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Les manifestations insurrectionnelles spontanées du 23 février 1917 au 28 février 1917 à Petrograd provoquent l'effondrement d'un régime haï et l'abdication du tsar Nicolas II le 2 mars (n.s. 15 mars). Elles débouchent sur une situation instable de [[Double_pouvoir|double pouvoir]] entre les [[Soviets|soviets]] et le [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]], qui conduira à la [[Révolution_d'Octobre|révolution d'Octobre]] et à la création de l'[[Union_des_républiques_socialistes_soviétiques|Union des républiques socialistes soviétiques]].
 
Les manifestations insurrectionnelles spontanées du 23 février 1917 au 28 février 1917 à Petrograd provoquent l'effondrement d'un régime haï et l'abdication du tsar Nicolas II le 2 mars (n.s. 15 mars). Elles débouchent sur une situation instable de [[Double_pouvoir|double pouvoir]] entre les [[Soviets|soviets]] et le [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]], qui conduira à la [[Révolution_d'Octobre|révolution d'Octobre]] et à la création de l'[[Union_des_républiques_socialistes_soviétiques|Union des républiques socialistes soviétiques]].
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== Contexte ==
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==Contexte==
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=== Un régime semi-féodal ===
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===Un régime semi-féodal===
    
La Russie à la veille de la Révolution était une [[Monarchie_absolue|monarchie absolue]] très dure, mais empêtrée dans de grandes contradictions socio-économiques. La [[Classe_dominante|classe dominante]] restait la [[Noblesse|noblesse]] terrienne (30 000 propriétaires possédaient autant de terres que 10 millions de familles), mais pour tenter de rivaliser avec les puissances occidentales, le régime était poussé à introduire le [[Capitalisme|capitalisme]]. On peut parler de pays semi-féodal / semi-capitaliste. Le [[Servage|servage]] a été aboli en 1861, et le [[Marché|marché]] progresse. Si une partie des paysans, les [[Koulaks|koulaks]], s’est enrichie et constitue une sorte de bourgeoisie rurale soutenant le régime, le nombre de paysans sans terre a augmenté, créant un véritable prolétariat rural. Au tournant du 20<sup>e</sup> siècle, le pays est&nbsp;peu développé (rural à 85%) et en retard (la production industrielle de 1913 est deux fois et demi inférieure à celle de la France, six fois moins que celle de l’Allemagne...), et presque dominé par les capitaux étrangers<ref>Le statut impérialiste ou dominé de la Russie d'avant 1917 fait l'objet de [[Impérialisme_russe|débats entre marxistes]].</ref>. Mais l'[[Industrialisation|industrialisation]] est très rapide (croissance la plus rapide d'Europe) avec un [[Développement_inégal_et_combiné|développement inédit]] conduisant à des concentrations [[Classe_ouvrière|ouvrières]] sans précédent à Petrograd et à Moscou. La majorité de la population avait moins de vingt ans, et il y avait environ 4 millions d'ouvriers/ères en 1914.
 
La Russie à la veille de la Révolution était une [[Monarchie_absolue|monarchie absolue]] très dure, mais empêtrée dans de grandes contradictions socio-économiques. La [[Classe_dominante|classe dominante]] restait la [[Noblesse|noblesse]] terrienne (30 000 propriétaires possédaient autant de terres que 10 millions de familles), mais pour tenter de rivaliser avec les puissances occidentales, le régime était poussé à introduire le [[Capitalisme|capitalisme]]. On peut parler de pays semi-féodal / semi-capitaliste. Le [[Servage|servage]] a été aboli en 1861, et le [[Marché|marché]] progresse. Si une partie des paysans, les [[Koulaks|koulaks]], s’est enrichie et constitue une sorte de bourgeoisie rurale soutenant le régime, le nombre de paysans sans terre a augmenté, créant un véritable prolétariat rural. Au tournant du 20<sup>e</sup> siècle, le pays est&nbsp;peu développé (rural à 85%) et en retard (la production industrielle de 1913 est deux fois et demi inférieure à celle de la France, six fois moins que celle de l’Allemagne...), et presque dominé par les capitaux étrangers<ref>Le statut impérialiste ou dominé de la Russie d'avant 1917 fait l'objet de [[Impérialisme_russe|débats entre marxistes]].</ref>. Mais l'[[Industrialisation|industrialisation]] est très rapide (croissance la plus rapide d'Europe) avec un [[Développement_inégal_et_combiné|développement inédit]] conduisant à des concentrations [[Classe_ouvrière|ouvrières]] sans précédent à Petrograd et à Moscou. La majorité de la population avait moins de vingt ans, et il y avait environ 4 millions d'ouvriers/ères en 1914.
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Ce [[Prolétariat|prolétariat]] a déja montré lors de la [[Révolution_russe_(1905)|révolution manquée de 1905]] son énergie impressionnante, qui a obligé le régime à se réformer (création de la [[Douma_d'État_de_l'Empire_russe|douma d'État de l'Empire russe]], promesse de constitution, apparition de partis politiques, etc.). Mais le régime et ses contradictions reste en place, de plus en plus discrédité. Le [[Terrorisme|terrorisme]] [[Populisme_(Russie)|populiste]] reste endémique et l'[[POSDR|opposition socialiste]] résolue. En 1913, la dynastie Romanov a célébré son tricentenaire dans le faste. Les libéraux de la Douma avaient averti le Tsar du risque d'instabilité politique et avaient proposé la formation d'un gouvernement constitutionnel, proposition rejetée. Le tsar est coupé de la réalité du pays. L’impopularité de son épouse, d’origine allemande, aggrave le discrédit du régime, ce que confirme en décembre 1916 l’assassinat par un jeune noble du conseiller occulte de l’impératrice, Raspoutine. La bourgeoisie libérale ne revendique que de timides réformes démocratiques. Elle préfère le compromis avec les monarchistes plutôt que l'agitation ouvrière.
 
Ce [[Prolétariat|prolétariat]] a déja montré lors de la [[Révolution_russe_(1905)|révolution manquée de 1905]] son énergie impressionnante, qui a obligé le régime à se réformer (création de la [[Douma_d'État_de_l'Empire_russe|douma d'État de l'Empire russe]], promesse de constitution, apparition de partis politiques, etc.). Mais le régime et ses contradictions reste en place, de plus en plus discrédité. Le [[Terrorisme|terrorisme]] [[Populisme_(Russie)|populiste]] reste endémique et l'[[POSDR|opposition socialiste]] résolue. En 1913, la dynastie Romanov a célébré son tricentenaire dans le faste. Les libéraux de la Douma avaient averti le Tsar du risque d'instabilité politique et avaient proposé la formation d'un gouvernement constitutionnel, proposition rejetée. Le tsar est coupé de la réalité du pays. L’impopularité de son épouse, d’origine allemande, aggrave le discrédit du régime, ce que confirme en décembre 1916 l’assassinat par un jeune noble du conseiller occulte de l’impératrice, Raspoutine. La bourgeoisie libérale ne revendique que de timides réformes démocratiques. Elle préfère le compromis avec les monarchistes plutôt que l'agitation ouvrière.
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=== La guerre et la crise ===
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===La guerre et la crise===
    
