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La question nationale s'élargit aux débats sur l'[[Impérialisme|impérialisme capitaliste]]. Mais dans la pratique politique, d'importants désaccords pouvaient apparaître. Certains opportunistes allaient même jusqu'à cautionner la [[Colonisation|colonisation]]. De nombreux [[Social-chauvins|social-chauvins]] méprisaient les luttes pour l'autonomie ou l'indépendance au nom du fait que la concentration politique et économique serait "[[Progressiste|progressiste]]". Lénine critiquait frontalement cette ''«&nbsp;conception absurde du point de vue théorique, et chauvine du point de vue de la politique pratique&nbsp;»<ref>Lénine, Une caricature du marxisme et à propos de l’ « économisme impérialiste », 1916</ref>''. Il appelait cela de ''«&nbsp;l'économisme impérialiste&nbsp;»''.  
 
La question nationale s'élargit aux débats sur l'[[Impérialisme|impérialisme capitaliste]]. Mais dans la pratique politique, d'importants désaccords pouvaient apparaître. Certains opportunistes allaient même jusqu'à cautionner la [[Colonisation|colonisation]]. De nombreux [[Social-chauvins|social-chauvins]] méprisaient les luttes pour l'autonomie ou l'indépendance au nom du fait que la concentration politique et économique serait "[[Progressiste|progressiste]]". Lénine critiquait frontalement cette ''«&nbsp;conception absurde du point de vue théorique, et chauvine du point de vue de la politique pratique&nbsp;»<ref>Lénine, Une caricature du marxisme et à propos de l’ « économisme impérialiste », 1916</ref>''. Il appelait cela de ''«&nbsp;l'économisme impérialiste&nbsp;»''.  
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Mais ce type désaccords existait aussi parmi les révolutionnaires, avec ceux que l'on appelait les « internationalistes intransigeants ». Ainsi [[Rosa_Luxemburg|Rosa Luxemburg]] (vers 1908-1909) a beaucoup débattu avec Lénine sur la question nationale. Alors que le programme du [[POSDR|POSDR]], engagé contre le chauvinisme grand-russe, garantissait ''«&nbsp;le droit à l’autodétermination à toutes les nationalités faisant partie de l’État&nbsp;»'', elle raillait le droit à l’autodétermination comme «&nbsp;un lieu commun&nbsp;», une formule creuse, et une concession inacceptable envers le nationalisme bourgeois. Elle insistait sur la tendance historique, progressiste, à l'unification de l'humanité, et discréditait donc la volonté de fragmentation en petits États "médiévaux". Elle [[Rosa_Luxemburg_et_les_bolchéviks|critiquera comme petite-bourgeoises les mesures prises par les bolchéviks]] pour l'autonomie des minorités.
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Mais ce type désaccords existait aussi parmi les révolutionnaires, avec ceux que l'on appelait les « internationalistes intransigeants ». Ainsi [[Rosa_Luxemburg|Rosa Luxemburg]] (vers 1908-1909) a beaucoup débattu avec Lénine sur la question nationale. Alors que le programme du [[POSDR|POSDR]], engagé contre le chauvinisme grand-russe, garantissait ''«&nbsp;le droit à l’autodétermination à toutes les nationalités faisant partie de l’État&nbsp;»'', elle raillait le droit à l’autodétermination comme «&nbsp;un lieu commun&nbsp;», une formule creuse, et une concession inacceptable envers le nationalisme bourgeois. Elle insistait sur la tendance historique, progressiste, à l'unification de l'humanité, et discréditait donc la volonté de fragmentation en petits États "médiévaux". Elle [[Rosa_Luxemburg_et_les_bolchéviks|critiquera comme petite-bourgeoises les mesures prises par les bolchéviks]] pour l'autonomie des minorités. Pour Lénine : ''« par crainte du nationalisme de la bourgeoisie des nations opprimées, Rosa Luxembourg fait en réalité le jeu du nationalisme cent-noir des grand-russes »''.<ref name=":0">Lénine, ''Du droit des nations à disposer d'elles-mêmes'', juin 1914</ref>
    
Lors du 2<sup>e</sup> congrès du POSDR, en 1903, une majorité se dégagea pour affirmer à la fois le [[Droit à l'autodétermination des peuples|droit à l'autodétermination des peuples]] et le principe l'organisation internationale du prolétariat (un seul parti social-démocrate). Cette majorité s'opposait à des conceptions minoritaires :
 
