La fête du 1er mai 1892 à Lodz

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I

Sur Londres brille le premier soleil de mai. Le sinistre colosse industriel se tait. Tout ce qui vit se dirige vers le parc hors de la ville. Dans le parc les têtes d’hommes sont comme des gouttes dans la mer. Par les multiples portes, affluent de plus en plus de nouvelles vagues du peuple. Mais en quatorze endroits, telles des îles se dressent quatorze tribunes, au-dessus de chacune flotte au vent un drapeau rouge, sur chacune des orateurs montent l’un après l’autre et lancent au peuple des paroles sonores. La mer humaine, elle roule, elle tangue. Chaque orateur termine avec le cri : Vive la journée de travail de huit heures ! Et les flots de la mer humaine saisissent ce cri au vol, le lancent jusqu’au ciel : Vive le premier mai ! Ce cri fait trembler les lugubres usines londoniennes, mais prises d’un pressentiment sinistre, elles se taisent pensives.[1]

A travers Hambourg—ville s’avance une magnifique armée avec drapeaux rouges et musique. 150 000 travailleurs allemands passent par les rues, lentement, gravement, pas à pas, l’un derrière l’autre. A chaque pas se balancent gravement les lourds drapeaux ouvriers. Le soleil de printemps joue dans le ciel lumineux, et son éclat illumine les lettres dorées sur les drapeaux : 8 heures de travail. Fête du premier mai.

Des fenêtres des maisons environnantes luisent les yeux effrayés des riches hambourgeois, ils regardent stupéfaits ce défilé et lisent dans ces lettres d’or : fin à l’exploitation...

La belle Suisse sourit au soleil printanier. A Zurich on est joyeux et bruyant. Par les rues se répandent des familles de travailleurs en habits du dimanche. Les "Bavarois" sont pleins de monde. Musique, bruit, amusement. Et dans la musique, le bruit et l’amusement, résonne de façon retentissante le refrain : Journée de travail de huit heures ! fête du 1er mai ! Tout aussi ouvertement, les travailleurs de l’Europe entière et du monde entier ont magnifiquement célébré leur fête.

Et de Varsovie, furtivement et en cachette, s’échappent des groupes de travailleurs, fuyant les barrières où les stoïkov sont postés, hors de la ville, au vert - et répètent en chuchotant ce qui dans leurs cœurs bat tout haut. Ils veulent : Huit heures de travail — le 1er mai — la liberté politique !

Mais les stoïkov armé de leur sabre les regardent d’un air sinistre, et le gendarme les saisit par la poitrine, ceux qui reviennent, et les traîne jusqu’aux prisons, sous clef. Et à Lodz... à Lodz, au lieu des drapeaux rouges, dans les rues luit un sang rouge. Au lieu d’une chanson retentit le claquement des cravaches, la décharge des carabines ...

II

Les ouvriers de Lodz ont célébré avec le monde entier la journée du 1er mai. Le brouhaha de leurs conversations dans les rues et sur les places s’entrelaçait comme un ruban rouge du 1er mai. Mais autour de ce ruban s’enroulaient, dans le tumulte de leurs conversations, les griefs contre la vie dure, les plaintes contre leur misère, des malédictions contre leurs exploiteurs. Le bruit de leurs conversations devenait de plus en plus fort, leurs plaintes y résonnaient de plus en plus haut, se faisant entendre jusqu’aux immeubles rutilants des richards. Les murs des immeubles tremblaient, leur éclat s’éteint. Tremblez, refuges de l’exploitation, de l’oisiveté, du plaisir. Tremblez, car bientôt vous disparaitrez ! Les travailleurs sont devant vous !

Et dans les poitrines des travailleurs, s’éveillent et remontent les vieilles injustices, la rage et l’indignation ! Ils sont debout, unis par leur infortune et leur indignation, unis entre eux et avec les travailleurs du monde entier. Ensemble et unis ils sont une force, un géant, ils peuvent vous écraser et vous balayer, vous, les immeubles des riches, comme l’onde d’un fleuve en crue.

