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Feueurbach, tout comme Hegel, a fortement influencé Marx. Ce dernier a, tour à tour,<br>adopté leurs vues pour ensuite critiquer ces dernières en utilisant certaines méthodes ou conclusions de l'un ou l'autre. Marx, en rejetant le système hégélien, va néanmoins garder de celui-ci, en la transformant, sa méthode dialectique (voir plus bas). A Feueuerbach, Marx reproche que sa méthode ne permet pas de saisir tout le réel dans sa complexité car il n'est pas toujours concret ou " sensible ". Car la réalité est constitué de la confrontation entre la théorie et la réalité, la pensée et l'action, etc. L'homme " sensible " de Feueurbach est, en outre, considéré hors de toute l'histoire, ce qui en fait un homme "abstrait " éternel, alors que l'homme, à chaque époque, est le produit de conditions sociales, économiques, politiques, etc. bien déterminées. De plus, les théories matérialistes de Feueurbach n'apportaient aucune conclusion pratique en terme de lutte politique puisque son matérialiste est fondamentalement passif et mécaniste (ce qui est doit être tel qu'il est). C'est contre cet aspect de la théorie de Feueurbach que Marx écrira sa célèbre XIe thèse: " les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde, or il s'agit de le transformer. "<br>  
 
Feueurbach, tout comme Hegel, a fortement influencé Marx. Ce dernier a, tour à tour,<br>adopté leurs vues pour ensuite critiquer ces dernières en utilisant certaines méthodes ou conclusions de l'un ou l'autre. Marx, en rejetant le système hégélien, va néanmoins garder de celui-ci, en la transformant, sa méthode dialectique (voir plus bas). A Feueuerbach, Marx reproche que sa méthode ne permet pas de saisir tout le réel dans sa complexité car il n'est pas toujours concret ou " sensible ". Car la réalité est constitué de la confrontation entre la théorie et la réalité, la pensée et l'action, etc. L'homme " sensible " de Feueurbach est, en outre, considéré hors de toute l'histoire, ce qui en fait un homme "abstrait " éternel, alors que l'homme, à chaque époque, est le produit de conditions sociales, économiques, politiques, etc. bien déterminées. De plus, les théories matérialistes de Feueurbach n'apportaient aucune conclusion pratique en terme de lutte politique puisque son matérialiste est fondamentalement passif et mécaniste (ce qui est doit être tel qu'il est). C'est contre cet aspect de la théorie de Feueurbach que Marx écrira sa célèbre XIe thèse: " les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde, or il s'agit de le transformer. "<br>  
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Mais laissons Marx continuer l'exposé de sa critique: " Feueurbach a l'avantage de considérer l'homme comme une " chose sensible " (...) (mais il ne le conçoit pas comme " activité sensible ". Il reste dans le domaine de la théorie et ne considère les hommes ni dans leurs rapports sociaux donnés ni dans les conditions présentes d'existence qui les ont fait tels qu'ils sont - il ne parvient jamais jusqu'aux hommes actifs, réellement existants (...). Dans la mesure où Feueurbach est matérialiste, l'histoire n'occupe, dans sa philosophie, aucune place, et dans la mesure où il tient compte de l'histoire, il n'est pas matérialiste. Le matérialisme et l'histoire sont chez lui complètement dissociés. " (4)<br>
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Mais laissons Marx continuer l'exposé de sa critique: " Feueurbach a l'avantage de considérer l'homme comme une " chose sensible " (...) (mais il ne le conçoit pas comme " activité sensible ". Il reste dans le domaine de la théorie et ne considère les hommes ni dans leurs rapports sociaux donnés ni dans les conditions présentes d'existence qui les ont fait tels qu'ils sont - il ne parvient jamais jusqu'aux hommes actifs, réellement existants (...). Dans la mesure où Feueurbach est matérialiste, l'histoire n'occupe, dans sa philosophie, aucune place, et dans la mesure où il tient compte de l'histoire, il n'est pas matérialiste. Le matérialisme et l'histoire sont chez lui complètement dissociés. " (4)<br>  
    