Lors du 2<sup>e</sup> congrès du POSDR, en 1903, une majorité se dégagea pour affirmer à la fois le [[Droit à l'autodétermination des peuples|droit à l'autodétermination des peuples]] et le principe l'organisation internationale du prolétariat (un seul parti social-démocrate). Cette majorité s'opposait à des conceptions minoritaires :
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* Celle du Bund juif, qui défendait le principe de l'autonomie nationale-culturelle et l'organisation fédéraliste de la social-démocratie (le Bund aurait eu le « monopole » pour organiser les ouvriers juifs de l'Empire).
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*Celle du [[Union générale des travailleurs juifs|Bund juif]], qui défendait le principe de l'autonomie nationale-culturelle et l'organisation fédéraliste de la social-démocratie (le Bund aurait eu le « monopole » pour organiser les ouvriers juifs de l'Empire).
* Celle du [[Social-démocratie du royaume de Pologne et de Lituanie|SDKPiL]], organisation polonaise qui est contre l'indépendance de la Pologne et qui s'oppose à la notion de droit à l'autodétermination des peuples.
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*Celle du [[Social-démocratie du royaume de Pologne et de Lituanie|SDKPiL]], organisation polonaise qui est contre l'indépendance de la Pologne et qui s'oppose à la notion de droit à l'autodétermination des peuples.
    
Le 4<sup>e</sup> congrès de 1906 unifie provisoirement le parti, ses fractions russes, menchevique et bolchevique, et ses organisations SD nationales, Bund, SDKPiL et SD lettone. Le « droit à l’autodétermination » est maintenu dans le programme. Le POSDR adopte un fonctionnement semi-fédéraliste : organisation de conférences nationales pour chaque nationalité, représentation des organisations nationales dans les instances du parti, notamment au comité central, création de groupes spéciaux de littérature, d’édition, d’agitation dans la langue de chaque nationalité, etc.
 
Le 4<sup>e</sup> congrès de 1906 unifie provisoirement le parti, ses fractions russes, menchevique et bolchevique, et ses organisations SD nationales, Bund, SDKPiL et SD lettone. Le « droit à l’autodétermination » est maintenu dans le programme. Le POSDR adopte un fonctionnement semi-fédéraliste : organisation de conférences nationales pour chaque nationalité, représentation des organisations nationales dans les instances du parti, notamment au comité central, création de groupes spéciaux de littérature, d’édition, d’agitation dans la langue de chaque nationalité, etc.
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Lénine faisait clairement une dissymétrie entre le côté de l’oppresseur le côté de l’opprimé. Les socialistes d'un pays oppresseur (par exemple la Russie) doivent surtout défendre le droit au séparatisme des peuples opprimés. Mais il considérait aussi que les socialistes d'un pays opprimé (comme la Pologne) devaient développer la conscience de classe et l'internationalisme au sein de leur mouvement de libération nationale.
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En 1912, les bolchéviks et les menchéviks se séparent définitivement. La quasi-totalité des organisations social-démocrates des minorités nationales s'alignent du côté menchévik, et ensemble ils adoptent le principe d'[[Autonomie nationale-culturelle|autonomie nationale-culturelle]] sous l'impulsion du Bund.
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Lénine faisait clairement une dissymétrie entre le côté de l’oppresseur le côté de l’opprimé. Les socialistes d'un pays oppresseur (par exemple la Russie) doivent surtout défendre le droit au séparatisme des peuples opprimés. Mais il considérait aussi que les socialistes d'un pays opprimé (comme la Pologne) devaient développer la conscience de classe et l'internationalisme au sein de leur mouvement de libération nationale. Les positions de Lénine, quoique majoritaires, ne font pas l’unanimité dans le parti bolchevique, qui n’est pas exempt de nationalisme grand-russe (on le verra avec [[Staline]] par la suite) et qui compte aussi ses « internationalistes intransigeants » ([[Boukharine]]).
    