Ils ont déjà assez porté dans le silence et l’humilité le fardeau de leur infortune. Leur dos s’est déjà courbé à cause de ce fardeau. Leurs poitrines ont été desséchées par la succion des sangsues. Leurs mains sont noircies par l’éternel labeur. La vie chère leur a arraché les misérables miettes dont ils se nourrissaient. Et voici les travailleurs de Lodz, unis dans l’indignation, forts dans l’unité - ils décident :

Aucun d’entre eux ne touchera au travail tant que les propriétaires d’usines ne leur raccourciront pas le travail et ne leur augmenteront pas la paye ! . . . Le soleil du 1er mai s’est couché. La nuit s’est étendue sur Łódź et les gens se sont endormis. Les propriétaires d’usine se sont endormis sur leurs lits moelleux après un dîner fastieux et du vin. Ils dormaient et ne savaient pas qu’une tempête plane au-dessus eux et que le sol s’ébranle en dessous d’eux. Les ouvriers se couchés sur leurs durs grabats, mais leur poitrine respirait avec ardeur, espoir et vaillance.

Le deuxième jour, les plus grandes usines se taisaient : les ouvriers ne vinrent pas au travail. Le troisième et le quatrième jour, le reste des usines se turent. Les plus courageux, les plus énergiques, ont entraîné derrière eux les plus faibles et les plus craintifs. À Lodz, ville ouvrière animée chaque jour de semaine, au lieu du heurt des machines, du sifflement des usines, régnait le silence. À Lodz, la magnifique fête ouvrière du 1er mai a déjà duré cinq jours. Cent mille travailleurs formaient, de concert, un seul rang. 100 000 travailleurs ont défié leurs maîtres au combat : ils leur ont lancé la revendication d’une journée de travail plus courte et de salaires plus élevés, et au gouvernement la revendication de la liberté ! Et nous étions alors à leurs côtés. Nous avons imprimé et publié leurs revendications dans une proclamation, nous les avons poussés à être solidaires et persévérants, nous leur avons donné confiance en leur propre force.

Et les travailleurs ne se trompaient pas dans le sentiment de leur force, ils n’ont pas été dupés par leur confiance dans les socialistes. Les industriels ont été effrayés par ces masses, par ces milliers de personnes leur lançant un défi menaçant. Eux qui tiennent chaque ouvrier séparément dans leurs griffes, sucent son sang, détruisent et brisent son destin, ayant trouvé leurs victimes réunies en masses par milliers, unies et inflexibles - ils se sont retrouvés aussi faibles qu’une feuille fanée. Ils sentaient que leur destin repose dans les mains de leurs ennemis. La peur est entrée de leurs cœurs. Et ceux qui, hier, dictaient fièrement le droits aux travailleurs, ces « patrons », ont aujourd’hui humblement baissé la tête. Ils acceptèrennt les revendications des travailleurs, s’engagèrent à réduire leur temps de travail d’une heure et à augmenter leurs salaires. Ils ont demandé aux travailleurs d’élire des représentants pour parler plus en détail des revendications du 1er mai. Nos frères ont vaincu ! C’est l’entente et l’unité qui ont vaincu ! La fête de mai a vaincu ! Les paroles des socialistes ont été confirmées ! ...

Pas pour longtemps cependant ! Court fut le triomphe de la justice !

Il y a encore un ennemi des travailleurs, plus puissant que les fabricants. C’est le gouvernement tsariste ! Un gouvernement, qui suce le sang du peuple et de ce sang vit et l’écrase de son talon de fer, afin qu’il ne lève pas la tête. Car si le peuple relevait la tête, il se débarrasserait immédiatement de ce mauvais rêve. Le gouvernement se donne des airs d’ami et protecteur des travailleurs. Il leur donne comme de bon coeur de misérables lois sur les usines, des inspecteurs - des concussionnaires. Mais que les ouvriers ne se contentent pas de ces fausses faveurs, veuillent être des êtres humains, réfléchir sérieusement à leurs besoins, obtenir leurs vrais droits - alors le bon ami se transforme bête sauvage, se jette sur les ouvriers, les étrangle, les assassine et les force au silence...

