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Et cependant vous vous référez en vain à Clara Zétkine
Auteur·e(s) | Léon Trotski |
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Écriture | 16 février 1917 |
Publié dans La Guerre et la Révolution. Paris 1974, pp. 259-260
A. Ingermann a trouvé nécessaire d’éluder la partie principale de la question et de s’occuper de réfuter ma lettre – pour mieux la confirmer. Il s’agissait, suivant Ingermann, non pas d’un engagement dans une organisation gouvernementale, mais bien dans la Croix-Rouge. Ingermann veut-elle dire par là que la Croix-Rouge n’est pas une organisation militaire gouvernementale ? Ou croit-elle qu’il faille faire une exception en faveur de cette organisation sanitaire militaire ? Il faudrait l’expliquer. Le sens de la référence aux propos de Zétkine devient plus mystérieux encore. A la conférence, Ingermann a affirmé que Clara Zétkine aurait regardé comme obligatoire l’engagement dans une organisation sanitaire militaire (Das ist unsere Pflicht) : c’est notre devoir. Des paroles de Zétkine se dégage la conclusion qu’il ne faut pas exclure du Parti les médecins qui s’engagent dans la Croix-Rouge. Les exclure ou les traiter moins sévèrement, cela regarde le tarif des punitions. Mais il faudrait auparavant définir l’engagement dans une organisation sanitaire : est-ce un crime ou… notre devoir ? Il faut donner une réponse non équivoque.
Pour savoir ce que pense de cette question de principe le groupe de Clara Zétkine, Liebknecht, Luxembourg et Mehring, il suffit de se rapporter à la brochure Les bases du Programme de l’Internationale. L’article de Käte Duncker formule comme suit l’opinion de l’aile gauche (à laquelle appartient Clara Zétkine) : les socialistes doivent apporter leur soutien au prolétariat victime de la guerre, mais ils ne peuvent le faire que dans des organisations socialistes sur lesquelles doivent se déployer les drapeaux du Socialisme révolutionnaire et non ceux, gouvernementaux, de la Croix-Rouge. Seulement dans ce sens, vous pouviez citer Clara Zétkine en ne faussant pas sa position réelle, Mme Ingermann !
A. Ingermann, en conclusion, ne parlera qu’aux Internationalistes authentiques. Çà c’est parler… Mais il suffit d’avoir pour cela des principes bien définis de politique internationaliste. Nous avons l’espoir qu’à la prochaine conférence, Ingermann et ses amis nous éclaireront là-dessus. A la dernière, cela ne marcha pas très fort. Le président Brown définit ses principes : il est social-patriote et a le courage de déclarer ses sentiments anti-socialistes. L’aile gauche exposa ses principes : lutte révolutionnaire pendant la guerre. Et les éléments intermédiaires ?… Ils se contentèrent de références équivoques à des propos privés de Zétkine défendant une tendance à laquelle Zétkine elle-même est implacablement hostile. C’est là que je suis intervenu, par respect pour Zétkine, et pour les principes.