En octobre 1913, une résolution du [[POSDR|POSDR]] réaffirmait le droit d'autodétermination. En 1914, Lénine lutte contre le déferlement de [[Social-chauvinisme|social-chauvinisme]] que déclenche la [[Première_guerre_mondiale|guerre mondiale]]. Il admet qu'on peut parler de ''«&nbsp;fierté nationale des Grand-russes&nbsp;»'', mais que cela signifie lutter pour l'émacipation sociale des opprimés qui constituent les trois quart de ce peuple, et que cela ne peut pas passer par l'asservissement d'autres peuples.<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1914/12/vil19141212.htm De la fierté nationale des Grands-Russes]'', 12 décembre 1914</ref> En 1916, [[Lénine|Lénine]] argumentait résolument pour le "[[Droit_des_peuples_à_disposer_d'eux-mêmes|droit des nations à disposer d'elles-mêmes]]"<ref>Lénine, [http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/01/19160100.htm La révolution socialiste et le droit des nations à disposer d'elles-mêmes], 1916</ref>. [[Trotski|Trotski]] dira plus tard&nbsp;: ''«&nbsp;la politique nationale de Lénine entrera pour toujours dans le solide matériel de l’humanité.&nbsp;»<ref name="HRR40">Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr40.htm Histoire de la révolution russe - 40. La question nationale]'', 1932</ref>''
 
En octobre 1913, une résolution du [[POSDR|POSDR]] réaffirmait le droit d'autodétermination. En 1914, Lénine lutte contre le déferlement de [[Social-chauvinisme|social-chauvinisme]] que déclenche la [[Première_guerre_mondiale|guerre mondiale]]. Il admet qu'on peut parler de ''«&nbsp;fierté nationale des Grand-russes&nbsp;»'', mais que cela signifie lutter pour l'émacipation sociale des opprimés qui constituent les trois quart de ce peuple, et que cela ne peut pas passer par l'asservissement d'autres peuples.<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1914/12/vil19141212.htm De la fierté nationale des Grands-Russes]'', 12 décembre 1914</ref> En 1916, [[Lénine|Lénine]] argumentait résolument pour le "[[Droit_des_peuples_à_disposer_d'eux-mêmes|droit des nations à disposer d'elles-mêmes]]"<ref>Lénine, [http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/01/19160100.htm La révolution socialiste et le droit des nations à disposer d'elles-mêmes], 1916</ref>. [[Trotski|Trotski]] dira plus tard&nbsp;: ''«&nbsp;la politique nationale de Lénine entrera pour toujours dans le solide matériel de l’humanité.&nbsp;»<ref name="HRR40">Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr40.htm Histoire de la révolution russe - 40. La question nationale]'', 1932</ref>''
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===Ukraine===
 
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L'Ukraine était importante pour la Russie, pour son blé, pour le charbon du Donetz et le minerai de Krivol-Rog. A ce titre les bourgeois trouvaient beaucoup plus intolérables les vélléités d'indépendance de l'Ukraine que celle de la Finlande par exemple. Mais les révolutionnaires russes craignaient&nbsp;aussi l'impact d'une séparation. En avril 1917, [[Lénine|Lénine]] disait&nbsp;: ''«&nbsp;Si les Ukrainiens voient que nous avons une république des soviets, ils ne se sépareront pas&nbsp;; mais si nous avons une république de Milioukov, ils se sépareront.&nbsp;»''
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Dans son programme, la majorité du POSDR soutenait le droit à l'indépendance de l'Ukraine. En juin 1914, Lénine écrivait : ''« L’Ukraine par exemple est-elle appelée à constituer un Etat indépendant ? Cela dépend de mille facteurs imprévisibles. Et sans nous perdre en vaines conjectures, nous nous en tenons fermement à ce qui est incontestable : le droit de l’Ukraine à constituer un tel Etat. Nous respectons ce droit ; nous ne soutenons pas les privilèges du Grand-Russe par rapport aux Ukrainiens ; nous éduquons les masses dans l’esprit de la reconnaissance de ce droit, dans l’esprit de la répudiation des privilèges d’Etat de quelque nation que ce soit »''.<ref name=":0" />
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Mais économiquement, l'Ukraine était importante pour la Russie, pour son blé, pour le charbon du Donetz et le minerai de Krivol-Rog. A ce titre les bourgeois trouvaient beaucoup plus intolérables les velléités d'indépendance de l'Ukraine que celle de la Finlande par exemple. Mais les révolutionnaires russes craignaient&nbsp;aussi l'impact d'une séparation. En avril 1917, [[Lénine|Lénine]] disait&nbsp;: ''«&nbsp;Si les Ukrainiens voient que nous avons une république des soviets, ils ne se sépareront pas&nbsp;; mais si nous avons une république de Milioukov, ils se sépareront.&nbsp;»''
    