La situation sociale empire avec la [[Première_guerre_mondiale|Première guerre mondiale]], dans laquelle la Russie est engagée aux côtés de la France et l'Angleterre en tant qu'alliée. Malgré quelques succès des troupes russes en août 1914, la situation tourne rapidement en défaveur de la Russie, qui n'est pas capable de soutenir un effort de guerre moderne, avec son [[Industrie|industrie]] insuffisante, ses [[Transports|transports]] lacunaires et son très mauvais ravitaillement. Au sein de la troupe, les pertes battent tous les records (1&nbsp;700&nbsp;000 morts et 5&nbsp;950&nbsp;000 blessés) et des mutineries éclatent, le moral des soldats se trouvant au plus bas. Ceux-ci supportent de moins en moins l’incapacité de leurs officiers (on a ainsi vu des unités monter au combat avec des balles ne correspondant pas au calibre de leur fusil), les brimades et les punitions corporelles en usage dans l’armée. En mai 1915, les armées russes reculent puis, au cours de l'hiver 1915-1916, le front se stabilise. À l'arrière, la situation se dégrade&nbsp;: les [[Grève|grèves]] se multipliaient dans les usines (plus d'un million de grévistes en 1916), et les accrochages avec la [[Police_et_milice_en_1917|police]] se font plus fréquents (4 morts en juin 1915, 16 morts en août...). Les lois de mobilisation provoquent en 1916 une révolte de taille au Kazakhstan. Fin 1916, le total des déserteurs atteint 1 million. Les pertes dans l'armée provoquent aussi un renouvellement dans les cadres, des monarchistes conservateurs étant remplacés par des libéraux.
 
La situation sociale empire avec la [[Première_guerre_mondiale|Première guerre mondiale]], dans laquelle la Russie est engagée aux côtés de la France et l'Angleterre en tant qu'alliée. Malgré quelques succès des troupes russes en août 1914, la situation tourne rapidement en défaveur de la Russie, qui n'est pas capable de soutenir un effort de guerre moderne, avec son [[Industrie|industrie]] insuffisante, ses [[Transports|transports]] lacunaires et son très mauvais ravitaillement. Au sein de la troupe, les pertes battent tous les records (1&nbsp;700&nbsp;000 morts et 5&nbsp;950&nbsp;000 blessés) et des mutineries éclatent, le moral des soldats se trouvant au plus bas. Ceux-ci supportent de moins en moins l’incapacité de leurs officiers (on a ainsi vu des unités monter au combat avec des balles ne correspondant pas au calibre de leur fusil), les brimades et les punitions corporelles en usage dans l’armée. En mai 1915, les armées russes reculent puis, au cours de l'hiver 1915-1916, le front se stabilise. À l'arrière, la situation se dégrade&nbsp;: les [[Grève|grèves]] se multipliaient dans les usines (plus d'un million de grévistes en 1916), et les accrochages avec la [[Police_et_milice_en_1917|police]] se font plus fréquents (4 morts en juin 1915, 16 morts en août...). Les lois de mobilisation provoquent en 1916 une révolte de taille au Kazakhstan. Fin 1916, le total des déserteurs atteint 1 million. Les pertes dans l'armée provoquent aussi un renouvellement dans les cadres, des monarchistes conservateurs étant remplacés par des libéraux.
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Certains dans le gouvernement du Tsar, un peu plus lucides sur la situation, étaient favorables à un accord avec les KD, et ils savaient que leur libéralisme était plus que modéré. Ainsi le ministre des Affaires étrangères Sazonov disait&nbsp;: ''«&nbsp;Si l'on conduit l'affaire convenablement et si l'on ouvre une échappée, disait les cadets seront les premiers à chercher un accord. Milioukov est un bourgeois fieffé et il redoute plus que tout la révolution sociale. Au surplus, la plupart des cadets tremblent pour leurs capitaux.&nbsp;»'' Mais la monarchie reste intransigeante jusqu'à sa fin.
 
Certains dans le gouvernement du Tsar, un peu plus lucides sur la situation, étaient favorables à un accord avec les KD, et ils savaient que leur libéralisme était plus que modéré. Ainsi le ministre des Affaires étrangères Sazonov disait&nbsp;: ''«&nbsp;Si l'on conduit l'affaire convenablement et si l'on ouvre une échappée, disait les cadets seront les premiers à chercher un accord. Milioukov est un bourgeois fieffé et il redoute plus que tout la révolution sociale. Au surplus, la plupart des cadets tremblent pour leurs capitaux.&nbsp;»'' Mais la monarchie reste intransigeante jusqu'à sa fin.
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== Historique ==
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==Historique==
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=== Les débuts de la révolution ===
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===Les débuts de la révolution===
    
Le 13 février 1917, 20&nbsp;000 ouvriers de Petrograd avaient débrayé. Le 18 février, le patron de l'usine d'armement Poutilov (la plus grande entreprise de Petrograd) décide un [[Lock_out|lock out]] préventif. Les premiers incidents importants éclatent le 20 février 1917, avec la rumeur de l'instauration d'un [[Rationnement|rationnement]] du pain, ce qui déclenche la panique. Le lendemain, l'usine Poutilov, en rupture d'approvisionnement, est contrainte de fermer. Des milliers d'ouvriers sont au [[Activité_partielle|chômage technique]] et se retrouvent dans les rues. Dans le même temps, Nicolas II est absolument inconscient du danger et rassuré par un entourage totalement incompétent, <span class="reference-text">comme le ministre de l'Intérieur, Alexandre Protopopov et le ministre de la Guerre, le général Mikhaïl Beliaïev (surnommé <span class="citation">«&nbsp;tête morte&nbsp;»</span> par ses collègues)</span>. A ce moment de tension, le tsar quitte Petrograd pour Moguilev.
 