== La signification du matérialisme historique<br>  ==
 
== La signification du matérialisme historique<br>  ==
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La réalité, qu'elle soit sociale, économique, culturelle ou historique, est d'une complexité quasi-infinie. Pour saisir cette réalité si mouvante et complexe, on ne peut commencer que par la simplifier à travers des schémas. Mais si ces derniers ne peuvent entièrement rendre compte de cette réalité, ils doivent au moins saisir, avec toutes les nuances nécessaires, la dynamique qui anime la réalité. C'est ce qu'à fait Marx à travers sa théorie du matérialisme historique: rendre perceptible et compréhensible le développement historique de l'humanité sans tomber dans le simplisme. La méthode de Marx n'est donc, comme lui-même l'a défini, qu'un outil permettant de mieux comprendre. Elle n'est donc en rien un dogme à apprendre par coeur et à appliquer sans adaptation à toutes les occasions. Marx (et après lui Lénine) a insisté sur l'importance de l'analyse concrète des situations concrètes et des conditions spécifiques de tel ou tel pays et à telle époque déterminée, ainsi que sur l'importance de l'innovation et de l'enrichissement de sa méthode. " Il est malheureusement fréquent, chez ceux même qui se réclament de Marx, de considérer l'oeuvre de ce penseur comme une sorte de révélation dont il suffirait de réciter ou de citer les passages importants pour faire s'évanouir les difficultés de la recherche. A chaque problème, il semblerait que Marx nous ait donné la solution, à la manière dont certaines sectes protestantes utilisent les textes bibliques. Cette appropriation me paraît de type religieux ou fétichiste. Ce n'est pas ainsi que la lecture de Marx peut encore être intéressante aujourd'hui. " (16) Ce qu'il faut, ce n'est<br>pas de s'affirmer " pour Marx " mais bien de " se comporter comme Marx ". C'est s'appuyer sur sa théorie pour fonder de nouvelles théories, c'est utiliser sa méthode comme un instrument visant à découvrir, à analyser et à expliquer des phénomènes nouveaux, inconnus du temps de Marx.  
 
La réalité, qu'elle soit sociale, économique, culturelle ou historique, est d'une complexité quasi-infinie. Pour saisir cette réalité si mouvante et complexe, on ne peut commencer que par la simplifier à travers des schémas. Mais si ces derniers ne peuvent entièrement rendre compte de cette réalité, ils doivent au moins saisir, avec toutes les nuances nécessaires, la dynamique qui anime la réalité. C'est ce qu'à fait Marx à travers sa théorie du matérialisme historique: rendre perceptible et compréhensible le développement historique de l'humanité sans tomber dans le simplisme. La méthode de Marx n'est donc, comme lui-même l'a défini, qu'un outil permettant de mieux comprendre. Elle n'est donc en rien un dogme à apprendre par coeur et à appliquer sans adaptation à toutes les occasions. Marx (et après lui Lénine) a insisté sur l'importance de l'analyse concrète des situations concrètes et des conditions spécifiques de tel ou tel pays et à telle époque déterminée, ainsi que sur l'importance de l'innovation et de l'enrichissement de sa méthode. " Il est malheureusement fréquent, chez ceux même qui se réclament de Marx, de considérer l'oeuvre de ce penseur comme une sorte de révélation dont il suffirait de réciter ou de citer les passages importants pour faire s'évanouir les difficultés de la recherche. A chaque problème, il semblerait que Marx nous ait donné la solution, à la manière dont certaines sectes protestantes utilisent les textes bibliques. Cette appropriation me paraît de type religieux ou fétichiste. Ce n'est pas ainsi que la lecture de Marx peut encore être intéressante aujourd'hui. " (16) Ce qu'il faut, ce n'est<br>pas de s'affirmer " pour Marx " mais bien de " se comporter comme Marx ". C'est s'appuyer sur sa théorie pour fonder de nouvelles théories, c'est utiliser sa méthode comme un instrument visant à découvrir, à analyser et à expliquer des phénomènes nouveaux, inconnus du temps de Marx.  