La ''Rada'' (conseil) de Kiev confie dès 1917 au ''«&nbsp;socialiste&nbsp;»'' et nationaliste [[Simon_Petlioura|Petlioura]] la constitution d'une armée nationale. Celui-ci organise un congrès des troupes de l'Ukraine, que Kerenski tente d'interdire en juin. Devant la détermination des Ukrainiens, Kérensky légalisa le congrès avec retard, en envoyant un télégramme pompeux que les congressistes écoutèrent avec des rires peu respectueux. On établit une convention le 3 juillet. Mais après l'écrasement des [[Journées_de_juillet_1917|journées de juillet]], Kerenski tente de revenir dessus. Le 5 août, la Rada, par une majorité écrasante, dénonce le gouvernement provisoire, ''«&nbsp;pénétré des tendances impérialistes de la bourgeoisie russe&nbsp;»''. Le ton monte entre le leader ukrainien Vinnitchenko et Kerenski, pourtant très proches sur le plan politique.
 
La ''Rada'' (conseil) de Kiev confie dès 1917 au ''«&nbsp;socialiste&nbsp;»'' et nationaliste [[Simon_Petlioura|Petlioura]] la constitution d'une armée nationale. Celui-ci organise un congrès des troupes de l'Ukraine, que Kerenski tente d'interdire en juin. Devant la détermination des Ukrainiens, Kérensky légalisa le congrès avec retard, en envoyant un télégramme pompeux que les congressistes écoutèrent avec des rires peu respectueux. On établit une convention le 3 juillet. Mais après l'écrasement des [[Journées_de_juillet_1917|journées de juillet]], Kerenski tente de revenir dessus. Le 5 août, la Rada, par une majorité écrasante, dénonce le gouvernement provisoire, ''«&nbsp;pénétré des tendances impérialistes de la bourgeoisie russe&nbsp;»''. Le ton monte entre le leader ukrainien Vinnitchenko et Kerenski, pourtant très proches sur le plan politique.
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[[Simon_Petlioura|Petlioura]] rompt avec le nouveau pouvoir après la [[Révolution_d'Octobre|révolution d'Octobre]].<ref>Ivan V Majstrenko, Borotʹbism. A chapter in the history of Ukrainian Communism, Soviet and post-Soviet politics and society, Vol. 61, Stuttgart Ibidem-Verl. 2007)</ref>
 
[[Simon_Petlioura|Petlioura]] rompt avec le nouveau pouvoir après la [[Révolution_d'Octobre|révolution d'Octobre]].<ref>Ivan V Majstrenko, Borotʹbism. A chapter in the history of Ukrainian Communism, Soviet and post-Soviet politics and society, Vol. 61, Stuttgart Ibidem-Verl. 2007)</ref>
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Après Octobre, un mouvement paysan de masse a été structuré par l'anarchiste [[Makhno|Makhno]] en une armée insurrectionnelle, la ''«&nbsp;[[Makhnovchina|Makhnovchina]]&nbsp;»''. Celle-ci a tenu tête pendant trois ans à la fois aux Austro-Allemands, aux Blancs de [[Anton_Dénikine|Denikine]] et [[Piotr_Nikolaïevitch_Wrangel|Wrangel]], à l'armée de la [[République_populaire_ukrainienne|République populaire ukrainienne]] dirigée par [[Simon_Petlioura|Petlioura]] et à l'[[Armée_rouge|Armée rouge]].
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Après Octobre, un mouvement paysan de masse a été structuré par l'anarchiste [[Makhno|Makhno]] en une armée insurrectionnelle, la ''«&nbsp;[[Makhnovchina|Makhnovchina]]&nbsp;»''. Celle-ci a tenu tête pendant trois ans à la fois aux Austro-Allemands, aux Blancs de [[Anton_Dénikine|Denikine]] et [[Piotr_Nikolaïevitch_Wrangel|Wrangel]], à l'armée de la [[République_populaire_ukrainienne|République populaire ukrainienne]] dirigée par [[Simon_Petlioura|Petlioura]] et à l'[[Armée_rouge|Armée rouge]].
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L'Ukraine fut un immense champ de bataille pendant la [[Guerre civile russe|guerre civile russe]]. La capitale Kiev change dix fois de mains entre décembre 1917 et juin 1920.
    
