Contre le courant ! (Palestine, 1948)

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L'éditorial suivant est traduit du Kol Ham’amad (La Voix de la Classe), organe en hébreu de la Ligue communiste révolutionnaire de Palestine, section de la Quatrième Internationale. Il expose le rôle réactionnaire du plan de partition des Nations Unies, qui étouffe la marée montante de la lutte de classe en Palestine, brouille les lignes de classe et crée des atmosphères d'«unité nationale» antagonistes dans les deux communautés nationales en Palestine. Comme on peut le voir dans l'éditorial, le PC de Palestine n'a pas échappé à l'hystérie nationaliste dans les deux camps et s'est scindé en deux partis nationaux.

Seuls les trotskystes palestiniens ont maintenu la position socialiste en appelant les travailleurs juifs et arabes à rompre avec les ennemis de classe dans leurs rangs et à mener leur lutte indépendante contre l'impérialisme. Malgré la marée haute actuelle de chauvinisme accompagnant le nouvel État «hébreu» mis en place par les armes de la Hagana d'un côté, et l'invasion de l'armée arabe de «libération» de l'autre, seul le programme internationaliste de la classe ouvrière proposé par les trotskystes, fournira les moyens de résoudre le problème palestinien. [Rédaction de Quatrième Internationale]

Contre le courant !

Les politiciens et les diplomates tentent toujours de trouver une formule pour la situation désastreuse dans laquelle la Palestine a été plongée par l'ONU décidant de la partition. S'agit-il d'une «rupture de la paix internationale» ou s'agit-il simplement «d'actes hostiles» ? En ce qui nous concerne, cette distinction n’a pas lieu d’être. Nous assistons quotidiennement au meurtre ou à la mutilation d'hommes et de femmes, jeunes et vieux, juifs ou arabes. Comme toujours, ce sont les masses laborieuses et les pauvres qui souffrent le plus.

Il n'y a pas si longtemps, les travailleurs arabes et juifs étaient unis dans des grèves contre un oppresseur étranger. Cette lutte commune a pris fin. Aujourd'hui, les travailleurs sont incités à s'entre-tuer. Les incendiaires ont réussi.

«Les Britanniques veulent faire échouer la partition au moyen du terrorisme arabe», expliquent les sionistes. Comme si ce conflit communautaire n'était pas l'instrument même par lequel la partition s'opère ! Il était facile pour les impérialistes de prévoir cela et ils peuvent être satisfaits du cours des événements.

Quel axe Bevin et Churchill doivent-ils écraser ?

La Grande-Bretagne a été perdante lors de la dernière guerre mondiale. Elle a perdu la majeure partie de ses avoirs à l’étranger. Son industrie est à la traîne. Construire son appareil productif nécessite de l'argent et de la main-d'œuvre.

«Maintenir l'ordre» en Palestine coûte à l'Angleterre plus de 35 millions de livres par an, un montant qui dépasse le profit qu'elle peut extorquer à ce pays. La partition la dégagera de ses obligations financières, lui permettra d'employer ses soldats dans le processus productif tandis que sa source de revenus restera intacte.

- Mais ce n'est pas tout. Par la partition, un fossé est creusé entre l'ouvrier arabe et juif. L'Etat sioniste avec ses lignes de démarcation provocatrices entraînera l'épanouissement de mouvements irrédentistes (de vengeance) de chaque côté, il y aura des combats pour une «Palestine arabe» et pour un État juif à l'intérieur des frontières historiques d'Eretz Israël (Terre d’Israël).– En conséquence, l'atmosphère chauvine ainsi créée empoisonnera le monde arabe du Moyen-Orient et étouffera la lutte anti-impérialiste des masses, tandis que les sionistes et les féodaux arabes se disputeront les faveurs impérialistes.

Le prix que la Grande-Bretagne doit payer pour les avantages de la partition est de renoncer à son monopole au pouvoir dans ce pays. D'un autre côté, Wall Street doit sortir du bois et apporter sa contribution à cette folle affaire de sauvegarde des positions impérialistes. Ceci, bien sûr, noircit la réputation «démocratique» de l'État dollar tout en ajoutant au prestige de la Grande-Bretagne. La partition est donc un compromis entre les voleurs impérialistes résultant d'une constellation de pouvoirs modifiée.