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= <br>Notes et sources =
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= <br>Notes et sources =
    
(1) Henri Lefèbvre, "Sociologie de Marx ", Ed. P.U.F. 1974.<br>(2) Karl Marx, Introduction à la " Contribution à la critique de l'économie politique ",<br>1859, Ed. du Progrès, Moscou, 1978.<br>(3) Karl Marx, " La Sainte famille ", 1845, cité par M. Rubel dans "Pages de Karl Marx<br>", tome 1, Ed. Payot, 1970.<br>(4) Marx, " L'idéologie allemande " (1846), Ed Sociales 1978.<br>(5) H. Lefèbvre, op. cit.<br>(6) Thèse XI dans " Thèses sur Feuerbach ", 1845.<br>(7) Marx/Engel, " L'idéologie allemande ".<br>(8) Ernest Mandel, " Introduction au marxisme " 1983.<br>(9) Marx, " Misère de la philosophie ", 1847, Ed. Sociales, 1946.<br>(10) Lénine, " La grande initiative ", cité par Marta Harnecker, " Les concepts<br>élémentaires du matérialisme historique ", Ed. Contradictions, 1974.<br>(11) Marx/Engels, " L'idéologie allemande ".<br>(12) Ernest Mandel, " Introduction au marxisme ".<br>(13) Jean Gorren, " Sociologie et Socialisme ", Université Ouvrière de Bruxelles,<br>1951.<br>(14) Pierre Jalée, " L'exploitation capitaliste ", Maspero, 1974.<br>(15) Marx, " Le Dix-huit Brumaire de Louis-Napoléon Bonaparte ", cité par Maximilien<br>Rubel, " Pages de Karl Marx ", Ed. Payot 1970.<br>(16) Marx/Engels, " L'idéologie allemande ".<br>(17) Michel Miaille, " Une introduction critique au droit ", Ed. Maspero 1978.<br>ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE<br>- Marx/Engels: " L'idéologie allemande " Ed. Sociales.<br>- Marx/Engels: " Manifeste du Parti communiste " Ed. UGE, 10/18.<br>- Georges Plékhanov: "La conception matérialiste de l'histoire ", Ed. du Progrès.<br>- Ernest Mandel: " Introduction au marxisme ", Ed.La Brèche.<br>- Henri Lefèbvre: " Le marxisme ", Ed. P.U.F.<br>- Marta Harnecker: " Les concepts élémentaires du matérialisme historique " Ed.<br>Contradictions  
 
(1) Henri Lefèbvre, "Sociologie de Marx ", Ed. P.U.F. 1974.<br>(2) Karl Marx, Introduction à la " Contribution à la critique de l'économie politique ",<br>1859, Ed. du Progrès, Moscou, 1978.<br>(3) Karl Marx, " La Sainte famille ", 1845, cité par M. Rubel dans "Pages de Karl Marx<br>", tome 1, Ed. Payot, 1970.<br>(4) Marx, " L'idéologie allemande " (1846), Ed Sociales 1978.<br>(5) H. Lefèbvre, op. cit.<br>(6) Thèse XI dans " Thèses sur Feuerbach ", 1845.<br>(7) Marx/Engel, " L'idéologie allemande ".<br>(8) Ernest Mandel, " Introduction au marxisme " 1983.<br>(9) Marx, " Misère de la philosophie ", 1847, Ed. Sociales, 1946.<br>(10) Lénine, " La grande initiative ", cité par Marta Harnecker, " Les concepts<br>élémentaires du matérialisme historique ", Ed. Contradictions, 1974.<br>(11) Marx/Engels, " L'idéologie allemande ".<br>(12) Ernest Mandel, " Introduction au marxisme ".<br>(13) Jean Gorren, " Sociologie et Socialisme ", Université Ouvrière de Bruxelles,<br>1951.<br>(14) Pierre Jalée, " L'exploitation capitaliste ", Maspero, 1974.<br>(15) Marx, " Le Dix-huit Brumaire de Louis-Napoléon Bonaparte ", cité par Maximilien<br>Rubel, " Pages de Karl Marx ", Ed. Payot 1970.<br>(16) Marx/Engels, " L'idéologie allemande ".<br>(17) Michel Miaille, " Une introduction critique au droit ", Ed. Maspero 1978.<br>ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE<br>- Marx/Engels: " L'idéologie allemande " Ed. Sociales.<br>- Marx/Engels: " Manifeste du Parti communiste " Ed. UGE, 10/18.<br>- Georges Plékhanov: "La conception matérialiste de l'histoire ", Ed. du Progrès.<br>- Ernest Mandel: " Introduction au marxisme ", Ed.La Brèche.<br>- Henri Lefèbvre: " Le marxisme ", Ed. P.U.F.<br>- Marta Harnecker: " Les concepts élémentaires du matérialisme historique " Ed.<br>Contradictions  