Ayant entendu parler de la grève, le gouverneur se précipite à Lodz. Il interdit aux propriétaires d’usines de faire des concessions, de recevoir des délégués ouvriers. Lodz est envahi par les centuries de la soldatesque et des cosaques. Ils commencent à pousser Les ouvriers de force dans les usines. Ils les ramènent de force à leur ancienne misère, à leur éternel labeur, à leur humilité et soumission d’antan. Ils veulent détourner leurs yeux de leurs propres affaires, de la véritable cause de leur sort - de l’exploitation des propriétaires d’usine. Dans le quartier juif ils sèment la terreur, et incitent les pires individus - voleurs, vagabonds, gamins des rues - au pillage. Mais les socialistes défendent l’honneur des travailleurs, les mettent en garde contre les tromperies du gouvernement, les défendent contre l’infamie...

Et les travailleurs - les gens qui travaillent honnêtement - ne se laissent pas entraîner dans cette fange. Leurs mains ne se mêlent pas à celles qui pillent les biens des pauvres juifs. Les travailleurs ne se laissent pas tourner la tête et s’en tiennent fermement à leurs revendications. Alors le gouvernement voit qu’il ne peut pas en venir à bout. Il commence alors à les attaquer comme des bêtes sauvages. Les cravaches sont brandies à droite, à gauche. On tire sur le peuple désarmé. Hurko télégraphie de Varsovie de ne pas avoir pitié des patrons. Ils ne leur épargenent pas non plus. . . . Les cadavres des ouvriers, qui se battent pour leurs droits, tombent sur le pavé. Les femmes blessées ensanglantent les rues de leurs corps. . . .

Rossés, harassés, traqués comme du gibier, à court de vivres, les héros de Lodz, après dix jours de combat enragé, commencent à quitter, pas à pas, comme un lion, le champ de bataille, et retournent aux usines. Les soldats encerclent les usines et veillent, baïonnette à la main, à ce que l’ancienne exploitation se poursuive dans l’ ordre ancien. ...


...

III

Nous vous avons appelés héros, frères de Lodz. Oui, vous en étiez, combattant héroïquement pour la cause commune des travailleurs polonais. Vos dommages sont communs à tout le peuple travailleur. Votre lutte était celle de tous et Votre victoire aurait été la victoire de tous. Sans le gouvernement, sans les rangs de baïonnettes de la soldatesque derrière lesquels se cachaient vos maîtres d’usine, vous travailleriez aujourd’hui une heure de moins, vous mangeriez et vivriez plus humainement, vous auriez ne serait-ce qu’un peu de temps pour une promenade, lire un journal, discuter autour d’une chope de bière. Ces messieurs les propriétaires d’usine auraient écouté toutes vos demandes, se souvenant de votre puissance du 1er mai. Vous avez montré ce que les travailleurs, unis en masse, en accord et fidèles aux conseils des socialistes, peuvent faire. Salut à Vous, héros de la cause des travailleurs !

Vous avez montré comment il faut résister courageusement aux ennemis et lutter pour ses droits, et au besoin, contraint à l’affrontement, mourir dans cette lutte .

Vous avez défendu l’honneur de la cause ouvrière en ne vous laissant pas entraîner par le gouvernement dans des histoires avec les juifs. Vous avez montré au monde entier que pour vous, il n’y a pas de juif ou d’allemand. Que vous connaissez bien vos ennemis - les capitalistes de toutes les confessions et de toutes les nationalités. Qu’un Juif comme Poznański ou un Allemand comme Szajbler sont vos ennemis mortels, et que le pauvre ferblantier juif ou le tisserand allemand sont vos compagnons de misère et d’oppression. Salut à vous, défenseurs de l’honneur des travailleurs !

Vous ne vous êtes pas laissés détourner de vos revendications et avez montré que ni au gouvernement ni à personne d’autre vous ne vous permettrez de vous utiliser comme leur instrument . Que vous connaissez bien vos propes intérêts, et ne prêtez oreille qu’aux paroles des socialistes.

