La Philosophie bonapartiste de l’État

De Marxists-fr
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L'élément central du rapport de Staline devant le 18e congrès du parti qui s’est tenu à Moscou, a été, sans aucun doute, la présentation d’une nouvelle théorie de l’État. Ce n’est pas un penchant inné qui a poussé Staline à se risquer dans ce domaine, mais la nécessité. Les fidèles staliniens Krylenko et Pachoukanis, deux juristes, viennent tout juste d’être destitués et écrasés pour avoir répété l’idée de Marx, Engels et Lénine, selon laquelle le socialisme signifie le dépérissement progressif de l’État. Le Kremlin, aujourd’hui ne peut en aucun cas admettre cette théorie. Déjà dépérir ? La bureaucratie s’apprête justement à vivre ! Krylenko et Pachoukanis sont à l’évidence des « saboteurs ».

Mais la réalité ambiante, elle aussi, s’accommode mal des bribes de la vieille théorie. Les ouvriers sont enchaînés aux usines, les paysans sont enchaînés aux kolkhozes ; les passeports intérieurs ont été institués. La liberté de mouvement a été abolie. Les retards au travail sont assimilés à des crimes de droit commun. Ce n’est pas seulement le fait de critiquer Staline, mais simplement celui de ne pas remplir son devoir naturel : ramper devant le « chef », qui appelle le châtiment réservé aux traîtres. Les frontières de l’État sont entourées d’une chaîne continue de troupes garde-frontières et de chiens policiers, comme jamais et nulle part dans le monde. On ne laisse pratiquement entrer ni sortir personne. Les étrangers arrivés jadis dans le pays sont systématiquement exterminés. L’essence de ta constitution soviétique, « la plus démocratique du monde », consiste en ceci que les citoyens sont obligés de voter à heures fixes pour un candidat unique désigné par Staline ou par ses agents. La presse, la radio, la propagande, l'instruction publique sont entièrement entre les mains de la clique dirigeante. D’après les informations officielles, on a exclu du parti, en cinq ans, plus d’un demi-million de personnes. Combien d’entre elles ont-elles été fusillées, jetées en prison, en camp de concentration, exilées dans des zones lointaines ? Nous ne le savons pas avec précision. Mais il s’agit en tout cas de centaines de milliers de personnes qui partagent le sort de millions de sans-parti. A ces millions de gens, à leurs familles, parents et amis, il serait difficile de faire entrer dans le crâne que l’État stalinien dépérit. Au contraire, il se manifeste avec une intensité féroce, sans exemple dans l’histoire de l’humanité.

Cependant, on annonce que le socialisme est réalisé. D’après la thèse officielle, le pays est sur le chemin de la réalisation complète du communisme. S’il est quelqu’un pour en douter, Beria le convaincra. Mais on trouve là le fondement d’une autre difficulté. Si l’on en croit Marx, Engels et Lénine, l’État est l’organisation de la domination de classe. Il y a longtemps que le marxisme a démasqué toutes les autres définitions de l’État, comme falsifications théoriques destinées à masquer les intérêts des exploiteurs. Dans ce cas, que signifie l’État dans un pays ou « les classes ont été supprimées »? Les sages du Kremlin se sont bien souvent creusé la tête sur cette question. Pour commencer, ils ont bien sûr arrêté tous ceux qui leur rappelaient la théorie marxiste de l’État. Mais cela seul ne suffisait pas. Il était nécessaire de donner ne serait-ce qu’un semblant d’explication théorique de l’absolutisme stalinien. Ces explications ont été données à deux reprises. A l’époque du 17e congrès, il y a cinq ans, Staline et Molotov expliquèrent que l’État policier est nécessaire pour mener la lutte contre les vestiges des vieilles classes dominantes, et en particulier contre les « résidus » du trotskysme. En vérité, ont-ils dit, ces vestiges et ces résidus sont infimes. Mais ils font preuve d’un extrême « acharnement ». C’est pourquoi il faut mener contre eux, avec la plus extrême vigilance, une lutte sans merci. Cette théorie a frappé surtout par sa stupidité. Pourquoi la lutte contre des « vestiges » insignifiants a-t-elle nécessité l’État totalitaire, alors que la démocratie soviétique a été tout à fait suffisante pour renverser les classes dominantes elles-mêmes? Personne n’a éclairci ce point.

Cependant, nous avons été amenés à nous arrêter sur cette théorie, présentée à l’époque du 17e congrès. Les cinq dernières années ont été consacrées dans une large mesure à l’extermination des « résidus du trotskysme ». Le parti, le gouvernement, l’armée, la diplomatie ont été décapités et saignés à blanc. On est allé si loin, qu’au dernier congrès du parti, Staline a été obligé, pour apaiser son propre appareil, de promettre qu’à l’avenir on n’aurait pas recours à des purges sommaires. Bien entendu, c’est faux : l’État bonapartiste sera même désormais contraint de dévorer la société, pas seulement moralement, mais aussi physiquement. Cependant, Staline ne peut l’avouer. Il jure que les purges ne se renouvelleront pas. Mais alors, si les « résidus » du trotskysme et les « vestiges » des anciennes classes dominantes sont totalement exterminés, une question se pose : pour lutter contre qui l’État est-il nécessaire ?

