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La guerre et la révolution
Auteur·e(s) | Léon Trotski |
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Écriture | 22 mars 1917 |
Les États-Unis entrent en guerre à un moment où la guerre a déjà réussi à provoquer une révolution en Europe de l’Est. Cette coïncidence est très remarquable et, pourrait-on penser, n’est pas accidentel. La révolution russe prête aux événements une nouvelle force qui suscite une grande inquiétude dans les cœurs des classes dirigeantes. Aujourd’hui la Russie est dirigée par le gouvernement Octobriste-Cadet qui s’engage triomphalement dans son manifeste à respecter toutes les obligations politiques financières et internationales du tsarisme, c’est-à-dire à verser des intérêts en temps opportun aux bourses françaises, britanniques et américaines et, en solidarité avec eux, à faire la guerre jusqu’à « une fin victorieuse ». En soi, un tel gage est très réconfortant, mais qui peut garantir ce qui arrivera demain ?
Si le ministère de Guchkov-Milioukov est balayé, et à sa place un gouvernement de la révolution apparaît, cela signifierait la liquidation de la guerre et la liquidation révolutionnaire des dettes de l’ancien régime. Un tel événement serait très peu favorable à l’intervention des États-Unis dans la guerre. Ils doivent se dépêcher. Ils doivent réduire le temps nécessaire à l’éducation préparatoire du peuple pour la guerre, d’autant plus que, comme l’ont montré les rassemblements colossaux de New York, la rééducation des masses sous l’influence des grands événements en Russie a commencé et elles vont dans la direction opposée. Ils doivent frapper tandis que le fer est chaud.
Les classes capitalistes des États-Unis ne peuvent pas s’arrêter. L’industrie de guerre et son frère adoptif, le capital financier, exercent une pression sur la volonté des dirigeants, tandis que la peur de la crise extrême les pousse d’en bas – dans l’abîme de la guerre. Malgré l’exemple de la Russie, où le lien entre la guerre et la révolution est si clair, malgré le fait que tous les gouvernements européens sont entrés dans une période d’alarme fiévreuse ; malgré le fait que la presse bourgeoise américaine accoutume maintenant ses lecteurs à l’idée de l’inéluctabilité de la révolution en Europe, le gouvernement « pacifiste » des États-Unis est obligé d’accomplir sa tâche prédestinée : attirer la dernière grande puissance dans la sanglante école de la guerre.
Ce fait nous montre à quel point la bourgeoisie a perdu la possibilité et la capacité de contrôler les événements et les peuples. Les forces déchaînées du capitalisme agissent avec une froideur mécanique. Seul le prolétariat révolutionnaire peut diriger ces forces. Le capital américain entraîne la nation dans la guerre. Le prolétariat américain trouvera le chemin de la sortie de la guerre en trouvant la voie de la révolution socialiste.