Vous avez prouvé et payé de votre sang la vérité de nos paroles, que nous vous répétons toujours et partout, à savoir que le principal ennemi des travailleurs aujourd’hui est le gouvernement tsariste. Après avoir forcé les propriétaires d’usines à faire des concessions, vous vous êtes trouvés face à face avec le gouvernement. Ce sont la baïonnette et la cravache qui vous ont privés de votre victoire. Vous avez montré que l’ouvrier vaincra tous ses ennemis, même aujourd’hui, s’il ne rencontre pas sur sa route la soldatesque tsariste. Après avoir contraint le gouvernement, par votre attitude héroïque, à adopter une politique de fermeté, à la reprise par la force de Votre victoire sur les fabricants, vous lui avez arraché le masque du défenseur du peuple, du protecteur de vos intérêts. Vous l’avez forcé à avouer qu’il n’est pas Votre ami, ni l’ami du peuple. Vous avez montré que le gouvernement est le compère et le protecteur des riches et des exploiteurs, et l’ennemi des exploités et des pauvres ! Et le voilà nu, sans vergogne, cruel, assoiffé de sang. . . . C’est donc sur lui que nous porterons nos coups, de toutes nos forces. Tombant en sang sur les pavés, rentrant désespérés dans vos usines, vous avez lancé un mot d’ordre à tous vos frères : Voici votre ennemi ! Combattez-le aujourd’hui !

Et à l’avenir nous n’abandonnerons pas ce slogan. Frères travailleurs de toute les terres polonaises ! levez vous à nos côtés dans ce combat ! Menez, à l’exemple de vos frères de Lodz, la lutte contre le gouvernement tout-puissant. Rassemblez-vous sous notre drapeau. Organisez-vous avec nous. Rassemblez-vous, fondez vos caisses, et mettez-vous en ordre de bataille contre le tsarisme !

Ne nous reposons pas, jusqu’à ce que soit renversé ce trône, qui se tient au-dessus de nous entouré d’une forêt de baïonnettes et de cravaches et nous maintient à terre. Ne nous reposons pas, jusqu’à ce que soient balayés tous les généraux, gouverneurs et fonctionnaires qui vivent de notre dur labeur.

Ne nous reposons pas, jusqu’à ce que le gouvernement tombe dans les mains des gouvernés. Jusqu’à ce que tous élisent leurs représentants aux assemblées d’État. Jusqu’à ce que nous produisions seuls pour nous les lois, que nous seuls nommions les fonctionnaires. Jusqu’à ce que nous ayons dispersé cette sauvagerie guerrière, qui n’est pas pour nous défendre contre des ennemis étrangers, mais existe pour notre propre abattement.

Ne nous reposons pas jusqu’à ce qu’ils respectent l’être humains dans les travailleurs et que personne n’ose les battre et les maltraiter comme des chiens.

Ne nous reposons pas jusqu’à conquérir, entre-temps, huit heures de travail, un salaire humain, des inspecteurs honnêtes, une assurance vieillesse et invalidité.

Ne nous reposons pas jusqu’à ce que chez nous au minimum, comme maintenant dans le monde entier, nous puissions ouvertement dire et écrire ce que nous voulons, nous assembler et débattre sur nos affaires, mener ouvertement une lutte contre les fabricants et les seigneurs, et lors d’une fête ouvrière, traverser la ville avec musique et drapeaux.

Liberté politique ! C’est notre principal slogan d’aujourd’hui, qu’ont signé de leur sang les camarades et frères de Lodz ! Pour cette liberté, leurs corps sont tombés. Pour cette liberté, ils ont reçu les coups de matraque et de cravache. Vous tous, prenez sur vous ce sang et ces blessures ! Vengez leurs sacrifices, Vous, frères et travailleurs polonais ! Et nous nous tiendrons à Vos côtés dans ce combat, nous vous guiderons et vous soutiendrons par nos conseils, comme nous avons soutenu les frères de Lodz.

