Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
279 octets enlevés ,  22 mai 2020 à 23:11
aucun résumé des modifications
Ligne 13 : Ligne 13 :     
Une scission eut lieu chez les SR et après Octobre le parti SR de gauche dirigea le [https://wikirouge.net/Conseil_des_commissaires_du_peuple_(URSS) gouvernement révolutionnaire] avec les bolchéviks jusqu'en juillet 1918. Ce n'est qu'après la tentative de coup d'Etat des SR de gauche que le parti est réprimé et que les bolchéviks se retrouvent seuls au pouvoir. Si diverses forces menchéviques ou [https://wikirouge.net/Anarchisme_en_Russie anarchistes] sont encore légales quelques temps, le modèle du [https://wikirouge.net/Parti_unique parti unique] sera de plus en plus assumé, la direction bolchévique théorisant qu'elle incarnait le peuple révolutionnaire. La guerre civile a généré une extrême polarisation dans les masses, favorisant une logique identifiant l'opposition au bolchévisme à l'opposition à la révolution. Ainsi [https://wikirouge.net/Victor_Serge Victor Serge], anarchiste rallié aux bolchéviks, écrivit :
 
Une scission eut lieu chez les SR et après Octobre le parti SR de gauche dirigea le [https://wikirouge.net/Conseil_des_commissaires_du_peuple_(URSS) gouvernement révolutionnaire] avec les bolchéviks jusqu'en juillet 1918. Ce n'est qu'après la tentative de coup d'Etat des SR de gauche que le parti est réprimé et que les bolchéviks se retrouvent seuls au pouvoir. Si diverses forces menchéviques ou [https://wikirouge.net/Anarchisme_en_Russie anarchistes] sont encore légales quelques temps, le modèle du [https://wikirouge.net/Parti_unique parti unique] sera de plus en plus assumé, la direction bolchévique théorisant qu'elle incarnait le peuple révolutionnaire. La guerre civile a généré une extrême polarisation dans les masses, favorisant une logique identifiant l'opposition au bolchévisme à l'opposition à la révolution. Ainsi [https://wikirouge.net/Victor_Serge Victor Serge], anarchiste rallié aux bolchéviks, écrivit :
<blockquote>« D'excellents révolutionnaires affirment que « la dictature prolétariat ne doit pas être celle d'un parti » et il est difficile de ne pas leur donner raison tout d'abord si l'on a en vue ce qui doit, c'est-à-dire ce qui ''devrait'' être... Peut-être, en d'autres conjonctures historiques. diverses tendances idéologiques du mouvement révolutionnaire réaliseront-elles un certain équilibre, infiniment souhaitable à coup sûr pour l'évolution ultérieure de la société nouvelle. Mais cela paraît douteux, il semble bien que par la force des choses un groupe soit contraint de s'imposer aux autres et de les dépasser, en les brisant au besoin, pour exercer ensuite une dictature exclusive. Telle est l'expérience des montagnards jacobins écrasant d'abord la Gironde et ensuite la Commune. Telle celle des bolcheviks, contraints de réduire tour à tour les mencheviks socialistes-révolutionnaires et les anarchistes. Toute autre organisation - fût-elle libertaire - en eût fait autant, à leur place. Car, à de pareils moments, l'opposition quelle qu'elle soit devient l'alliée de fait de la contre-révolution extérieure ; car l'intolérance est portée à son comble par le développement même de la psychologie révolutionnaire. »<ref>Victor Serge, ''[https://www.marxists.org/francais/serge/works/1920/08/exprevrusse.htm Les anarchistes et l'expérience de la révolution russe]'', juillet-août 1920</ref></blockquote>Le philosophe anglais [[Bertrand_Russel|Bertrand Russel]] fait la remarque suivante suite à son voyage en Russie en 1920 :<blockquote>''«&nbsp;Chez nous, les amis de la Russie aiment à se représenter la dictature du prolétariat comme n’étant qu’une forme nouvelle de gouvernement représentatif, où seuls les ouvriers et les ouvrières ont droit de vote, et où les circonscriptions sont déterminées en partie par le métier exercé par les électeurs, et non par les localités qu’ils habitent. Ils se figurent que le prolétariat, c’est bien le « prolétariat », mais que la « dictature » n’a pas tout à fait le sens de « dictature ». C’est le contraire qui est vrai. Quand un communiste russe parle de « dictature », il prend ce terme dans son sens littéral, mais quand il parle du « prolétariat », il emploie ce mot avec certaines réserves. Ce qu’il a en vue, c’est la partie « consciente » du prolétariat, c’est-à-dire le parti communiste.