La fonction de l'ONU

Si les impérialistes anglo-américains avaient imposé eux-mêmes cette «solution» à la Palestine, ce jeu pourri aurait été manifeste dans tout l'Orient arabe. Cependant, ils ont botté en touche - le problème a été transmis à l'ONU. La fonction de l'ONU était d'adoucir le plat amer cuisiné dans la l’arrière-cuisine impérialiste, en l'habillant, selon les mots de Bevin, avec la sonorité de la «conscience du monde qui a prononcé un jugement». Exactement. Et les diplomates des petits pays ont dansé sur l'air de la flûte-dollar, invoquant «l'opinion publique mondiale». Et le casting particulier de ce spectacle permet à la Grande-Bretagne d'apparaître comme l'Ange Gardien débordant de sympathie pour les deux camps.

Et l'Union soviétique ? Pourquoi son représentant n'a-t-il pas qualifié le jeu de l'ONU d'escroquerie, ce qu'il est vraiment ?

Apparemment, la politique étrangère actuelle de l'Union soviétique n’est pas concernée par le combat des masses coloniales. Et comme la question de Palestine est une affaire de second ordre pour les «grands», les diplomates soviétiques ont jugé bon de s'attarder sur ce que Staline avait dit à propos de «l'Union soviétique qui est prête à rencontrer l'Amérique et la Grande-Bretagne à mi-chemin», malgré les différences économiques et sociales.

C'est ainsi que l'ONU a «résolu» le problème palestinien. Pourtant, c'est le même plat peu recommandable qui avait été mis en place pour l'Inde, la Grèce et l'Indochine.

Qu'est-ce que les Juifs ont à gagner à la partition ?

Les sionistes ont été submergés par un sentiment de triomphe lorsque les cuisiniers de l'ONU leur on offert cet os à ronger. "Notre travail, notre juste cause ont gagné... devant le forum des nations."

Depuis Herzl, les sionistes ont l'habitude de demander «justice» aux ennemis du peuple juif : au tsar, au Kaiser allemand, aux impérialistes britanniques, à Wall Street. Maintenant, ils voient leur chance arriver. Wall Street distribue des prêts et «l'indépendance politique». Bien sûr, pas pour rien. Le prix doit être payé par le sang.

L'Etat juif, ce don de Truman et de Bevin, donne un répit à l'économie capitaliste des sionistes. Cette économie repose sur des fondations très fragiles. Ses produits ne peuvent pas rivaliser sur le marché mondial. Son seul espoir est le marché intérieur duquel les produits arabes sont exclus. Ainsi, le problème de l'immigration juive est devenu un problème de vie ou de mort. Le flux continu d'immigrants qui arriveraient avec le restant de leurs biens est susceptible d'augmenter la circulation des marchandises, permettrait aux producteurs bourgeois de commercialiser leurs coûteuses marchandises. L'immigration de masse serait également très utile comme moyen de faire baisser les salaires qui «pèsent si lourdement» sur l'industrie juive. Un État engagé dans des conflits militaires inévitables signifierait des commandes de «l'armée hébraïque», une source de profits «hébreux» à ne pas du tout sous-estimer. Un État signifierait des milliers de fauteuils confortables pour les vieux routiers du fonctionnariat sioniste.

Qui paiera la note ?

Les travailleurs et les pauvres. Ils devront payer des prix élevés résultant de l'interdiction des produits arabes. Ils seront soumis au joug d'innombrables impôts, directs et indirects. Ils devront couvrir le déficit de l'Etat juif. Ils vivent dehors, sans toit au-dessus de leurs têtes, tandis que leurs institutions ont des «affaires plus importantes» à régler.

L'ouvrier juif séparé de son collègue arabe et empêché de mener avec lui une lutte de classe commune sera à la merci de ses ennemis de classe, l'impérialisme et la bourgeoisie sioniste. Il sera facile de le monter contre son allié prolétarien, l'ouvrier arabe, «qui le prive d'emplois et fait baisser le niveau des salaires» (une méthode qui a réussi dans le passé !). Ce n'est pas pour rien que Weitzmann a déclaré que «l'État juif endiguera l'influence communiste». En guise de compensation, l'ouvrier juif a le privilège de mourir d’une mort de héros sur l'autel de l'État hébreu.

Et quelles promesses l'État juif tient-il ? Signifie-t-il vraiment un pas en avant vers la solution du problème juif ?

La partition n'était pas destinée à résoudre la souffrance juive et n'est pas susceptible de le faire. Ce État nain, trop petit pour absorber les masses juives, ne peut même pas résoudre les problèmes de ses citoyens. L’État hébreu ne peut qu’infester l’Orient arabe par l’antisémitisme et pourrait bien devenir - comme l’a dit Trotsky - un piège sanglant pour des centaines de milliers de Juifs.