Le 13 février 1917, 20&nbsp;000 ouvriers de Petrograd avaient débrayé. Le 18 février, le patron de l'usine d'armement Poutilov (la plus grande entreprise de Petrograd) décide un [[Lock_out|lock out]] préventif. Les premiers incidents importants éclatent le 20 février 1917, avec la rumeur de l'instauration d'un [[Rationnement|rationnement]] du pain, ce qui déclenche la panique. Le lendemain, l'usine Poutilov, en rupture d'approvisionnement, est contrainte de fermer. Des milliers d'ouvriers sont au [[Activité_partielle|chômage technique]] et se retrouvent dans les rues. Dans le même temps, Nicolas II est absolument inconscient du danger et rassuré par un entourage totalement incompétent, <span class="reference-text">comme le ministre de l'Intérieur, Alexandre Protopopov et le ministre de la Guerre, le général Mikhaïl Beliaïev (surnommé <span class="citation">«&nbsp;tête morte&nbsp;»</span> par ses collègues)</span>. A ce moment de tension, le tsar quitte Petrograd pour Moguilev.
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Le 23 février 1917 (8 mars, nouveau style), lors de la [[Journée_internationale_des_femmes|Journée internationale des femmes]], plusieurs cortèges de femmes (étudiantes, employées, ouvrières du textile des faubourgs de Vyborg) manifestent devant la [[Douma|Douma]] pour réclamer du pain, exaspérées de faire la queue devant les boulangeries.
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Le 23 février 1917 (8 mars, nouveau style), lors de la [[Journée_internationale_des_femmes|Journée internationale des femmes]], plusieurs cortèges de femmes (étudiantes, employées, ouvrières du textile des faubourgs de Vyborg) manifestent devant la [[Douma|Douma]] pour réclamer du pain, exaspérées de faire la queue devant les boulangeries.<blockquote>Le 23 février, c'était la "&nbsp;Journée internationale des Femmes ". On projetait, dans les cercles de la social-démocratie, de donner à ce jour sa signification par les moyens d'usage courant&nbsp;: réunions, discours, tracts. La veille encore, il ne serait venu à la pensée de personne que cette " Journée des Femmes&nbsp;" pût inaugurer la révolution. Pas une organisation ne préconisa la grève pour ce jour-là. (...) Sans tenir compte de nos instructions, les ouvrières de plusieurs tisseries se sont mises en grève et ont envoyé des délégations aux métallurgistes pour leur demander de les soutenir... Il n’est pas venu à l’idée d’un seul travailleur que ce pourrait être le premier jour de la Révolution.»<ref>Trotsky, [http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrrsomm.htm ''Histoire de la révolution russe''], 1930</ref></blockquote>Leur action est soutenue par les ouvriers de Poutilov et de nombreux autres de Vyborg qui quittent le travail pour rejoindre les manifestantes. Arrivé eu centre ville, le mouvement fusionne avec une manifestation de [[Suffragettes|suffragettes]]. Les rangs des manifestant.e.s grossissent, les slogans prennent une tonalité plus politique. Aux cris contre la guerre, les grévistes (environ 90 000) ont mêlé des «&nbsp;Vive la [[République|République]]&nbsp;!&nbsp;». Fait significatif, les [[Cosaques|cosaques]], d’ordinaire à la pointe de la répression, laissent tranquille les manifestants, et certains discutent avec eux et se font ovationner par la foule. Beaucoup de Cosaques étaient usés et voulaient avant tout rentrer chez eux, dans leurs terres aux marges de l'Empire russe. Il n'y a pas de morts ce premier jour de manifestation.
 
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Le 23 février, c'était la "&nbsp;Journée internationale des Femmes ". On projetait, dans les cercles de la social-démocratie, de donner à ce jour sa signification par les moyens d'usage courant&nbsp;: réunions, discours, tracts. La veille encore, il ne serait venu à la pensée de personne que cette " Journée des Femmes&nbsp;" pût inaugurer la révolution. Pas une organisation ne préconisa la grève pour ce jour-là. (...) Sans tenir compte de nos instructions, les ouvrières de plusieurs tisseries se sont mises en grève et ont envoyé des délégations aux métallurgistes pour leur demander de les soutenir... Il n’est pas venu à l’idée d’un seul travailleur que ce pourrait être le premier jour de la Révolution.»<ref>Trotsky, [http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrrsomm.htm ''Histoire de la révolution russe''], 1930</ref>
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Leur action est soutenue par les ouvriers de Poutilov et de nombreux autres de Vyborg qui quittent le travail pour rejoindre les manifestantes. Arrivé eu centre ville, le mouvement fusionne avec une manifestation de [[Suffragettes|suffragettes]]. Les rangs des manifestant.e.s grossissent, les slogans prennent une tonalité plus politique. Aux cris contre la guerre, les grévistes (environ 90 000) ont mêlé des «&nbsp;Vive la [[République|République]]&nbsp;!&nbsp;». Fait significatif, les [[Cosaques|cosaques]], d’ordinaire à la pointe de la répression, laissent tranquille les manifestants, et certains discutent avec eux et se font ovationner par la foule. Beaucoup de Cosaques étaient usés et voulaient avant tout rentrer chez eux, dans leurs terres aux marges de l'Empire russe. Il n'y a pas de morts ce premier jour de manifestation.
      
Les exigences économiques (''«&nbsp;Du pain, du travail&nbsp;!&nbsp;»'') sont le déclencheur d'un mouvement revendicatif qui, au départ, n'a rien de révolutionnaire. Néanmoins les social-démocrates conservent une bonne implantation<ref>Le leader ouvrier bolchévik [[Vassili Kaïourov]] a raconté son expérience de la Révolution de Février dans ses mémoires.</ref>, notamment dans le faubourg ouvrier de Vyborg, et leurs années de propagande ont forgé une [[Conscience_de_classe|conscience de classe]].
 
Les exigences économiques (''«&nbsp;Du pain, du travail&nbsp;!&nbsp;»'') sont le déclencheur d'un mouvement revendicatif qui, au départ, n'a rien de révolutionnaire. Néanmoins les social-démocrates conservent une bonne implantation<ref>Le leader ouvrier bolchévik [[Vassili Kaïourov]] a raconté son expérience de la Révolution de Février dans ses mémoires.</ref>, notamment dans le faubourg ouvrier de Vyborg, et leurs années de propagande ont forgé une [[Conscience_de_classe|conscience de classe]].
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L'[[Insurrection|insurrection]] aurait pu s'arrêter là mais, dans la nuit du 26 au 27 février, un événement fait basculer la situation&nbsp;: la [[Mutinerie|mutinerie]] de deux régiments d'élite, traumatisés d'avoir tiré sur leurs «&nbsp;frères ouvriers&nbsp;». La mutinerie se répand en l'espace de quelques heures. Au matin du 27 février 1917 soldats et ouvriers fraternisent, s'emparent de l'arsenal, distribuent des fusils à la foule et occupent les points stratégiques de la capitale. Au cours de la journée, la garnison de Petrograd (environ 150 000 hommes) est passée du côté des insurgés. Ce jour-là, un [[Drapeau_rouge|drapeau rouge]] flotte sur le [[Palais_d'Hiver|Palais d'Hiver]].
 
L'[[Insurrection|insurrection]] aurait pu s'arrêter là mais, dans la nuit du 26 au 27 février, un événement fait basculer la situation&nbsp;: la [[Mutinerie|mutinerie]] de deux régiments d'élite, traumatisés d'avoir tiré sur leurs «&nbsp;frères ouvriers&nbsp;». La mutinerie se répand en l'espace de quelques heures. Au matin du 27 février 1917 soldats et ouvriers fraternisent, s'emparent de l'arsenal, distribuent des fusils à la foule et occupent les points stratégiques de la capitale. Au cours de la journée, la garnison de Petrograd (environ 150 000 hommes) est passée du côté des insurgés. Ce jour-là, un [[Drapeau_rouge|drapeau rouge]] flotte sur le [[Palais_d'Hiver|Palais d'Hiver]].
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=== La Douma dans l'attente... ===
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===La Douma dans l'attente...===
    
La dissolution de la Douma fut ordonnée le 26, mais la majorité des députés l'apprennent le matin du 27 en arrivant au Palais de Tauride. Mais les principaux leaders, déjà informés, ne viennent pas, et attendent de voir comment les choses se présentent, ou sont en pourparlers secrets. Le prince Mansyriev, [[Parti_KD|KD]] de droite, relate l'ambiance d'alors dans la Douma&nbsp;: ''«&nbsp;Au sein de la Douma, l'émoi était général, le bouleversement profond. On n'entendait même plus de conversations animées&nbsp;; ce n'étaient que soupirs et courtes répliques dans ce genre&nbsp;: " Nous y voilà&nbsp;! " ou bien des aveux de craintes personnelles.&nbsp;»''
 