&nbsp;»<ref>Bertrand Russell, [https://bibdig.biblioteca.unesp.br/bitstream/handle/10/6534/la-pratique-et-la-theorie-du-bolchevisme.pdf ''Pratique et théorie du bolchevisme''], 1920</ref>''</blockquote>En mars 1921 a lieu le [[10e Congrès du parti bolchévik|10<sup>e </sup>Congrès]] du PC, que Lénine ouvre par une violente charge contre l’[[Opposition Ouvrière]], ''«&nbsp;une menace pour la révolution&nbsp;»''. Face aux remises en question du parti, Lénine en vient à théoriser  l'association entre [[Dictature du prolétariat|dictature du prolétariat]] et parti communiste unique&nbsp;:<blockquote>«&nbsp;Le marxisme enseigne que le parti politique de la classe ouvrière, c’est-à-dire le parti communiste, est le seul capable de grouper, d’éduquer et d’organiser l’avant-garde du prolétariat et de toutes les masses laborieuses, qui est seule capable (…) de diriger toutes les activités unifiées de l’ensemble du prolétariat, c’est-à-dire le diriger politiquement et, par son intermédiaire, guider toutes les masses laborieuses. Autrement, la dictature du prolétariat est impossible&nbsp;»</blockquote>[[Trotski]] affirme le ''«&nbsp;droit d’aînesse historique révolutionnaire du Parti&nbsp;»'' et explique que ''«&nbsp;Le Parti est obligé de maintenir sa dictature (…) quelles que soient les hésitations temporaires même dans la classe ouvrière (…). La dictature n’est pas fondée à chaque instant sur le principe formel de la démocratie ouvrière&nbsp;»''. [[Lénine]] théorise&nbsp;: ''«&nbsp;Le marxisme enseigne que le parti politique de la classe ouvrière, c’est-à-dire le parti communiste, est le seul capable de grouper, d’éduquer et d’organiser l’avant-garde du prolétariat et de toutes les masses laborieuses&nbsp;»''.<ref>La bataille socialiste, [https://bataillesocialiste.wordpress.com/2010/06/03/le-x-congres-du-parti-bolchevik-en-1921/ ''Le X° Congrès du Parti bolchevik en 1921'']</ref>
+
<blockquote>
 +
« D'excellents révolutionnaires affirment que « la dictature prolétariat ne doit pas être celle d'un parti » et il est difficile de ne pas leur donner raison tout d'abord si l'on a en vue ce qui doit, c'est-à-dire ce qui ''devrait'' être... Peut-être, en d'autres conjonctures historiques. diverses tendances idéologiques du mouvement révolutionnaire réaliseront-elles un certain équilibre, infiniment souhaitable à coup sûr pour l'évolution ultérieure de la société nouvelle. Mais cela paraît douteux, il semble bien que par la force des choses un groupe soit contraint de s'imposer aux autres et de les dépasser, en les brisant au besoin, pour exercer ensuite une dictature exclusive. Telle est l'expérience des montagnards jacobins écrasant d'abord la Gironde et ensuite la Commune. Telle celle des bolcheviks, contraints de réduire tour à tour les mencheviks socialistes-révolutionnaires et les anarchistes. Toute autre organisation - fût-elle libertaire - en eût fait autant, à leur place. Car, à de pareils moments, l'opposition quelle qu'elle soit devient l'alliée de fait de la contre-révolution extérieure ; car l'intolérance est portée à son comble par le développement même de la psychologie révolutionnaire. »<ref>Victor Serge, ''[https://www.marxists.org/francais/serge/works/1920/08/exprevrusse.htm Les anarchistes et l'expérience de la révolution russe]'', juillet-août 1920</ref>
 +
</blockquote>Le philosophe anglais [[Bertrand_Russel|Bertrand Russel]] fait la remarque suivante suite à son voyage en Russie en 1920 :<blockquote>
 +