La partition ajoute de l'eau au moulin des réactionnaires arabes.

Les dirigeants de la Ligue arabe ont réagi à la décision de partition par des discours pleins de menaces et d'enthousiasme. En fait, un État sioniste est pour eux un don d'Allah. Appeler l'ouvrier et le fellah à la «guerre sainte pour sauver la Palestine» est censé étouffer leurs demandes de pain, de terre et de liberté. Une autre méthode séculaire : détourner un peuple aigri contre le danger juif et communiste.

En Palestine, la domination féodale a récemment commencé à perdre du terrain. Pendant la guerre, la classe ouvrière arabe a grandi en nombre et en conscience politique. Les ouvriers juifs et arabes se sont dressés contre l'oppresseur étranger, contre lequel ils ont mené ensemble des grèves. Un syndicat de gauche fort avait vu le jour ; et l'«Association Ouvrière des Arabes de Palestine» était en bonne voie de se libérer de l'influence des Husseinis. Le meurtre de son chef, Sami Taha, commis par des mercenaires du Haut Comité arabe n’a pas pu freiner cette évolution. Mais là où les Husseinis ont échoué, la décision de l'agence impérialiste, l'ONU, a réussi. La décision de partition a étouffé la lutte de classe des travailleurs palestiniens. La perspective d'être aux mains des «conquérants sionistes du sol et du travail» suscite la peur et l'inquiétude parmi les ouvriers et fellahs arabes.

Des slogans de guerre nationalistes tombent sur un sol fertile. Et les meurtriers féodaux voient arriver leur chance. Ainsi, la politique de partition permet aux féodaux de faire tourner à l’envers la roue de l'histoire.

Un premier résumé

Premier résultat de la politique de partition : les Juifs et les Arabes sont noyés dans une mer d'enthousiasme chauvin. Triomphe d'un côté, rage et exaspération de l'autre. Les communistes sont assassinés. Des pogroms de Juifs ont été lancés. Un tac au tac de meurtres et de provocations. Les «expéditions de mitraillage» de la Haganah sont l’aliment de la machine de propagande des nationalistes arabes dans leur campagne pour enrôler les masses pour plus d'effusion de sang. Le conflit militaire et la mise en pièces des mouvements ouvriers sont une aubaine pour les extrémistes chauvins des deux camps.

Qu'en est-il des «communistes» juifs ?

La vague patriotique rend la position de ménager la chèvre et le chou très inconfortable. Les partis «socialistes» sionistes ont rapidement «corrigé» leurs phrases anti-impérialistes et leur «résistance» obstinée contre «la mise en pièces du pays» et ont ouvert la voie à un soutien total et enthousiaste de la politique de partition impérialiste. C'était une question sans importance, il fallait simplement changer la tactique sioniste.

Pourtant, on aurait pu s'attendre à ce que le Parti communiste palestinien adopte une position différente. N'avaient-ils pas mis en garde à maintes reprises contre les conséquences fatales de la création d'un État juif ? «La partition sera désastreuse pour les Juifs comme pour les Arabes... la partition est un plan impérialiste destiné à donner une nouvelle vie à la domination britannique...» (témoignage du PCP devant la commission d'enquête anglo-américaine, le 25 mars 1946). Le secrétaire du parti est resté fidèle à cette attitude jusqu'en juillet 1947 lorsqu'il a déclaré devant la commission de l'ONU : «Nous refusons catégoriquement le plan de partition, car ce plan est préjudiciable aux intérêts des deux peuples.» Cependant, après la réalisation de ce plan avec le soutien des représentants soviétiques, Kol Ha'Am (l'organe central stalinien) s'est empressé de déclarer que «la démocratie et la justice l’ont emporté (!)». Et du jour au lendemain, un parti nouvellement baptisé est apparu : le nom de Parti communiste de Palestine a été changé en Parti communiste d'Eretz Israël (Parti communiste de la Terre d’Israël). Ainsi, même le dernier vestige d’un contact avec la population arabe a été rompu. Le fossé qui séparait encore le PC du sionisme a finalement été comblé. Au lieu d'être l'avant-garde de la lutte anti-impérialiste des masses arabes et juives, le Parti communiste palestinien est devenu la l’appendice «communiste» des sionistes de «gauche». Précisément à un moment où le sionisme montre à tous son visage contre-révolutionnaire et sa servilité flagrante à l'impérialisme. Ainsi, le Parti communiste lui-même a tourné en ridicule toute son ancienne dénonciation des tromperies impérialistes et sionistes.

