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==Postérité : Controverses sur l'affaire des Romanov==
 
==Postérité : Controverses sur l'affaire des Romanov==
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Suite à l'[[Assassinat_de_la_famille_impériale_russe|assassinat de la famille impériale]], dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918 au sein de la maison d'Ipatiev, appelée de manière codée "maison à destination spéciale" un mythe antisémite va circuler dans les milieux les plus réactionnaires : celui selon lequel il s'agirait d'un ''« meurtre rituel juif »''. Tel fut en 1920 le cas du journaliste britannique Robert Wilton dans "The Last Days of The Romanovs". En 2017, sous le régime de Poutine, la justice ouvre officiellement une enquête pour étudier cette thèse...  
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Suite à l'[[Assassinat_de_la_famille_impériale_russe|assassinat de la famille impériale]], dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918 au sein de la maison d'Ipatiev, appelée de manière codée "maison à destination spéciale" un mythe antisémite va circuler dans les milieux les plus réactionnaires : celui selon lequel il s'agirait d'un ''« meurtre rituel juif »''. Tel fut le cas, en septembre 1920, du journaliste britannique Robert Wilton dans "The Last Days of The Romanovs". En 2017, sous le régime de Poutine, la justice ouvre officiellement une enquête pour étudier cette thèse...  
    
Mais sous un autre angle à partir des années 1970 cette thèse a été drastiquement mise à mal : l'antisémitisme en question relevait de la calomnie pure et simple. A partir d'une enquête approfondie de deux journalistes britanniques, Anthony Summers et Tom Mangold parue en 1976 ''The File on the Tsar'' (''le dossier Romanov'' 1980) un nombre croissant d'historiens  (Marina Grey, Marc Ferro, Jacqueline Monsigny, Michel Wartelle, Elie Durel, Franck Ferrand, Marie Stravlo) contestent la réalité de ce massacre. Ils limitent le régicide à l'exécution du tsar Nicolas II. Ce qu'avaient affirmé à l'époque le commandant français Joseph Lasies et divers dirigeants bolcheviks jusqu'en 1922 tels que Tchitchérine, Litvinov, Zinoviev. Or Wilton avait déclaré le 12 mai 1919 à Lasies : "Commandant Lasies, même si le tsar et la famille impériale sont en vie, il est nécessaire de dire qu'ils sont morts" <ref>Joseph Lasies, ''La tragédie sibérienne'', Paris, 1920 </ref>. Summers et Mangold avaient mis la main sur l'intégralité du rapport du juge Sokolov censé en 1924 démontrer la massacre de la famille et de la suite. Ce magistrat, proche des Blancs et de Wilton, avait expurgé du dossier de nombreuses pièces contredisant son diagnostic <ref> Anthony Summers, Tom Mangold, ''Le dossier Romanov'', Paris, Albin Michel, 1980</ref>. Nicolas II et sa famille subissaient de mai à début juillet  1918 à Ekaterinbourg les persécutions des gardes rouges. L'arrivée de la Tcheka y mit fin. Elle n'était absolument pas venue pour achever le travail par un massacre. Au contraire elle mettait à exécution l'engagement secret du pouvoir bolchevik pris auprès de l'Allemagne impériale après la signature du traité de Brest-Litovsk de protéger "les princesses" (la tsarine et ses quatre filles) et peut-être le tsarévitch. L'ouverture des archives diplomatiques montrera l'existence de négociations entre la mi-juillet et octobre 1918 entre les Bolcheviks, Tchitchérnine, Karakhan, Radek, Joffé et des représentants de l'Allemagne de Guillaume II, de l'Espagne d'Alphonse XIII, du pape Benoit XV sur l'avenir de la tsarine et des enfants. Il s'agissait soit de les échanger contre la libération des spartakistes, Karl Liebnecht, Léo Jogiches soit d'obtenir un assouplissement du traité de Brest - Litovsk voire la reconnaissance pleine et entière du régime bolchevik.  
 
Mais sous un autre angle à partir des années 1970 cette thèse a été drastiquement mise à mal : l'antisémitisme en question relevait de la calomnie pure et simple. A partir d'une enquête approfondie de deux journalistes britanniques, Anthony Summers et Tom Mangold parue en 1976 ''The File on the Tsar'' (''le dossier Romanov'' 1980) un nombre croissant d'historiens  (Marina Grey, Marc Ferro, Jacqueline Monsigny, Michel Wartelle, Elie Durel, Franck Ferrand, Marie Stravlo) contestent la réalité de ce massacre. Ils limitent le régicide à l'exécution du tsar Nicolas II. Ce qu'avaient affirmé à l'époque le commandant français Joseph Lasies et divers dirigeants bolcheviks jusqu'en 1922 tels que Tchitchérine, Litvinov, Zinoviev. Or Wilton avait déclaré le 12 mai 1919 à Lasies : "Commandant Lasies, même si le tsar et la famille impériale sont en vie, il est nécessaire de dire qu'ils sont morts" <ref>Joseph Lasies, ''La tragédie sibérienne'', Paris, 1920 </ref>. Summers et Mangold avaient mis la main sur l'intégralité du rapport du juge Sokolov censé en 1924 démontrer la massacre de la famille et de la suite. Ce magistrat, proche des Blancs et de Wilton, avait expurgé du dossier de nombreuses pièces contredisant son diagnostic <ref> Anthony Summers, Tom Mangold, ''Le dossier Romanov'', Paris, Albin Michel, 1980</ref>. Nicolas II et sa famille subissaient de mai à début juillet  1918 à Ekaterinbourg les persécutions des gardes rouges. L'arrivée de la Tcheka y mit fin. Elle n'était absolument pas venue pour achever le travail par un massacre. Au contraire elle mettait à exécution l'engagement secret du pouvoir bolchevik pris auprès de l'Allemagne impériale après la signature du traité de Brest-Litovsk de protéger "les princesses" (la tsarine et ses quatre filles) et peut-être le tsarévitch. L'ouverture des archives diplomatiques montrera l'existence de négociations entre la mi-juillet et octobre 1918 entre les Bolcheviks, Tchitchérnine, Karakhan, Radek, Joffé et des représentants de l'Allemagne de Guillaume II, de l'Espagne d'Alphonse XIII, du pape Benoit XV sur l'avenir de la tsarine et des enfants. Il s'agissait soit de les échanger contre la libération des spartakistes, Karl Liebnecht, Léo Jogiches soit d'obtenir un assouplissement du traité de Brest - Litovsk voire la reconnaissance pleine et entière du régime bolchevik.  
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