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| === Tensions croissantes === | | === Tensions croissantes === |
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− | Depuis la [[Révolution_de_Février|révolution de Février]], la Russie connaît une situation de [[Double_pouvoir|double pouvoir]]. Le pays s'est couvert de soviets, en particulier dans les villes, mais il reste dominé par le gouvernement provisoire de [[Kerensky|Kerensky]]. | + | Depuis la [[Révolution_de_Février|révolution de Février]], la Russie connaît une situation de [[Double_pouvoir|double pouvoir]]. Le pays s'est couvert de [[soviets|soviets]], en particulier dans les villes, mais il reste dominé par le [[Gouvernement_provisoire_russe|gouvernement provisoire]] de [[Kerensky|Kerensky]]. Etant donné que le gouvernement de collaboration de classe refuse les revendications populaires (la [[Paix|paix]], la [[Journée_de_8_heures|journée de 8 heures]], la [[Réforme_agraire|réforme agraire]]), les [[bolchéviks|bolchéviks]] mènent une agitation de plus en plus efficace avec les mots d'ordre ''« La paix, le pain et la terre »'' et ''« Tout le pouvoir aux Soviets »''. Ils progressent rapidement, mais surtout dans les milieux ouvriers urbains. |
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− | Etant donné que le gouvernement de collaboration de classe refuse les revendications populaires (la [[Paix|paix]], la [[Journée_de_8_heures|journée de 8 heures]], la [[Réforme_agraire|réforme agraire]]), les bolchéviks mènent une agitation de plus en plus efficace avec les mots d'ordre ''« La paix, le pain et la terre »'' et ''« Tout le pouvoir aux Soviets »''. Ils progressent rapidement, mais surtout dans les milieux ouvriers urbains.
| + | L'Entente fait pression pour une nouvelle offensive militaire russe pour soulager son front. De son côté, [[Alexandre_Kerensky|Kerensky]], alors ministre de la Guerre et de la Marine, est persuadé que la démocratie russe ne pouvait survivre qu'avec une armée forte et disciplinée et que le moral de celle-ci avait besoin du prestige d'une victoire militaire. Le gouvernement lance les préparatifs, ainsi qu'une vague de propagande guerrière et de diffamation anti-bolchévique. Les soldats, marins et travailleurs de Pétrograd étaient particulièrement opposés à l'offensive. La garnison de la capitale craignait d'être disloquée de force et dispersée sur les fronts. |
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− | Le 3 juin 1917 s'ouvre le premier [[Congrès_des_Soviets|Congrès des Soviets]] de Russie. Les bolcheviks n'y ont que 105 délégués contre 285 pour les [[Parti_socialiste_révolutionnaire_(Russie)|socialistes-révolutionnaires]] et 248 pour les [[Mencheviks|mencheviks]]<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=380|id=RP}}.</ref>, mais ils dénoncent vigoureusement l'entente avec la bourgeoisie, et [[Lénine|Lénine]] déclare que le Parti bolchevik est prêt à exercer le pouvoir<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=388|id=RP}}.</ref>. Dans le même temps, la tension monte parmi les soldats de Petrograd. Le Congrès des Soviets organise pour le 18 juin une manifestation de soutien aux [[Soviet|soviets]] qui prend un caractère pro-bolchevik. Néanmoins, d<span>ès la manifestation du 18 juin, les bolcheviks mettent publiquement en garde les ouvriers contre une action prématurée.</span> | + | Le 3 juin 1917 s'est ouvert le premier [[Congrès_des_Soviets|Congrès des Soviets]] de Russie. Les bolcheviks n'y ont que 105 délégués contre 285 pour les [[Parti_socialiste_révolutionnaire_(Russie)|socialistes-révolutionnaires]] et 248 pour les [[Mencheviks|mencheviks]]<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=380|id=RP}}.</ref>. L'ébullition de Petrograd n'a pas encore gagné l'ensemble du pays. Le Soviet de Petrograd lui-même n'est pas encore passé aux bolchéviks, même si la section ouvrière a déjà basculé. Un premier conflit oppose les bolchéviks à la majorité conciliatrice, lorsque le Congrès donne l'ordre d'annuler la manifestation bolchévique prévue le 10 juin. Néanmoins, la manifestation pacifique de substitution organisées par l'ensemble des soviets le 18 juin révèle la montée en puissance des mots d'ordre bolchéviks. |
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− | [[Alexandre_Kerensky|Kerensky]], alors ministre de la Guerre et de la Marine, persuadé que la démocratie russe ne pouvait survivre qu'avec une armée forte et disciplinée et que le moral de celle-ci avait besoin du prestige d'une victoire militaire, ordonne pour le 12 juin<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=386|id=RP}}.</ref> une vaste offensive contre les forces austro-hongroises, l'« [[Offensive_Kerensky|offensive Kerensky]] ». Le 16 juin, l'armée déclenche d'intenses pilonnage d'artillerie contre les Autrichiens pendant deux jours<ref>{{harvsp|Figes|2007|p=527|id=OF}}.</ref>, puis passe à l'attaque. D'abord avec succès. Puis les soldats se mutinent et refusent les ordres d'attaque. Refus qui se transforme bientôt en débandade<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=390|id=RP}}.</ref>.