A cela Staline répond : « C’est l'environnement capitaliste et les dangers qui en découlent pour le pays du socialisme qui appellent la nécessité de l’État. » Dans le style monotone du séminariste qui lui est propre, il répète cette idée, en présente des variations sur divers modes : « La répression militaire dans le pays est une fonction caduque, morte… La défense militaire du pays contre l’agression extérieure est une fonction qui a été totalement conservée. Et plus loin : « En ce qui concerne notre armée, les organes de répression et de renseignement, leur pointe est désormais dirigée non plus vers l’intérieur du pays, mais vers l’extérieur, contre l’ennemi extérieur. »

Admettons un instant qu’il en est bien ainsi. Admettons que la nécessité de conserver et de renforcer l’appareil bureaucratique centralisé est due exclusivement à la pression de l’impérialisme. Mais l’État est, dans son essence même, le pouvoir de l’homme sur l’homme. Le socialisme a pour tâche de liquider, sous toutes ses formes, le pouvoir de l’homme sur l’homme. Si l’État est non seulement conservé, mais renforcé, s’il devient de plus en plus féroce, cela signifie que dans l’environnement capitaliste, le socialisme n’est pas possible dans un pays isolé. Ainsi, en s’efforçant de dérober la queue, Staline s’est empêtré le nez… En justifiant son pouvoir bonapartiste, il réfute au passage sa théorie fondatrice : la théorie de la construction du socialisme dans un seul pays.

Cependant la nouvelle théorie de Staline n’est juste que dans sa réfutation de l’ancienne théorie ; pour le reste, elle ne vaut rien. Il va de soi que, pour combattre le danger impérialiste, l’État ouvrier a besoin d’une armée, d’un état-major, de services de renseignements, etc. Mais cela signifie-t-il que l’État ouvrier a besoin de colonels, de généraux, de maréchaux, et des appointements et privilèges correspondants? Le 31 octobre 1920, alors que l’Armée rouge — une Armée rouge Spartiate — ne possédait pas encore de corps spécialisé d’officiers, on disait dans un ordre du jour spécial : « L’inégalité existe dans l’organisation militaire ; dans certains cas elle est parfaitement explicable, et inévitable, mais dans d’autres circonstances, elle n’est absolument pas nécessaire, exorbitante, et parfois tout simplement criminelle. » La conclusion de cet ordre du jour était la suivante : « Sans se fixer la tâche impossible d’éliminer sur-le-champ tous les avantages, quels qu’ils soient, dans l’armée, il faut s’efforcer systématiquement de réduire ces avantages au minimum réellement indispensable. Il faut éliminer dans les plus brefs délais tous les avantages qui ne découlent nullement des nécessités de l’activité militaire, et blessent inévitablement le sentiment d’égalité et de camaraderie dans l’Armée rouge. » Telle était l’orientation fondamentale du pouvoir soviétique pendant cette période. La politique actuelle a pris une direction exactement inverse. Alors, si la caste dirigeante, militaire et civile, croît et se renforce, cela signifie que la société s’éloigne de l’idéal socialiste au lieu de s’en rapprocher, quels que soient les coupables de cet état de choses : impérialistes étrangers ou bonapartistes nationaux.

Il en va de même des services de renseignements, dans lesquels Staline voit la quintessence de l’État. Devant le congrès, dont les agents du G.P.U, constituaient quasiment la majorité, il fit ce sermon : « Les services de renseignements sont indispensables pour attraper et châtier les espions, les assassins, tes saboteurs, introduits dans notre pays par les services étrangers. » Nul ne contestera, bien sûr, la nécessité d’un service de renseignements pour contrecarrer les menées de l’impérialisme. Mais tout le problème est de savoir quel est le rôle de ces services de renseignements vis-à-vis des citoyens soviétiques eux-mêmes. Une société sans classes est forcément soudée par une solidarité interne. Cette solidarité, le fameux « monolithisme », Staline en a parlé souvent dans ses rapports. Or les espions, les saboteurs, ont besoin d’une couverture, d’un milieu favorable. Plus la solidarité de la société et son attachement au régime existant sont forts, moins les éléments anti-socialistes ont le champ libre. Comment expliquer alors, qu’en U.R.S.S., si l’on en croit Staline, il se commet à chaque instant des crimes plus graves que dans la société bourgeoise en putréfaction ? Il ne suffit sûrement pas de mettre en cause la seule méchanceté des États impérialistes ! L’action des microbes dépend moins de leur virulence que de la capacité de résistance de l’organisme. De quelle façon, dans une société socialiste « monolithique », les impérialistes ont-ils pu trouver un nombre incalculable d’agents, et de plus, aux postes les plus en vue ? En d’autres termes : comment des espions et des terroristes peuvent-ils, dans une société socialiste, occuper les postes de membres, et même de chef du gouvernement, de membres du bureau politique, ainsi que les plus hautes responsabilités dans l’armée ? Enfin, si la société soviétique est à ce point privée de ressort qu’il faut pour la sauver recourir à un système policier tout-puissant, universel et totalitaire, la situation est fort compromise, car à la tête du système policier lui-même on trouve des bons à rien, qu’il faut fusiller, comme Iagoda, qu’il faut chasser ignominieusement, comme Ejov. Alors à qui se fier? A Beria? Mais son heure sonnera aussi !