Ce n’est ni aujourd’hui ni demain que nous nous engagerons dans la lutte finale. Notre équipe de travailleurs n’est pas encore assez forte et unie. Mais que la mémoire des victimes de Lodz soit profondément ancrée dans vos cœurs, travailleurs polonais ! Qu’elle soit l’étoile qui vous guide dans la vie. Elle vous appellera à vous joindre à nous, à vous éclairer mutuellement, à la solidarité. Ne cessez pas votre lutte quotidienne contre l’exploitation et la misère ; arrachez à vos exploiteurs, jour après jour, ne serait-ce qu’une miette de vos droits.Mais ne perdez jamais de vue cet objectif principal d’aujourd’hui. N’oubliez pas que cette lutte ne pourra vous apporter quelque chose, que vous ne pourrez faire valoir vos droits correctement que lorsque le gouvernement tsariste tombera, lorsque votre bouche et vos mains se délieront ! Chaque année, le 1er mai vous rappellera votre slogan premier. Honneur aux morts de Lodz - A bas le tsarisme !

Peu de temps, déjà plus longtemps pour tsars de régner sur nous. L’ouvrier de Russie se réveille déjà et s’agite. Il se souvient déjà des injustices subies. Et il s’unit déjà aux socialistes et se prépare à la bataille contre l’exploitation et l’oppression. Dans la capitale même de l’oppression, sous le trône même du Tsar, les ouvriers fêtent secrètement le 1er mai, menacent leurs éternels ennemis et nous tendent une main fraternelle, à nous et au monde entier des travailleurs. Et nous acceptons cette main ! Ensemble au combat contre l’ennemi commun. Que périsse le gouvernement autocratique ! Abattez cette forteresse derrière laquelle se cachent aujourd’hui tous les ennemis et les exploiteurs du peuple !

Liberté politique ! Constitution ! C’est ce dont nous avons besoin aujourd’hui et ce pour quoi nous nous battrons avant tout. Vous nous éclairerez, nos frères de Lodz ! Nous sommes réconfortés par votre victoire momentanée. Vos sacrifices et coups nous donneront du courage ! . . .

Honneur à vous, frères héros ! Vous vous êtes battus pour notre liberté, pour notre cause, pour notre honneur. Nous vous vengerons et nous nous battrons avec vous pour la liberté de tous !


Et quand le soleil de la liberté se lèvera sur nous, quand il n’y aura plus la force de fer qui entrave nos bouches et nos mains, alors nous lèverons haut notre drapeau rouge et nous crierons à la liberté avec nos frères du monde entier :


Vive le socialisme ! Vive la propriété commune, la fraternité, la liberté et l’égalité !


Mai 1892

  1. Le 1er paragraphe de Rosa Luxemburg sur le succès du 1er Mai 1892 à Londres est éclairé par M. Dommanget dans son Histoire du premier mai :

    Le 1er mai 1892 dans le monde. C’est dans cette ambiance et sous ces auspices que se déroula la démonstration londonienne du 1er Mai à Hyde-Park. Elle dépassa en grandeur et en succès celle des années précédentes et rappela les grands jours révolutionnaires du temps du mouvement chartiste. On évalue à un demi-million le nombre des assistants. Les anarchistes tenaient à côté un meeting particulier dans lequel parla Louise Michel. Une résolution concluant à une journée de travail réglementé par un acte du Parlement clôtura les discours prononcés dans quatorze tribunes, ce qui marquait la victoire des « Légalistes » en minorité en 1890 et à égalité avec leurs adversaires en 1891.

    La quatorzième tribune tenue par la Ligue des huit heures dont le président était le docteur Aveling, l’un des gendres de Marx, se faisait remarquer par son caractère international. Au côté du vieil Engels, il y avait là : Lessner, un autre vétéran ami de Marx ; Kautsky et Bernstein pour l’Allemagne ; les révolutionnaires russes Stepniak et Volkwsky ; William Morris et Mrs Cunningham-Graham pour l’Angleterre ; Bernard, du Parti ouvrier français, et Roussel, délégué de la Bourse du travail de Paris qui devait partager le dîner d’Engels, son mandat accompli. Dans le reste du pays, de nombreux cortèges défilèrent, bannières déployées et Cunningham-Graham prit la parole à Manchester.

    Note d'Alex de Matière et révolution