| + | {{Article détaillé|Journées de juin 1917}} |
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− | Le 20 juin, le 1<sup>er</sup> Régiment de mitrailleurs, fort de 10000 hommes, la plus importante unité de la capitale, cantonnée à Vyborg, dans la périphérie de Petrograd, reçoit l'ordre d'envoyer 500 mitrailleuses et leurs servants au front, soit la moitié de ses forces<ref name="harvsp|Figes|2007|p=531|id=OF">{{harvsp|Figes|2007|p=531|id=OF}}.</ref>. L'objectif est double : d'une part, apporter un renfort sur le front, et d'autre part se débarrasser de troupes agitées. Mais le régiment se mutine sous l'instigation d'agitateurs bolcheviks<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=392|id=RP}}.</ref>, car cela va à l'encontre des engagements pris par le [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|Gouvernement provisoire]] : les soldats ayant fait la [[Révolution_de_Février|révolution de Février]] à Pétrograd ne seraient pas envoyés au front, leur tâche étant de défendre la ville contre la [[contre-révolution|contre-révolution]]<ref name="harvsp|Figes|2007|p=531|id=OF" />.
| + | === Impatience des masses et des bolchéviks === |
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− | Malgré leurs premiers succès sur le front, les Russes sont battus (les Allemands interviennent en soutien de l'armée autrichienne) et l'opération se termine le 2 juillet, aussitôt suivie par une contre-offensive des forces allemandes et austro-hongroises, le 6 juillet. L'armée est en décomposition, les [[Désertion|désertions]] se multiplient, les protestations de l'arrière contre la guerre enflent.
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− | === Impatience des masses et des bolchéviks ===
| + | Depuis la mi-mai, l’[[Organisation_militaire_bolchevique|Organisation militaire bolchevique]] ([[Vladimir_Nevsky|Nevsky]], [[Podvoïsky|Podvoïsky]]...) demandait au [[Comité_central_bolchevik|comité central]] d'organiser une manifestation des soldats de la garnison. L'enthousiasme du Comité de Petrograd était très fort. Lénine en était partisan également ; lors du vote d'urgence après l'interdiction du congrès, il s'abstient. L'idée de manifestation avait également le soutien de la Fédération anarcho-communiste, et des interrayons dirigés par [[Trotski|Trotski]]. |
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− | A la mi-mai, la proposition d’organiser une manifestation des soldats de la garnison, afin de protester contre la préparation de l’offensive et d’exiger une paix immédiate, est soumise par la direction de l’[[Organisation_militaire_bolchevique|Organisation militaire bolchevique]] au [[comité_central_bolchevik|comité central]] – sans réponse connue de ce dernier. L’idée gagnant en popularité au sein de la garnison, [[Vladimir_Nevsky|Nevsky]] et [[Podvoïsky|Podvoïsky]] vont la défendre, le 6 juin, dans une réunion conjointe du comité central, du comité de Pétrograd (l’organisation bolchevique locale) et de l’Organisation militaire, en s’engageant sur une participation de 60 000 soldats.
