Ligne 35 : |
Ligne 35 : |
| === 2<sup>e</sup> congrès (1903) : mencheviks et bolcheviks === | | === 2<sup>e</sup> congrès (1903) : mencheviks et bolcheviks === |
| | | |
− | Le [[second_congrès_du_POSDR|second congrès]], qui réunit essentiellement des émigrés et intellectuels vivant à l'étranger, tente de constituer une force politique unifiée qui n'existe toujours pas réellement. Les 51 congressistes se réunissent à Bruxelles le 30 juillet 1903 mais doivent sous la pression des autorités belges se déplacer le 11 août à Londres. | + | Le [[Second_congrès_du_POSDR|second congrès]], qui réunit essentiellement des émigrés et intellectuels vivant à l'étranger, tente de constituer une force politique unifiée qui n'existe toujours pas réellement. Les 51 congressistes se réunissent à Bruxelles le 30 juillet 1903 mais doivent sous la pression des autorités belges se déplacer le 11 août à Londres. |
| | | |
| Le [[Union_générale_des_travailleurs_juifs|Bund]] ne participe que partiellement aux travaux du congrès. Il réclame une autonomie au sein du parti, qui est largement refusée (y compris par d'autres marxistes juifs comme [[Trotsky|Trotsky]] ou [[Martov|Martov]]). Les délégués du Bund quittent alors le Congrès. | | Le [[Union_générale_des_travailleurs_juifs|Bund]] ne participe que partiellement aux travaux du congrès. Il réclame une autonomie au sein du parti, qui est largement refusée (y compris par d'autres marxistes juifs comme [[Trotsky|Trotsky]] ou [[Martov|Martov]]). Les délégués du Bund quittent alors le Congrès. |
Ligne 56 : |
Ligne 56 : |
| Le parti se scinde ensuite en deux fractions le 17 novembre. Se retrouvant en minorité, les menchevik scissionnent. Sous pression, Plekhanov fait volte-face et exige, au nom du maintien de « l’unité », que la majorité au comité de rédaction de l’''[[Iskra|Iskra]] ''soit rendue aux mencheviks. Lénine refuse. Il fait valoir que s'il avait été minoritaire il serait resté à la rédaction en tant que minorité, sans faire de chantage à l'unité. Lénine tente pourtant activement d'éviter la scission, assurant des pleins droits démocratiques aux menchéviks. Mais ceux-ci refusent tout compromis. | | Le parti se scinde ensuite en deux fractions le 17 novembre. Se retrouvant en minorité, les menchevik scissionnent. Sous pression, Plekhanov fait volte-face et exige, au nom du maintien de « l’unité », que la majorité au comité de rédaction de l’''[[Iskra|Iskra]] ''soit rendue aux mencheviks. Lénine refuse. Il fait valoir que s'il avait été minoritaire il serait resté à la rédaction en tant que minorité, sans faire de chantage à l'unité. Lénine tente pourtant activement d'éviter la scission, assurant des pleins droits démocratiques aux menchéviks. Mais ceux-ci refusent tout compromis. |
| | | |
− | En 1904, Lénine développe son point de vue dans une brochure, ''Un pas en avant, deux pas en arrière''.<ref name="UnPasEnAvant" /> [[Rosa_Luxemburg_et_les_bolchéviks|Rosa Luxemburg publie une critique de Lénine]], ''Questions d'organisation de la social-démocratie russe''.<ref>Rosa Luxemburg, ''[https://www.marxists.org/francais/luxembur/c_et_d/c_et_d_1.htm Questions d'organisation de la social-démocratie russe]'', 1904</ref> | + | En 1904, Lénine développe son point de vue dans une brochure, ''Un pas en avant, deux pas en arrière''.<ref name="UnPasEnAvant">Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1904/05/vil19040500.htm Un pas en avant, deux pas en arrière]'', 1904</ref> [[Rosa_Luxemburg_et_les_bolchéviks|Rosa Luxemburg publie une critique de Lénine]], ''Questions d'organisation de la social-démocratie russe''.<ref>Rosa Luxemburg, ''[https://www.marxists.org/francais/luxembur/c_et_d/c_et_d_1.htm Questions d'organisation de la social-démocratie russe]'', 1904</ref> |
| | | |
| [[Léon_Trotski|Trotski]] siège au II<sup>e</sup> Congrès au titre de délégué de l'Union sibérienne. Après y avoir combattu durement le ''Bund'', il se retrouve lors de la scission du côté menchevik. Il continue alors pour une courte période à collaborer à l'''Iskra'', contrôlée par les mencheviks. Pour fournir à ses mandants un exposé de son action lors du congrès, il publie en 1904 le ''Rapport de la délégation sibérienne'' dans lequel il s'attaque à Lénine, le comparant à [[Maximilien_de_Robespierre|Robespierre]], l'accusant de mettre le parti ''« dans un état de siège »'', de lui ''« imposer sa poigne de fer »'', et de transformer ''« son modeste comité central en comité de salut public »''.