''«&nbsp;Chez nous, les amis de la Russie aiment à se représenter la dictature du prolétariat comme n’étant qu’une forme nouvelle de gouvernement représentatif, où seuls les ouvriers et les ouvrières ont droit de vote, et où les circonscriptions sont déterminées en partie par le métier exercé par les électeurs, et non par les localités qu’ils habitent. Ils se figurent que le prolétariat, c’est bien le « prolétariat », mais que la « dictature » n’a pas tout à fait le sens de « dictature ». C’est le contraire qui est vrai. Quand un communiste russe parle de « dictature », il prend ce terme dans son sens littéral, mais quand il parle du « prolétariat », il emploie ce mot avec certaines réserves. Ce qu’il a en vue, c’est la partie « consciente » du prolétariat, c’est-à-dire le parti communiste.&nbsp;»<ref>Bertrand Russell, [https://bibdig.biblioteca.unesp.br/bitstream/handle/10/6534/la-pratique-et-la-theorie-du-bolchevisme.pdf ''Pratique et théorie du bolchevisme''], 1920</ref>''
 +
</blockquote>En mars 1921 a lieu le [[10e Congrès du parti bolchévik|10<sup>e </sup>Congrès]] du PC, que Lénine ouvre par une violente charge contre l’[[Opposition Ouvrière]], ''«&nbsp;une menace pour la révolution&nbsp;»''. Face aux remises en question du parti, Lénine en vient à théoriser  l'association entre [[Dictature du prolétariat|dictature du prolétariat]] et parti communiste unique&nbsp;:<blockquote>
 +
«&nbsp;Le marxisme enseigne que le parti politique de la classe ouvrière, c’est-à-dire le parti communiste, est le seul capable de grouper, d’éduquer et d’organiser l’avant-garde du prolétariat et de toutes les masses laborieuses, qui est seule capable (…) de diriger toutes les activités unifiées de l’ensemble du prolétariat, c’est-à-dire le diriger politiquement et, par son intermédiaire, guider toutes les masses laborieuses. Autrement, la dictature du prolétariat est impossible&nbsp;»<ref>La bataille socialiste, [https://bataillesocialiste.wordpress.com/2010/06/03/le-x-congres-du-parti-bolchevik-en-1921/ ''Le X° Congrès du Parti bolchevik en 1921'']</ref>
 +
</blockquote>[[Trotski]] affirme le ''«&nbsp;droit d’aînesse historique révolutionnaire du Parti&nbsp;»'' et explique que ''«&nbsp;Le Parti est obligé de maintenir sa dictature (…) quelles que soient les hésitations temporaires même dans la classe ouvrière (…). La dictature n’est pas fondée à chaque instant sur le principe formel de la démocratie ouvrière&nbsp;»''.
 
Au même moment éclate la [[révolte de Cronstadt]]. Celle-ci fut un révélateur de l'ampleur de la rupture du lien avec les masses. L'ensemble de la direction bolchévique, tous courants confondus, accepte la répression des insurgés. On craint alors que la contre-révolution s'empare de Cronstadt (même s'il apparaît rétrospectivement que la guerre civile était déjà gagnée). Malgré les désaccords importants qui les divisent ([http://wikirouge.net/Opposition_ouvri%C3%A8re Opposition ouvrière], [http://wikirouge.net/D%C3%A9cistes décistes]...), l'esprit de citadelle assiégé est tel que les congressistes acceptent la suppression du [http://wikirouge.net/wiki/index.php?title=Droit_de_fraction&action=edit&redlink=1 droit de fraction], et prennent tous les armes contre Cronstadt.
 
Au même moment éclate la [[révolte de Cronstadt]]. Celle-ci fut un révélateur de l'ampleur de la rupture du lien avec les masses. L'ensemble de la direction bolchévique, tous courants confondus, accepte la répression des insurgés. On craint alors que la contre-révolution s'empare de Cronstadt (même s'il apparaît rétrospectivement que la guerre civile était déjà gagnée). Malgré les désaccords importants qui les divisent ([http://wikirouge.net/Opposition_ouvri%C3%A8re Opposition ouvrière], [http://wikirouge.net/D%C3%A9cistes décistes]...), l'esprit de citadelle assiégé est tel que les congressistes acceptent la suppression du [http://wikirouge.net/wiki/index.php?title=Droit_de_fraction&action=edit&redlink=1 droit de fraction], et prennent tous les armes contre Cronstadt.
  

Menu de navigation