| + | Mais le caractère de la manifestation était déjà ambigü. Le 6 juin, [[Martin_Latsis|Latsis]], dirigeant du [[District_de_Vyborg|district de Vyborg]] et du comité de Pétrograd, affirmait que sans armes la manifestation serait ''« sans relief » ''et''« amateuriste ». ''[[Tcherepanov|Tcherepanov]], un des responsables de l’Organisation militaire, concluait que ''« les soldats ne manifesteront pas sans leurs armes ; la question est réglée »''. La question ne fut pas tranchée par un vote. Certains cadres bolchéviks étaient prêts à aller très loin, comme [[Ivan_Smilga|Smilga]] (membre du comité central depuis avril) : ''« le parti ne doit pas écarter la possibilité de s’emparer de la poste, du télégraphe et de l’arsenal si l’on en venait à un affrontement armé. »'' Selon Trotsky, cette proposition est repoussée mais [[Martin_Latsis|Latsis]] note alors dans son carnet : ''« je ne puis acquiescer à cela (…) Je m’entendrai avec les camarades Semachko et Rakhia pour que l’on soit, en cas de nécessité, sous les armes et qu’on s’empare des gares, des arsenaux, des banques, de la poste et du télégraphe, avec l’appui du régiment de mitrailleurs »'' (sous-lieutenant au 1<sup>er</sup> régiment de mitrailleurs, Semachko avait été élu à son commandement par les soldats ; Rakhia était un important dirigeant ouvrier du district de Vyborg). |
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− | Les avis sont partagés. Un secteur est favorable, dont [[Lénine|Lénine]] et la majorité du Comité de Petrograd ([[Sverdlov|Sverdlov]] défend que ''« l’on se doit d’offrir un canal d’expression organisé au sentiment des masses »''). D'autres, dont Kamenev, mettent en avant le danger de déclencher une confrontation prématurée et affirment que l’état d’esprit est moins combatif dans la classe ouvrière.
| + | Du 16 au 23 juin se tient la Première conférence pan-russe des [[organisation_militaire_bolchevique|organisations militaires bolcheviques]], dans laquelle beaucoup réclament d'urgence que l'on passe à l'assaut du gouvernement. Lénine fait une intervention prônant la patience et la nécessité de gagner d'abord une majorité dans les soviets. Le 21 juin, il écrit dans la [[Pravda|''Pravda'']] : ''« Nous comprenons l'amertume, nous comprenons l'effervescence des ouvriers de Piter. Mais nous leur disons : camarades, une action directe ne serait pas rationnelle pour le moment. »'' Le lendemain, même une conférence privée de dirigeants bolcheviks plus gauchistes en vint à la même conclusion. |
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− | Aucune décision n’est prise et la question est renvoyée à une nouvelle réunion, qui se tient le 8 juin. Elargie à près de 150 autres responsables bolcheviques, cette réunion se prononce à une large majorité pour la tenue de la manifestation (131 voix contre 6, avec 22 abstentions), malgré des doutes évidents quant à ses possibilités de succès, qui apparaissent au travers du vote sur la question « les masses descendront-elles dans la rue si le soviet s’y oppose ? » : 47 oui, 42 non et 80 abstentions. L’Organisation militaire et le Comité de Pétrograd se voient confier l’organisation concrète de la manifestation, qui reçoit le soutien de la Fédération anarcho-communiste (bien implantée dans plusieurs unités dont le 1<sup>er</sup> régiment de mitrailleurs, à la pointe de la contestation) ainsi que des [[interrayons|interrayons]] dirigés par [[Trotsky|Trotsky]].
| + | La peur de revivre la situation de la [[Commune_de_Paris_(1871)|Commune de Paris]], une capitale révolutionnaire coupée du reste du pays et réprimée par lui, est très présente dans les raisonnements des leaders bolchéviks. |
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− | Une question amplement discutée, mais non résolue par un vote, est celle de savoir si la manifestation doit ou non être armée. Le 6 juin, en réponse au « modéré » [[Fedorov|Fedorov]], qui défend une manifestation ''« pacifique » ''et donc sans armes, [[Martin_Latsis|Latsis]], dirigeant du [[district_de_Vyborg|district de Vyborg]] et du comité de Pétrograd, affirme que sans armes la manifestation serait ''« sans relief » ''et''« amateuriste ». ''[[Tcherepanov|Tcherepanov]], un des responsables de l’Organisation militaire, conclut que''''« les soldats ne manifesteront pas sans leurs armes ; la question est réglée »''''.''
| + | == Les événements == |
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− | Certains cadres bolchéviks sont prêts à aller plus loin, comme [[Ivan_Smilga|Smilga]] (membre du comité central depuis avril) : ''« le parti ne doit pas écarter la possibilité de s’emparer de la poste, du télégraphe et de l’arsenal si l’on en venait à un affrontement armé. »'' Selon Trotsky, cette proposition est repoussée mais [[Martin_Latsis|Latsis]] note alors dans son carnet : ''« je ne puis acquiescer à cela (…) Je m’entendrai avec les camarades Semachko et Rakhia pour que l’on soit, en cas de nécessité, sous les armes et qu’on s’empare des gares, des arsenaux, des banques, de la poste et du télégraphe, avec l’appui du régiment de mitrailleurs »'' (sous-lieutenant au 1<sup>er</sup> régiment de mitrailleurs, Semachko avait été élu à son commandement par les soldats ; Rakhia était un important dirigeant ouvrier du district de Vyborg).
