Lénine en tant que marxiste. Le camarade

De Marxists-fr
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Lénine est mort. Jamais plus nous ne reverrons ce front immense, cette tête merveilleuse rayonnante d’énergie révolutionnaire, ces yeux vifs, perçants, attentifs, ces mains fermes, puissantes, cette personnalité forte, coulée d’un seul bloc, oui était à la limite de deux époques dans le développement de l’humanité. Sa disparition a été en quelque sorte celle de la station centrale de l’esprit, de la volonté, du sentiment prolétariens qui, par des fils invisibles, se répandaient sur tous les points de notre planète, partout où battent des cœurs ouvriers, partout où se forme la conscience de la grande classe, partout où s’aiguise l’arme de la lutte pour son affranchissement.

Grand, cher, inoubliable ami !

Le camarade Lénine était et restera un être unique.

Esprit prodigieux, volonté surhumaine, courage personnel, homme cependant, et d’une nature rare, tel était Lénine.

Lénine était avant tout un chef comme l’Histoire n’en donne que rarement à l’humanité et dont le nom s’attache à une époque. Il était un organisateur de masses. Colosse précédant le torrent humain, il en dirigeait le cours, formant des innombrables travailleurs du globe une armée disciplinée, la lançant dans la bataille contre l’ennemi et réglant son effort, éclairant de son esprit puissant les voies directes et les sentiers détournés où devait s’engager la phalange des ouvriers aux mains calleuses avec l’étendard rouge de la révolte.

Comment Lénine fut-il le porte-parole génial de millions d’êtres ?

Tout d’abord par son sens aigu des besoins de la masse, qui était chez lui comme un sixième sens : il entendait sourdre et bruire le ruisseau caché des pensées qui filtraient, invisibles, dans le cerveau des innombrables travailleurs du globe. Comme personne, il savait écouter. Avec patience et attention il écoutait la voix du soldat, du paysan des confins de la Russie, du simple ouvrier. Une conversation avec une vieille villageoise lui révélait l’état d’esprit de la paysannerie. Comme le notait un ouvrier, cet agitateur doué d’une psychologie incomparable sentait aux meetings les pensées qui s’agitaient dans la tête de ses auditeurs.

Cerveau lucide et généralisateur, il savait de chaque individu tirer les traits distinctifs du groupe social dont il était le représentant et il avait ainsi devant les yeux la représentation exacte de la vie de millions d’êtres, le tableau des rapports de classe dans notre vaste pays. Lénine avait un don spécial pour parler aux gens, se rapprocher d’eux, leur inspirer confiance, et ils venaient sans hésiter lui confier leurs doutes, lui exposer leurs besoins et leurs revendications. Il savait trouver la langue qu’il fallait pour parler à chacun. Haïssant de toutes les forces de son être les adversaires de la classe ouvrière, brisant avec eux résolument, violemment, sans retour, il se faisait patient avec les « siens », avec les travailleurs auxquels il donnait les explications nécessaires, dont il dissipait les doutes et qu’il persuadait et convainquait.

C’est pourquoi il jouissait d’un tel prestige. On venait à lui, non comme au chef de l’armée prolétarienne, mais comme à l’ami dévoué, au camarade sûr, au conseiller le plus sage, le plus expérimenté. Et il soudait les gens autour de lui avec un ciment qu’aucune force n’était en état de dissoudre.

Il serait difficile de trouver dans l’histoire un chef aussi aimé de ses compagnons d’armes. Tous, ils nourrissaient pour lui un vif sentiment. Ils l’aimaient. Ils n’appréciaient pas seulement son cerveau puissant et sa main de fer. Ils étaient liés à lui par un réseau de liens intimes. Il était leur ami, leur frère. Il était au sens intégral du terme un camarade — grand mot auquel appartient l’avenir.

L’extrême simplicité de Lénine était le trait fondamental de sa politique.

Ce n’était pas la simplicité des naïfs, mais la simplicité du génie. Lénine trouvait des paroles simples, des mots d’ordre simples, des solutions simples aux problèmes les plus compliqués. Rien ne lui était plus étranger que les « contorsions », la pose, le brillant, le désir de paraître. Il haïssait tout cela, il ridiculisait cruellement ce fatras, cette ferraille, héritage du passé, qui pèse encore si lourdement sur nous. Il connaissait le prix de l'action et il était un adversaire acharné de tout ce qui n’était que verbe.

Lénine conduisait en maître tout le Parti et par lui tous les travailleurs. Il était un dictateur au meilleur sens du terme. Aspirant tous les courants de la vie, élaborant dans son cerveau extraordinaire l’expérience de centaines et de milliers d’hommes, chef puissant, sûr de sa science et de sa force, d’une main virile, il entraînait les hommes à sa suite. Jamais il ne se pliait à l’état arriéré de la foule, jamais il ne se bornait à enregistrer passivement les événements. Il était capable d’aller contre le courant avec toute la force de son tempérament fougueux. Tel doit être un véritable conducteur de masses.

Lénine nous a quittés pour toujours. Reportons tout notre amour pour lui sur son enfant, son héritier : notre Parti. Qu’il vive de son esprit, de sa volonté, de son courage inébranlable, de son dévouement à la classe ouvrière. Sachons écouter les masses avec la même sollicitude que le faisait Lénine, notre chef à tous, notre sage maître, notre camarade chéri, inappréciable.