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Déclaration de principes de 1969
Présentation[modifier le wikicode]
A nouveau, la troisième déclaration de principes dans l’histoire du Parti socialiste a correspondu à la question de l’unité. Emiettée par les conséquences de la guerre d’Algérie et l’installation de la Ve République, la « gauche non communiste » - comme on disait alors mesurant ainsi le poids du Parti communiste – a commencé son regroupement avec l’élection présidentielle de 1965 et la création de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste. Le problème de la fusion dans un grand parti socialiste a commencé à se poser en 1967 et a été vraiment à l’ordre du jour au début de l’année 1968. L’échec des élections législatives de juin 1968 n’a pas interrompu le processus mais l’a rendu plus complexe. A la fin de l’année, les organisations qui constituaient l’ancienne FGDS – à l’exception du Parti radical - négocièrent les conditions de la fusion. L’essentiel des affrontements porta sur les modalités du regroupement et la comptabilité des forces. Et l’on sait qu’il fallut attendre deux années avant qu’un accord put se faire. Mais, les délégués de la SFIO, de la Convention des institutions républicaines (CIR), de l’Union des clubs pour le renouveau de la gauche (UCRG), animée par Alain Savary et de l’Union des groupes et clubs socialistes (UGCS), structurée autour de Jean Poperen, ont négocié une charte fondamentale.
Claude Fuzier pour la SFIO et Pierre Joxe pour la CIR ont été les principaux rédacteurs de ce texte. Il a été adopté au congrès d’Alfortville, en mai 1969 qui a donné naissance à un nouveau Parti socialiste, mais qui ne regroupait que la SFIO et l’UCRG. Sans modification, il fut repris par le congrès d’Epinay en juin 1971. Il a donc reflété initialement un rapport de forces. Sa facture principale portait la marque de la SFIO. Des phrases entières ont été ainsi reprises de la déclaration de 1946. Et l’on retrouve l’équilibre entre le socialisme et la démocratie, l’acceptation du réformisme mais, en même temps, l’accent mis sur ses limites et la nécessité non « d’aménager le système capitalisme mais de lui en substituer un autre ».
Les inflexions sont cependant significatives. La « socialisation des moyens d’investissement (le mot – sinon la réalité – est nouveau), de production et d’échange » était dite « progressive ». Les formes de la propriété sociale devaient pouvoir revêtir des « formes multiples ». L’insistance était mise beaucoup plus qu’en 1946 sur la démocratie sociale, les pouvoirs des travailleurs, les notions de contrôle et de responsabilité. Les problématiques des années 1960 se sont reflétées naturellement dans ce texte. Une réflexion sur le progrès technique, la culture, les savoirs figurait également dans un texte plus étoffé que le précédent. Il est, enfin, intéressant de noter que les paragraphes concernant le caractère, à la fois, « national et international » du Parti ne mentionnaient pas l’Europe – pas encore considérée comme appartenant aux objectifs fondamentaux – mais insistaient sur l’importance de l’«organisation internationale des socialistes ». L’appartenance à l’Internationale socialiste, en effet, était un point de débat entre la SFIO et une partie de la CIR.
Cette déclaration n’a pas fait l’objet de débats au congrès d’Epinay qui a été dominé par les questions stratégiques des rapports avec le Parti communiste et de la nature du programme pour la gauche. 'A.B.
Texte de la déclaration de principes[modifier le wikicode]
Le but du Parti socialiste est de libérer la personne humaine de toutes les aliénations qui l’oppriment et par conséquent d’assurer à l’homme, à la femme, à l’enfant, dans une société fondée sur l’égalité et la fraternité, le libre exercice de leurs droits et le plein épanouissement de leurs facultés naturelles dans le respect de leurs devoirs à l’égard de la collectivité.
Le Parti socialiste regroupe donc, sans distinction de croyances philosophiques ou religieuses, tous les travailleurs intellectuels ou manuels, citadins ou ruraux, qui font leurs l’idéal et les principes du socialisme.
Le Parti socialiste affirme sa conviction que la liberté de l’homme ne dépend pas seulement de la reconnaissance formelle d’un certain nombre de droits politiques ou sociaux, mais de la réalisation des conditions économiques susceptibles d’en permettre le plein exercice. Parce qu’ils sont des démocrates conséquents, les socialistes estiment qu’il ne peut exister de démocratie réelle dans la société capitaliste. C’est en ce sens que le Parti socialiste est un Parti révolutionnaire.
Le socialisme se fixe pour objectif le bien commun et non le profit privé. La socialisation progressive des moyens d’investissement, de production et d’échange en constitue la base indispensable. La démocratie économique est en effet le caractère distinctif du socialisme.
Cependant, l’objectif des luttes ne concerne pas seulement une appropriation des moyens de production, mais aussi les pouvoirs démocratiques de gestion, de contrôle et de décision. Le socialisme nécessite le développement et la maîtrise d’une société d’abondance et la disparition du gaspillage engendré par le capitalisme.