La dissolution de la Douma fut ordonnée le 26, mais la majorité des députés l'apprennent le matin du 27 en arrivant au Palais de Tauride. Mais les principaux leaders, déjà informés, ne viennent pas, et attendent de voir comment les choses se présentent, ou sont en pourparlers secrets. Le prince Mansyriev, [[Parti_KD|KD]] de droite, relate l'ambiance d'alors dans la Douma&nbsp;: ''«&nbsp;Au sein de la Douma, l'émoi était général, le bouleversement profond. On n'entendait même plus de conversations animées&nbsp;; ce n'étaient que soupirs et courtes répliques dans ce genre&nbsp;: " Nous y voilà&nbsp;! " ou bien des aveux de craintes personnelles.&nbsp;»''
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En début d'après-midi, quand les leaders se virent forcés de se montrer à la Douma, le secrétaire du bureau apporta une "joyeuse nouvelle" (mais en réalité fausse)&nbsp;: ''«&nbsp;Les désordres seront bientôt réprimés, des mesures ont été prises.&nbsp;»'' [[Milioukov|Milioukov]] déclare&nbsp;: ''«&nbsp;Nous ne pouvons prendre, en ce moment, aucune décision, d'abord parce que nous ne savons pas quelle est l'étendue des troubles, ensuite parce que nous ignorons de quel côté se range la majorité des troupes de la garnison, des ouvriers et des organisations sociales. Il faut recueillir des renseignements précis sur tout cela, et, ensuite examiner la situation&nbsp;; maintenant, il est encore trop tôt.&nbsp;»''&nbsp;
 
En début d'après-midi, quand les leaders se virent forcés de se montrer à la Douma, le secrétaire du bureau apporta une "joyeuse nouvelle" (mais en réalité fausse)&nbsp;: ''«&nbsp;Les désordres seront bientôt réprimés, des mesures ont été prises.&nbsp;»'' [[Milioukov|Milioukov]] déclare&nbsp;: ''«&nbsp;Nous ne pouvons prendre, en ce moment, aucune décision, d'abord parce que nous ne savons pas quelle est l'étendue des troubles, ensuite parce que nous ignorons de quel côté se range la majorité des troupes de la garnison, des ouvriers et des organisations sociales. Il faut recueillir des renseignements précis sur tout cela, et, ensuite examiner la situation&nbsp;; maintenant, il est encore trop tôt.&nbsp;»''&nbsp;
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=== A Moscou et ailleurs ===
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===A Moscou et ailleurs===
    
Le renversement du régime à Moscou ne fut qu'un écho de l'insurrection de Pétrograd. Mêmes états d'opinion chez les ouvriers et les soldats, quoique moins vivement exprimés. Des dispositions un peu plus à gauche dans la bourgeoisie. La faiblesse des organisations révolutionnaires encore plus marquée qu'à Pétrograd. Lorsque commencèrent les événements sur la Néva, les intellectuels radicaux de Moscou se consultèrent entre eux sur ce qu'il y avait à faire et ne trouvèrent aucune solution. C'est seulement le 27 février, que dans les fabriques de Moscou, éclatèrent des grèves, suivies de manifestations. Les officiers disaient aux soldats, dans les casernes, que la canaille faisait des émeutes dans la rue et qu'il faudrait la réprimer. Le soldat Chichiline raconte: ''«&nbsp;Mais, dès ce moment-là, les nôtres donnaient au mot "canaille" un sens tout opposé&nbsp;!&nbsp;»'' Vers deux heures de l'après-midi, de nombreux soldats, appartenant à divers régiments, se présentèrent devant la Douma municipale, cherchant le moyen d'adhérer à la révolution. Le lendemain, les grèves prirent de l'extension. Les masses s'avançaient avec leurs drapeaux vers la Douma. [[Nikolaï_Ivanovitch_Mouralov|Mouralov]], soldat&nbsp;[[Bolchevik|bolchevik]] de la compagnie automobile, conduisit à la Douma le premier détachement de troupes solide et discipliné qui occupa la station de TSF et d'autres postes.
 
Le renversement du régime à Moscou ne fut qu'un écho de l'insurrection de Pétrograd. Mêmes états d'opinion chez les ouvriers et les soldats, quoique moins vivement exprimés. Des dispositions un peu plus à gauche dans la bourgeoisie. La faiblesse des organisations révolutionnaires encore plus marquée qu'à Pétrograd. Lorsque commencèrent les événements sur la Néva, les intellectuels radicaux de Moscou se consultèrent entre eux sur ce qu'il y avait à faire et ne trouvèrent aucune solution. C'est seulement le 27 février, que dans les fabriques de Moscou, éclatèrent des grèves, suivies de manifestations. Les officiers disaient aux soldats, dans les casernes, que la canaille faisait des émeutes dans la rue et qu'il faudrait la réprimer. Le soldat Chichiline raconte: ''«&nbsp;Mais, dès ce moment-là, les nôtres donnaient au mot "canaille" un sens tout opposé&nbsp;!&nbsp;»'' Vers deux heures de l'après-midi, de nombreux soldats, appartenant à divers régiments, se présentèrent devant la Douma municipale, cherchant le moyen d'adhérer à la révolution. Le lendemain, les grèves prirent de l'extension. Les masses s'avançaient avec leurs drapeaux vers la Douma. [[Nikolaï_Ivanovitch_Mouralov|Mouralov]], soldat&nbsp;[[Bolchevik|bolchevik]] de la compagnie automobile, conduisit à la Douma le premier détachement de troupes solide et discipliné qui occupa la station de TSF et d'autres postes.
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[[Trotsky|Trotsky]] écrit&nbsp;: ''«&nbsp;Il n'est nullement exagéré de dire que Pétrograd a accompli seul la Révolution de Février. Le reste du pays n'a fait que se joindre à lui. Il n'y eut bataille qu'à Pétrograd. Dans tout le pays, il n'existait point de groupes populaires, de partis, d'institutions ou d'effectifs militaires qui se fussent dressés pour la défense de l'ancien régime.&nbsp;»''<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr08.htm Histoire de la révolution russe - 8. Qui dirigea l’insurrection de Février?]'', 1930</ref>
 
[[Trotsky|Trotsky]] écrit&nbsp;: ''«&nbsp;Il n'est nullement exagéré de dire que Pétrograd a accompli seul la Révolution de Février. Le reste du pays n'a fait que se joindre à lui. Il n'y eut bataille qu'à Pétrograd. Dans tout le pays, il n'existait point de groupes populaires, de partis, d'institutions ou d'effectifs militaires qui se fussent dressés pour la défense de l'ancien régime.&nbsp;»''<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr08.htm Histoire de la révolution russe - 8. Qui dirigea l’insurrection de Février?]'', 1930</ref>
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=== L'abdication du tsar et la vague émancipatrice ===
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===L'abdication du tsar et la vague émancipatrice===
    
Pendant plusieurs jours, l'effervescence se poursuit dans le pays mais l'incertitude règne sur l'attitude qu'allaient adopter Nicolas II et les chefs militaires. Finalement, à la surprise générale, l'État-major fait pression sur l'empereur pour que celui-ci abdique ''«&nbsp;afin de sauver l'indépendance du pays et assurer la sauvegarde de la dynastie&nbsp;»''. Le général Mikhaïl Alekseïev, soutenu par les commandants des cinq fronts, le convainc en soutenant que l'abdication est le seul moyen de poursuivre la guerre contre l'Allemagne. Le 28 février, le tsar était dans son train spécial en direction de Pétrograd, mais les cheminots changeaient les aiguillages et déviaient sa route. La tsarine envoyait au tsar des télégrammes qui lui revenaient avec la mention « résidence du destinataire inconnue ».
 