| + | === L'échec de « l'offensive Kerenski » === |
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− | Le 21 juin, Lenine, dans la [[Pravda|''Pravda'']], invitait les ouvriers et les soldats de Petrograd à attendre : ''« Nous comprenons l'amertume, nous comprenons l'effervescence des ouvriers de Piter. Mais nous leur disons : camarades, une action directe ne serait pas rationnelle pour le moment. »'' Le lendemain, même une conférence privée de dirigeants bolcheviks plus gauchistes en vint à la même conclusion.
| + | Kerenski avait ordonné pour le 12 juin<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=386|id=RP}}.</ref> une vaste offensive contre les forces austro-hongroises (on la retiendra comme l'« [[Offensive_Kerensky|offensive Kerensky]] »). Le 16 juin, l'armée déclenche d'intenses pilonnage d'artillerie contre les Autrichiens pendant deux jours<ref>{{harvsp|Figes|2007|p=527|id=OF}}.</ref>. Le 18, elle avance de quelques kilomètres en Galicie, d'abord avec succès, occupant les tranchées en grande partie abandonnées par les troupes autrichiennes. |
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− | == Les événements == | + | Mais le 20, au bout de deux jours, les soldats se mutinent et refusent les ordres d'attaque. Nombre d’entre eux tournent leurs armes contre leurs propres officiers. A l’arrière, les régiments de réserve se mutinent pour ne pas monter au front. Par exemple le 1<sup>er</sup> Régiment de mitrailleurs, fort de 10000 hommes, la plus importante unité de la capitale, cantonnée à Vyborg, dans la périphérie de Petrograd, reçoit l'ordre d'envoyer 500 mitrailleuses et leurs servants au front, soit la moitié de ses forces<ref name="harvsp|Figes|2007|p=531|id=OF">{{harvsp|Figes|2007|p=531|id=OF}}.</ref>. L'objectif est double : d'une part, apporter un renfort sur le front, et d'autre part se débarrasser de troupes agitées. Mais le régiment se mutine sous l'instigation d'agitateurs bolcheviks<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=392|id=RP}}.</ref>, car cela va à l'encontre des engagements pris par le [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|Gouvernement provisoire]] : les soldats ayant fait la [[Révolution_de_Février|révolution de Février]] à Pétrograd ne seraient pas envoyés au front, leur tâche étant de défendre la ville contre la [[Contre-révolution|contre-révolution]]<ref name="harvsp|Figes|2007|p=531|id=OF" />. Le 21 le régiment vote une motion menaçant de renverser le gouvernement s'il persiste à vouloir démanteler les unités révolutionnaires. Des motions similaires sont passées dans des dizaines d’autres régiments. Mis en veilleuse durant quelques jours, l’esprit insurrectionnel ressurgit. L’Organisation militaire bolchevique encourage. |
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− | === Manifestations spontanées ===
| + | L'offensive se termine le 2 juillet, notamment stoppée par des renforts allemands. Aussitôt une contre-offensive des forces allemandes et austro-hongroises, le 6 juillet, provoque une débandade. L’armée russe perd 70 000 hommes au cours des premiers jours, puis se disloque. En de longues colonnes, des dizaines de milliers de paysans-soldats entreprennent de rentrer chez eux. L’armée allemande occupe des dizaines de milliers de kilomètres carrés. Venant après les événements de Pétrograd, ce désastre militaire met en évidence l’incapacité du [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]] à contrôler quoi que ce soit. Le [[parti_KD|parti KD]] décide à ce moment de s’en retirer, en prenant prétexte d’une concession accordée à la revendication d’autonomie ukrainienne. |
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− | Après des rumeurs concernant un renforcement de la discipline dans l'armée, les soldats de la garnison de Petrograd craignent d'être envoyés au front<ref name="harvsp|Heller|1985|p=25|id=MH">{{harvsp|Heller|1985|p=25|id=MH}}.</ref>. La popularité de [[Kerensky|Kerensky]] se dégrade et les slogans réclamant le renversement du gouvernement provisoire trouvent un écho particulier.
