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Et maintenant ? L'Opposition bolchevique dans le parti
Auteur·e(s) | Léon Trotski |
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Écriture | octobre 1929 |
Ainsi qu'on le sait, de nombreux Oppositionnels se sont ralliés à la déclaration de Rakovsky, Kossior et Okoudjava.
Cette déclaration ne change rien à la ligne fondamentale de l'Opposition. Au contraire sa signification est de la confirmer à une nouvelle étape. La déclaration rejette la tactique que les staliniens ont si perfidement et avec tant d´insistance attribuée à l'Opposition : une lutte armée pour le pouvoir contre le parti communiste en Union soviétique. La déclaration répète que l'Opposition demeure totalement sur la ligne de la réforme de l'intérieur et que, comme auparavant, elle est prête à poursuivre son travail dans le cadre d'un même parti.
Cette attitude lui est dictée par la conviction inébranlable que, dans des conditions de démocratie du parti, l'Opposition, par des méthodes normales, gagnera le noyau prolétarien du parti. Mais, dira-t-on, vous reconnaissez vous-mêmes que ce n'est possible qu'à travers une véritable démocratie du parti. L'absence totale de démocratie constitue la caractéristique principale du régime de Staline. Dans ces conditions la déclaration ne devient-elle pas une fiction ?
Non, la déclaration n'est pas une fiction mais un nouvel examen public du régime du parti. En dépit de l'expérience écoulée, ce régime est-il ou non capable de corriger, même partiellement, le mal considérable qu'il a causé au parti et à la révolution ? Est-il ou non capable de quelque initiative pour mettre un terme à des dangers que seul un aveugle peut ne pas voir?
Après les événements des dernières années, les zigzags, les pertes les plus sévères et le constant déclin de l'autorité de la direction du parti, l'appareil de Staline est-il capable ou non de faire un pas sérieux vers des méthodes léninistes de vie du parti et de direction ?
La déclaration de l'Opposition pose de nouveau cette question à un niveau différent. Le ton extrêmement réservé de ce document et l'absence d'indications sur le caractère pernicieux de la politique centriste d'un point de vue international, les remarques sur l'évolution des centristes vers la gauche sur différentes questions, tout cela a été incontestablement motivé par le désir de faciliter à l'appareil les premiers pas vers un régime du parti plus sain. En outre, ce ton devrait démontrer une fois de plus au parti que l'Opposition place l'essence avant la forme et les intérêts de la révolution au-dessus des ambitions de personnes et de groupes. Elle est prête à occuper la place la plus modeste dans le parti. Mais elle ne veut l´occuper qu´en restant ce qu'elle est, pas seulement en conservant intégralement son propre point de vue qui a été confirmé de façon aussi éclatante par le cours des événements, mais aussi en défendant son droit à se battre à l'intérieur de façon que sa position devienne celle du parti. C'est là le sens de la déclaration du 22 août.
Nous avons maintenant une réponse à cette déclaration, officieuse mais parfaitement authentique sous la forme d'un article de Jaroslavskij. Pour nous, cette question implique des problèmes d'une énorme importance, l'avenir du parti communiste de l'U.R.S.S. et la révolution. Chacun comprendra que nous aurions préféré, pour cette raison, laisser de côté un article malhonnête et son impudent auteur. Mais Jaroslavskij est maintenant le gardien de l'appareil du parti. Son article est un document d'une personne responsable. C'est pourquoi il nous est impossible de l'ignorer.
L'article de Jaroslavskij caractérise la déclaration de l'Opposition comme une tentative de tromper le parti. Mais, ainsi que nous allons le démontrer, cette appréciation fait non seulement une critique écrasante du régime de Staline, mais encore confirme la justesse tactique de la déclaration.
Où et en quoi la déclaration trompe-t-elle le parti ? Jaroslavskij donne à cela une réponse de policier, mais pas une réponse politique. Il construit son accusation en découpant des citations dans une lettre confisquée par pure fraude à un Oppositionnel déporté. Pour lui, la signification politique de notre déclaration n'existe pas, tout simplement. Néanmoins sa signification est évidente pour ceux qui trompent le parti et ceux qui bénéficient de cette tromperie.