Devant la Conférence du PC ukrainien en 1923, [[Trotsky|Trotsky]] reconnaissait que la question n'avait pas été résolue, mais il disait&nbsp;:
 
Devant la Conférence du PC ukrainien en 1923, [[Trotsky|Trotsky]] reconnaissait que la question n'avait pas été résolue, mais il disait&nbsp;:
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Avec l'avancée allemande (Riga tombe le 3 septembre), des milliers de soldats et d'usines avec leurs ouvriers furent évacués des provinces baltes. Ils contribuèrent énormément à diffuser l'était d'esprit révolutionnaire&nbsp;: ''«&nbsp;Les bolcheviks lettons, arrachés au sol natal et entièrement placés dès lors sur le terrain de la révolution, convaincus, opiniâtres, résolus, menaient de jour en jour un travail de sape dans toutes les parties du pays. Des faces aux traits durs, un accent rauque et, en russe, des phrases souvent incorrectes donnaient une impression particulière à leurs indomptables appels pour l'insurrection.&nbsp;»''
 
Avec l'avancée allemande (Riga tombe le 3 septembre), des milliers de soldats et d'usines avec leurs ouvriers furent évacués des provinces baltes. Ils contribuèrent énormément à diffuser l'était d'esprit révolutionnaire&nbsp;: ''«&nbsp;Les bolcheviks lettons, arrachés au sol natal et entièrement placés dès lors sur le terrain de la révolution, convaincus, opiniâtres, résolus, menaient de jour en jour un travail de sape dans toutes les parties du pays. Des faces aux traits durs, un accent rauque et, en russe, des phrases souvent incorrectes donnaient une impression particulière à leurs indomptables appels pour l'insurrection.&nbsp;»''
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La Lettonie a fini par voter à 72&nbsp;% pour les bolcheviks. Les Lettons sont nombreux dans les Gardes rouges qui prennent le Palais d'Hiver, ou encore dans l'Armée rouge et la [[Tchéka|Tchéka]]. Pourtant, les [[Pays_baltes|pays baltes]] échappent au régime soviétique au cours de la guerre<ref>Marc Ferro, ''Les tabous de l'Histoire'', 2005.</ref>.
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La Lettonie a fini par voter à 72&nbsp;% pour les bolcheviks. Les Lettons sont nombreux dans les Gardes rouges qui prennent le Palais d'Hiver, ou encore dans l'Armée rouge et la [[Tchéka|Tchéka]]. Pourtant, les [[Pays_baltes|pays baltes]] seront récupérés par les Blancs grâce à l'aide de l'Allemagne<ref>Marc Ferro, ''Les tabous de l'Histoire'', 2005.</ref>.
    
===Juifs===
 
===Juifs===
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Lors de la [[Conférence_d'Etat_de_Moscou_(1917)|Conférence d'Etat de Moscou]] (août&nbsp; 1917), le [[Menchévik|menchévik]] géorgien [[Akaki_Tchenkéli|Tchkenkeli]] déclara&nbsp;: ''«&nbsp;Jusqu'à présent, les nationalités de la Transcaucasie n'ont fait aucune manifestation séparatiste et elles n'en feront pas ultérieurement.&nbsp;»'' Cet engagement fut couvert d'applaudissements des [[Réactionnaires|réactionnaires]] et des [[Conciliateurs|conciliateurs]]... Mais à partir de [[Révolution_d'octobre|l'insurrection d'octobre]], Tchkenkeli sera un des leaders du [[Séparatisme|séparatisme]].
 