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C'est dans son introduction à la Contribution de l'économie politique (1859) que Marx<br>formulera de la façon la plus claire le matérialisme historique:<br>"Le résultat général auquel j'arrivais et qui, une fois acquis, servis de fil conducteur à<br>mes études, peut brièvement se formuler ainsi: dans la production sociale de leur<br>existence, les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires,<br>indépendants de leur volonté, rapports de production qui correspondent à un degré<br>de développement déterminé de leurs forces productives matérielles. L'ensemble de<br>ces rapports de productions constitue la structure économique de la société, la base<br>concrète sur laquelle s'élève une superstructure juridique et politique à laquelle<br>correspondent des formes de conscience sociale déterminées. Le mode de<br>production de la vie matérielle conditionne le processus de vie sociale, politique et<br>intellectuel en général.<br>Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur être; c'est inversement<br>leur être social qui détermine leur conscience. A un certain stade de leur<br>développement, les forces productives matérielles de la société entrent en<br>contradiction avec les rapports de production existence, ou, ce qui n'en est que<br>l'expression juridique, avec les rapports de propriété au sein desquels elle s'était mue<br>jusqu'alors. De forme de développement des forces productives, qu'ils étaient, ces<br>rapports en deviennent des entraves. Alors s'ouvre une époque de révolution sociale.<br>Le changement dans la base économique bouleverse plus ou moins rapidement<br>toutes l'énorme superstructure. Lorsque l'on considère de tels bouleversements, il<br>faut toujours distinguer entre le bouleversement matériel - qu'on peut constater d'une<br>manière scientifiquement rigoureuse - des conditions de production économiques et<br>les formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques ou philosophiques, bref, les<br>formes idéologiques sous lesquelles les hommes prennent conscience de ce conflit<br>et le mènent jusqu'au bout. Pas plus qu'on ne juge un individu sur l'idée qu'il se fait<br>de lui-même, on ne saurait juger telle époque de bouleversement sur sa conscience<br>de soi; il faut, au contraire, expliquer cette conscience par les contradictions de la vie<br>matérielle, par le conflit qui existe entre les forces productives sociales et les rapports<br>de production. Une formation sociale ne disparaît jamais avant que soient ainsi<br>développées toutes les forces productives qu'elle est assez large pour contenir,<br>jamais des rapports de production nouveaux et supérieurs ne s'y substituent avant<br>que les conditions d'existence matérielles de ces rapports soient écloses dans le sein<br>même de la vieille société. C'est pourquoi l'humanité ne se pose jamais que des<br>problèmes qu'elle peut résoudre, car à y regarder de plus près, il se trouvera toujours<br>que le problème lui-même ne surgit que là où les conditions matérielles pour le<br>résoudre existent déjà ou du moins sont en voie de devenir. A grands traits, les<br>modes de production asiatique, antique, féodal et bourgeois moderne peuvent être<br>qualifiés d'époques progressives de la formation sociale économique. Les rapports<br>de production bourgeois sont la dernière forme contradictoire non pas dans le sens<br>d'une contradiction individuelle, mais d'une contradiction qui naît des conditions<br>d'existence sociale des individus; cependant les forces productives qui se<br>développent au sein de la société bourgeoise créent en même temps les conditions<br>matérielles pour résoudre cette contradiction. Avec cette formation sociale s'achève<br>donc la préhistoire de la société humaine. "<br>(Karl Marx, Introduction à la " Contribution à la critique de l'économie politique ",<br>1859, Ed du Progrès, Moscou, 1978).<br>  
 
C'est dans son introduction à la Contribution de l'économie politique (1859) que Marx<br>formulera de la façon la plus claire le matérialisme historique:<br>"Le résultat général auquel j'arrivais et qui, une fois acquis, servis de fil conducteur à<br>mes études, peut brièvement se formuler ainsi: dans la production sociale de leur<br>existence, les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires,<br>indépendants de leur volonté, rapports de production qui correspondent à un degré<br>de développement déterminé de leurs forces productives matérielles. L'ensemble de<br>ces rapports de productions constitue la structure économique de la société, la base<br>concrète sur laquelle s'élève une superstructure juridique et politique à laquelle<br>correspondent des formes de conscience sociale déterminées. Le mode de<br>production de la vie matérielle conditionne le processus de vie sociale, politique et<br>intellectuel en général.