Quand Radek assure dans ses conversations et ses lettres privées que "la Plate-forme de l´Opposition est brillamment confirmée", puis la désavoue officiellement en prétendant qu'elle est fausse, Radek trompe délibérément le parti. Jaroslavskij connaît très bien ces questions, puisqu'il vit de la confiscation des lettres des dirigeants de l'Opposition. En ce qui concerne la tromperie idéologique du parti, Jaroslavskij n'est pas seulement le gardien du parti mais l'inspirateur de Radek.
Quand ils faisaient partie de l'Opposition, Zinoviev, Kamenev, etc. racontaient en détail comment, en alliance avec Staline, Jaroslavskij, etc. ils avaient inventé le mythe du "trotskysme" pour mener la lutte contre Trotsky. Maintenant ces gens abjurent le trotskysme sur injonction de Jaroslavskij : ne sont-ils pas en train de payer leur retour au parti d'une tromperie ?
Quand, à l'époque du VIème congrès et plus tard en août 1928, Staline assura publiquement qu'il n'y avait aucune divergence dans le comité central et que les rumeurs d'une lutte entre les centristes et la droite étaient des inventions des trotskystes, Staline trompait le parti pour transformer la lutte d'idées contre l'Opposition de droite en machinations organisationnelles et pour empêcher le parti de comprendre qu'il n´a cité que des lambeaux et des morceaux de la Plate-forme de l'Opposition. On pourrait multiplier indéfiniment ces exemples, car un régime d'instabilité centriste et de violence bureaucratique est nécessairement un régime où l'on trompe systématiquement le parti.
Mais où y a-t-il tromperie de la part de l'Opposition ? Elle dit seulement ce qui est. Elle ne désavoue pas ses propres idées à haute voix pour les prêcher à voix basse. Elle ne s'attribue pas les fautes commises par le comité central. Sans honte, sans changer son cours, sans camouflage, elle a une fois de plus frappé à la porte du parti. A la question du concierge, " Qui est là ? ", elle répond : "L'Opposition bolchevik-léniniste". A la question : " Renoncez-vous à vos idées ? ", elle répond : "Non, nous les co4sidérons comme tout à fait justes". "Alors que voulez-vous ?". " Nous voulons, répond l'Opposition combattre avec le parti contre les ennemis de classe et combattre dans le parti pour nos idées avec les méthodes de persuasion d'un parti normal ? " Où y a-t-il tromperie ? Où y a-t-il l'ombre d'une tromperie ? Comment des trucs usés et des citations d'une lettre personnelle peuvent-elles changer ce dialogue clair et direct ?
Mais la candeur avec laquelle l'Opposition revendique sa réadmission dans le parti n'apparaît pas du tout un hasard au gardien de l´appareil qui y voit une tentative de tromperie. Les Oppositionnels ne savent-ils pas ? c'est l´idée personnelle évidente de Jaroslavskij qu´il ne laisse entrer que des gens dont on a brisé la colonne vertébrale et qui disent que le noir est blanc ? De quel droit des gens qui ont gardé intacte leur colonne vertébrale osent-ils frapper à la porte et déranger le portier ? De toute évidence pour tromper le parti !