| + | === Des bolchéviks et des anarchistes lancent le mouvement le 3 juillet === |
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− | Les nouvelles de l'échec de l'offensive russe en Galicie déclenchent le 3 juillet à Petrograd une vague de protestations qui se prolongent pendant quatre jours. Les soldats stationnés dans la capitale refusent de repartir au front. | + | Après des rumeurs concernant un renforcement de la discipline dans l'armée, les soldats de la garnison de Petrograd craignent d'être envoyés au front<ref name="harvsp|Heller|1985|p=25|id=MH">{{harvsp|Heller|1985|p=25|id=MH}}.</ref>. La popularité de [[Kerensky|Kerensky]] se dégrade et les slogans réclamant le renversement du gouvernement provisoire trouvent un écho particulier. Les nouvelles de l'échec de l'offensive furent le déclencheur. |
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− | Le 3 juillet, ce sont d'abord des soldats qui se révoltent, et qui <span>entreprennent immédiatement de gagner les ouvriers à leur action. Aux ateliers Poutilov, la plus grande concentration d'ouvriers en Russie, ils obtiennent un succès décisif :</span> | + | Le 3 juillet en fin d’après-midi, les militants bolcheviks et anarchistes du 1<sup>er</sup> régiment de mitrailleurs, prennent l'initiative d'un soulèvement. Ils <span>entreprennent immédiatement de gagner les ouvriers à leur action. Aux ateliers Poutilov, la plus grande concentration d'ouvriers en Russie, ils obtiennent un succès décisif :</span> |
| <blockquote><span>«''Environ dix mille ouvriers s'assemblèrent devant les locaux de l'administration. Acclamés, les mitrailleurs racontèrent qu'ils avaient reçu l'ordre de partir le 4 juillet pour le front, mais qu'ils avaient résolu "de marcher non du côté du front allemand, contre le prolétariat allemand, mais bien contre leurs propres ministres capitalistes". L'état des esprits monta. "En avant ! En avant !" crièrent les ouvriers.'' »<ref>Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrrsomm.htm Histoire de la révolution russe]'', 1930</ref></span></blockquote> | | <blockquote><span>«''Environ dix mille ouvriers s'assemblèrent devant les locaux de l'administration. Acclamés, les mitrailleurs racontèrent qu'ils avaient reçu l'ordre de partir le 4 juillet pour le front, mais qu'ils avaient résolu "de marcher non du côté du front allemand, contre le prolétariat allemand, mais bien contre leurs propres ministres capitalistes". L'état des esprits monta. "En avant ! En avant !" crièrent les ouvriers.'' »<ref>Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrrsomm.htm Histoire de la révolution russe]'', 1930</ref></span></blockquote> |
− | <span>En quelques heures, le prolétariat de toute la ville, ainsi que </span>les marins de [[Kronstadt|Kronstadt]],<span>se soulève, s'arme et se rassemble autour du mot d'ordre « tout le pouvoir auxsoviets ». Ce sont d'abord des </span>anarchistes qui les soutiennent. Les protestations des travailleurs se sont rapidement transformées en de violentes [[Émeutes|émeutes]]. Un manifestant lance au [[Parti_SR|SR]] [[Victor_Tchernov|Victor Tchernov]] : ''« Prend le pouvoir fils de pute, puisqu'on te le donne ! »<ref>[https://www.youtube.com/watch?v=f3ajJshCJ2A Lénine, une autre histoire de la révolution russe] - ARTE </ref><ref>https://fr.internationalism.org/rinte90/russe.htm</ref>'' | + | <span>En quelques heures, de nombreuses usines, ainsi que </span>les marins de [[Kronstadt|Kronstadt]],<span>se soulèvent, s'arment et se rassemblent </span>puis convergent en plusieurs vagues vers le centre-ville et le palais de Tauride, siège du [[Soviet_de_Petersbourg|soviet]]. Une fois la manifestation engagée, l’Organisation militaire et le comité de Pétrograd des bolcheviks appellent à la rejoindre. Mais quel en est exactement le but, et comment s’organiser ? Le dirigeant anarcho-communiste [[Iosif_Bleichman|Bleichman]] répond que ce n’est pas un problème, ''« la rue nous organisera »''. <span>Les délégués du </span> 1<sup>er</sup> régiment de mitrailleurs <span>sont choqués d'apprendre que le parti bolchevik s'est prononcé contre l'action.</span> |
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− | <span>L'après-midi du 3 juillet, les délégués des régiments de mitrailleurs parviennent à gagner le soutien de la conférence locale des bolcheviks et sont choqués d'apprendre que le parti s'est prononcé contre l'action. Les arguments donnés par le parti - selon lesquels la bourgeoisie veut provoquer le prolétariat de Petrograd pour lui faire porter la responsabilité du fiasco sur le front, que la situation n'est pas mûre pour l'insurrection armée et que le meilleur moment pour une action d'envergure arrivera quand l'effondrement du front sera connu de tous - montre que les bolcheviks ont immédiatement saisi la signification et le danger des événements</span>.