En réalité, on sait que le G.P.U. extermine non pas des espions ni des agents de l’impérialisme, mais les adversaires politiques de la clique dirigeante. Staline s’efforce de promouvoir les faux de son cru à la hauteur de « théorie ». Mais de quelle nature sont les raisons qui obligent la bureaucratie à masquer ses buts réels, et à appeler « espions étrangers » ses adversaires révolutionnaires ? L’environnement capitaliste n’explique pas ces falsifications. Les raisons doivent être d’ordre interne, c’est-à-dire qu’elles tiennent à la structure même de la société soviétique.

Essayons de trouver chez Staline lui-même d’autres indications. « A la place de la fonction de répression, dit-il sans aucun rapport avec tout le reste, une fonction de protection de la propriété socialiste est apparue dans le cadre de l’État. Protection contre les voleurs, les pilleurs des biens du peuple. » Il s’avère donc que l'État n’existe pas seulement pour combattre les espions étrangers, mais aussi ses propres voleurs ; en outre, le rôle de ces voleurs est si important qu’il justifie l’existence d’une dictature totalitaire, et constitue même le fondement d’une nouvelle philosophie de l’État. Il est parfaitement évident que si des gens en volent d’autres, cela signifie qu’une cruelle pénurie règne encore dans la société, ainsi qu’une inégalité criante qui incitent au vol. Nous approchons là à la racine du problème. L’inégalité sociale et la pénurie sont des facteurs historiques très importants qui expliquent à eux seuls l’existence de l’État. L’inégalité a toujours besoin d’être protégée, les privilèges exigent d’être défendus. Les infractions commises par les déshérités appellent le châtiment : c’est bien en cela que consiste la fonction historique de l’État !

En ce qui concerne la structure de la société « socialiste », le plus important dans le rapport de Staline, ce n’est pas ce qu’il a dit, mais ce sur quoi il s’est tu. Le nombre des ouvriers et des employés est passé, selon ses déclarations, de 22 millions de personnes en 1933 à 28 millions en 1938. La catégorie des « employés » englobe ici non seulement les employés de coopératives, mais aussi les membres du Conseil des commissaires du peuple. Les ouvriers et les employés sont ici mélangés, comme toujours dans les statistiques soviétiques, afin de ne pas dévoiler combien la bureaucratie est nombreuse, combien elle croît rapidement, et surtout, combien ses revenus augmentent.

En cinq ans, dans l’intervalle entre deux congrès, le fonds annuel des salaires des ouvriers et employés est passé de 35 milliards à 96 milliards, c’est-à-dire qu’il a presque été multiplié par trois (si on néglige la différence de pouvoir d’achat du rouble). Mais comment se répartissent ces 96 milliards entre les différentes catégories d’ouvriers et d’employés? Là-dessus, pas un mot. Staline nous apprend seulement que « le salaire annuel moyen des ouvriers de l’industrie, qui était du 1513 roubles en 1933 et passé à 3447 roubles en 1938. » Ici, on parle tout à coup d’ouvriers; mais il n’est pas difficile de démontrer qu’on parlait jusque-là d’ouvriers et d’employés : il suffit de multiplier le salaire annuel moyen (3447 roubles) par le nombre total d’ouvriers et d’employés (28 millions) et nous obtenons le fonds annuel total des salaires des ouvriers et employés indiqué par Staline, soit exactement 96 milliards de roubles. Afin d’enjoliver la situation des ouvriers, le « guide » s’autorise donc une astuce grossière, que le moins consciencieux des journalistes capitalistes aurait honte d’employer. Le salaire annuel moyen à 3447 roubles (en négligeant les modifications du pouvoir d’achat de la monnaie) cela signifie simplement que, si l’on additionne les salaires des manœuvres, des ouvriers qualifiés, des stakhanovistes, des ingénieurs, des directeurs de trusts et ceux des commissaires du peuple à l’industrie, on obtient, par tête, moins de 3 500 roubles par an. De combien a augmenté, en cinq ans, la rémunération des ouvriers, ingénieurs et cadres supérieurs ? Que touche actuellement, par an, un manœuvre? Pas un mot de tout cela. Les mauvais apologues de la bourgeoisie ont toujours été entichés de moyennes : moyenne des salaires, des revenus, etc. Dans les pays civilisés, cette méthode est pratiquement abandonnée, car elle ne peut plus tromper personne. En revanche, cela reste la méthode favorite au pays où le socialisme est réalisé, où les relations sociales sont censées se distinguer par une complète transparence. « Le socialisme, c’est rendre des comptes » a dit Lénine. « Le socialisme, c’est le rideau de fumée », enseigne Staline.

