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Special pages :
L'article sur la collectivisation
L'article du camarade Graef pose une question de la plus grande importance et pour l'essentiel le fait à notre avis de façon correcte. Son illustration de la façon dont les staliniens comprennent le développement inégal, à travers l'exemple du problème de la surpopulation est présenté de façon très convaincante.
Mais il y a un point sur lequel nous sommes en désaccord avec l'auteur. La camarade Graef traite trop à la légère la question des rapports entre le taux de collectivisation et la base technique industrielle de l'agriculture actuelle. Il a tout à fait tort de supposer qu'il est possible d'abord de créer des kolkhozes, ensuite de leur donner une base technique. Les kolkhozes vont tomber en pièces en attendant la base technique, leur effondrement s'accompagnant d'une lutte interne féroce et faisant beaucoup de mal à l'agriculture, c'est-à-dire également à toute l'économie en général.
Il n'est pas vrai, comme il l'assure, que "même la forme la plus élémentaire, la plus primitive, de collectivisation doivent aboutir à une meilleure productivité du travail que celle de la ferme paysanne individuelle". Toute la question tourne autour de l'extension de la collectivisation, d'une part, du caractère des moyens de production de l'autre. "Il ne peut en être autrement, écrit le camarade Graef car s'il en était ainsi, l'utilité économique et la nature progressiste de la mise en commun des ressources seraient alors démenties". Mais la vérité est que la question est de déterminer les limites dans lesquelles la collectivisation, au niveau économique et culturel donné, peut être "économiquement utile" ou "progressiste".
Il faut considérer comme un évident malentendu la référence du camarade Graef à la Révolution d'Octobre supposée avoir transformé d'abord la superstructure organisationnelle et procédé ensuite à l'organisation de la base technique et économique. Que la base économique ne puisse être réorganisée sur un modèle socialiste sans que le pouvoir ait été préalablement pris et sans que l'Etat (la superstructure) ait été d'abord réorganisé, c'est indiscutable. Quand les mencheviks nous disaient que les conditions sociales n'étaient pas mûres pour le socialisme, nous répondions; "les conditions sont tout à fait mûres pour la prise du pouvoir par le prolétariat et nous bâtirons le socialisme à un taux correspondant aux ressources matérielles".
Si les conditions dans le village soviétique sont "mûres" pour la collectivisation, c'est seulement dans le sens qu'il n'existe pas d'autre issue. Cela ne suffit pourtant pas. En tout cas, ce n'est nullement suffisant pour se jeter la tête la première d'un état d'impasse relatif, qui permet encore de reporter le paiement d'une traite historique, à la conclusion que l'impasse est absolue. Il faut dire clairement et honnêtement à la paysannerie la disproportion qu'il y a entre l'extension actuelle de la collectivisation et les ressources matérielles dont on dispose pour la soutenir. Les initiatives pratiques à prendre en découleront automatiquement.
Nous n'allons pas nous appesantir sur cette question puisqu'elle est analysée dans d'autres articles du Biulleten, particulièrement dans l'article "Vers le Capitalisme ou vers le Socialisme ?", dans ce même numéro.
Nous espérons que le lecteur sera d'accord avec nous qu'en dépit de l'erreur indiquée plus haut sur les perspectives économiques, l'article du camarade Graef constitue une contribution valable à la discussion du problème de la collectivisation.