Pendant plusieurs jours, l'effervescence se poursuit dans le pays mais l'incertitude règne sur l'attitude qu'allaient adopter Nicolas II et les chefs militaires. Finalement, à la surprise générale, l'État-major fait pression sur l'empereur pour que celui-ci abdique ''«&nbsp;afin de sauver l'indépendance du pays et assurer la sauvegarde de la dynastie&nbsp;»''. Le général Mikhaïl Alekseïev, soutenu par les commandants des cinq fronts, le convainc en soutenant que l'abdication est le seul moyen de poursuivre la guerre contre l'Allemagne. Le 28 février, le tsar était dans son train spécial en direction de Pétrograd, mais les cheminots changeaient les aiguillages et déviaient sa route. La tsarine envoyait au tsar des télégrammes qui lui revenaient avec la mention « résidence du destinataire inconnue ».
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Il y eut un peu plus de conflits au front, où la violence était bien plus présente. Les officiers censurèrent dans un premier temps les nouvelles de Pétrograd. Certains soldats apprirent la révolution du côté allemande... Cela ne fit qu'augmenter la défiance envers les officiers une fois les nouvelles apprises. Les troupes qui basculaient du côté de la révolution s'accrochaient un petit ruban rouge. Des soldats s'en prenaient aux officiers qui gardaient des portraits du tsar. Des représailles eurent lieu là où les sévices des officiers avaient été particulièrement violents. Par exemple à Helsingfors (maintenant Helsinki) et à Svéaborg, le soulèvement violent dura une nuit et un jour, et les officiers les plus détestés furent précipités sous la glace. ''«&nbsp;A en juger par ce que raconte Skobélev de la conduite des autorités de Helsingfors et de la flotte – écrit Soukhanov pourtant bien peu disposé à l'indulgence à l'égard de " l'obscure soldatesque " – on doit seulement s'étonner que ces excès aient été si insignifiants.&nbsp;»'' Trotsky précise&nbsp;: ''«&nbsp;Les bolcheviks tout aussi souvent que les conciliateurs allèrent prévenir des excès chez les soldats. Mais les vengeances sanglantes étaient aussi inévitables que le choc en retour après un coup de feu.&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr13.htm Histoire de la révolution russe - 13. L’armée et la guerre]'', 1930</ref>''
 
Il y eut un peu plus de conflits au front, où la violence était bien plus présente. Les officiers censurèrent dans un premier temps les nouvelles de Pétrograd. Certains soldats apprirent la révolution du côté allemande... Cela ne fit qu'augmenter la défiance envers les officiers une fois les nouvelles apprises. Les troupes qui basculaient du côté de la révolution s'accrochaient un petit ruban rouge. Des soldats s'en prenaient aux officiers qui gardaient des portraits du tsar. Des représailles eurent lieu là où les sévices des officiers avaient été particulièrement violents. Par exemple à Helsingfors (maintenant Helsinki) et à Svéaborg, le soulèvement violent dura une nuit et un jour, et les officiers les plus détestés furent précipités sous la glace. ''«&nbsp;A en juger par ce que raconte Skobélev de la conduite des autorités de Helsingfors et de la flotte – écrit Soukhanov pourtant bien peu disposé à l'indulgence à l'égard de " l'obscure soldatesque " – on doit seulement s'étonner que ces excès aient été si insignifiants.&nbsp;»'' Trotsky précise&nbsp;: ''«&nbsp;Les bolcheviks tout aussi souvent que les conciliateurs allèrent prévenir des excès chez les soldats. Mais les vengeances sanglantes étaient aussi inévitables que le choc en retour après un coup de feu.&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr13.htm Histoire de la révolution russe - 13. L’armée et la guerre]'', 1930</ref>''
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=== Le Soviet des ouvriers et soldats de Pétrograd ===
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===Le Soviet des ouvriers et soldats de Pétrograd===
    
Les militants révolutionnaires commencent à s'organiser au sein du mouvement des ouvriers et des soldats. Leur premier objectif est la création d'un [[Soviet|soviet]] pour fédérer [[Ouvrier|ouvriers]] et [[Militaire|soldats]], suivant l'expérience des soviets apparus dans la [[Révolution_russe_de_1905|révolution de 1905]]. Les social-démocrates ''«&nbsp;[[Interrayons|interrayons]]&nbsp;»'' de Petrograd furent parmi les plus réactifs. Le 27 février, ils saisissent une imprimerie et publient le premier tract appelant à un soulèvement armé.
 
Les militants révolutionnaires commencent à s'organiser au sein du mouvement des ouvriers et des soldats. Leur premier objectif est la création d'un [[Soviet|soviet]] pour fédérer [[Ouvrier|ouvriers]] et [[Militaire|soldats]], suivant l'expérience des soviets apparus dans la [[Révolution_russe_de_1905|révolution de 1905]]. Les social-démocrates ''«&nbsp;[[Interrayons|interrayons]]&nbsp;»'' de Petrograd furent parmi les plus réactifs. Le 27 février, ils saisissent une imprimerie et publient le premier tract appelant à un soulèvement armé.
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À Moscou, les nouvelles de Petrograd déclenchent la [[Grève_générale|grève générale]] et provoquent l'élection d'un Comité révolutionnaire provisoire. Plus généralement, la quasi-totalité du pays est couvert en quelques semaines de soviets d’ouvriers, de paysans, de soldats ou de marins.
 
À Moscou, les nouvelles de Petrograd déclenchent la [[Grève_générale|grève générale]] et provoquent l'élection d'un Comité révolutionnaire provisoire. Plus généralement, la quasi-totalité du pays est couvert en quelques semaines de soviets d’ouvriers, de paysans, de soldats ou de marins.
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=== La formation d'un double pouvoir ===
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===La formation d'un double pouvoir===
    
Parallèlement et à la constitution du soviet de Petrograd et ce même 27 février, la [[Douma_d'État_de_l’Empire_russe|Douma]] forme un Comité provisoire pour «&nbsp;le rétablissement de l'ordre gouvernemental et public&nbsp;» à 15 h. Ils sont dirigés par [[Michel_Rodzianko|Michel Rodzianko]], ancien officier du Tsar, monarchiste et riche propriétaire terrien. Pour ce comité, la priorité est au retour à l'ordre, et d'abord, au retour des soldats mutinés dans leurs baraquements. Dans leur proposition, le Comité provisoire inclut [[Tchkhéidzé|Tchkhéidzé]] et [[Kérensky|Kérensky]]. Tchkhéidzé refuse, Kérensky accepte.
 
Parallèlement et à la constitution du soviet de Petrograd et ce même 27 février, la [[Douma_d'État_de_l’Empire_russe|Douma]] forme un Comité provisoire pour «&nbsp;le rétablissement de l'ordre gouvernemental et public&nbsp;» à 15 h. Ils sont dirigés par [[Michel_Rodzianko|Michel Rodzianko]], ancien officier du Tsar, monarchiste et riche propriétaire terrien. Pour ce comité, la priorité est au retour à l'ordre, et d'abord, au retour des soldats mutinés dans leurs baraquements. Dans leur proposition, le Comité provisoire inclut [[Tchkhéidzé|Tchkhéidzé]] et [[Kérensky|Kérensky]]. Tchkhéidzé refuse, Kérensky accepte.
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Pourtant, dès le 3 mars, des meetings de soldats et d'ouvriers, en particulier dans le [[Quartier_de_Vyborg|quartier de Vyborg]], exigeaient du Soviet qu'il élimine immédiatement le gouvernement provisoire bourgeois et prenne lui-même le pouvoir en main. Mais cette voix fut aussitôt étouffée par tous les socialistes.
 