Mais attention, ce serait une grossière erreur de croire que le chiffre moyen donné par Staline inclut tous les revenus des « employés » de rang élevé, c’est-à-dire de la caste dirigeante. En réalité, en plus du traitement officiel, relativement modeste, ceux qu’on nomme les « travailleurs responsables » reçoivent un traitement secret des caisses du Comité central ou de comités locaux ; ils profitent de voitures mises à leur disposition (il existe même des usines spéciales qui produisent des voitures de qualité supérieure pour les « travailleurs responsables »), d’appartements magnifiques, de datchas, de maisons de repos et d’hôpitaux. Pour leurs besoins, ou pour leur vanité, on construit toutes sortes de « palais soviétiques ». Ils ont un quasi-monopole sur les établissements d’enseignement supérieur, sur les théâtres, etc. Tous ces revenus immenses (qui pour l’État sont des dépenses) ne sont naturellement pas pris en compte dans les 96 milliards dont parle Staline. Malgré cela, Staline n’ose même pas aborder la question de la répartition de ce fonds légal des salaires (96 milliards) entre les ouvriers et les employés, entre les manœuvres les stakhanovistes, entre les petits et les hauts fonctionnaires. Il ne fait pas de doute que dans cet accroissement du fonds officiel des salaires, la part du lion est allée aux stakhanovistes, que les primes vont aux ingénieurs, etc. En manipulant les chiffres à l’aide de moyenne, dont la justesse même est douteuse, en réunissant en une seule catégorie les ouvriers et les employés, en métamorphosant en employés les bureaucrates de haut rang, en taisant l’existence de fonds secrets fabuleux, en « oubliant » dans la définition du « salaire moyen » de mentionner les employés et en ne parlant que des ouvriers, Staline poursuit un but très simple : tromper les ouvriers, tromper le monde entier, en dissimulant les revenus colossaux et toujours croissants de la caste de privilégiés.

« La défense de la propriété socialiste contre les voleurs et les pilleurs » signifie neuf fois sur dix la défense des bénéfices de la bureaucratie contre l’agression des couches non privilégiées. Il n’est pas sans intérêt d’ajouter que les revenus secrets de la bureaucratie ne sont fondés ni sur les principes du socialisme, ni, non plus, sur les lois du pays, et qu’ils ne sont rien d’autre que du vol. Outre ce vol légalisé, il y a un super pillage illégal sur lequel Staline est obligé de fermer les yeux, car les voleurs sont son meilleur soutien. L’appareil d’État bonapartiste est donc l’organe chargé de la défense des bureaucrates-voleurs et pilleurs de biens du peuple. Cette formulation théorique sera beaucoup plus proche de la vérité.

Staline est obligé de mentir sur la nature socialiste de son État pour la même raison qui l’oblige à mentir sur le salaire des ouvriers : dans l’un et l’autre cas, il se conduit comme le représentant des parasites privilégiés. Dans un pays qui a connu une révolution prolétarienne, il est impossible de cultiver l’inégalité, de créer une aristocratie, d’accumuler des privilèges autrement qu’en déversant sur les masses des torrents de mensonges et une répression toujours plus monstrueuse.

Le pillage et le vol, sources fondamentales des bénéfices de la bureaucratie, ne sont pas un système d’exploitation au sens scientifique du terme, une classe possédante. C’est précisément le fait qu’elle ne repose pas sur des rapports de classes — ce que les bases sociales de la révolution d’Octobre rendent absolument impossible — qui donne à l’activité de la machine d’État son caractère convulsif. Pour que la bureaucratie puisse continuer à voler systématiquement, son appareil d’État est contraint de recourir systématiquement à des actes de brigandage. Tout cela ensemble crée un système de gangstérisme bonapartiste.

Croire que cet État pourrait « dépérir » pacifiquement, ce serait nager en plein délire théorique. Il faut abattre la caste bureaucratique. L’État soviétique doit renaître. Alors seulement, sera ouverte la perspective du dépérissement de l’État.