bout, pourvu que la bourgeoisie impérialiste ne nous en empêche pas par la force des armes.

Si l’Union Soviétique possède la force intérieure d’édifier le socialisme, le rôle de l’Union Soviétique dans le processus de lutte contre l’ordre capitaliste sur l’échelle mondiale est un levier puissant, une section principale, la plus grande force organisée de la révolution internationale. Voilà ce qui découle de notre façon de poser la question.

Si nous nous plaçons, par contre, sur le point de vue de l’opposition et si nous déclarons que les forces nécessaires à la réalisation victorieuse de l’édification socialiste n’existent pas chez nous, que représente alors notre Union Soviétique dans la révolution internationale? Dans le meilleur des cas, elle n’est que le flambeau de la révolution internationale, le cri de détresse de notre prolétariat, un flambeau qui commence déjà à s’éteindre dans la fumée du « Thermidor ». Notre travail d’édification est, dans une telle position de la question, également un fait positif, mais n’existant que dans les limites extrêmement étroites. Nous appelons la révolution internationale, mais seulement en tant que flambeau qui va s’éteindre; nous reculons de plus en plus et poussons des cris de détresse désespérés. L’appel oppositionnel à la révolution internationale, au prolétariat international, est donc un cri de désespoir.

Mais est-ce que, de cette position oppositionnelle de a question, on peut tirer la conclusion que notre pays est le secteur principal, la force organisée principale de la révolution internationale ? Evidemment non. Si nous ne considérons pas de l’intérieur, de notre pays, ce qui se passe chez nous, et si nous nous supposons à la place des ouvriers de l’Europe occidentale, des ouvriers américains, chinois ou japonais et si nous acceptons pour un instant le point de vue oppositionnel, notre attitude vis-à-vis de l’Union Soviétiste doit inévitablement être assez froide. « Eh bien — nous diront les ouvriers étrangers — vous avez accompli la révolution d’octobre, c’est votre exploit héroïque, mais maintenant il a été démontré que vous manquez de forces, que vous dégénérez, qu’un « thermidor » se prépare. Vous appelez au secours, nous vous aidons un peu, mais vraiment nous, nous demandons s’il est utile de vous sauver, vous qui êtes déjà à moitié dégénérés. Il nous est, en tout cas, impossible de considérer votre pays comme le secteur principal, comme la principale force organisée de la révolution mondiale. »

Et inversement, si les ouvriers allemands, anglais, américains, chinois et japonais se sont convaincus que nos forces intérieures suffisent pour édifier l’ordre socialiste, pour battre toujours de nouveau nos ennemis intérieurs par la concurrence économique, il va de soi qu’ils seront toujours avec notre pays, levier principal d’organisation de la fermentation révolutionnaire internationale. Leur attitude vis-à-vis du pays de la dictature prolétarienne sera tout autre : les ouvriers le protégeront jusqu’à leur dernière goutte de sang, ils sacrifieront, mettront tout en jeu pour protéger ce pays dès qu’un danger le menacera.

La véritable essence de l’internationalisme[modifier le wikicode]

Ces deux appréciations sont tout à fait différentes du point de vue des relations internationales. L’opposition nous a causé les plus grands dégâts du fait qu’elle s’est efforcée de miner la foi dans l’Union Soviétique, centre organisateur de la révolution internationale. En dépit de ses paroles sur la révolution internationale, elle n’a fait que nuire à la révolution internationale en diminuant le rôle du centre révolutionnaire international.

En quoi consiste le véritable internationalisme ? Le véritable internationalisme ne consiste nullement dans les phrases « super-internationalistes », mais dans le soutien que l’on accorde au processus révolutionnaire, dans tout ce qui est capable de tremper les rangs prolétariens internationaux, dans tout ce qui consolide ce centre d’organisation de la révolution mondiale qu’est l’Union Soviétique.

Voilà pourquoi l’opposition «eut entièrement tort dans la question relative à l’I. C., voilà pourquoi son influence politique ne peut être que négative et voilà, pourquoi tous les camarades étrangers — qui peut-être ne connaissent pas tous les détails, toutes les questions compliquées de la discussion à l’intérieur de notre parti, nos index et nos « prix de revient » — se soulevèrent avec une telle énergie contre l’entrée en scène de l’opposition à notre dernière session du C. E. Elargi de l’I. C. A cette dernière session, on a entendu une série de manifestations très significatives des camarades étrangers. « Permettez — disaient à notre opposition, par exemple, les camarades chinois — vous affirmez que le P. C. de l’U. R. S. S. n’est pas internationaliste, mais nous, Chinois, savons très bien ce que l’Union Soviétique signifie pour le peuple, pour la révolution chinoise. » Les camarades anglais ont parlé de même parce qu’ils savent, par leurs propres expériences historiques, combien ils sont liés au pays des Soviets. Les camarades étrangers ne peuvent pas ne pas être emportés, s’il est permis de s’exprimer ainsi, par une véritable rage révolutionnaire, s’ils voient comment l’opposition s’efforce de miner l’importance d’organisation révolutionnaire internationale de l’Union Soviétique. Pour les camarades étrangers, •cette question primordiale est tout à fait claire, même s’ils ne connaissaient pas tous les détails, tous les chiffres, coefficients, index et autres sagesses similaires dont chacun est comblé.

Les trois secteurs de l’économie mondiale[modifier le wikicode]

Les traits principaux et originaux de la situation internationale actuelle peuvent être résumés ainsi : l’économie mondiale, se décompose actuellement en trois secteurs principaux différents : Orient, Union -Soviétique et monde capitaliste. Au sein du secteur impérialiste s’opère une polarisation particulière des rapports des forces. Il existe la tendance de former un bloc entre l’Union Soviétique et l’Orient. D’autre part, il y a la tendance de constituer un bloc entre les Etats capitalistes, bloc dirige contre nous autres, mais qui, par suite des antagonismes dans leur propre camp, est quelque peu compliqué. La révolution internationale progresse dans certaines parties du globe d’une façon extrêmement tempétueuse, ce qui n’exclut pas la stabilisation partielle dans d’autres parties du monde. La question de la stabilisation et celle de la révolution ne peuvent être posées d’une façon générale : il faut différencier la situation.

Dans le processus de la révolution internationale, notre pays joue le rôle du fondateur principal. C’est pourquoi, de quelque nature que soit le caractère opposé des tâches de l’édification socialiste dans notre pays aux tâches de la révolution internationale, elle sera toujours fausse, au fond, et elle nuira toujours et avant tout à la révolution internationale.