Pourtant, dès le 3 mars, des meetings de soldats et d'ouvriers, en particulier dans le [[Quartier_de_Vyborg|quartier de Vyborg]], exigeaient du Soviet qu'il élimine immédiatement le gouvernement provisoire bourgeois et prenne lui-même le pouvoir en main. Mais cette voix fut aussitôt étouffée par tous les socialistes.
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== Positions des socialistes ==
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==Positions des socialistes==
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=== Sur la révolution et le gouvernement provisoire ===
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===Sur la révolution et le gouvernement provisoire===
    
Les [[Menchéviks|menchéviks]] et les [[Socialistes-révolutionnaires|socialistes-révolutionnaires]], qui sont majoritaires dans les [[Soviets|soviets]], ont tout fait pour donner le pouvoir au [[Gouvernement_provisoire_russe|gouvernement provisoire]] dirigé par les libéraux bourgeois. Leur premier argument était un argument doctrinaire selon lequel la révolution ne pouvait être que bourgeoise, et que seule la bourgeoisie devait donc avoir la responsabilité de la politique menée. En réalité cet argument d'une apparente intransigeance masquait la soumission traditionnelle de leurs milieux petits-bourgeois envers la grande bourgeoisie. Ils avançaient aussi un argument d'ordre plus "pratique"&nbsp;: les forces social-démocrates seraient trop "éparpillées" pour avoir un rôle dirigeant (contrairement aux pays d'Europe de l'Ouest, il n'y avait pas de puissant parti ouvrier ou syndicat de masse...). Ils ne voulaient pas voir que les soviets d'ouvriers avaient donné des structures bien plus organiques que les syndicats à la classe ouvrière, et que via les soviets de soldats, la paysannerie avait un degré d'organisation parmi les plus exceptionnels qui soient.
 
Les [[Menchéviks|menchéviks]] et les [[Socialistes-révolutionnaires|socialistes-révolutionnaires]], qui sont majoritaires dans les [[Soviets|soviets]], ont tout fait pour donner le pouvoir au [[Gouvernement_provisoire_russe|gouvernement provisoire]] dirigé par les libéraux bourgeois. Leur premier argument était un argument doctrinaire selon lequel la révolution ne pouvait être que bourgeoise, et que seule la bourgeoisie devait donc avoir la responsabilité de la politique menée. En réalité cet argument d'une apparente intransigeance masquait la soumission traditionnelle de leurs milieux petits-bourgeois envers la grande bourgeoisie. Ils avançaient aussi un argument d'ordre plus "pratique"&nbsp;: les forces social-démocrates seraient trop "éparpillées" pour avoir un rôle dirigeant (contrairement aux pays d'Europe de l'Ouest, il n'y avait pas de puissant parti ouvrier ou syndicat de masse...). Ils ne voulaient pas voir que les soviets d'ouvriers avaient donné des structures bien plus organiques que les syndicats à la classe ouvrière, et que via les soviets de soldats, la paysannerie avait un degré d'organisation parmi les plus exceptionnels qui soient.
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Sur le plan pratique, les militants bolchéviks étaient plus résolus. Les ouvriers bolcheviks, aussitôt après l'insurrection, avaient pris sur eux l'initiative de la lutte pour la [[Journée_de_huit_heures|journée de huit heures]]; les menchéviks déclaraient prématurée cette revendication. Les bolcheviks dirigeaient les arrestations de fonctionnaires tsaristes, les menchéviks s'opposaient aux "excès". Les bolcheviks entreprirent énergiquement de créer une [[Garde_rouge_(Russie)|milice ouvrière]], les menchéviks enrayaient l'armement des ouvriers, ne désirant pas se brouiller avec la bourgeoisie.
 
Sur le plan pratique, les militants bolchéviks étaient plus résolus. Les ouvriers bolcheviks, aussitôt après l'insurrection, avaient pris sur eux l'initiative de la lutte pour la [[Journée_de_huit_heures|journée de huit heures]]; les menchéviks déclaraient prématurée cette revendication. Les bolcheviks dirigeaient les arrestations de fonctionnaires tsaristes, les menchéviks s'opposaient aux "excès". Les bolcheviks entreprirent énergiquement de créer une [[Garde_rouge_(Russie)|milice ouvrière]], les menchéviks enrayaient l'armement des ouvriers, ne désirant pas se brouiller avec la bourgeoisie.
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La direction bolchévique est assurée par un « bureau russe du comité central » composé de [[Chliapnikov|Chliapnikov]], [[Viatcheslav_Mikhaïlovitch_Molotov|Molotov]] et [[Zaloutsky|Zaloutsky]]. Elle n’a pas de ligne claire, mais maintient une politique indépendante de la bourgeoisie. La [[Pravda|''Pravda'']] dénonce le ''«&nbsp;gouvernement de capitalistes et de propriétaires fonciers&nbsp;»'', en réclamant un vrai ''«&nbsp;gouvernement révolutionnaire provisoire&nbsp;»'' et en appelant le soviet à convoquer une assemblée constituante afin d’instaurer ''« une république démocratique »''. (Cependant [[Viatcheslav_Molotov|Molotov]] est mis en minorité au comité de Pétrograd quand il propose de qualifier de «&nbsp;contre-révolutionnaire&nbsp;» le gouvernement provisoire) Les bolchéviks pensaient être fidèles à la ligne qui les avait opposé aux menchéviks dans les débats depuis 1905. Si tous étaient convaincus que la révolution à venir serait une [[Révolution_bourgeoise|révolution bourgeoise]], ils divergaient sur la stratégie&nbsp;:
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La direction bolchévique est assurée par un « bureau russe du comité central » composé de [[Chliapnikov|Chliapnikov]], [[Viatcheslav_Mikhaïlovitch_Molotov|Molotov]] et [[Zaloutsky|Zaloutsky]]. Elle n’a pas de ligne claire, mais maintient une politique indépendante de la bourgeoisie. La ''[[Pravda|Pravda]]'' dénonce le ''«&nbsp;gouvernement de capitalistes et de propriétaires fonciers&nbsp;»'', en réclamant un vrai ''«&nbsp;gouvernement révolutionnaire provisoire&nbsp;»'' et en appelant le soviet à convoquer une assemblée constituante afin d’instaurer ''« une république démocratique »''. (Cependant [[Viatcheslav_Molotov|Molotov]] est mis en minorité au comité de Pétrograd quand il propose de qualifier de «&nbsp;contre-révolutionnaire&nbsp;» le gouvernement provisoire) Les bolchéviks pensaient être fidèles à la ligne qui les avait opposé aux menchéviks dans les débats depuis 1905. Si tous étaient convaincus que la révolution à venir serait une [[Révolution_bourgeoise|révolution bourgeoise]], ils divergaient sur la stratégie&nbsp;:
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*les <span class="new">menchéviks</span> prônaient le soutien du prolétariat à la bourgeoisie, qui devait seule diriger le futur gouvernement, et l'autolimitation des revendications ouvrières pour ne pas pousser les libéraux bourgeois dans le camp de la contre-révolution&nbsp;;  
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*les <span class="new">menchéviks</span> prônaient le soutien du prolétariat à la bourgeoisie, qui devait seule diriger le futur gouvernement, et l'autolimitation des revendications ouvrières pour ne pas pousser les libéraux bourgeois dans le camp de la contre-révolution&nbsp;;
*les <span class="mw-redirect">bolchéviks</span> soutenaient que la révolution bourgeoise pouvait être accomplie même sans les libéraux bourgeois, partie hésitante de la bourgeoisie, par la ''«&nbsp;[[Dictature_démocratique_des_ouvriers_et_des_paysans|dictature démocratique des ouvriers et des paysans]]&nbsp;»''.  
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*les <span class="mw-redirect">bolchéviks</span> soutenaient que la révolution bourgeoise pouvait être accomplie même sans les libéraux bourgeois, partie hésitante de la bourgeoisie, par la ''«&nbsp;[[Dictature_démocratique_des_ouvriers_et_des_paysans|dictature démocratique des ouvriers et des paysans]]&nbsp;»''.
    