| + | === Hésitations des bolchéviks === |
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− | <span>La nuit du 3 au 4 juillet, le Comité central du parti et celui de Petrograd décident d'appuyer le mouvement et de se mettre à sa tète, dans le but d'assurer son « ''caractère pacifique et organisé'' ». Contrairement aux événements spontanés et chaotiques du jour précédent, les manifestations gigantesques du 4 juillet traduisent « ''la main organisatrice du parti'' ».</span>
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− | <span>Au soir du 4 juillet, [[Zinoviev|Zinoviev]] s'adresse à des dizaines de milliers d'ouvriers, de Poutilov et d'ailleurs. Il entame son discours avec un ton de plaisanterie pour détendre l'atmosphère et finit en appelant les ouvriers à rentrer chez eux pacifiquement. Ce que font les ouvriers. Il les a convaincu que l'heure de la révolution n'est pas encore là mais qu'elle arrive.</span>
| + | Dans la nuit, le comité central bolchevique, mis devant le fait accompli, décide de mobiliser le parti pour encadrer le mouvement qui doit se poursuivre le lendemain. |
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− | En parallèle, la défaite en Galicie ouvre une crise ministérielle : le prince Lvov démissionne, et Kerensky se retrouve à la tête du gouvernement provisoire. C'est lui qui prendra des mesures répressives en juillet pour maintenir l'ordre.
| + | Les soldats et ouvriers de Petrograd récemment radicalisés, ne sont pas des militants organisés suivant les directives du parti. D'autant plus que des leaders du parti (Organisation militaire et Comité de Petrograd ont eux-mêmes enfreint le centralisme). Le Comité central est alors face à un dilemme : soit jeter son poids derrière les manifestations et, éventuellement, être écrasé, soit s'abstenir, avec le risque que de nombreux travailleurs perdent confiance en eux. Il fait le choix de se lier à cette [[Avant-garde|avant-garde]]. <span>En se mettant à la tête du mouvement, le parti tente au maximum d'assurer son « ''caractère pacifique et organisé'' ».</span> |
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− | === Hésitations des bolchéviks === | + | === Emeutes du 4 juillet === |
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− | Les bolcheviks s'opposent à une insurrection prématurée, estimant qu'il est encore trop tôt pour renverser le gouvernement provisoire : ils ne sont majoritaires qu'à Petrograd et Moscou. Dans le reste du pays, les conciliateurs ([[Menchéviks|menchéviks]] et [[Socialistes-révolutionnaires|socialistes-révolutionnaires]]) conservent une influence majoritaire, ce qui signifie qu'un renversement du gouvernement provisoire ne serait pas soutenu et conduirait à l'échec. Ils préfèrent attendre que le gouvernement se discrédite encore un peu plus.
| + | Mentalement épuisé, peut-être aussi dépassé par les événements, Lénine était parti le 29 juin se reposer en Finlande. Rappelé d’urgence, il revient à Pétrograd le matin du 4 juillet. |
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− | Mais les soldats et ouvriers de Petrograd qui viennent de se radicaliser ne sont pas des militants organisés suivant les directives du parti, et manifestent spontanément. Le [[Parti_bolchevik|Parti bolchevik]] est alors face à un dilemme : soit jeter son poids derrière les manifestations et, éventuellement, être écrasé, soit s'abstenir, avec le risque que de nombreux travailleurs perdent confiance en eux. | + | <span>Comparativement aux événements chaotiques du jour précédent, les manifestations gigantesques du 4 juillet sont plus ordonnées.</span> Mais la tension est telle que de nombreuses émeutes font plusieurs morts et blessés. Aux abords du palais de Tauride, des manifestants interpellent [[Tchernov|Tchernov]], le principal dirigeant [[Parti_SR|SR]] et ministre de l’agriculture :'' ''« Prend le pouvoir fils de pute, puisqu'on te le donne ! »<ref>[https://www.youtube.com/watch?v=f3ajJshCJ2A Lénine, une autre histoire de la révolution russe] - ARTE </ref><ref>https://fr.internationalism.org/rinte90/russe.htm</ref>'''','' puis le déclarent en état d’arrestation et le font monter dans un véhicule. C’est [[Trotsky|Trotsky]] qui intervient et le sort de là. |
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− | Les bolcheviks décident finalement de se joidre aux manifestations, pour se lier à cette [[Avant-garde|avant-garde]]. Mais ils ne cherchent pas à pousser trop loin les actions. Lorsqu'il revient le 4 juillet, Lénine s'adresse aux manifestants du balcon de l'hôtel particulier de la Kschessinska, mais sans enthousiasme<ref name="harvsp|Heller|1985|p=25|id=MH" />.