Pourquoi a-t-il fait faillite ?

La politique du Parti communiste palestinien à manqué d’une ligne déterminée. La politique du PCP reflète à la fois les besoins découlant de la guerre de classe de l'ouvrier juif en Palestine et les besoins de la politique étrangère soviétique. Les besoins de la guerre de classe, cependant, exigent une politique internationale cohérente, la négation du sionisme, de sa discrimination entre arabe et juif. D'un autre côté, la nécessité d'ajuster la ligne du parti aux manœuvres diplomatiques de l’Union Soviétique appelle à une politique «élastique», sans colonne vertébrale. En conséquence, nous retrouvons les tristement célèbres tergiversations et zigzags, qui, maintenant, ont attelé le PCP au wagon sioniste. La cinquième roue du carrosse !

Et les «communistes» arabes ?

Les staliniens arabes, la «Ligue de libération nationale», n’ont pas fait mieux que leurs homologues juifs. Ils étaient dans une situation difficile pour justifier le soutien de la Russie à l'État juif. On ne pouvait pas s'attendre à ce que les travailleurs arabes acceptent cette ligne. Loin de là ! Ils reconnaissaient l'ingérence de la diplomatie soviétique pour ce qu'elle était : un coup traître porté à l'unité des travailleurs palestiniens. Après la déclaration de Zarapkin favorable à la partition, les gens de la Ligue de libération nationale se sont retrouvés entourés de mépris et d'hostilité.

La politique de l'Union soviétique a sapé la position de la Ligue parmi les travailleurs arabes. Elle a ainsi ouvert la porte à la campagne réactionnaire et chauvine contre le «danger rouge». À l'heure actuelle, la Ligue de libération nationale défend la paix et est en train de dénoncer le rôle provocateur joué par le gouvernement britannique. Mais comme elle avait crié à «l'unité nationale» (avec les féodaux Husseinis, les actuels instigateurs de guerre au cours des dernières années), son attitude actuelle ne convainc pas. Mais la Ligue de libération nationale a convaincu les travailleurs arabes que le centre moteur de sa politique n'est pas l'intérêt du prolétariat palestinien, mais celui du Kremlin.

Une guerre de défense ?

Les deux camps mobilisent aujourd'hui les masses derrière le slogan de «l'autodéfense». «Nous avons été attaqués, défendons-nous !» - disent les sionistes. «Sauvons-nous du danger d'une conquête juive !» - déclare le Haut-Comité arabe. Où est la vérité ?

La guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens. La guerre menée par les féodaux arabes n'est que la continuation de leur guerre réactionnaire contre l'ouvrier et le fellah qui s'efforcent de se débarrasser de l'oppression et de l'exploitation. Pour les effendis féodaux, le «Salut de la Palestine» signifie la sauvegarde de leurs revenus aux dépens des fellahs, le maintien de leur régime autocratique sur la ville et la campagne, la destruction des organisations prolétariennes et de la solidarité de classe internationale.

La guerre menée par les sionistes est la continuation de leur politique expansionniste basée sur la discrimination entre les deux peuples : ils défendent le kibbush avoda (éviction du travail arabe), le kibbush adama (éviction des fellahs), le boycott des biens arabes, la «domination hébraïque». Le conflit militaire est le résultat direct de la politique de conquête des sionistes.

On ne peut pas dire que cette guerre a de l’un ou l’autre côté un caractère progressiste. La guerre ne libère pas de forces progressistes et ne supprime pas les obstacles sociaux et économiques bouchant la voie du développement des deux nations. Tout au contraire. Elle est susceptible d'obscurcir l'antagonisme de classe et d'ouvrir la porte aux excès nationalistes. Elle affaiblit le prolétariat et renforce l'impérialisme dans les deux camps.

Que faire ?

Chaque camp est «anti-impérialiste» jusqu'à l'os, occupé à détecter le réactionnaire - dans le camp opposé. Et l'impérialisme est toujours vu comme aidant l'autre côté. Mais ce genre de tableau est de l'huile sur le feu impérialiste. Car cette politique de divulgation de l’impérialisme est alimentée dans les deux camps par des agences de profiteurs de guerre. Par conséquent, nous disons au peuple palestinien, en réponse aux bellicistes nationalistes : Faites de cette guerre entre juifs et arabes, qui sert les buts de l'impérialisme, une guerre commune des deux nations contre l'impérialisme !