<br>Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur être; c'est inversement<br>leur être social qui détermine leur conscience. A un certain stade de leur<br>développement, les forces productives matérielles de la société entrent en<br>contradiction avec les rapports de production existence, ou, ce qui n'en est que<br>l'expression juridique, avec les rapports de propriété au sein desquels elle s'était mue<br>jusqu'alors. De forme de développement des forces productives, qu'ils étaient, ces<br>rapports en deviennent des entraves. Alors s'ouvre une époque de révolution sociale.<br>Le changement dans la base économique bouleverse plus ou moins rapidement<br>toutes l'énorme superstructure. Lorsque l'on considère de tels bouleversements, il<br>faut toujours distinguer entre le bouleversement matériel - qu'on peut constater d'une<br>manière scientifiquement rigoureuse - des conditions de production économiques et<br>les formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques ou philosophiques, bref, les<br>formes idéologiques sous lesquelles les hommes prennent conscience de ce conflit<br>et le mènent jusqu'au bout. Pas plus qu'on ne juge un individu sur l'idée qu'il se fait<br>de lui-même, on ne saurait juger telle époque de bouleversement sur sa conscience<br>de soi; il faut, au contraire, expliquer cette conscience par les contradictions de la vie<br>matérielle, par le conflit qui existe entre les forces productives sociales et les rapports<br>de production. Une formation sociale ne disparaît jamais avant que soient ainsi<br>développées toutes les forces productives qu'elle est assez large pour contenir,<br>jamais des rapports de production nouveaux et supérieurs ne s'y substituent avant<br>que les conditions d'existence matérielles de ces rapports soient écloses dans le sein<br>même de la vieille société. C'est pourquoi l'humanité ne se pose jamais que des<br>problèmes qu'elle peut résoudre, car à y regarder de plus près, il se trouvera toujours<br>que le problème lui-même ne surgit que là où les conditions matérielles pour le<br>résoudre existent déjà ou du moins sont en voie de devenir. A grands traits, les<br>modes de production asiatique, antique, féodal et bourgeois moderne peuvent être<br>qualifiés d'époques progressives de la formation sociale économique. Les rapports<br>de production bourgeois sont la dernière forme contradictoire non pas dans le sens<br>d'une contradiction individuelle, mais d'une contradiction qui naît des conditions<br>d'existence sociale des individus; cependant les forces productives qui se<br>développent au sein de la société bourgeoise créent en même temps les conditions<br>matérielles pour résoudre cette contradiction. Avec cette formation sociale s'achève<br>donc la préhistoire de la société humaine. "<br>(Karl Marx, Introduction à la " Contribution à la critique de l'économie politique ",<br>1859, Ed du Progrès, Moscou, 1978).<br>  
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= ANNEXE 2 =
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" La conception matérialiste de l'histoire part de la thèse que la production, et après<br>la production, l'échange de ses produits, constitue le fondement de tout régime<br>social, que dans toute société qui apparaît dans l'histoire, la répartition des produits,<br>et, avec elle, l'articulation sociale entre classes ou en ordres se règle sur ce qui est<br>produit et sur la façon dont cela est produit ainsi que sur la façon dont on échange<br>les choses produites. En conséquence, ce n'est pas dans la tête des hommes, dans<br>leur compréhension croissante de la vérité et de la justice éternelles, mais dans les<br>modifications du mode de production et d'échange qu'il faut chercher les causes<br>dernières de toutes les modifications sociales et de tous les bouleversements<br>politiques; il faut les chercher non dans la philosophie, mais dans l'économie de<br>l'époque intéressée. Si l'on s'éveille à la compréhension que les institutions sociales<br>existantes sont déraisonnables et injustes, que la raison est devenue sottise et le<br>bienfait fléau, ce n'est là qu'un indice qu'il s'est opéré en secret dans les méthodes<br>de production et les formes d'échange, des transformations avec lesquelles ne cadre<br>plus le régime social adapté à des conditions économiques plus anciennes "<br>Friederich Engels, " Anti-Dühring ", Ed. Sociales, 1977.<br>  
 