| + | Le soir, une foule se masse sous le balcon de l[[Hôtel_particulier_de_la_Kschessinska|'hôtel de la Kschessinska]], siège du parti bolchévik. Parmi eux, des <span>dizaines de milliers d'ouvriers</span>, et 10 000 marins de Cronstadt venus avec la volonté d'en découdre. <span>[[Zinoviev|Zinoviev]] s'adresse à eux et entame son discours avec un ton de plaisanterie pour détendre l'atmosphère et finit en appelant les ouvriers à rentrer chez eux pacifiquement. </span> La foule demande à entendre Lénine, qui renâcle d’abord puis se présente au balcon où il prononce quelques mots<ref name="harvsp|Heller|1985|p=25|id=MH" />. Selon Rabinowitch,''« son message n’était pas ce que les marins espéraient entendre et beaucoup d’entre eux furent évidemment déçus. Lénine adressa quelques mots de salut et exprima sa certitude que le mot d’ordre "Tout le pouvoir aux soviets" serait finalement vainqueur. Il conclut en appelant les marins à la retenue, la détermination et la vigilance. »'' |
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| === La répression === | | === La répression === |
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− | Les manifestations sont durement réprimées par le gouvernement, qui en profite pour viser le parti bolchévik.
| + | Le lendemain, des troupes fidèles au gouvernement investissaient Pétrograd et la répression commençait. De leur côté l'essentiel des manifestants étaient rentrés dans leurs casernes ou avaient repris le travail. |
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− | Le gouvernement provisoire, effrayé du soutien qu'apporte la [[Garde_rouge_(Russie)|Garde rouge]] aux bolcheviks, fait venir des troupes dans la capitale, interdit la ''[[Pravda|Pravda]]'' et donne l'ordre d'arrêter les dirigeants bolcheviques. Une vague de calomnie est lancé sur les bolchéviks, les accusant d'être des traîtres anti-patriotes qui reçoivent de l'argent allemand pour [[Défaitisme|favoriser la défaite]] russe. Lénine (qui se cacha le 6 juillet dans l’appartement de [[Kaïourov|Kaïourov]]) et [[Grigori_Zinoviev|Grigori Zinoviev]] fuient et entrent dans la clandestinité en Finlande, mais beaucoup d'autres dirigeants bolcheviks sont arrêtés, entre autres [[Lev_Kamenev|Kamenev]], puis [[Anatoli_Lounatcharski|Lounatcharski]] le 22 juillet. [[Trotsky|Trotsky]] est également arrêté le 22 juillet.
| + | Les manifestations sont durement réprimées par le gouvernement, qui en profite pour viser le parti bolchévik. En parallèle, la défaite en Galicie ouvre une crise ministérielle : le prince Lvov démissionne, et Kerensky se retrouve à la tête du gouvernement provisoire. C'est lui qui prendra des mesures répressives en juillet pour maintenir l'ordre. |
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− | Le gouvernement parvient également à reprendre la [[Anarchisme_en_Russie#La_villa_Dournovo|Villa Dournovo]], ce qu'il avait vainement tenté en juin. | + | Le gouvernement provisoire, effrayé du soutien qu'apporte la [[Garde_rouge_(Russie)|Garde rouge]] aux bolcheviks, fait venir des troupes dans la capitale, interdit la ''[[Pravda|Pravda]]'' et donne l'ordre d'arrêter les dirigeants bolcheviques. Une vague de calomnie est lancé sur les bolchéviks, les accusant d'être des traîtres anti-patriotes qui reçoivent de l'argent allemand pour [[Défaitisme|favoriser la défaite]] russe. Lénine (qui se cacha le 6 juillet dans l’appartement de [[Kaïourov|Kaïourov]]) et [[Grigori_Zinoviev|Grigori Zinoviev]] fuient et entrent dans la clandestinité en Finlande, mais beaucoup d'autres dirigeants bolcheviks sont arrêtés, entre autres [[Lev_Kamenev|Kamenev]], puis [[Anatoli_Lounatcharski|Lounatcharski]] le 22 juillet. [[Trotsky|Trotsky]] est également arrêté le 22 juillet. Le gouvernement parvient également à reprendre la [[Anarchisme_en_Russie#La_villa_Dournovo|Villa Dournovo]], ce qu'il avait vainement tenté en juin. |
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| == Conséquences == | | == Conséquences == |