Pour que l’homme soit libéré des aliénations que lui impose le capitalisme, pour qu’il cesse de subir la condition d’objet que lui réservent les formes nouvelles de ce capitalisme, pour qu’il devienne un producteur, un consommateur, un étudiant, un citoyen libre, il faut qu’il accède à la responsabilité dans les entreprises, dans les universités, comme dans les collectivités à tous les niveaux.
Seul un régime socialiste peut résoudre le problème posé par la domination de minorités, héréditaires ou cooptées, qui, s’appuyant sur la technocratie ou la bureaucratie, concentrent de plus en plus entre leurs mains, au nom de la fortune acquise, de la naissance ou de la technicité, le profit et les pouvoirs de décision.
Le Parti socialiste propose aux travailleurs de s’organiser pour l’action, car l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. Il les invite à prendre conscience de ce qu’ils sont la majorité et qu’ils peuvent donc, démocratiquement, supprimer l’exploitation - et par là même les classes - en restituant à la société les moyens de production et d’échange dont la détention reste, en dernière analyse, le fondement essentiel du pouvoir.
Le Parti socialiste, non seulement ne met pas en cause le droit pour chacun de posséder ses propres biens durables acquis par le fruit de son travail ou outils de son propre ouvrage, mais il en garantit l’exercice. Par contre, il propose de substituer progressivement à la propriété capitaliste une propriété sociale qui peut revêtit des formules multiples et à la gestion de laquelle les travailleurs doivent se préparer.
De nouvelles formes de culture doivent accompagner la démocratisation économique et politique de la société et se substituer à l’idéologie de la classe dominante. Elles seront affranchies de toutes les aliénations intellectuelles ou commerciales et favoriseront l’indépendance matérielle et morale du travail créateur.
Le Parti socialiste est essentiellement démocratique parce que tous les droits de la personne humaine et toutes les formes de la liberté sont indissociables les unes des autres. Les libertés démocratiques et leurs moyens d’expression, qui constituent l’élément nécessaire à tout régime socialiste, doivent être amendés et étendus par rapport à ce qu’ils sont afin de permettre aux travailleurs de transformer progressivement la société.
C’est pourquoi le Parti socialiste affirme sa volonté d’assurer les conditions essentielles à l’établissement d’un régime démocratique : suffrage universel et égal ; éducation, culture et information démocratiquement organisées ; respect de la liberté de conscience et de la laïcité de l’école et de l’État.
L’utilisation des réformes implique que l’on ait conscience de leur valeur et de leurs limites. Le Parti socialiste sait toute la valeur des réformes qui ont déjà atténué la peine des hommes et, pour beaucoup d’entre eux, accru leurs capacités révolutionnaires. Mais il tient à mettre en garde les travailleurs, la transformation socialiste ne peut pas être le produit naturel et la somme de réformes corrigeant les effets du capitalisme. Il ne s’agit pas d’aménager un système, mais de lui en substituer un autre.
Le Parti socialiste estime que la construction permanente d’une société socialiste passe par la voie démocratique : c’est la combinaison entre les différentes possibilités démocratiques, politiques et syndicales, qui créera les conditions de passage d’un régime à l’autre. Dans cette perspective, le mouvement socialiste considérera comme indispensables l’adhésion et le consentement des masses aux actions menées et ses militants doivent tendre à modifier, par les voies multiples de la démocratie, le rapport de forces actuellement imposé par la classe dominante.
Le Parti socialiste est un parti tout à la fois national et international.
Il est national parce qu’il n’y a pas d’hommes libres dans une nation asservie ou sujette, où la domination d’une puissance étrangère se superposerait à celle qu’exerce le capitalisme national, et parce que chaque pays doit pouvoir élaborer librement son propre modèle du socialisme.
Il est international parce que la patrie n’est qu’une fraction de l’humanité ; parce que les relations entre les peuples ont pris un caractère universel ; parce que le socialisme ne peut accepter de discriminations résultant de la couleur, de la race, des frontières ou du degré de développement et exige la solidarité active entre nations riches et nations pauvres et à l’égard des peuples privés du droit de gérer démocratiquement leurs propres affaires.
En conséquence, le Parti socialiste participera à l’élargissement et au renforcement de l’organisation internationale des socialistes. Il luttera pour l’établissement et le maintien de la paix, menacée par le capitalisme, l’impérialisme, le colonialisme. A cette fin, il travaillera à l’établissement de nouveaux rapports entre les nations, fondés sur l’existence d’une organisation internationale dotée de pouvoirs réels : arbitrage, désarmement général, simultané et contrôlé, force internationale, communautés supra-nationales.
Le Parti socialiste est un parti ouvert aux formes modernes de pensée et de connaissance.
C’est pourquoi tous ceux qui, dans ces disciplines, sont soucieux de servir l’idéal socialiste, doivent venir renforcer son effort de recherche et son action.
Face aux changements incessants de la société, à l’accélération du progrès technique, aux menaces mêmes que peut faire peser sur l’homme la mauvaise utilisation de nouvelles découvertes (par exemple dans les sciences nucléaires, biologiques ou socio-psychologiques) c’est un impératif pour les socialistes que d’établir un accord constant entre la société en mouvement et une action restant conforme aux principes permanents du socialisme.