Lors de la [[Conférence_d'Etat_de_Moscou_(1917)|Conférence d'Etat de Moscou]] (août&nbsp; 1917), le [[Menchévik|menchévik]] géorgien [[Akaki_Tchenkéli|Tchkenkeli]] déclara&nbsp;: ''«&nbsp;Jusqu'à présent, les nationalités de la Transcaucasie n'ont fait aucune manifestation séparatiste et elles n'en feront pas ultérieurement.&nbsp;»'' Cet engagement fut couvert d'applaudissements des [[Réactionnaires|réactionnaires]] et des [[Conciliateurs|conciliateurs]]... Mais à partir de [[Révolution_d'octobre|l'insurrection d'octobre]], Tchkenkeli sera un des leaders du [[Séparatisme|séparatisme]].
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Aux élections de la Constituante, la Géorgie s'est donnée une majorité [[Menchevik|menchevique]] qui proclame l'indépendance et constitue un gouvernement internationalement reconnu, y compris par Moscou en 1920&nbsp;: c'est la République démocratique de Géorgie, dirigée par [[Noé_Jordania|Noé Jordania]].
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Aux élections de la Constituante, la Géorgie s'est donnée une majorité [[Menchevik|menchevique]] qui proclame l'indépendance et constitue un gouvernement internationalement reconnu. En février 1919, la majorité menchévique est confirmée avec un résultat électoral de 80%. La « République démocratique de Géorgie », dirigée par [[Noé_Jordania|Noé Jordania]],  procède à une réforme agraire et accorde une certaine autonomie aux minorités abkhaze et ossète. A travers le traité de Moscou de mai 1920, il légalise les organisations bolcheviques géorgiennes, tandis que le pouvoir soviétique reconnaît à nouveau la Géorgie indépendante.  
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En 1920-1922, l'[[Armée_rouge|Armée rouge]] envahit l'Arménie et la Géorgie et réintègre ces pays dans l'orbite russo-soviétique. Fin 1921, la direction du PC russe, notamment Staline et [[Ordjonikidzé|Ordjonikidzé]] (eux-mêmes d'origine géorgienne) voulurent imposer l'intégration de la Géorgie, de l'Arménie et de l’Azerbaïdjan dans la Russie, et reprimèrent durement les communistes géorgiens (''«&nbsp;[[Affaire_géorgienne|Affaire géorgienne]]&nbsp;»''). Cela sera notamment une cause du [[Soulèvement_géorgien_d'août_1924|soulèvement géorgien d'août 1924]].
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En 1920-1922, l'[[Armée_rouge|Armée rouge]] envahit l'Arménie et la Géorgie (Staline s'appuie pour cela sur un simulacre d'insurrection) et réintègre ces pays dans l'orbite russo-soviétique après de violents combats. Fin 1921, la direction du PC russe, notamment Staline et [[Ordjonikidzé|Ordjonikidzé]] (eux-mêmes d'origine géorgienne) voulurent imposer l'intégration de la Géorgie, de l'Arménie et de l’Azerbaïdjan dans la Russie, et reprimèrent durement les communistes géorgiens (''«&nbsp;[[Affaire_géorgienne|Affaire géorgienne]]&nbsp;»''). Cela sera notamment une cause du [[Soulèvement_géorgien_d'août_1924|soulèvement géorgien d'août 1924]] (plus de 10 000 morts).
    
L’Azerbaïdjan était encore plus sous-développé que la Russie mais avec une concentration ouvrière très forte du fait du pétrole. C’est un exemple extrême de développement inégal et combiné.<ref>Ronald Suny, ''The Baku Commune, 1917-1918: Class and Nationality in the Russian Revolution'' (Studies of the Harriman Institute, Columbia University), 1972</ref> Dans les villes prédominait la population russe et arménienne. L'organisation Azerbaidjani Hummet, musulmane mais évoluant vers le socialisme, fut la seule à être reconnue par les bolcheviks comme un véritable parti socialiste. Elle devint plus tard le noyau du PC de l’Azerbaïdjan.
 
L’Azerbaïdjan était encore plus sous-développé que la Russie mais avec une concentration ouvrière très forte du fait du pétrole. C’est un exemple extrême de développement inégal et combiné.<ref>Ronald Suny, ''The Baku Commune, 1917-1918: Class and Nationality in the Russian Revolution'' (Studies of the Harriman Institute, Columbia University), 1972</ref> Dans les villes prédominait la population russe et arménienne. L'organisation Azerbaidjani Hummet, musulmane mais évoluant vers le socialisme, fut la seule à être reconnue par les bolcheviks comme un véritable parti socialiste. Elle devint plus tard le noyau du PC de l’Azerbaïdjan.

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