" La conception matérialiste de l'histoire part de la thèse que la production, et après<br>la production, l'échange de ses produits, constitue le fondement de tout régime<br>social, que dans toute société qui apparaît dans l'histoire, la répartition des produits,<br>et, avec elle, l'articulation sociale entre classes ou en ordres se règle sur ce qui est<br>produit et sur la façon dont cela est produit ainsi que sur la façon dont on échange<br>les choses produites. En conséquence, ce n'est pas dans la tête des hommes, dans<br>leur compréhension croissante de la vérité et de la justice éternelles, mais dans les<br>modifications du mode de production et d'échange qu'il faut chercher les causes<br>dernières de toutes les modifications sociales et de tous les bouleversements<br>politiques; il faut les chercher non dans la philosophie, mais dans l'économie de<br>l'époque intéressée. Si l'on s'éveille à la compréhension que les institutions sociales<br>existantes sont déraisonnables et injustes, que la raison est devenue sottise et le<br>bienfait fléau, ce n'est là qu'un indice qu'il s'est opéré en secret dans les méthodes<br>de production et les formes d'échange, des transformations avec lesquelles ne cadre<br>plus le régime social adapté à des conditions économiques plus anciennes "<br>Friederich Engels, " Anti-Dühring ", Ed. Sociales, 1977.<br>  
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Pour instaurer le communisme, l'humanité ne s'épargnera pas l'étape historique de la révolution car cette dernière n'est pas " seulement rendue nécessaire parce qu'elle est le seul moyen de renverser la classe dominante, elle l'est également parce que seule une révolution permettra (...) de balayer la pourriture du vieux système qui lui colle après et de devenir apte à fonder la société sur des bases nouvelles ". Si l'écroulement et la disparition du mode de production capitaliste est inévitable (aucun mode de production n'étant éternel, comme l'histoire le démontre) la réalisation de cette révolution et du communisme n'en n'est pas pour autant assurée car elle n'est pas inscrite dans l'ordre " naturel " de l'évolution humaine. Ses bases objectives, matérielles sont d'ores et déjà potentiellement atteintes, mais ses conditions subjectives ne sont pas encore réunies et nécessitent l'intervention consciente des révolutionnaires, conscients que le communisme offre le seul chemin pour sortir de<br>l'impasse créée par l'incapacité du système capitaliste à donner à l'humanité des<br>conditions sociales d'existence satisfaisantes. Au moment décisif où les conditions<br>subjectives et objectives seront réunies, où le capitalisme sera définitivement<br>incapable de se survivre l'alternative sera entre le " socialisme ou la barbarie " (Rosa<br>Luxemburg). Car si le capitalisme s'écroule, mais que la révolution échoue<br>également, l'issue ne pourra être qu'une plongée de l'humanité dans la barbarie "<br>L'affirmation réelle de Marx est: " ceci " (le communisme) ou " rien " (la barbarie)...<br>L'objectivité du marxisme dérive de la réalité de ce dilemme, sa subjectivité du fait<br>qu'il choisit " ceci " plutôt que " rien ". (...) le marxisme n'est ni une science (bien qu'il<br>critique scientifiquement la société), ni un mythe, il est une méthode réaliste d'action<br>sociale " (16).<br>Certains prétendent que, pour Marx, le communisme sera la " fin de l'histoire "<br>puisque pour le marxisme, la lutte de classe étant son moteur, ces dernières<br>disparues, l'historie disparaîtra de même que ses contradictions et son<br>développement En fait, l'instauration réussie du communisme sera la fin de la "<br>préhistoire " de l'humanité, préhistoire déterminée par le règne de la nécessité et de<br>l'exploitation de l'homme par l'homme. Le communisme ouvrira au contraire la voie<br>au règne de la liberté dont l'évolution ultérieure ne peux pas être fixé aujourd'hui.