C'est la seule solution garantissant une vraie paix. Tel doit être notre objectif, il doit être atteint sans concessions à l’humeur chauvine qui prévaut actuellement parmi les masses.

Comment cela peut-il être fait ?

«Le principal ennemi est dans notre propre pays !» - c'est ce que Karl Liebknecht avait à dire aux ouvriers lorsque les impérialistes et les sociaux-démocrates les incitaient à massacrer leurs camarades dans d'autres pays. Dans cet esprit, nous disons aux ouvriers juifs et arabes : l'ennemi est dans votre propre camp !

Ouvriers juifs ! Débarrassez-vous des provocateurs sionistes qui vous disent de vous sacrifier sur l'autel de l'État !

Ouvriers arabes et fellahs ! Débarrassez-vous des provocateurs chauvins qui vous plongent dans un bourbier sanglant pour leur propre intérêt.

Travailleurs des deux peuples, unissez-vous dans un front commun contre l'impérialisme et ses agents !

Le problème du jour est le problème de la sécurité. Les travailleurs juifs se demandent : «Comment protéger nos vies ? Ne devrions-nous pas soutenir la «Haganah» ? » Et les travailleurs arabes et les fellahs se demandent : «Ne devrions-nous pas rejoindre la "Najada" ou la "Futuwa" [Deux organisations paramilitaires palestiniennes formées en 1945] pour nous défendre contre les attaques des sionistes ?»

Une distinction doit être faite entre les aspects pratiques et politiques de cette question. Nous ne pouvons pas contrecarrer les mobilisations et nous ne disons donc pas aux travailleurs de refuser de se mobiliser. Mais il est de notre devoir de dénoncer le caractère réactionnaire des organisations chauvines, même chez eux. Le seul moyen de parvenir à la paix entre les deux peuples de ce pays est qu’ils retournent, dans les deux camps, les armes contre les instigateurs de meurtres.

Au lieu des phrases abstraites «anti-impérialistes» des social-patriotes qui dissimulent leur servilité envers l'impérialisme, nous montrons une manière pratique de lutter contre l'oppresseur étranger : démasquer ses agents locaux, saper leur influence ; de sorte que les ouvriers et le fellahs arabes comprennent que la campagne militaire contre les juifs contribue à la partition et n'aide que les féodaux et les impérialistes, alors qu'ils en supportent le poids et qu’elle est payée de leur sang ; de sorte aussi que l'ouvrier juif reconnaisse enfin quelle illusion est le sionisme et comprenne qu'il ne sera pas libre et en sécurité tant qu'il n'aura pas éliminé la discrimination nationale, l'isolationnisme et la loyauté à l’impérialisme.

Nous devons maintenir le contact entre les travailleurs des deux peuples, quels que soient les lieux de travail où cela peut encore être fait, afin d'éviter les actes de provocation et afin de sauvegarder les vies des travailleurs tant au travail que sur les routes. Forgeons des cadres révolutionnaires ! Dans cet enfer brûlant de chauvinisme, nous devons brandir la bannière de la fraternité internationale.

Contre le courant !

Le capitalisme mondial en recul essaie de durer en faisant gonfler des conflits nationaux imaginaires, en piétinant les masses et en les brutalisant. À long terme, ce remède échouera. Les masses auront appris leurs leçons à travers de souffrances. Elles apprendront à reconnaître leur ennemi : le capitalisme monopolistique qui se cache derrière son agence locale au pouvoir. Avec la lutte de classe qui s'intensifie partout dans le monde et en particulier dans les pays arabes, la fin de la guerre fratricide dans ce pays ne peut que survenir.

La vague patriotique d'aujourd'hui balaie tous ceux qui manquent des principes du communisme international. À ce stade l’activité révolutionnaire exige de la patience, de la persévérance et de la clairvoyance. C'est une voie pleine de dangers et de difficultés. Mais c'est le seul moyen de sortir de ce bourbier patriotique. Souvenons-nous des paroles de Lénine qui, prononcées dans une situation similaire, s'appliquent également à la nôtre :

«Nous ne sommes pas des charlatans ... Nous devons nous baser sur la conscience des masses. Même s'il faut rester minoritaire, qu'il en soit ainsi. Nous ne devons pas avoir peur d'être en minorité. Nous continuerons le travail de critique afin de libérer les masses de la tromperie... Notre ligne se révélera juste... Tous les opprimés viendront à nous. Ils n’ont pas d’autre issue.»