<ref>Trotsky, ''[https://www.marxists.org/archive/trotsky/1903/xx/siberian.htm Report of the Siberian Delegation]'', 1903</ref> | | [[Léon_Trotski|Trotski]] siège au II<sup>e</sup> Congrès au titre de délégué de l'Union sibérienne. Après y avoir combattu durement le ''Bund'', il se retrouve lors de la scission du côté menchevik. Il continue alors pour une courte période à collaborer à l'''Iskra'', contrôlée par les mencheviks. Pour fournir à ses mandants un exposé de son action lors du congrès, il publie en 1904 le ''Rapport de la délégation sibérienne'' dans lequel il s'attaque à Lénine, le comparant à [[Maximilien_de_Robespierre|Robespierre]], l'accusant de mettre le parti ''« dans un état de siège »'', de lui ''« imposer sa poigne de fer »'', et de transformer ''« son modeste comité central en comité de salut public »''.<ref>Trotsky, ''[https://www.marxists.org/archive/trotsky/1903/xx/siberian.htm Report of the Siberian Delegation]'', 1903</ref> |
Ligne 71 : |
Ligne 71 : |
| | | |
| *les [[Menchéviks|menchéviks]] prônent le ralliement du prolétariat à la bourgeoisie, et donc l'autolimitation des revendications ouvrières pour ne pas dissuader les libéraux bourgeois, | | *les [[Menchéviks|menchéviks]] prônent le ralliement du prolétariat à la bourgeoisie, et donc l'autolimitation des revendications ouvrières pour ne pas dissuader les libéraux bourgeois, |
− | *les [[Bolchéviks|bolchéviks]] soutiennent que la révolution bourgeoise peut être accomplie même sans les libéraux bourgeois, par la ''« [[dictature_démocratique_des_ouvriers_et_des_paysans|dictature démocratique des ouvriers et des paysans]] »''.<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1905/08/vil19050800.htm Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique]'', 1905</ref> | + | *les [[Bolchéviks|bolchéviks]] soutiennent que la révolution bourgeoise peut être accomplie même sans les libéraux bourgeois, par la ''« [[Dictature_démocratique_des_ouvriers_et_des_paysans|dictature démocratique des ouvriers et des paysans]] »''.<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1905/08/vil19050800.htm Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique]'', 1905</ref> |
| | | |
| C'est à ce moment que [[Trotsky|Trotsky]] développe une idée différente et originale : la [[Théorie_de_la_révolution_permanente|théorie de la révolution permanente]]. | | C'est à ce moment que [[Trotsky|Trotsky]] développe une idée différente et originale : la [[Théorie_de_la_révolution_permanente|théorie de la révolution permanente]]. |
Ligne 101 : |
Ligne 101 : |
| Les débats sont tendus. Les bolchéviks soutiennent qu'il faut se préparer à un soulèvement armé contre le tsarisme, ce que Martov dénonce comme une déviation ''« putschiste »''. | | Les débats sont tendus. Les bolchéviks soutiennent qu'il faut se préparer à un soulèvement armé contre le tsarisme, ce que Martov dénonce comme une déviation ''« putschiste »''. |
| | | |
− | La question [[syndicale|syndicale]] soulève aussi des débats. Les menchéviks soutiennent l'idée d'organiser un grand ''« congrès ouvrier »'', comme première étape vers un mouvement ouvrier organisé davantage sur le modèle d'Europe de l'Ouest. | + | La question [[Syndicale|syndicale]] soulève aussi des débats. Les menchéviks soutiennent l'idée d'organiser un grand ''« congrès ouvrier »'', comme première étape vers un mouvement ouvrier organisé davantage sur le modèle d'Europe de l'Ouest. |
| | | |
− | Enfin, les menchéviks condamnent les ''« [[expropriations_(braquages)|expropriations]] »'' (braquages menés pour financer les activités du parti) menées par certains bolchéviks (mais aussi par des [[socialistes-révolutionnaires|SR]] et des anarchistes). Leur résolution est votée à 65% (y compris certains bolchéviks). Ironiquement, une des ''« expropriations »'' les plus connues eut lieu quelques semaines après le congrès [[Braquage_de_la_banque_de_Tiflis|à Tiflis]]. | + | Enfin, les menchéviks condamnent les ''« [[Expropriations_(braquages)|expropriations]] »'' (braquages menés pour financer les activités du parti) menées par certains bolchéviks (mais aussi par des [[Socialistes-révolutionnaires|SR]] et des anarchistes). Leur résolution est votée à 65% (y compris certains bolchéviks). Ironiquement, une des ''« expropriations »'' les plus connues eut lieu quelques semaines après le congrès [[Braquage_de_la_banque_de_Tiflis|à Tiflis]]. |
| | | |
| Le Comité central issu de ce congrès est profondément divisé et ne parvient pas à fonctionner. Les bolchéviks élisent à l'issue du congrès leur propre direction, menée par Lénine. | | Le Comité central issu de ce congrès est profondément divisé et ne parvient pas à fonctionner. Les bolchéviks élisent à l'issue du congrès leur propre direction, menée par Lénine. |