Mais la ligne change le 12 mars lorsque [[Kamenev|Kamenev]] et [[Staline|Staline]] reviennent de leur exil en Sibérie et prennent la direction. La [[Pravda|Pravda]] du 15 mars écrit que les bolcheviks soutiendront résolument le gouvernement provisoire ''«&nbsp;dans la mesure où il lutte contre la réaction ou la contre-révolution&nbsp;»''. Une formule floue que raillera [[Lénine|Lénine]]. Selon Chliapnikov, ce revirement est accueilli avec jubilation au gouvernement provisoire et à la direction du soviet, tandis qu’une opposition de gauche se lève au sein du parti, notamment dans son bastion ouvrier de la capitale, le [[District_de_Vyborg|district de Vyborg]], dont le comité ''« demande même l’exclusion du parti de Staline et de Kamenev »''.
 
Mais la ligne change le 12 mars lorsque [[Kamenev|Kamenev]] et [[Staline|Staline]] reviennent de leur exil en Sibérie et prennent la direction. La [[Pravda|Pravda]] du 15 mars écrit que les bolcheviks soutiendront résolument le gouvernement provisoire ''«&nbsp;dans la mesure où il lutte contre la réaction ou la contre-révolution&nbsp;»''. Une formule floue que raillera [[Lénine|Lénine]]. Selon Chliapnikov, ce revirement est accueilli avec jubilation au gouvernement provisoire et à la direction du soviet, tandis qu’une opposition de gauche se lève au sein du parti, notamment dans son bastion ouvrier de la capitale, le [[District_de_Vyborg|district de Vyborg]], dont le comité ''« demande même l’exclusion du parti de Staline et de Kamenev »''.
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Alors que les militants de base du parti expliquaient patiemment le point de vue de Lénine aux ouvriers, aux soldats, aux paysans, Lénine parvint à reprendre en main le parti au cours des mois suivants. De février à juillet, la taille du parti bolchevik passa de 24.000 à 240.000 membres.
 
Alors que les militants de base du parti expliquaient patiemment le point de vue de Lénine aux ouvriers, aux soldats, aux paysans, Lénine parvint à reprendre en main le parti au cours des mois suivants. De février à juillet, la taille du parti bolchevik passa de 24.000 à 240.000 membres.
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=== Sur la guerre ===
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===Sur la guerre===
    
Le gouvernement maintient la participation à la guerre, avec parfois quelques déclarations creuses sur sa volonté d'aboutir on ne sait quand à une paix juste.
 
Le gouvernement maintient la participation à la guerre, avec parfois quelques déclarations creuses sur sa volonté d'aboutir on ne sait quand à une paix juste.
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Les positions politiques des socialistes sur la guerre furent fortement liées à leur position plus générale sur la révolution. Les menchéviks et les SR se convertissent massivement à un soutien à la guerre, prétextant qu'il s'agit à présent, pour défendre la révolution, de mener la guerre jusqu'au bout. Une position appelée ''«&nbsp;jusqu'auboutisme révolutionnaire&nbsp;»'' ou ''«&nbsp;défensisme&nbsp;»''. Seule une minorité de menchéviks (derrière [[Martov|Martov]]) et de SR restent fermement internationalistes.
 
Les positions politiques des socialistes sur la guerre furent fortement liées à leur position plus générale sur la révolution. Les menchéviks et les SR se convertissent massivement à un soutien à la guerre, prétextant qu'il s'agit à présent, pour défendre la révolution, de mener la guerre jusqu'au bout. Une position appelée ''«&nbsp;jusqu'auboutisme révolutionnaire&nbsp;»'' ou ''«&nbsp;défensisme&nbsp;»''. Seule une minorité de menchéviks (derrière [[Martov|Martov]]) et de SR restent fermement internationalistes.
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Le 10 mars, la [[Pravda|''Pravda'']] appelle à transformer la guerre impérialiste en une guerre civile qui libérera les peuples du joug des classes dominantes, maintenant l'ancienne [[Défaitisme_révolutionnaire|ligne léniniste]].
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Le 10 mars, la ''[[Pravda|Pravda]]'' appelle à transformer la guerre impérialiste en une guerre civile qui libérera les peuples du joug des classes dominantes, maintenant l'ancienne [[Défaitisme_révolutionnaire|ligne léniniste]].
    
Cela change avec le retour de [[Staline|Staline]] et [[Kamenev|Kamenev]] le 12 mars. Dans la ''Pravda'' du 15&nbsp;mars, Kamenev se rallie à la position de « défense nationale » partagée, avec des nuances, par le gouvernement provisoire et par la direction réformiste du soviet de Pétrograd : ''« quand une armée affronte une autre armée, ce serait une proposition inepte que de proposer à l’une d’elles de déposer les armes et de rentrer chez elle. Ce ne serait pas une politique de paix, mais une politique d’esclavage qu’un peuple libre rejetterait avec dégoût »''&nbsp;; il faut ''« répondre à une balle par la balle, à un obus par l'obus. »'' Staline, de son côté, approuve le manifeste que le soviet vient d’adopter ''« pour une paix sans annexions ni compensations »''. Cela suppose une politique de pression ''« pacifique »'' sur les bourgeoisies et gouvernements impérialistes qui sont en train de s’affronter au prix de millions de morts :''« notre slogan est le suivant : faire pression sur le gouvernement provisoire en vue de le contraindre (…) à amener tous les pays belligérants à entamer des pourparlers de paix immédiats (…) Et que chaque homme, jusqu’à cette échéance, reste à son poste de combat. »'' Et il précise le 16&nbsp;mars : ''« le mot d’ordre "à bas la guerre" est inutile. »''
 