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| Lles journées de juillet 1917 sont une question historiographique encore débattue. En particulier, la question du rôle exact des bolcheviks reste ouverte. Avaient-ils l'intention de renverser le Gouvernement provisoire<ref name="harvsp|Pipes|1993|p=391|id=RP">{{harvsp|Pipes|1993|p=391|id=RP}}.</ref> ? En avaient-ils les moyens<ref>{{harvsp|Figes|2007|p=530|id=OF}}.</ref><sup>,</sup><ref>{{harvsp|Figes|2007|p=539 et 541|id=OF}}.</ref> ? Ont-ils essayé de le faire ? Ou la crainte d'être débordés par un mouvement spontané les a-t-ils dissuadés d'y participer trop activement<ref>{{harvsp|Figes|2007|p=535|id=OF}}.</ref> ? Ont-ils - en particulier Lénine - manqué de résolution ? Ont-ils délibérément joué l'apaisement pour attendre une heure plus propice ? | | Lles journées de juillet 1917 sont une question historiographique encore débattue. En particulier, la question du rôle exact des bolcheviks reste ouverte. Avaient-ils l'intention de renverser le Gouvernement provisoire<ref name="harvsp|Pipes|1993|p=391|id=RP">{{harvsp|Pipes|1993|p=391|id=RP}}.</ref> ? En avaient-ils les moyens<ref>{{harvsp|Figes|2007|p=530|id=OF}}.</ref><sup>,</sup><ref>{{harvsp|Figes|2007|p=539 et 541|id=OF}}.</ref> ? Ont-ils essayé de le faire ? Ou la crainte d'être débordés par un mouvement spontané les a-t-ils dissuadés d'y participer trop activement<ref>{{harvsp|Figes|2007|p=535|id=OF}}.</ref> ? Ont-ils - en particulier Lénine - manqué de résolution ? Ont-ils délibérément joué l'apaisement pour attendre une heure plus propice ? |
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− | Certains, comme l'historien de droite Richard Pipes, reprennent la version des accusateurs bourgeois de 1917 : | + | Certains, comme l'historien de droite Richard Pipes, reprennent la version des accusateurs bourgeois de 1917 : |
| <blockquote>« Nul événement en Russie n'a d'avantage fait l'objet de mensonges délibérés que l'insurrection de juillet 1917. La raison en est simple, ce fut la faute la plus lourde de Lénine, une erreur de jugement qui faillit anéantir le Parti bolchevique, comparable au putsch de Munich d'Hitler en 1923. Afin de nier leur responsabilité, les bolcheviks se portèrent à des extrémités peu communes, présentant le putsch comme une manifestation spontanée qu'ils se seraient évertués à rendre pacifique. »<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=391|id=RP}}.</ref></blockquote> | | <blockquote>« Nul événement en Russie n'a d'avantage fait l'objet de mensonges délibérés que l'insurrection de juillet 1917. La raison en est simple, ce fut la faute la plus lourde de Lénine, une erreur de jugement qui faillit anéantir le Parti bolchevique, comparable au putsch de Munich d'Hitler en 1923. Afin de nier leur responsabilité, les bolcheviks se portèrent à des extrémités peu communes, présentant le putsch comme une manifestation spontanée qu'ils se seraient évertués à rendre pacifique. »<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=391|id=RP}}.</ref></blockquote> |
| Mais il est avéré que le récit des [[Bolchéviks|bolchéviks]] selon lequel la manifestation serait purement spontanée est également simplificateur. La raison est sans doute qu'ils avaient intérêt à nier leur part de responsabilité dans ce qui est alors devenu un motif de dure répression de la part du gouvernement. Quoi qu'il en soit ce récit a été entretenu par la suite, tant par l’historiographie soviétique (stalinienne) que par la tradition trotskiste. | | Mais il est avéré que le récit des [[Bolchéviks|bolchéviks]] selon lequel la manifestation serait purement spontanée est également simplificateur. La raison est sans doute qu'ils avaient intérêt à nier leur part de responsabilité dans ce qui est alors devenu un motif de dure répression de la part du gouvernement. Quoi qu'il en soit ce récit a été entretenu par la suite, tant par l’historiographie soviétique (stalinienne) que par la tradition trotskiste. |