<br>L'histoire continuera donc dans et au-delà du communisme, malgré le fait que la<br>séparation en classes sociales aura disparu, puisqu'elles n'auront plus de bases<br>économiques ni idéologiques, des contradictions existeront toujours (mais sous<br>d'autres formes) et tout ne sera pas parfait de A à Z (ainsi, par exemple, des formes<br>de criminalité, dans un degré bien moindre qu'aujourd'hui, évidemment, continueront<br>à exister). Dans ses " Manuscrits de 1844 ", Marx insiste sur le fait que le<br>communisme " est une figure nécessaire " et un " principe dynamique ", mais qu'il<br>n'est pas " comme tel, le but de l'évolution humaine - la figure définitive de la société<br>humaine (...). "  
 
Pour instaurer le communisme, l'humanité ne s'épargnera pas l'étape historique de la révolution car cette dernière n'est pas " seulement rendue nécessaire parce qu'elle est le seul moyen de renverser la classe dominante, elle l'est également parce que seule une révolution permettra (...) de balayer la pourriture du vieux système qui lui colle après et de devenir apte à fonder la société sur des bases nouvelles ". Si l'écroulement et la disparition du mode de production capitaliste est inévitable (aucun mode de production n'étant éternel, comme l'histoire le démontre) la réalisation de cette révolution et du communisme n'en n'est pas pour autant assurée car elle n'est pas inscrite dans l'ordre " naturel " de l'évolution humaine. Ses bases objectives, matérielles sont d'ores et déjà potentiellement atteintes, mais ses conditions subjectives ne sont pas encore réunies et nécessitent l'intervention consciente des révolutionnaires, conscients que le communisme offre le seul chemin pour sortir de<br>l'impasse créée par l'incapacité du système capitaliste à donner à l'humanité des<br>conditions sociales d'existence satisfaisantes. Au moment décisif où les conditions<br>subjectives et objectives seront réunies, où le capitalisme sera définitivement<br>incapable de se survivre l'alternative sera entre le " socialisme ou la barbarie " (Rosa<br>Luxemburg). Car si le capitalisme s'écroule, mais que la révolution échoue<br>également, l'issue ne pourra être qu'une plongée de l'humanité dans la barbarie "<br>L'affirmation réelle de Marx est: " ceci " (le communisme) ou " rien " (la barbarie)...<br>L'objectivité du marxisme dérive de la réalité de ce dilemme, sa subjectivité du fait<br>qu'il choisit " ceci " plutôt que " rien ". (...) le marxisme n'est ni une science (bien qu'il<br>critique scientifiquement la société), ni un mythe, il est une méthode réaliste d'action<br>sociale " (16).<br>Certains prétendent que, pour Marx, le communisme sera la " fin de l'histoire "<br>puisque pour le marxisme, la lutte de classe étant son moteur, ces dernières<br>disparues, l'historie disparaîtra de même que ses contradictions et son<br>développement En fait, l'instauration réussie du communisme sera la fin de la "<br>préhistoire " de l'humanité, préhistoire déterminée par le règne de la nécessité et de<br>l'exploitation de l'homme par l'homme. Le communisme ouvrira au contraire la voie<br>au règne de la liberté dont l'évolution ultérieure ne peux pas être fixé aujourd'hui.<br>L'histoire continuera donc dans et au-delà du communisme, malgré le fait que la<br>séparation en classes sociales aura disparu, puisqu'elles n'auront plus de bases<br>économiques ni idéologiques, des contradictions existeront toujours (mais sous<br>d'autres formes) et tout ne sera pas parfait de A à Z (ainsi, par exemple, des formes<br>de criminalité, dans un degré bien moindre qu'aujourd'hui, évidemment, continueront<br>à exister). Dans ses " Manuscrits de 1844 ", Marx insiste sur le fait que le<br>communisme " est une figure nécessaire " et un " principe dynamique ", mais qu'il<br>n'est pas " comme tel, le but de l'évolution humaine - la figure définitive de la société<br>humaine (...). "  
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<br>La conception de l'individu et de la société communiste chez Marx et Engels, Info-JGS n° 7 (1997) <br>
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<br>La conception de l'individu et de la société communiste chez Marx et Engels, Info-JGS n° 7 (1997) <br>  
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