Cela change avec le retour de [[Staline|Staline]] et [[Kamenev|Kamenev]] le 12 mars. Dans la ''Pravda'' du 15&nbsp;mars, Kamenev se rallie à la position de « défense nationale » partagée, avec des nuances, par le gouvernement provisoire et par la direction réformiste du soviet de Pétrograd : ''« quand une armée affronte une autre armée, ce serait une proposition inepte que de proposer à l’une d’elles de déposer les armes et de rentrer chez elle. Ce ne serait pas une politique de paix, mais une politique d’esclavage qu’un peuple libre rejetterait avec dégoût »''&nbsp;; il faut ''« répondre à une balle par la balle, à un obus par l'obus. »'' Staline, de son côté, approuve le manifeste que le soviet vient d’adopter ''« pour une paix sans annexions ni compensations »''. Cela suppose une politique de pression ''« pacifique »'' sur les bourgeoisies et gouvernements impérialistes qui sont en train de s’affronter au prix de millions de morts :''« notre slogan est le suivant : faire pression sur le gouvernement provisoire en vue de le contraindre (…) à amener tous les pays belligérants à entamer des pourparlers de paix immédiats (…) Et que chaque homme, jusqu’à cette échéance, reste à son poste de combat. »'' Et il précise le 16&nbsp;mars : ''« le mot d’ordre "à bas la guerre" est inutile. »''
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A son retour le 4 avril, Lénine dénonce les ''«&nbsp;défensistes&nbsp;»'', même s'il n'est plus clairement ''«&nbsp;[[Défaitisme_révolutionnaire|défaitiste]]&nbsp;»'' comme sous le tsarisme.
 
A son retour le 4 avril, Lénine dénonce les ''«&nbsp;défensistes&nbsp;»'', même s'il n'est plus clairement ''«&nbsp;[[Défaitisme_révolutionnaire|défaitiste]]&nbsp;»'' comme sous le tsarisme.
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== Perception de la révolution à l'étranger ==
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==Perception de la révolution à l'étranger==
    
La révolution de février 1917 a été lue par les Occidentaux en fonction de la [[Première_Guerre_mondiale|Grande Guerre]] en cours, et en général sans grande connaissance des réalités russes. Les démocraties de l'[[Triple-Entente|Entente]] (France et Grande-Bretagne surtout) sont soulagées d'être débarrassées de l'allié encombrant qu'était Nicolas II, le maintien de l'autocratie tsariste les mettant en porte-à-faux avec leur propagande sur la «&nbsp;guerre du droit&nbsp;». Ni la presse (soumise à la [[Censure|censure]]) ni les opinions ne prennent la mesure du rejet croissant et massif de la guerre dans l'opinion russe. La révolution est interprétée au contraire comme une volonté populaire de mener la guerre jusqu'au bout avec un gouvernement plus compétent<ref>Marc Ferro, ''L'Occident devant la révolution russe'', 1969.</ref>.
 
La révolution de février 1917 a été lue par les Occidentaux en fonction de la [[Première_Guerre_mondiale|Grande Guerre]] en cours, et en général sans grande connaissance des réalités russes. Les démocraties de l'[[Triple-Entente|Entente]] (France et Grande-Bretagne surtout) sont soulagées d'être débarrassées de l'allié encombrant qu'était Nicolas II, le maintien de l'autocratie tsariste les mettant en porte-à-faux avec leur propagande sur la «&nbsp;guerre du droit&nbsp;». Ni la presse (soumise à la [[Censure|censure]]) ni les opinions ne prennent la mesure du rejet croissant et massif de la guerre dans l'opinion russe. La révolution est interprétée au contraire comme une volonté populaire de mener la guerre jusqu'au bout avec un gouvernement plus compétent<ref>Marc Ferro, ''L'Occident devant la révolution russe'', 1969.</ref>.
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L'Allemagne de Guillaume II a laissé les divers révolutionnaires exilés en Suisse, dont [[Vladimir_Ilitch_Lénine|Lénine]], traverser son territoire pour rentrer en Russie, escomptant que le pacifisme contribuera au retrait de la Russie du conflit. Dès l'époque circule en Russie et en Occident l'idée d'un Lénine «&nbsp;agent allemand&nbsp;», ou encore la rumeur que les «&nbsp;maximalistes&nbsp;» (traduction inexacte répandue du terme [[Bolcheviks|bolcheviks]]) sont financés par «&nbsp;l'or allemand&nbsp;».
 
L'Allemagne de Guillaume II a laissé les divers révolutionnaires exilés en Suisse, dont [[Vladimir_Ilitch_Lénine|Lénine]], traverser son territoire pour rentrer en Russie, escomptant que le pacifisme contribuera au retrait de la Russie du conflit. Dès l'époque circule en Russie et en Occident l'idée d'un Lénine «&nbsp;agent allemand&nbsp;», ou encore la rumeur que les «&nbsp;maximalistes&nbsp;» (traduction inexacte répandue du terme [[Bolcheviks|bolcheviks]]) sont financés par «&nbsp;l'or allemand&nbsp;».
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== Le sort du tsar Nicolas II ==
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==Le sort du tsar Nicolas II==
    
Le 7 mars, [[Kérensky|Kérensky]] déclamait à Moscou&nbsp;: ''«&nbsp;Nicolas II est entre mes mains… Je ne serai jamais un Marat de la Révolution russe… Nicolas II, sous mon contrôle personnel, se rendra en Angleterre…&nbsp;»''
 
Le 7 mars, [[Kérensky|Kérensky]] déclamait à Moscou&nbsp;: ''«&nbsp;Nicolas II est entre mes mains… Je ne serai jamais un Marat de la Révolution russe… Nicolas II, sous mon contrôle personnel, se rendra en Angleterre…&nbsp;»''
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Dès le 9 mars, [[Tchkhéidzé|Tchkhéidzé]] rapportait au Comité exécutif que le gouvernement ''«&nbsp;avait renoncé&nbsp;»'' à la pensée d'expédier Nicolas en Angleterre. Le tsar et sa famille étaient mis aux arrêts, au palais d'Hiver. Du front, de plus en plus instantes se faisaient les exigences&nbsp;: transférer le tsar à la forteresse Pierre-et-Paul. Finalement, le 22 mars 1917, le tsar et sa famille seront placés en résidence surveillée à Tsarskoïe Selo, près de Petrograd. Peu après [[Octobre_1917|Octobre]], au début de la [[Guerre_civile_russe|guerre civile]], ils seront [[Exécution_de_la_famille_impériale_russe|exécutés dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918]], pour démoraliser les [[Armées_blanches|Blancs]] qui s'approchaient.
 
Dès le 9 mars, [[Tchkhéidzé|Tchkhéidzé]] rapportait au Comité exécutif que le gouvernement ''«&nbsp;avait renoncé&nbsp;»'' à la pensée d'expédier Nicolas en Angleterre. Le tsar et sa famille étaient mis aux arrêts, au palais d'Hiver. Du front, de plus en plus instantes se faisaient les exigences&nbsp;: transférer le tsar à la forteresse Pierre-et-Paul. Finalement, le 22 mars 1917, le tsar et sa famille seront placés en résidence surveillée à Tsarskoïe Selo, près de Petrograd. Peu après [[Octobre_1917|Octobre]], au début de la [[Guerre_civile_russe|guerre civile]], ils seront [[Exécution_de_la_famille_impériale_russe|exécutés dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918]], pour démoraliser les [[Armées_blanches|Blancs]] qui s'approchaient.
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== Bibliographie ==
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==Bibliographie==
    
{{Article détaillé|Bibliographie sur la révolution russe de 1917}}
 
{{Article détaillé|Bibliographie sur la révolution russe de 1917}}
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== Notes ==
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==Notes==
    
<references />
 
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[[Category:Russie / URSS]] [[Category:Révolution]] [[Category:Histoire]]
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