A la proposition de l'Opposition de rétablir l´unité du parti sur une base léniniste, Jaroslavskij répète servilement la réponse que les social-démocrates font aux communistes quand ces derniers essaient de mettre sur pieds un front unique de lutte contre la bourgeoisie. Les dirigeants de la social-démocratie, nous le savons, déclarent invariablement que les communistes ne veulent pas en réalité un font unique, mais qu'en réalité ils cherchent à diviser la classe ouvrière et ne proposent un front unique que pour tromper les masses. Ce faisant, les social-démocrates ne font pas référence à des lettres personnelles confisquées (et truquées) mais à des articles ou discours de communistes dirigeants. L'indignation des social-démocrates se nourrit dans ce cas de leur connaissance de leur impuissance dans la lutte : les communistes savent que nous ne pouvons ni ne voulons lutter contre la bourgeoisie. Pourquoi nous offrent-ils un front unique ? Ils trompent les masses " Non, répondent les communistes, c'est vous, en vous prétendant combattants, qui trompez les masses et nous vous démasquons devant elles. Si vous ne voulez pas être démasqués, alors préparez-vous à vous battre ! "
C´est en présentant la fraction de Staline comme la gardienne de l'unité du parti que Jaroslavskij trompe le parti. Non seulement le P.C.U.S. mais tous les partis de l'Internationale sont coupés en trois parties. Tous les organisateurs et dirigeants du Comintern à l'époque de Lénine ont été écartés et, en très grand nombre, exclus. Le prestige du communisme mondial continue à décliner. Celui qui dit le contraire trompe le parti. Le plan quinquennal industriel, le projet statistique de développement économique, tout cela ne règle pas la question. Le parti est le bras historique et fondamental du prolétariat. Dans son état actuel, avec son orientation programmatique, avec son régime et sa direction actuels, le parti ne peut pas réaliser cette tâche.
Dans la république soviétique, la façade de l'appareil gouvernemental, héritier de la révolution d´Octobre, dissimule l'état réel du parti. Cela ne se produit pas dans les pays capitalistes. Le communisme international éprouve des pertes sur toutes les lignes et continue à reculer. Et sans une Internationale convenablement dirigée, aucun plan quinquennal ne mènera au socialisme. Dans ces conditions, l'Opposition a fait une tentative pour rétablir l'unité du parti. Nous n'avons pas douté une minute que ce geste serait rejeté. Maintenant il l'a été. La réponse a été donnée. La clarté nécessaire, qui manquait encore selon certains, est faite. Bien des Oppositionnels qui ont signé la déclaration de Rakovsky vont encore rompre avec le noyau fondamental. Bon débarras ! Ce noyau fondamental a été capable, dans ces derniers mois, de se relever complètement du coup de poignard dans le dos des capitulards. L'effet à l'époque a été exceptionnellement sévère à cause de l'isolement des Oppositionnels. Le pire a été en juin et juillet. Ce n'est pas par hasard que Jaroslavskij a été[1] obligé de citer une lettre de juin, Le comité de rédaction du Biulleten reçoit des dizaines de lettres indiquant que la crise de l'Opposition a été surmontée. La réponse de Jaroslavskij illumine toute une période. Les centristes de gauche qui, par nécessité, faisaient partie de l'Opposition jusqu'à la rupture du bloc centre-droite s´en sont retirés quand le centrisme officiel a tourné à gauche. C'est dans la nature des choses.
L'Opposition léniniste serre de nouveau les rangs.
Nous devons nous regrouper à l´échelle nationale et internationale. A l'égard de l'U.R.S.S. et du P.C.U.S. comme de l'Internationale, notre ligne demeure comme auparavant celle de la réforme. Mais nous ne sommes pas prêts à nous battre pour ces réformes dans les limites que Staline et Jaroslavskij, dans leur lutte pour leur propre préservation, restreignent constamment. Nous estimons nécessaire de redoubler d'efforts pour organiser les bolcheviks-léninistes en une fraction à l'intérieur du communisme, de publier systématiquement le Biulleten Oppositsii, de le faire pénétrer en U.R.S.S. et de le diffuser régulièrement parmi les travailleurs d'avant-garde de la République soviétique. Nous appelons ceux qui pensent comme nous à se décider à nous aider dans ce combat.
- ↑ En ne critiquant pas l'article de Jaroslavskij en lui-même, nous ne réfutons pas les mensonges qu'il contient. Jaroslavskij a sur ce point une solide réputation qui dépasse d'ailleurs les limites de l'Opposition. Tout en attribuant au camarade Trotsky un programme de guerre civile et pour cela en charcutant grossièrement des lettres de 1928, Jaroslavskij, avec beaucoup de légèreté, cite des matériaux qui sapent totalement l'"accusation" qu'il lance. Nous laissons tout cela de côté comme nous l'avons fait pour les évidentes distorsions de la lettre du camarade Solntsev.